12/11/2018 reseauinternational.net  10 min #148165

La Grande-Bretagne est un meurtrier politique en série

par Grete Mautner

Une interception de transmissions cryptées de la General Intelligence Presidency of the Kingdom of Saudi Arabia (KSA) par la British General Intelligence Directorate (GCHQ) révélerait que l’ordre d’assassiner Jamal Khashoggi, un journaliste saoudien travaillant pour plusieurs médias occidentaux, venait de la famille royale saoudienne. Cette affirmation a été faite par le Daily Express se référant à ses sources anonymes.

Cette publication a essentiellement révélé que les services de renseignement britanniques, à savoir le MI6, étaient bien au courant des préparatifs effectués par les services spéciaux saoudiens pour faire taire une bonne fois pour toute une nuisance majeure pour les autorités saoudiennes, à savoir Jamal Khashoggi. L’absence de mesures visibles ou signalées de la part de Londres pour empêcher ce crime odieux indique directement que les services de renseignement britanniques ont été impliqués, du moins sous une forme ou une autre, dans l’assassinat du journaliste saoudien.

Quartier général du MI6 à Vauxhall

Cependant, cette révélation ne surprend personne, même vaguement familiarisé avec la manière dont les autorités britanniques soutiennent le régime saoudien, puisque Londres a vendu des milliards de dollars d’armes à Riyad. Ces armes sont ensuite utilisées pour alimenter l’agression sanglante de l’Arabie Saoudite contre le Yémen, ainsi que l’assaut continu du terrorisme radical en Syrie.

Comme nous trouvons de nouveaux indices que Londres a été complice de l’Arabie Saoudite dans cet assassinat politique, cela signifie essentiellement que le Royaume-Uni lui-même est également engagé dans le terrorisme politique.

Les assassinats politiques sont l’un des moyens les plus sales de résoudre les conflits politiques et il se trouve qu’ils sont assez courants dans une poignée de pays. Lorsque les puissants ne peuvent ou ne veulent pas atteindre leurs objectifs par des moyens légaux, des accords ou des procédures démocratiques, ils essaient essentiellement de tuer ceux qui se dressent sur leur chemin. Depuis toujours, la Grande-Bretagne a la réputation d’être un champion de ces assassinats.

Il suffit de jeter un coup d’oeil à ses antécédents. Les livres d’histoire nous disent que des agents britanniques ont tenté d’assassiner Napoléon en mettant une grande quantité d’explosifs dans une charrette qui a explosé près de la voiture transportant le légendaire empereur français qui a réussi à survivre. À peu près à la même époque, l’ambassadeur britannique à Moscou, Lord Charles Whitworth, s’engagea dans une conspiration visant à assassiner l’empereur russe de l’époque – Paul I. Des nobles russes des milieux libéraux de l’époque étaient également impliqués dans la conspiration en répandant des rumeurs diffamatoires sur l’empereur de Russie. Ces tactiques, soit dit en passant, sont encore bien vivantes aujourd’hui, alors que le Royaume-Uni répand toutes sortes de propagande au sujet de la Russie.

Parmi les crimes les plus récents, on se souvient que Londres a admis que ce sont les services de renseignement britanniques qui ont réussi une nouvelle tentative d’assassinat politique très médiatisée – le meurtre de Grigory Rasputin à Petrograd en 1916.

Au cours des dernières décennies, les services de renseignement britanniques ont organisé l’un des assassinats les plus célèbres de notre temps, à l’exception de celui de la Princesse Diana, le meurtre de Patrice Lumumba, le premier Premier Ministre du Congo.

En 2010, il s’est soudain avéré que le rôle clé dans ce crime a été joué par la Baronne Daphne Park – la reine non proclamée du renseignement britannique, qui a donné 30 ans de sa vie au MI6. Elle l’a révélé juste avant sa mort. En fait, il existe une autre légende aristocratique du renseignement britannique – Sir David Edward Lee, membre de la Chambre des Lords, qui a reçu de nombreuses médailles pour ses services. Ainsi, si ces personnes sont publiquement honorées par l’establishment britannique, on ne peut que supposer qu’il n’est ni immoral ni inacceptable pour Londres de revenir au terrorisme politique.

Alexander Petrov et Ruslan Boshirov

Cependant, ce qui est particulièrement étrange, c’est que les autorités britanniques tentent souvent de rejeter la responsabilité des crimes qu’elles ont commis en lançant une propagande visant des spectateurs innocents dans le but de blanchir les actions de la communauté de renseignement britannique. Nous avons pu constater cette situation de première main avec l’affaire de Salisbury, puisque Sergey Skripal a été gracié par les autorités russes avant de s’installer à Londres, ce qui signifie que personne en Russie ne s’intéressait à son retour.

