02/11/2018 reseauinternational.net  9 min #147757

L'esclavage comme service

par The Zman

Comme on pouvait s’y attendre, la première étape du pogrom progressif contre les gens normaux après la fusillade de Pittsburgh a été une tentative de supprimer la plate-forme Gab. La classe dirigeante a une profonde haine de ce site pour un certain nombre de raisons. L’une d’elles est qu’elle remet en cause l’affirmation selon laquelle l’industrie technologique est un marché ouvert. L’autre, c’est que cela met en doute le fait que les Américains ont des droits constitutionnels. Tout ce qui est perçu comme un défi à la règle progressiste est vu comme la mort et les responsables ne sont pas prêts à laisser une tragédie inexploitée.

Les corps n’étaient même pas froids que les suspects habituels ont été désignés et relayés sur les médias sociaux, puis sur les médias progressistes, pour dénoncer Gab comme une sorte d’agression organisée « contre notre démocratie ». La seule chose qui manquait à l’hystérie était l’affirmation que Gab était un agent russe. Tout le monde était censé laisser tomber ce qu’il faisait pour cinq minutes de haine contre Gab, un tout petit site web d’environ un demi-million d’utilisateurs. Facebook a des milliards d’utilisateurs, Google contrôle Internet. Pourtant, Gab est une menace pour la civilisation.

Peu de temps après que le signal de Prog ait été donné, les dirigeants de l’oligopole technologique se sont réunis pour éjecter Gab de l’internet. D’abord, leur service d’hébergement, une compagnie appelée Joyent, leur a donné 48 heures pour trouver un nouveau service d’hébergement. La société appartient à Samsung et est dirigée par un détestable bigot nommé Scott Hammond. On espérait que Gab ne serait pas en mesure de trouver un remplaçant au cours de la fin de semaine et que le site disparaîtrait. Un message a été envoyé aux médias pour préparer une célébration de l’événement afin que Hammond puisse être honoré.

Gab, toujours plein de ressources, a trouvé une autre société d’hébergement et a pu commencer à faire la transition, malgré le fait que Joyent a délibérément essayé de saboter leurs efforts. C’est à ce moment-là que l’étape suivante de l’opération a été lancée. GoDaddy, le registraire auquel Gab avait l’habitude d’acheter le nom de domaine, a menacé de lui voler le nom de domaine. C’est l’astuce que GoDaddy a utilisée dans le passé, en volant les noms de domaine des propriétaires, qui ont des opinions contraires à l’orthodoxie officielle. Gab a pu éviter cela et est en train de déménager dans de nouvelles dispositions.

Maintenant, quand vous commencez à regarder ces compagnies, la chose qui saute aux yeux est qu’elles sont à peu près le méchant standard dans les films hollywoodiens. Ce sont de grandes sociétés sans âme dirigées par des automates insipides comme Scott Hammond. Ce sont des hommes embauchés parce qu’ils ne font qu’obéir aux ordres. Quand on regarde un gars comme Scott Hammond, on voit  le visage de quelqu’un qui ne pose jamais trop de questions. C’est le type qui supplie pour sa vie à la fin du film d’action d’Hollywood, mais le gentil lui tire quand même dessus.

La question que se posent les gens normaux est de savoir comment cela est possible. Après tout, ces entreprises signent des contrats et, en théorie, nous avons encore des tribunaux où des juges impartiaux peuvent exiger l’exécution des contrats. Bien que ce soit une fiction ridicule aujourd’hui, la réalité est que ces entreprises ne sont pas liées par des accords commerciaux standard. Ils ont été autorisés à élaborer une nouvelle loi pour eux-mêmes, forçant leurs fournisseurs et leurs clients à signer ce qu’on appelle un contrat d’adhésion. Cela donne aux géants de la technologie un pouvoir absolu sur tout le monde.

