14/12/2018 reseauinternational.net  8 min #149644

De Goebbels à Bolton : anciens et nouveaux fascismes

par Francisco Arias Fernández

Joseph Goebbels, ministre de la Propagande de l’Allemagne de Adolf Hitler, est considéré comme l’un des plus grands manipulateurs de l’histoire, responsable de l’expansion, de l’embrasement, de la diffusion de l’idéologie génocidaire nazie et du contrôle des informations sur les crimes du régime nazi.

Il a utilisé les médias pour répandre des fausses informations qui ont facilité le contrôle et la domination du régime fasciste sur la population des différentes régions où il s’est établi pendant la Seconde Guerre Mondiale, en plus de fomenter la peur et d’encourager la population contre des collectifs spécifiques, pour lesquels il a fait appel indistinctement à la radio, aux journaux ou au cinéma.

Parmi les méthodes préférées de Goebbels : l’individualisation et le regroupement des adversaires sous l’idée qu’ils sont un seul ennemi, la multiplication d’éléments inventés mais crédibles pour confondre et concentrer l’attention sur des aspects sans rapport avec les nouvelles réelles (comme quand une bataille est perdue), l’exagération des situations pour les transformer en menaces et le silence sur les informations qui favorisent des opinions contraires aux prescriptions, la prétention à transmettre l’opinion dominante pour manipuler l’information transmise ou l’adaptation des informations pour le peuple.

Le précédent nazi est ce qui se rapproche le plus aujourd’hui du fascisme ou du terrorisme médiatique en termes de méthodes, avec l’avantage actuel de rapidité ou d’immédiateté, de diversité des médias, de capacité de multiplication, de mobilisation, d’interaction, de concertation et de soumission globale aux diktats de l’empire hégémonique, propriétaire du monopole des médias (radio, presse écrite, télévision et internet), aux mains de quelques sociétés américaines et partenaires multi millionnaires issus de pays alliés.

Depuis le début de la décennie actuelle, l’information et le divertissement sur la planète sont contrôlés par dix supergroupes de médias américains qui, ces derniers temps, ont eu tendance à se regrouper dans des dites méga-fusions et qui dominent le monde de l’édition, de la musique, du cinéma, de la production et de la distribution de contenus télévisés, des salles de théâtre, d’Internet et des parcs de loisirs, comme Disney World.

Selon le classement des 50 plus grandes entreprises de médias dans le monde, aujourd’hui, la consommation d’information et de divertissement quotidien est générée par les cinq plus grandes entreprises ayant le plus grand impact et dominant le marché mondial qui sont américaines : Comcast, The Walt Disney Company, News Corp Ltd /21st Century Fox, Direct TV-IIlc et Time Warner Inc.

Washington est le recteur de l’échafaudage technologique, politico-diplomatique, économique, militaire et de la communauté du renseignement qui dirige les fils du réseau mondial d’opérations secrètes, d’influences hostiles et de fabrication de mensonges, qui deviennent alors des crimes consommés, des faits et des nouvelles qui inondent la presse marchande de notre temps.

Coïncidences des manipulateurs

Une autre similitude entre fascismes ancien et nouveau réside dans les caractéristiques des personnages qui ont mené la manipulation de l’information et la répétition de mensonges hier et aujourd’hui, bien que l’histoire les place dans des positions et pays différents.

L’Allemagne hitlérienne du XXe siècle et l’empire hégémonique du « nouveau moment américain » du XXIe siècle ont en commun l’exercice du mensonge comme arme de première ligne dans leurs visées de domination globale, dans les deux cas guidés par des fanatiques sans scrupules, praticiens du mensonge préfabriqué pour la sanction armée ultérieure.

Dans le cas des États-Unis, pour cette mission, Donald Trump avait besoin de quelqu’un de plus rétrograde que lui, et inconditionnel en même temps, comme Goebbels l’était à propos de Hitler. Dans le cas du conseiller à la sécurité nationale John Bolton, le plus récent signe est qu’il s’est tenu à ses côtés lorsque des conflits internes et publics répétés avec d’autres conseillers ont éclaté.

Les chercheurs du profil psychologique de Goebbels soulignent que les situations difficiles de l’enfance et les problèmes physiques ont fait de lui une personne qui a intériorisé une mauvaise image de soi, se qualifiant parfois de « dégoûtant » ou de « pauvre diable ». Pure coïncidence, Bolton dans ses mémoires s’est défini lui-même comme un monstre, un « étranger » depuis ses années d’université, lorsque dans les salles de classe de Yale tout le monde était contre la guerre du Vietnam sauf lui.

La presse américaine a également fait remarquer la particularité de Bolton, le définissant comme l’ambassadeur américain « le plus désagréable » à l’ONU. Il convient de préciser que les épithètes ont été prononcées avant la nomination de l’ambassadrice sortante Nikki Haley, responsable de manifestations fascistes et anti-diplomatiques contre le Venezuela, le Nicaragua, l’Iran, la République populaire démocratique de Corée, la Russie, la Chine, Cuba et de nombreux autres pays, où son amitié étroite avec les députés de la mafia antilatino-américaine de Floride, ses capos terroristes et mercenaires a été mise en lumière.

Le retour du Condor ?

Avec l’arrivée de Bolton au Conseil de sécurité nationale, le comportement désastreux du président, l’intégration d’un cabinet de guerre et d’un Conseil de sécurité nationale avec des praticiens de la torture, du mensonge, du racisme, du chantage et de l’agression et avec un parti républicain accusé de vendre ses principes, la « grande presse » du pays a dénoncé que les Américains n’ont jamais été « dirigés par des gens moins fiables dans toute l’histoire de la nation« , comme l’a rappelé l’influent New York Times, qui fait partie de l’arsenal impérial dans sa guerre de domination mondiale.

Préoccupés par la vague d’intolérance, de xénophobie et de populisme qui se répand aux quatre coins de la planète, déclenchée par la politique du centre impérial et de ses dirigeants, certains en Europe se demandent si Donald Trump, Jair Bolsonaro ou la droite européenne radicale seront capables de rééditer le fascisme, le racisme et l’homophobie qui affectaient le Vieux Continent jusqu’à récemment, fondés sur des dénominateurs communs et l’utilisation des médias de propagande du pouvoir, qui trouvent des analogies avec ceux initiés par Joseph Goebbels.

La vague médiatique de l’extrême droite néo-fasciste, dénoncée en interne aux États-Unis et sur tous les continents, attaque des personnalités et des partis de leur propre pays, des gouvernements socialistes, défend des politiques anti-immigrés et se déclare ouvertement anticommunistes et même encourage de nouvelles alliances extrémistes avec des gouvernements enclins à l’autoritarisme et à la servilité à Washington, comme le récent Sommet conservateur des « Gusaneras », organisé par Eduardo Bolsonaro, fils du président élu du Brésil.

De son trône de futur dictateur, le capitaine Jair Bolsonaro, animé par des terroristes d’origine vénézuélienne, nicaraguayenne et cubano-américaine, venus de Miami, nous a rappelé Augusto Pinochet, Alfredo Stroessner, Anastasio Somoza et de nombreux autres, avec un appel à « lutter ensemble contre le communisme dans cette région » et affronter « les objectifs du Forum Sao Paulo ». Récemment, dans une erreur historique, il a déclaré que le Brésil ne savait pas ce qu’était la dictature.

Source :  De Goebbels a Bolton: fascismos viejos y nuevos

traduit par Pascal, revu par Martha pour  Réseau International

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