Le pic de ce genre d’opérations clandestines menées par le MI6 remonte aux années 1970. En 1976, le dictateur militaire du Nigeria, le Général Murtala Mohammed, a été assassiné dans son pays. En 1977, l’Archevêque ougandais Janani Jakaliya Luwum a été assassiné pour avoir tenté de désobéir au dirigeant pro-occidental du pays et à l’ambassadeur britannique. La même année, Marien Ngouabi, un autre dirigeant pro-soviétique du Congo, a été tué à l’âge de 29 ans, après avoir vécu une vie de service militaire. Il convient de noter en particulier que tous ces assassinats ont été, à l’époque, ignorés par les autorités britanniques qui soutenaient que les pays africains étaient sauvages et qu’ils ne pouvaient rien y faire. Mais à chaque fois, les révélations ont dévoilé au monde le vrai visage de la Grande-Bretagne, qui est depuis longtemps un meurtrier politique en série.

Un autre cas est celui du Yémen, une nation en proie à des coups d’État et à des assassinats depuis sa déclaration d’indépendance en raison de sa situation géographique cruciale. Plus précisément, en 1977, le Colonel Ibrahim al-Hamdi, homme du peuple et homme politique populaire de l’époque, a été assassiné après sa victoire aux élections présidentielles au Yémen du Nord. Un an plus tard, le chef du Yémen du Sud et héros renommé de la lutte contre les colonialistes britanniques, Salim Rubai Ali, fut également assassiné. Les élites britanniques ont été le moteur des assassinats politiques et des coups d’État au Yémen, car elles considéraient les terres yéménites comme extrêmement importantes pour leurs projets, de sorte que le mouvement indépendantiste yéménite est devenu pour elles un problème majeur.

Le comportement des services secrets britanniques dans les pays du tiers monde a toujours été brutal, mais à Londres, ce fait est considéré comme un signe de vaillance plutôt que comme un signe de criminalité. Même l’ère actuelle du politiquement correct ne change rien à ce fait, après tout le personnage de James Bond, un homme avec un « permis de tuer » est un héros intemporel dans toute la pop-culture britannique.

Mais les assassinats politiques ne sont pas réservés à l’étranger pour les élites politiques britanniques, comme on peut s’en souvenir en 2010, lorsque le Député du Parti Travailliste Stephen Timms a failli mourir dans une tentative d’assassinat.

Jo Cox -« Elle croyait en un monde meilleur s’est battu tous les jours »

Une autre députée du Parti Travailliste, Jo Cox, a été assassiné dans le West Yorkshire. Elle a été assassinée en juin 2016 alors qu’elle quittait une bibliothèque locale après une réunion avec des membres du parti. Le tueur a tiré sur Cox devant de nombreux témoins et l’a également poignardée.

Bien sûr, les élites britanniques n’admettront jamais qu’elles pratiquent des assassinats politiques au niveau de l’État depuis des décennies. L’espionnage et les assassinats politiques ont longtemps été perçus en Grande-Bretagne comme un sport cruel, ce qui a conduit les descendants de familles aristocratiques riches et célèbres à soumettre leur curriculum vitae aux services de renseignements locaux.

Tout cela est fondamentalement différent de l’attitude du continent face à des activités aussi douteuses. Espionner et surtout assassiner des gens n’a jamais été considéré en Europe comme une activité décente pour un aristocrate, car il fallait de la cruauté et de la violence qui ne convenaient pas à l’esprit noble, ni à aucune forme de code d’honneur. Mais pour les élites britanniques, tuer des gens a toujours été une sorte de tradition diplomatique. Et si des citoyens indésirables s’opposent à Londres, tant pis pour eux.

C’est pourquoi Londres a longtemps été la capitale des criminels en fuite. Si vous avez commis un crime dans votre pays d’origine, allez à Londres. Le système judiciaire britannique est conçu de telle manière qu’un criminel de n’importe quel pays, à l’exception des États-Unis, peut facilement obtenir l’asile. Le Ministère de l’Intérieur britannique a réussi à identifier des centaines de criminels de guerre résidant en toute sécurité au Royaume-Uni. Ces personnes s’étaient auparavant adressées aux services d’immigration du Royaume pour demander la résidence permanente et l’avaient obtenue. Il s’agit d’anciens résidents d’Afghanistan, d’Irak, d’Iran, de Libye, du Rwanda, du Sri Lanka, de Serbie et d’un certain nombre d’autres pays.

Ainsi, lorsqu’on apprend que la Grande-Bretagne a été impliquée d’une manière ou d’une autre dans un autre assassinat politique, il ne faut pas s’étonner du tout.

Source :  Great Britain is a Serial Political Murderer

traduit par Pascal, revu par Martha pour  Réseau International

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