26/11/2018 reseauinternational.net  7 min #148781

Un séminaire de l'Ue contre le corridor économique sino-pakistanais

Par Joseph Thomas – NEO

La Fondation européenne d’études sur l’Asie du Sud (EFSAS) a organisé un séminaire d’une journée sur le corridor économique Chine-Pakistan (CPEC). Organisé par  Jonathan Bullock, membre du Parlement européen (MEP) du parti pour l’indépendance du Royaume-Uni (UKIP), il a rassemblé des européens qui dénoncent la montée de la Chine sur la scène mondiale ainsi que des agitateurs financés par les Etats-Unis et l’Europe pour saboter les relations sino-pakistanaises.

Le CPEC est un projet clé dans le cadre des relations sino-pakistanaises et fait partie intégrante de l’initiative One Belt, One Road (OBOR) de Beijing. Il comprend des projets énergétiques et de transport qui développent et relient la province pakistanaise du Baloutchistan, le long de la mer d’Oman, au territoire chinois le long de la frontière du Pakistan et de la Chine.

Une fois achevés, les projets augmenteront les perspectives du Pakistan et l’influence de la Chine non seulement au Pakistan, mais dans l’ensemble de la région. Avec d’autres projets OBOR, le CPEC constituera un pas de plus vers la montée de l’Eurasie et sa sortie de siècles de domination européenne.

Pour l’eurodéputé Jonathan Bullock de UKIP, il est quelque peu déroutant de voir un politicien soi-disant soucieux de l’indépendance britannique si désireux de s’immiscer dans la souveraineté du Pakistan et de la Chine, à des milliers de kilomètres des côtes britanniques ou de toutes côte européenne.

 On pouvait trouver sur le site Web de l’EFSAS  un résumé de cet événement axé sur le CPEC :

Un panel de haut niveau composé de membres du Parlement européen, de chercheurs et d’académiciens a parlé de la construction du corridor économique Chine-Pakistan (CPEC) et des questions juridiques, géostratégiques, économiques et environnementales qui y sont liées et qui ont un impact direct sur la stabilité en Asie du Sud.

Les participants ont affirmé que la Chine exercerait une influence injustifiée sur le Pakistan au cours de la construction du projet. Des représentants de groupes séparatistes, dont beaucoup sont financés par les États-Unis et l’Europe pour servir de vecteurs à l’influence occidentale au Pakistan et d’agents de déstabilisation non seulement au Pakistan, mais aussi entre le Pakistan et ses voisins immédiats (Afghanistan, Inde, Iran et Chine), ont également soulevé des préoccupations liées au Cachemire et au Baloutchistan du Pakistan.

Selon la déclaration de l’EFSAS :

M.Fernando Burgés, directeur de programme à l’Organisation des Nations et des Peuples non représentés (UNPO), a présenté son point de vue sur les répercussions négatives de la construction du CPEC, qui traverse le territoire contesté du Gilgit Baltistan, qui faisait partie de l’ancien État princier de Jammu-et-Cachemire sur lequel le Pakistan n’a aucun droit.

L’UNPO sert de représentation collective  à une myriade de groupes séparatistes  soutenus par des intérêts spéciaux occidentaux utilisés pour semer et entretenir l’agitation dans le monde.

Parmi eux il y avait ou il y a encore aujourd’hui des séparatistes tchétchènes qui cherchent à arracher des territoires au sud de la Russie, des séparatistes tibétains soutenus depuis des décennies par la CIA (Central Intelligence Agency) américaine et divers groupes du Cachemire et du Baloutchistan. Ces derniers sont soutenus par le Département d’Etat américain dans sa quête d’indépendance et la fin effective de l’accès de la Chine à la mer d’Arabie via le port de Gwadar récemment construit.

Il convient de noter que la partie de la région du Cachemire revendiquée par le Pakistan constitue son seul accès direct à la frontière chinoise dans le nord. Il est donc particulièrement commode qu’ici, l’UNPO ait trouvé un autre groupe à soutenir qui cherche l’indépendance et qui fermerait de fait le Pakistan à la Chine dans le nord.

Alors que les différents eurodéputés de l’Union Européenne qui se plaignent de la CPEC ne feront presque rien pour ralentir sa construction et encore moins pour l’arrêter, même avec l’aide de groupes séparatistes financés et soutenus par les États-Unis et l’Europe qui tentent de compliquer la sécurité sur le terrain, il est important de comprendre le suprématisme impérial qui continue à gangrener de façon profonde plusieurs milieux politiques de l’élite occidentale.

Il est également important de comprendre comment elle se manifeste politiquement à travers des causes « droits de l’homme » diverses mais tout à fait hypocrites et cyniquement violées. De même, il est important de voir comment elle se manifeste sur le terrain où ces intérêts cherchent à perturber leurs concurrents géopolitiques au lieu de trouver des bases communes de coopération et d’intérêt mutuel.

Des cercles d’intérêts alternatifs, tant aux États-Unis qu’en Europe et ailleurs dans le monde, rechercheront des bases communes de coopération et d’avantages mutuels avec la Chine et ses nombreux partenaires eurasiens. Ils se retrouveront finalement aux premières places à la table du multipolarisme émergent, tandis que les instigateurs de chaos et les suprématistes impériaux resteront sur la touche.

Joseph Thomas est rédacteur en chef du journal géopolitique basé en Thaïlande,  The New Atlas   et contributeur au magazine en ligne «  New Eastern Outlook  ».

 Source :  landdestroyer.blogspot.com

Traduction  Avic Réseau International

 reseauinternational.net

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