1 - Le récit théologique caché sous le récit de l'histoire
" Avant le tirage au sort des provinces consulaires, on annonça des prodiges. Des pierres étaient tombées du ciel sur le bois de Mars dans la région de Crustuminum; dans la campagne de Rome, il était né un enfant inachevé et on avait aperçu un serpent à quatre pattes; plusieurs édifices avaient été frappés du feu du ciel sur le forum ; à Pouzzoles, la foudre avait réduit deux navires en cendres. Au milieu de toutes ces rumeurs de prodiges, un loup était entré dans Rome par la porte Colline et s'était échappé par la porte Esquiline, poursuivi par le peuple. En raison de ces prodiges, les consuls ordonnèrent d'immoler des victimes de grande taille et décrétèrent un jour de supplications autour des autels." (Tite-Live, Livre 41, chap. 37, trad. Diéguez)
Où le récit réel se cache-t-il ? Ne croyez pas qu'il se lise à livre ouvert et qu'il vous suffise, pour l'entendre, d'ouvrir vos oreilles toutes grandes: il se trouve tapi sous les atours de la narration naïve des événements. Cherchez le discours qui dédouble le compte-rendu sans apprêts et qui sert de boîte de Pandore aux mémorialistes. " Toutes choses au ciel et sur la terre sont dirigées par la sagesse et la constance des dieux. Ces acteurs immortels veillent à la santé et au comportement naturel des hommes et des animaux, à la conduite raisonnable des vents et des mers, à la procréation des cabris et des serpents, à la succession judicieuse des saisons. Si des pierres vous tombent du ciel sur la tête, si des enfants naissent infirmes, si l'on ne peut naviguer en sûreté, si la foudre vous menace jour et nuit et si un loup peut entrer et sortir impunément de Rome, c'est que les personnages cachés à nos regards et qui exercent sur nous leur puissance se sont courroucés. Quelles sont leurs raisons ? Il nous appartient de les chercher et de les trouver. Peut-être avons-nous négligé quelque cérémonie du culte que nous leur devons, peut-être avons-nous montré de la parcimonie dans nos sacrifices. Nous allons demander aux décemvirs de chercher dans nos livres Sibyllins les raisons de leur fâcherie ; mais, de toutes façons, il n'y a pas un instant à perdre, il nous faut apaiser leur colère. Or, nous ne connaissons pas d'autre moyen de les calmer que de leur offrir de toute urgence des victimes de grand prix, donc de plus grande dimension et plus pesantes qu'à l'ordinaire et d'accompagner nos cadeaux d'une journée entière de prières. "
Vous observerez que la théologie météorologique des Anciens a passé tout entière du polythéisme aux enquêtes doctrinales des trois monothéismes, le juif, le chrétien et le musulman. Saint Augustin explique le sac de Rome en 410 par les barbares sur le même modèle que l'Ancien Testament la cause du Déluge et Bossuet la succession des rois de France. La Réforme n'a apporté aucun changement à la catéchétique des climats. Luther est plein de démonstrations terrifiées de la fureur du Dieu des orages. La vérité religieuse véhiculée par le récit des motivations divines des événements n'a subi un coup d'arrêt - mais seulement tacite et nullement motivé par la doctrine - qu'à partir de Vatican II. Depuis 1962, vous observerez la régionalisation de la pédagogie des éclairs, des inondations et des tremblements de terre : elle n'est pas la même à Naples et à Stockholm, à Londres et à Mexico, à Rome et à Washington.
Si vous avez écouté le prédicateur qui s'est glissé sous le récit au premier degré des événements - celui qu'il vous faudra apprendre à décrypter précisément parce que son évidence apparente en masque la singularité - et si vous avez appris à vous demander pourquoi le récit charrie un sens occulté par le chroniqueur ; et enfin si vous avez commencé d'exercer votre regard à observer à la loupe un animal qui comprend le monde à se raconter sa propre histoire, vous placerez sous la lentille du microscope de votre anthropologie transanimale la succession des métamorphoses internes que les récits oraculaires de votre espèce enchâssent les uns aux autres; et vous commencerez de vous regarder dans le réflecteur que l'encéphale biphasé de vos ancêtres vous présente.
