19/09/2018 tlaxcala-int.org  5 min #145878

Allemagne : Hans-Georg Maassen peut se sentir confirmé

 Ferdinand Otto

Hans-Georg Maassen, en sa qualité de président de l'Office fédéral allemand protection de la Constitution, a entamé la confiance dans la démocratie. Sa promotion pourrait aggraver les choses.

Hans-Georg Maassen, ancien président de l'Office fédéral de protection de la Constitution et nouveau secrétaire d'État. Photo Michael Kappeler/dpa

Hans-Georg Maassen, président de l'Office de protection de la Constitution, a prouvé qu'il n'était pas l'homme idéal pour protéger la Constitution. C'est une pure dérision, qu'au lieu d'être démis pour ses remarques agaçantes sur les événements de Chemnitz, il soit récompensé par un travail lucratif en tant que secrétaire d'État au ministère fédéral de l'intérieur. Désormais, il pourra travailler avec Horst Seehofer contre la politique de la Chancelière en matière de réfugiés. Et pour ce faire il gagnera 2 580 euros de plus par mois [salaire : 14157,33 € plus primes, soit 10 SMIC, NdT].

Le signal émis par cette promotion est inquiétant : un homme qui a déclenché une crise de confiance, de gouvernement et de crédibilité se voit attribuer un poste de direction au ministère de l'Intérieur. Maassen a fait le boulot pour les populistes de droite. Avec son accusation sans fondement de "désinformation délibérée" sur Chemnitz, il a franchi la ligne vers la théorie du complot - et a ainsi égratigné la valeur la plus importante de la démocratie : la confiance. C'est la méthode Trump.

En outre, Maassen a parlé de meurtre, là où le ministère public a jusqu'à présent enquêté sur un homicide involontaire. Un juriste de haut niveau connaît la différence : il n'a pas balancé ses déclarations au hasard, il les a autorisées, c'est-à-dire qu'il les a soumises avant de les rendre publiques. Maassen a anticipé l'effet de ses paroles.

Maassen n'a pas eu à s'en aller parce qu'il a contredit Merkel

Le dirigeant de la CSU et ministre fédéral de l'Intérieur, Horst Seehofer, a récemment qualifié l'AfD de "désagrégation de l'État". Par conséquent, il devrait utiliser un langage tout aussi radical avec son nouveau secrétaire d'État. Au lieu de cela, M. Seehofer a trouvé des mots chaleureux au sujet du transfert de Maassen à son ministère : il apprécie sa compétence en matière de sécurité publique, comme le dit le communiqué de presse conjoint de la coalition qu'il a dicté hier soir. Horst Seehofer a une fois de plus réussi à mener la coalition comme un troupeau. La chancelière voulait aussi se débarrasser de Maassen, mais Seehofer s'y est opposé avec succès. Le transfert à son ministère est une solution qui lui permet de sauver la face.

Le SPD a insisté à juste titre pour que Maassen soit démis. Le fait que les sociaux-démocrates aient maintenant accepté le compromis est compréhensible, d'une part. Au vu de la situation politique tendue, de nombreux citoyens auraient trouvé irresponsable que la coalition soit dissoute à cause de ce problème de personnel et que de nouvelles élections aient lieu. Mais Maassen n'est pas parti, comme la direction du SPD l'a toujours exigé. Par conséquent, sa promotion montre une fois de plus la faiblesse du parti à s'affirmer contre la CSU.

Si l'AfD se plaint maintenant que Maassen soit victime des "partis établis" qui ne tolèrent aucune contradiction, elle a tort. Hans-Georg Maassen n'a pas eu à quitter son poste parce qu'il a contredit la Chancelière sur la politique des réfugiés.

La thèse de doctorat de Maassen de 1997 montrait déjà une attitude sceptique à l'égard de la politique d'asile allemande. Si cela avait été le principal problème pour Angela Merkel avait eu pour principal problème, elle aurait pu bloquer sa nomination en 2012 ou, par l'intermédiaire de son fidèle ministre de l'Intérieur, Thomas de Maizière, le faire virer il y a longtemps. En outre, elle devrait alors être cohérente et forcer le licenciement de nombreux autres hauts fonctionnaires. Le chef de la police fédérale, Dieter Romann, se montre également critique à l'égard de la politique de Merkel en matière de réfugiés.

Ce n'est pas non plus sa critique du terme "lynchage" (Le porte-parole de Mme Merkel avait utilisé le terme) qui a conduit à tenter de démettre Maassen de son poste. Les principaux politiciens de la CDU avaient également critiqué le terme sans que Mme Merkel se fâche.

Le problème est que Maassen n'est toujours pas en mesure de fournir de preuves à l'appui de ses allégations. Il se sent incompris, il dit même qu'il répèterait son affirmation. Pour les victimes des agressions d'extrême droite à Chemnitz, en revanche, il n'a pas encore trouvé un mot public de sympathie.

Maassen passe donc de l'Office fédéral de protection de la Constitution au ministère de tutelle. En tant que secrétaire d'État, il peut désormais parler plus librement de politique au jour le jour. Son ancien et nouveau supérieur Horst Seehofer ne l'a pas freiné. Maassen doit se sentir confirmé - et peut continuer à provoquer des crises de confiance.

Courtesy of  Tlaxcala
Source:  zeit.de
Publication date of original article: 18/09/2018

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