05/11/2018 reseauinternational.net  11 min #147866

« Lobby Usa » (1) : La guerre secrète

Antisémite ? Sans blague...

par Ph. Huysmans

La fabrique à bullshit des médias dominants commence sérieusement à s’emballer, on dirait.

En faisant mon petit tour des médias, ce matin, je suis tombé sur un  post de blog relayé par le journal de révérence, intitulé « Les antisémites obsédés par Soros ». Manifestement écrit avec les pieds par un historien bien éloigné de son domaine de compétence, ce qui n’est pas un problème, en l’espèce, puisqu’il n’y a pas vraiment de sujet traité, non plus.

Il s’agit d’un patchwork totalement improbable ayant pour seul objectif de ramener pêle-mêle quelques vieilles lunes de la bienpensance dominante. Soros il est gentil, Trump c’est un méchant nazi, Orban aussi, et tant pis si la cohérence n’est pas vraiment au rendez-vous, comme nous le verrons.

Dissection du bousin

Et ça commence très fort, sans trop s’embarrasser de d’exactitude ou de la plus légère couche d’éthique journalistique

Les campagnes contre George Soros, accusé d’incarner la finance mondialisée et d’encourager les flux d’immigration, alimentent de plus en plus de passages à l’acte antisémite.

Sachant que l’on parle de l’attentat de Pittsburgh, commis par un suprémaciste blanc, dans la synagogue « Tree of life », qui avait fait 11 morts, le 27 octobre dernier, quel est le rapport avec Soros ? À moins qu’on essaie de « fusionner » cet attentat avec l’envoi, par un autre détraqué de (fausses ?) bombes à un certain nombre de figures liées au parti démocrate, dont G. Soros.

« Quand il dit Soros, c’est un code pour désigner les Juifs. Quand il dit ‘globalisme’ aussi.

Comme nous le verrons plus loin, l’entrée en scène de Soros n’a pour seul but que de préparer l’arrivée du vrai méchant de service, j’ai nommé Ze Donald !

L’attaque du 27 octobre contre une synagogue de Pittsburgh est, avec 11 morts, l’attentat antisémite le plus meurtrier de l’histoire des Etats-Unis. De nombreuses voix se sont élevées depuis pour dénoncer le climat de haine entretenu par Donald Trump, surtout dans ses attaques obsessionnelles contre George Soros, un des plus solides soutiens financiers du parti démocrate. « Quand il dit Soros, c’est un code pour désigner les Juifs. Quand il dit ‘globalisme’ aussi. Par ses propos, il alimente les antisémites », affirme Joy Katz, écrivaine juive de Pittsburgh.

Poète, eh ? En tout cas Mme Katz ne semble pas trop s’embarrasser d’honnêteté intellectuelle, non plus. Donc, quand Ze Donald dit « Soros », il désigne en fait les juifs, et quand il dit « globalisme », pareil, il désigne les juifs. Si ça c’est pas une preuve !

Donc on a un gros antisémite de base, qui pour complaire à son gendre Jared Kushner (qui entretient des  liens financiers étroits avec des entreprises israéliennes) a déplacé l’ambassade US de Tel-Aviv à Jérusalem en parfaite contravention avec le droit international, a fait voter par le sénat un  projet de loi qualifié de « plus grande aide militaire jamais octroyée dans l’histoire du pays » (single largest military aid package in American history) pour un total de 3,8 milliards de dollars en 2019.  Source : MintPress

Vous voyez le loup ? Quand on vous sert des discours qui vont manifestement à l’opposé de la réalité des faits, il y a lieu de les prendre avec la plus grande circonspection.

Dans les faits, le  lobby sioniste n’a jamais été aussi bien en cour qu’aujourd’hui, et le président actuel n’est qu’une marionnette aux mains du complexe militaro-industriel.

Encore une petite cuillerée de propos confus ?