2 - Le récit des causes
Voici que le récit du simianthrope spéculaire a changé de dégaine, voici qu'il s'est revêtu d'une parole de majesté, voici qu'il porte le sceptre d'un souverain dont la fière allure vous en impose. Que vous dit-il tout à trac et sans se gêner pour un sou ?" Au commencement, j'ai créé le ciel et la terre. " Puis il vous raconte que les plantes et les animaux sont sortis tout achevés de ses mains ; et il vous lance à la figure qu'il s'est emparé du sceptre du tonnerre afin de se faire mieux comprendre de votre embryon de cervelle. Alors, vous commencez de vous dire : " Il y a encore et toujours un récit fondateur ; et c'est encore et toujours la narration qui est censée exprimer la vérité simiohumaine. Mais où a-t-il passé, maintenant, le récit explicatif, celui qui se cache derrière le récit facile de Tite-Live et qui me racontera l'apparition de l'espace et du temps ? Mais peut-être n'y a-t-il plus de récitant embusqué derrière l'espace et le temps de Zeus. Pourquoi le narrateur a-t-il passé à la trappe ? Dans ce cas, quelle serait la cause d'un escamotage aussi originel ? S'agirait-il de faciliter l'entrée en scène d'une divinité tardive ? Mais alors, il porterait la livrée d'un appariteur de l'étendue et de la durée ; et il les aurait rencontrées toutes prêtes à l'accueillir dans leur sein. Mais, du coup, comment les aurait-il précédées ? Quel est le regard que je puis porter sur l'idole qui s'est heurtée à l'espace et au temps et qui se démène désormais dans leur cage? "
Je ne vous guide pas sur un chemin inutilement rocailleux aux côtés d'une idole fort embarrassée d'avoir rencontré deux personnages encombrants sur son chemin. Je sais bien que vous avez quitté la zoologie depuis si longtemps que vous portez désormais toute votre attention à observer comment les récits qui traînent encore dans l'encéphale embrumé de vos congénères traitent le temps qui les tarabuste. Vous êtes devenus les narrateurs de la question suivante : " Qu'advient-il du récit réputé fournir son sens simiohumain à cette espèce quand la science se charge de prendre le relais du mythe sacré ? Car la physique tient le nouveau langage des causes et elle les condense en équations. Quelles sont les prétentions des nombres? Les causes sont-elles observables en tant que telles? Mais elles ont beau se proclamer " naturelles ", elles échappent tout autant à nos regards que les divines. Comment leur parole chiffrée serait-elle tenue pour explicative sur ses arpents ? Comment vérifier une explication en tant que telle à partir de l'observation des événements qui paraissent s'enchaîner mystérieusement les uns aux autres ? Comment la cause suit-elle pas à pas les événements dont elle est censée accompagner le cheminement? Comment colle-t-elle aux chausses des corps en marche? Comment persuade-t-elle la matière de demeurer dromomane, comment l'encourage-t-elle sinon de la parole et du geste, du moins à la manière d'un cocher armé de son fouet? Je vois des nombres moutonniers se presser derrière des matières cheminantes, je vois des chiffres se calquer sur des événements, je vois des calculs mimer des objets qui se déplacent - mais comment leur feraient-ils parler raison ? Le mathématicien est un berger qui les pousse à hue et à dia sur une route qu'elle sont toutes disposées, les pauvres, à emprunter toutes seules sans demander leur reste à personne et sans rechigner le moins du monde. Pourquoi feindre de comprendre un monde qui se laisse tirer l'oreille sans broncher par les diablotins empressés que vos congénères appellent des causes?
