Le président ukrainien Petro Poroshenko a tenté de renforcer sa cote de popularité pour les prochaines élections en provoquant un incident militaire. C’était un pari et il a échoué.
Trois bateaux ukrainiens, un remorqueur et deux canonnières, ont tenté de naviguer de la mer Noire vers la mer d’Azov en passant par le détroit de Kertch. Le détroit de Kertch est une eau territoriale russe depuis que la Crimée a choisi par vote de faire retour à la Russie. Le « passage inoffensif » est autorisé mais nécessite le respect des lois et règlements du pays territorial.
Carte de profondeur – Mer d’Azov Bleu foncé – moins de 5 mètres, bleu clair – moins de 10 mètres, blanc – moins de 13,5 mètres chenaux de navigation non indiqués
L’Ukraine n’accepte pas la décision du peuple de Crimée et insiste sur le fait que la péninsule fait toujours partie de son territoire. Le président ukrainien Petro Porochenko a envoyé les bateaux avec l’ordre de ne pas coordonner leur passage avec les autorités russes. Les marins capturés le confirment. Il voulait manifestement provoquer une réaction russe violente.
Le gouvernement ukrainien a pratiquement admis que la mission avait de mauvaises intentions :
Le service de sécurité de l’État ukrainien déclare que ses agents de renseignement faisaient partie de l’équipage des navires de guerre ukrainiens saisis par la Russie dans un affrontement près de la Crimée.
L’agence SBU a déclaré dans un communiqué mardi que les officiers effectuaient des opérations de contre-espionnage pour la marine ukrainienne, en réponse à « la pression psychologique et physique » des services d’espionnage russes. Il n’a pas élaboré, mais a exigé que la Russie mette fin à de telles activités.
L’agence de renseignement russe du FSB a déclaré lundi soir qu’il y avait des officiers du SBU à bord des navires ukrainiens, considérant qu’il s’agissait d’une preuve d’une « provocation » organisée par l’Ukraine.
Quelle est la véritable raison pour laquelle ces agents étaient à bord des canonnières ukrainiennes ?
Et pourquoi l’équipage du remorqueur était-il armé de mitrailleuses lourdes ?
Quelques marins ukrainiens ont été légèrement blessés lorsque les garde-côtes russes ont tiré sur l’un des bateaux.
Les canonnières de la classe Gurza-M ont été construites sur un chantier naval que Poroshenko possédait à l’époque. Il en a profité pour les commander. Elles peuvent être utiles pour la police fluviale, mais n’ont pas leur place en mer.
Les garde-côtes russes n’ont eu aucun problème pour neutraliser les navires et capturer leurs équipages. Un tribunal de Crimée a ordonné que les marins soient détenus pendant deux mois de plus pendant qu’ils font face à des accusations d’infractions à la frontière.
En 1988, les États-Unis ont tenté de réaliser une péripétie similaire dans la mer Noire. Deux navires de la marine étatsunienne équipés de matériel d’espionnage sont entrés dans les eaux territoriales soviétiques près de la Crimée. Ils ont été percutés (vidéo) par des navires soviétiques et ont été assez intelligents pour partir avant que la situation ne s’aggrave.
L’intention de Porochenko était de provoquer un incident qui lui permettrait de se présenter comme un président de guerre. Les élections approchent et tous les sondages montrent qu’il est en dessous de 10% et loin derrière deux autres candidats. Il a tenté d’utiliser l’incident pour introduire la loi martiale dans toute l’Ukraine.
La loi martiale donnerait à Poroshenko le contrôle total du pays. Il serait en mesure de destituer tout gouvernement régional ou local, de fermer l’opposition politique et de censurer les médias. Il pourrait reporter indéfiniment les prochaines élections. Il a essayé d’effrayer le Parlement pour qu’il l’accepte :
« Les données des services de renseignement parlent d’une menace extrêmement grave « , a déclaré Poroshenko dans une allocution télévisée lundi, brandissant une pile de papier qui, a-t-il dit, était un rapport de renseignement détaillant les forces russes massés près de la frontière. Lors d’une session du Conseil de sécurité des Nations unies convoquée à la demande de l’Ukraine lundi soir, le représentant du pays, Volodymyr Yelchenko, a déclaré que les ports de Mariupol et Berdyansk dans la mer d’Azov étaient menacés d’invasion.
Bien sûr, c’est tout à fait absurde. La Russie n’a aucun intérêt à lancer une guerre avec l’Ukraine. Il n’y a rien à y gagner.
Le Parlement doit voter sur l’introduction de la loi martiale et les partis d’opposition ont reconnu le coup d’éclat de Porochenko pour ce qu’il était. Ses plans ont été rejetés. Porochenko s’est retiré avec son plan. Au lieu de la période de 60 jours renouvelable de la loi martiale qu’il voulait, il a dû se contenter de 30 jours. Et ce n’était toujours pas suffisant :
Les partis politiques rivaux – Patrie de l’ancien premier ministre Ioulia Timochenko, l’Auto-assistance du maire de Lviv Andriy Sadovyi et le parti radical du populiste Oleh Lyashko – ont exigé de nouvelles concessions. Ils voulaient la confirmation immédiate, plutôt qu’une simple promesse, que les élections auront lieu le 31 mars. Ils ont cherché à limiter la loi martiale à un certain nombre de régions plutôt qu’à l’ensemble du pays, et ils se sont opposés à tout projet visant à limiter les libertés constitutionnelles des Ukrainiens. Leur crainte n’était pas seulement que la campagne soit limitée, mais que Porochenko obtienne des pouvoirs quasi dictatoriaux.