Soros a de fait été le premier destinataire de colis piégés dans la vague qui a visé récemment aux Etats-Unis des personnalités identifiées au Parti démocrate. Il est la cible de violentes campagnes des médias acquis à Trump qui l’accusent d’encourager les flux de réfugiés vers les Etats-Unis. Le tueur de Pittsburgh associait d’ailleurs la communauté juive qu’il a visée et la menace des « envahisseurs » que seraient selon lui les réfugiés. Mais c’est pourtant dans le pays natal de Soros, la Hongrie, que les attaques les plus systématiques ont été lancées par le gouvernement du très populiste Viktor Orban, au pouvoir depuis 2010. A l’été 2017, des affiches géantes sont placardées dans tout le pays (voir ci-dessus), avec, à côté de la photo du milliardaire américain, ce slogan : « 99% des Hongrois sont contre les immigrants. Ne laissons pas Soros rire le dernier ».

Ah, oui, on comprend mieux : puisque le tueur de Pittsburgh associait la communauté juive à la menace des envahisseurs, on peut le faire dans l’autre sens, aussi. C’est très logique. Et on voit tout de suite bien le rapport entre le frapadingue qui a commis l’attentat et Trump, puisque Trump s’en prend aussi à Soros ! Et tant qu’on y est, le « très populiste » Orban, eh bien il est antisémite aussi, puisqu’il aime pas les migrants, et qu’il aime pas Soros. C’est très logique, tout ça se tient très bien. Accessoirement, on comprend que notre historien a une vision bien péjorative du populisme.

Populisme : Tout mouvement, toute doctrine faisant appel exclusivement ou préférentiellement au peuple en tant qu’entité indifférenciée.  Source CNRTL

Quant à Maurice Samuels, professeur à Yale, il accuse Trump de « répercuter (ou retweeter) de façon routinière les théories conspirationnistes d’extrême-droite, dont beaucoup concernent George Soros, qui offre un symbole bien pratique des Juifs contrôlant les marchés financiers, la politique et la presse. Une notion qui constitue le fond de commerce du discours antisémite depuis ‘Les Protocoles des Sages de Sion‘ ».

Dans lequel l’auteur, tranquille, cite des délires accusant Trump de relayer des « théories conspirationnistes d’extrême-droite ». Même pas peur : ah oui, j’oubliais, c’est pas l’auteur, hein, c’est Maurice…

La bonne question à se poser

Je crois que nous serons d’accord pour dire que le problème de l’extrême droite américaine est d’abord un problème domestique, et qu’il n’a que peu de rapport avec l’Europe ou la France. De même, la politique hongroise concernant l’immigration illégale est du ressort du gouvernement de ce pays, et je ne vois pas que l’on serait fondé à dicter à un État souverain sa politique en la matière. Essayez un peu d’aller le faire en Chine, aux États-Unis ou en Israël, on en reparlera après.

Du coup, quel est l’intérêt de répandre ce genre de billevesées dans la presse française ? C’est assez simple en somme, si vous critiquez Soros, vous critiquez la politique migratoire européenne et si vous critiquez la politique migratoire, vous êtes forcément antisémite. Cqfd.

Crise migratoire

Il n’y a pas plus de crise migratoire que de beurre en branche. Il y a toujours eu des flux migratoires, le plus souvent en provenance des pays pauvres ou en proie à la guerre. Il se trouve simplement que les États-Unis ont, ces dernières années, ravagé un certain nombre de pays du Moyen-Orient, d’Asie et d’Afrique, dégommant au passage des régimes stables qui auparavant assuraient un contrôle des frontières efficace, comme la Libye.

Alors forcément, ces flux sont plus importants, mais rien qui ne pourrait être parfaitement contrôlé : la question à se poser, ici, étant de savoir pourquoi nous devrions à présent accepter d’office tout ou partie de ces flux de migrants ? Quoi qu’on en dise, la question d’accepter (ou non) la venue de migrants doit être posée à la population, qui en dernier ressort paiera pour leur intégration. Toute autre solution ne mènera qu’au rejet et à la montée des communautarismes et du racisme. On fait le lit de l’extrême droite.

C’est tout de même étrange que durant des siècles, l’immigration n’a jamais créé de difficulté majeure (parce qu’en substance elle était fortement découragée), et que subitement, à partir des années 2010 cela deviendrait de facto un « problème » insurmontable avec en corollaire que les populations européennes seraient contraintes à l’accepter.

Est-ce qu’on nous prendrait pas (un peu) pour des lapins de la semaine ?

Photo: Président Trump en visite en Israël en mai 2017 – Matty Stern/U.S. Embassy

source: levilainpetitcanard.be

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