Vous observiez de grands diables que les premiers primates appelaient des dieux ; et maintenant, qu'en est-il de la nuée des petits dieux que vous appelez des causes, elles aussi, et qui vous tiennent le même récit que les idoles de belle taille de vos ancêtres ? Que vous racontent-elles à prétendre vous placer sous leur férule en minature? Sont-elles les déléguées, les agentes d'exécution ou les faire-valoir microscopique d'une divinité devenue gigantale, mais toute verbale, la Causalité, qui trônerait en majesté dans l'empire vocal d'une grammaire dont elle se voudrait pourtant aussi cérébralement séparée que Zeus, Jahvé, Allah du cosmos. Et puis, un homme et une cause dûment ficelés l'un à l'autre, à la manière d'Apollon ou de Mercure, ressemble à s'y méprendre à un mot et à un homme mystérieusement ligotés à leur identité commune. Quel est le statut commun à une idole unique et à une causalité généralissime si toutes deux ne peuvent ni tomber dans l'immanence sans rencontrer l'iceberg du panthéisme, donc sans se proclamer inhérentes à la matière, ni divorcer d'avec le cosmos sans se chercher désespérément un domicile fixe dans l'immensité ? Et puis, Dieu et les causes sont censés agir à distance, mais sans jamais vous montrer leurs chaînes.
Le simianthrope peut-il percer les secrets de cette magie s'il ne semble même pas s'en étonner ? Car l'action à distance est un prodige qui doit siéger dans l'encéphale du simianthrope. Pourquoi cet animal ne se demande-t-il pas pourquoi sa parole est une miraculée censée agir dans le vide ?
3 - Une mutation de la philosophie
Voyez comme vous avez commencé de descendre dans les souterrains du récit et à y découvrir que la vérité du simianthrope se nourrit des entrailles du simianthrope. Allez-vous devenir des spéléologues de l'espèce dont le cerveau sécrète un fourrage tout verbal ? Qu'allez-vous faire du vaste troupeau des causes dont la multitude anonyme vous laisse cois ? N'avez-vous donc quitté les chromosomes du chimpanzé que pour tomber dans le vide ? Quels sont les chromosomes de l'espèce que vous rêvez de rejoindre et que vous avez si prématurément baptisée l'humanité ?
Du coup, vous avez également pris un chemin de la réflexion sur la vérité qui vous contraint de faire subir une mutation radicale à la plus vieille des disciplines - celle que vos ancêtres appelaient la philosophie ; car vous vous êtes aperçus, aux côtés d'un certain Platon, que les mots se brisent sur le roc du singulier ; puis un certain Aristote vous a enseigné que l'univers se laissait docilement régenter par quatre catégories de causes aussi imperturbables que diversement habillées. Mais ensuite, il vous a fallu attendre vingt-deux siècles pour découvrir, avec un certain David Hume, que les causes sont un gibier purement verbal et qui ne se laisse pas capturer dans le filet d'une mystique de la causalité. Il ne vous manquait plus que d'apprendre avec un certain Emmanuel Kant que la causalité est une déité du langage et qu'elle ne trône que dans l'encéphale d'une race particulière de simianthropes, qui s'appliquent à se brancher sur un logos mythique, lequel s'irradie en tentacules, les "catégories " de l'entendement, dont la contemplation est censée inhérente tant à leur espèce de raison qu'au cosmos. Seule votre habitude de vous imaginer que vous rencontrez des causes sur votre chemin loge donc cette configuration verbale dans les constances de la matière. Mais voici qu'il vous appartient de donner à l'entendement des Kant la postérité que Darwin et Freud vont lui imposer: car vous n'avez pas à reconstruire le ciel et la raison d'une espèce tout épouvantée par le lent naufrage philosophique du mythe de la causalité ; vous avez à commencer de prendre à l'égard de votre propre semi animalité une distance tout autre que celle que vos ancêtres avaient tenté de conquérir à l'égard des chimpanzés.