Un contrat d’adhésion ou « contrat-type » est un contrat rédigé par une partie et signé par une autre partie. La deuxième partie n’a généralement pas le pouvoir de négocier ou de modifier les conditions du contrat. Les contrats d’adhésion sont couramment utilisés pour des choses comme les contrats d’assurance ou de location. Lorsque vous louez une voiture ou achetez une assurance auto, vous n’avez qu’à signer le contrat, car vous devez le faire pour louer la voiture ou vous assurer. Tous les fournisseurs de services technologiques fondent maintenant leurs relations sur ce type de contrats.

Auparavant, les tribunaux examinaient attentivement ces types d’arrangements, de sorte que le contrat devait respecter certains principes de base. Les tribunaux utilisaient souvent la « doctrine des attentes raisonnables » pour annuler tout ou partie de ces contrats, lorsqu’il y avait absence de préavis, inégalité de pouvoir de négociation ou injustice flagrante et substantielle. La raison en est évidente. Lorsqu’une entreprise puissante a le droit de dicter les termes du contrat à ses clients, elle a tout le pouvoir dans la relation contractuelle.

Dans la jurisprudence occidentale, un contrat valide est un contrat dans lequel les deux parties s’engagent librement et ont des chances égales de négocier. Quand une partie impose les conditions à l’autre partie, ce n’est pas un contrat. C’est de l’esclavage. Dans un monde où une poignée de personnes contrôlent l’espace public, ce type de contrat leur donne un pouvoir arbitraire sur le discours public. S’ils sont contrariés par ce que vous dites, ils peuvent prétendre que vous avez violé leurs conditions d’utilisation et vous retirer d’Internet. Encore une fois, les conditions sont dictées et non négociées.

Un exemple récent, moins émotionnel, est celui de Stefan Molyneux, la personnalité alt-lite de YouTube. Il a accumulé un grand nombre d’admirateurs sur YouTube pour ses commentaires excentriques et énergiques. Il a dit le mot de trop et YouTube l’a informé que  son entreprise serait fermée s’il ne se conformait pas à ses conditions de service. Son seul recours, comme un esclave fouetté par le maître, était de supplier pour la pitié. Après avoir obtenu un sursis, il devra vivre en sachant qui tient le fouet et qui est l’esclave.

Scott Hammond

Cela ne se limite pas aux médias sociaux. Microsoft a imposé des conditions de service similaires aux utilisateurs d’Office et de Skype. En théorie, cela signifie qu’ils peuvent empêcher votre entreprise d’utiliser ces produits s’ils découvrent que le propriétaire a donné de l’argent au mauvais candidat politique ou a de mauvaises opinions. Tous les fournisseurs de contenu comme Hulu, Amazon et NetFlix ont mis en œuvre les mêmes contrats à sens unique. Bien qu’ils n’aient pas encore interdit aux gens d’utiliser leurs services, c’est quelque chose qu’ils ont maintenant le pouvoir de faire.

C’est pourquoi le « cloud » est si populaire chez les gens du Net. Allumez la télévision et vous êtes exposé à des publicités vous expliquant comment le cloud va résoudre tous les problèmes de votre vie. Bien sûr, c’est une incitation à entrer dans la cage. Une fois à l’intérieur, la porte claque et vous n’êtes plus qu’une propriété de plus sur la plantation. Dans un avenir proche,  Brendan Eich ne perdra pas seulement son emploi. Il sera reconnu coupable d’avoir violé les conditions d’utilisation de son réfrigérateur, de sa voiture et de son compte courant. Le bannissement interne devient réel.

L’esclavage a tendance à prendre fin de deux façons. La société esclavagiste est conquise ou les esclaves se lèvent et massacrent leurs maîtres esclavagistes. C’est trop espérer pour la classe politique que d’interdire ces contrats léonins utilisés par la technologie mondiale pour nous asservir tous, mais ce serait une solution pacifique. Les tribunaux pourraient aussi reprendre l’habitude d’examiner attentivement ces ententes. Étant donné le comportement de la classe politique, cela semble peu probable. A en juger par la physionomie de Scott Hammond, l’alternative semble certaine.

Source :  Slavery As A Service

traduit par Pascal, revu par Martha pour  Réseau International

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