Il y aura désormais une loi martiale limitée, mais seulement dans les régions qui bordent la Russie ou la mer Noire. L’opposition et ses bailleurs de fonds étrangers veilleront à ce que son utilisation ne dégénère pas. Il y aura un appel limité de troupes de réserve, mais la plupart des réservistes sont susceptibles de l’ignorer.
Avec la date des élections fixée au 31 mars par le Parlement, Poroshenko n’a pas d’outil juridique pour la reporter.
A moins bien sûr qu’il ne parvienne à provoquer une véritable guerre, soit avec les rebelles qui détiennent les territoires de Donetsk et de Louhansk, soit avec la Russie elle-même. C’est exactement ce que les fous du Conseil de l’Atlantique l’exhortent à faire :
Même si l’Ukraine est dépassée, elle a des options. Elle peut entreprendre des opérations pour briser le blocus, même si elles seraient probablement infructueuses étant donné les forces que Moscou y a envoyées.
Néanmoins, elle ne peut accepter passivement cette atteinte à sa souveraineté et à son intégrité. L’Ukraine devrait examiner attentivement une opération spéciale qui pourrait perturber le pont que Moscou a construit sur le détroit de Kertch qui relie la Crimée à la Russie.
Mais ce n’est pas tout. L’Ukraine devrait inviter les Etats-Unis et l’OTAN à envoyer une flotte de navires armés pour visiter Mariupol, la principale ville de la côte de la mer d’Azov et défier la Russie de tirer sur l’OTAN ou l’empêcher d’exercer son droit de visiter les ports de l’Ukraine. Ces navires devraient être armés et avoir une couverture aérienne, mais on devrait leur dire de ne pas tirer à moins qu’on ne leur tire dessus.
Même Porochenko n’est pas assez bête pour répéter sa provocation ratée dans le détroit de Kertch. Le pont de Kertch est gardé. Ses piliers sont massifs car il a été construit près d’une faille et a la capacité de résister aux tremblements de terre. Un saboteur devrait amener plusieurs tonnes d’explosifs de grande puissance pour en endommager un seul. Pour atteindre Mariupol dans la mer d’Azov, les navires doivent traverser le détroit de Kertch. Le passage est un canal artificiel très étroit avec seulement 8 mètres de profondeur. A l’extérieur du canal, l’eau est aussi peu profonde. Tout navire dont le tirant d’eau est supérieur à 2-3 mètres n’a aucune place pour y naviguer. La Russie n’a même pas besoin de bateaux ou d’avions pour la protéger. Quelques canons le long de la côte peuvent facilement contrôler le passage. Aucun commandant naval sain d’esprit ne tentera de franchir le détroit par la force.
La Russie a déjà mis en garde contre d’autres manœuvres « imprudentes » et a déployé un système de missiles antinavires (vidéo) dans le détroit de Kertch pour s’assurer que toute nouvelle provocation aurait des conséquences mortelles.
Porochenko pourrait commencer une provocation ailleurs. Il pourrait tenter de reconquérir l’aéroport de Donetzk. Mais bien qu’il ait envie de perdre plus de combats, une guerre totale est hors de question. L’armée de Kiev est démoralisée et serait vaincue en quelques jours.
Le règne de Porochenko fut catastrophique pour l’Ukraine. Dans plusieurs villes, le chauffage central et l’approvisionnement en eau chaude sont interrompus. Dix mille personnes devront geler pendant l’hiver, certaines d’entre elles à mort. Depuis l’arrivée au pouvoir de Porochenko, des millions de travailleurs ukrainiens compétents ont fui ou travaillent à l’étranger, la plupart d’entre eux en Russie. Les régions les plus industrialisées sont fermement aux mains des rebelles. La majorité de la population est pauvre, la bureaucratie est totalement corrompue et le pays est pratiquement en faillite.
Il y aura probablement des douzaines d’affaires de corruption portées contre Porochenko lui-même dès qu’il perdra le pouvoir. S’il est intelligent, il fuira l’Ukraine le jour même où son mandat prendra fin.
Les réactions internationales ont montré que Porochenko n’a plus de valeur. Alors que la Pologne russophobe et les pays baltes appelaient à plus de sanctions contre la Russie, les poids lourds européens, l’Allemagne et la France, à la désescalade et aux négociations directes entre la Russie et l’Ukraine. (Merkel lui a dit fermement de se retirer.) La réaction étatsunienne a été retardée et faible. Trump a posé le problème aux Européens.
Pedro Poroshenko quittera la scène politique comme un homme méprisé. Mais il sera aussi beaucoup plus riche après avoir pillé l’État ukrainien partout où il le pouvait. Le peuple ukrainien devrait reprendre son argent avant de le jeter à l’étranger.
Article originel : Ukraine – Poroshenko Initiated Clash With Russia To Gain Dictatorial Powers – He Failed
Moon of Alabama