Ce sera un long chemin que celui-là ; car, au début, les anthropologues observaient les différences de comportement qu'ils remarquaient entre l'homme et l'animal et s'essayaient à hiérarchiser leurs ruses et leurs astuces; puis ils ont tenté, tout au contraire, de relever les ressemblances qui leur paraissaient les plus frappantes et de réduire la distance considérable qu'ils avaient constatée entre les deux espèces. Mais votre tâche à vous sera tout autre, parce que le regard sur la distance entre l'homme véritable et l'homme actuel, vous avez à la conquérir. Pour cela, il vous faudra construire l'observatoire inconnu qui vous permettra d'observer le simianthrope en tant que tel. Car Thomas More en son Ile d'Utopie, Erasme en son Eloge de la folie, Voltaire en son Micromégas, Swift en son Voyage de Gulliver, Cervantès en son Don Quichotte, Goethe en son Faust et aussi les saint Augustin, les Me Eckhardt, les Jean de la Croix, ont tenté de regarder le simianthrope de l'extérieur et dans son animalité spécifique pour tomber dans le piège de s'imaginer que la vraie distance qui les séparait décidément de l'animal à titre définitif, ils en disposaient déjà et que, pour cela, il leur suffisait de s'initier à leurs sciences ou à réciter leurs prières ; et que s'ils se servaient sans peur de leur espèce de logique ou de leur espèce de foi, ils s'installaient dans le véritable observatoire de l'humanité. Mais vous, vous serez les préfigurateurs et les annonciateurs dont les traces conduiront vos continuateurs sur les sentiers de l'encéphale transanimal.
Pour cela, vous vous demanderez en tout premier lieu ce qu'il adviendra de la vérité à l'heure où il n'y aura plus de personnage caché derrière le décor que vos devins chargeaient de faire parler le cosmos. Car la causalité était devenue une actrice cachée dans la forêt des atomes ; et pour rendre loquaces ces corpuscules infimes de l'univers, il suffisait à la causalité de les tenir en laisse, de les suivre à la trace et d'en calculer le parcours. C'est ainsi que ce vocable avait pris le relais des dieux immortels, puis de leurs trois successeurs solitaires, dont vous connaissez les malheurs cérébraux, puisqu'il leur a fallu se partager leurs lopins. A quelle espèce nouvelle appartiendrez-vous quand vous aurez pris acte de ce que la vérité ne s'inscrit décidément dans aucun récit, de ce que la vérité n'est décidément pas un personnage observable de l'extérieur, de ce que la vérité n'a décidément pas d'interlocuteur, de ce que la vérité a décidément perdu le théâtre du monde en chemin ? Alors, vous observerez les causes qui couraient comme des souris dans l'intelligence du simianthrope et vous deviendrez les anatomistes des signalétiques qui avaient fait croire à cet animal qu'il était devenu pensant.
Ce sera donc à découvrir ce que la pensée n'est pas que vous apprendrez ce que signifie penser. Mais alors, vous direz-vous, comment se fait-il que tous les prophètes aient passé leur vie à chercher et à découvrir ce que leur idole n'était pas ? Quelle voix de leur intelligence se faisait-elle entendre en eux quand ils observaient seulement ce que le simianthrope n'était pas ? Quel oracle faisait-il parler la négation en eux? Vous avez à construire l'observatoire de cette négation-là, le télescope de cette négation-là, le microscope électronique de cette négation-là. L'homme qui voit sa propre négation en l'animal, quel homme est-il devenu ? Peut-être s'est-il ouvert à un tout autre étonnement devant ce qu'il n'est pas qu'à l'étonnement facile d'Aristote, qui disait que la philosophie cesse de s'étonner quand la réponse du géomètre a mis fin à son étonnement.
4 - Les écus de César et les écus des idoles
Et maintenant, essayez-vous à un premier recul à l'égard du simianthrope et voyez si la distance encore modeste que vous avez prise vous permet de jeter un regard nouveau sur la politique et sur l'histoire de l'espèce à laquelle vous appartenez. Dans un premier temps, vous vous direz que cet animal avait peint son portrait en pied à se fabriquer des idoles dont il dressait l'effigie dans le ciel. Puis vous avez découvert que votre image a une histoire tour à tour fière et piteuse et qu'elle changeait de traits à l'école et à l'épreuve des siècles, de sorte que l'évolution lente de l'encéphale de votre espèce a commencé de vous renseigner sur le passé de votre longue aventure cérébrale sous le soleil. Vous serez donc bientôt en mesure d'observer vos congénères réfléchis dans leurs miroirs vieillis; et comme, à chaque époque, leurs idoles inégalement fatiguées se révélaient également leurs balances à peser leur degré de servitude politique, elles vous renverront de génération en génération au spectacle des formes particulières que leur temps avait fait prendre à leur esclavage.
