13/10/2018 aa.com.tr  4 min #146951

Le prince clown saoudien a contrarié les journalistes mainstream en s'en prenant à l'un des leurs

Disparition de Khashoggi : Les médias saoudiens désarçonnés face à la réprobation internationale

AA / Beyrouth / Correspondants

Les médias saoudiens sont dans la tourmente depuis plusieurs jours. Face aux vives réactions internationales à la disparition du célèbre journaliste saoudien Jamal Khashoggi après son entrée au consulat saoudien à Istanbul, les journaux et les chaînes du royaume sont désormais tellement désarçonnés qu'ils enchaînent les fausses informations et les accusations sans fondement.

Ces médias contrôlés d'une manière ou d'une autre par les autorités saoudiennes ont été empêtrés par l'ampleur de la réprobation qui a accompagné l'affaire de la disparition de Jamal Khashoggi, un journaliste internationalement connu et un contributeur régulier au journal américain "The Washington Post".

À ce jour, ces médias proches de la Cour royale n'ont publié aucun élément de preuve qui soit contraire aux éléments révélés jusqu'ici dans l'affaire. Ils n'ont récemment publié que de fausses accusations, dans un effort de couvrir l'implication de responsables saoudiens dans la disparition du journaliste.

Khashoggi a disparu après être entré dans le consulat de son pays à Istanbul le 2 octobre.

** Les médias internationaux dans le collimateur

Le journal "Al-Riyadh", l'un des journaux saoudiens à grand tirage, a publié un article intitulé "La faillte des médias", affirmant que les informations parues dans les médias internationaux sur la disparition de Khashoggi étaient directement orientées contre l'Arabie saoudite.

"Al-Riyadh" a accusé le "New York Times" d'avoir adopté une "politique anti-saoudienne" en publiant des informations recueillies auprès de "sources peu fiables".

Le journal saoudien "Al-Jazirah" a prétendu dans un article de Majida al-Suwaieh que tous les commentaires sur l'affaire de Khashoggi sur les réseaux sociaux provenaient de "comptes suspects" liés au Qatar, à l'Iran et à la Turquie.

"Ce qui est le plus surprenant et triste, a-t-elle écrit, c'est que l'ancienne agence de presse "Reuters" ait sollicité des sources inconnues" contre l'Arabie saoudite et que "des journaux éminents comme "The Washington Post", le "New York Times" et d'autres aient rapidement adopté la version qatarie".

Quant au quotidien "Sabq", il a ouvert ses colonnes à l'écrivain Badr Al-Otaibi qui y a publié un article sous le titre, "Les médias visent le Royaume. "The Washington Post" s'est-il incliné devant le riyal qatari?".

Selon Al-Otaibi, "The Washington Post" est devenu un char qui dirige son canon vers l'Arabie saoudite". Il a "dévié en optant pour des récits fabriqués qu'il prétend avoir rapportés auprès de sources turques non nommées".

** Des personnes ciblées

Les médias saoudiens, dont "Al Arabiya", n'ont pas hésité à prendre pour cible Turan Kişlakçi, président de l'Association des médias arabes en Turquie, qui défend les droits des journalistes et qui a joué un rôle majeur dans la mise en lumière de la disparition de Khashoggi. En s'attaquant à l'activiste turc, la chaîne saoudienne n'a pas seulement usé d'accusations infondées, mais elle a également dévié de l'enjeu principal : la disparition de Khashoggi.

Hatice Cengiz, la fiancée de Khashoggi s'est également retrouvée dans le collimateur des médias saoudiens qui sont allés jusqu'à "affirmer qu'elle n'était pas une femme, mais un homme affilié aux Frères musulmans qui s'est déguisé en femme".

Jeudi, le porte-parole de la présidence turque, Ibrahim Kalin, a annoncé à Anadolu "la création d'un groupe de travail conjoint pour élucider tous les aspects de l'affaire de Khashoggi, sur proposition de la partie saoudienne".

La fiancée de Khashoggi a déclaré à la presse qu'elle l'avait accompagné au bâtiment du consulat saoudien à Istanbul et que ce dernier était entré dans le bâtiment et n'était jamais sorti.

Les agents consulaires ont nié les propos de Cengiz. Ils ont assuré que Khashoggi avait bel et bien quitté l'édifice le 2 octobre, une trentaine de minutes après y être entré.

Plus tard, des sources de sécurité turques ont révélé que 15 citoyens saoudiens sont arrivés à l'aéroport d'Istanbul à bord de deux avions privés, puis se sont rendus au consulat saoudien au moment de la présence de Khashoggi. Ces ressortissants saoudiens ont par la suite regagné leur pays d'origine quelques heures après leur entrée en Turquie.

Des responsables turcs ont déclaré à leurs homologues américains qu'ils avaient des enregistrements audio et vidéo montrant l'assassinat de Jamal Khashoggi, a rapporté " The Washington Post".

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