De plus, comme la vassalité naturelle d'une espèce cérébralisée et vocalisée se réfléchit dans le ciel qui lui sert de miroir, vous remarquerez que sa domestication est devenue tout récemment d'une nature tellement particulière que les archivistes de ses dieux anciens ont conservé fort peu de témoignages de sa livrée. Certes, il était déjà arrivé qu'un territoire fût occupé par les guerriers d'un puissant empire étranger. Le simianthrope chrétien, par exemple, avait commencé sa carrière sous la botte de Rome ; et son premier cogito politique l'avait conduit à se demander à qui appartenait l'image de son maître qu'il voyait gravée sur ses écus. Le Dieu en chair et en os s'était montré fort embarrassé par cette question ; car s'il secouait le joug de l'occupant, quelles représailles une soldatesque sauvage lui ferait-elle subir ? Et s'il acceptait le règne du glaive de l'étranger sur son sol, quel statut fallait-il attribuer à une divinité qui légitimerait l'asservissement de sa créature au sceptre des Romains?
Le ciel de l'époque avait visiblement hésité à trancher ce nœud gordien ; et il avait fini par répondre, en montrant l'écu ciselé à l'image de César : " Ce qui est à lui, qu'il le reste ; et que ce qui est à moi le demeure. " Le simianthrope de ce temps-là avait été fort embarrassé par cette réponse en forme de dérobade. Mais comment un dieu pouvait-il se dérober à son devoir de distinguer clairement son sceptre de celui de la terre, de trancher à coup sûr entre le juste de l'injuste, et séparer le fer du pain de l'esprit ?
Mais, vous direz-vous, l'histoire du simianthrope n'est-elle pas commandée depuis les Romains par une idole qui, non seulement s'incline devant tous les sceptres de ce monde, mais qui salue bien bas l'obéissance de ses sujets aux pouvoirs de ce monde, tellement elle craint, la pauvresse, de voir son autorité ébranlée par les verdicts pourtant éphémères que prononcent tous les Césars ? Aussi l'idole actuelle du simianthrope soumet-elle sa valetaille à une sainte pédagogie de l'obéissance à tous les sceptres ; et sitôt qu'il s'en présente un, elle le proclame surgi par sa volonté et béni par son autorité. Mais vous, qui êtes responsables des échappatoires du ciel, voyez comme le Dieu du singe vassalisé se trouve domestiqué en retour, voyez comme il se divise, comme César, entre le ciel et la terre, voyez avec quelle satisfaction il se partage entre sa gloire et sa servitude. Mais si le simianthrope européen est un animal biphasé dont l'idole lui demande de plier l'échine à ses côtés, ne vous direz-vous pas que les prophètes sont décidément les pédagogues des dieux des singes et que ces éducateurs-nés manient le gourdin à faire marcher plus droit l'idole de leur temps ?
Déjà je vois une lumière nouvelle allumer votre regard. Vous vous dites que si, depuis tant de siècles, les dieux du simianthrope ont guidé cette espèce sur les sentiers de sa politique et de son histoire, il est temps de montrer son chemin à leur idole fatiguée et courbée vers la terre. Comment redresser ce mauvais garnement du cosmos, comment lui réapprendre la fierté sous le soleil de l'Europe asservie à un empire étranger ? La lueur nouvelle que je vois briller dans vos yeux me dit que votre sortie de la zoologie est en bonne voie. Car enfin, si vous voyez déjà l'Europe et son Dieu sous les traits de deux coquins habiles à jeter la pièce à César ; si vous voyez déjà ces deux laquais se partager le trésor de leur prudence et de leur peur ; si vous voyez déjà ces deux cambrioleurs se partager leur ciel et leur coffre sous le glaive de l'occupant, vous deviendrez des dompteurs armés du fouet d'Isaïe et des stratèges ardents à mâter les fauves dans le cirque du Dieu des chrétiens.
Vous voici décidés à ne plus lâcher d'une semelle l'idole qui vous a asservis au ciel d'un empire étranger. Quelle histoire de l'Europe allez-vous écrire dans la lumière des prophètes qui s'allume dans vos têtes ? Quels stratèges des chromosomes du simianthrope allez-vous devenir sous l'œil des Ezéchiel d'une Europe vassalisée par son idole ?
Le 8 novembre 2007
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