18/12/2018 reseauinternational.net  23 min #149801

La Nation a besoin d'un leader courageux comme le Président Assad

Entretien avec l’ex-député koweitien Abdelhamid Dashti

Entretien mené par Inaam Kharroubi – Damas

Nous le connaissons habitué à porter la détresse du monde arabe de l’Océan au Golfe, sans toutefois se départir de son appartenance « golfique », et la Palestine est restée la pierre angulaire de son ressenti et de ses préoccupations, malgré les années qui passent et la veulerie des gouvernements arabes, dont celui de son pays, face à la cause majeure. Et s’il n’exonère pas le Koweït de sa responsabilité à l’égard de la mère de toutes les causes, il évite de faire porter à ce petit pays du Golfe un fardeau trop lourd.

Lors de l’entretien accordé au journal Al-Binaa, l’ancien député de l’Assemblée nationale du Koweït et Président du Conseil international pour le soutien à des procès équitables et aux droits de l’homme à Genève, Dr. Abdelhamid Dashti, n’hésite pas à critiquer le comportement officiel du gouvernement koweïtien, malgré l’affection qu’il témoigne à son émir le Cheikh Sabah Ahmed Jabir Al-Sabah, convaincu que le Koweït est un modèle particulier dans le Golfe et peut jouer un rôle majeur dans le développement de la réalité régionale aux niveaux de la démocratie, des droits humains, des libertés et de la justice, estimant que les États du Golfe ne pourraient être sauvés qu’en devenant des monarchies constitutionnelles.

Dans les ténèbres de ce sombre monde arabe, Dashti a distingué un chef courageux, résistant et résilient, qui mène son pays vers la victoire. C’est le président syrien Bachar Assad qui représente, à ses yeux, la ténacité et la défiance face aux complots mondiaux les plus odieux. Il n’oublie pas le Yémen meurtri qui affronte la tragédie du siècle, malgré la faim, les maladies et le blocus, et que les forces d’agression n’ont pas réussi à faire plier ni à dépouiller de sa souveraineté.

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Ci-après la teneur de cet entretien :

I.K : Comment évaluez-vous la situation politique au Koweït dans le contexte de la crise actuelle du Golfe ?

A.D : Si nous regardons la situation politique au Koweït, en tant que pays du Golfe, nous regrettons qu’il ait rejoint d’autres États du Golfe dans le projet de destruction de la nation, parce que les fards qui maquillaient le faciès civilisé et démocratique du Koweït ont coulé et l’ont défiguré. Le Koweït, comme le Qatar, l’Arabie Saoudite, le Bahreïn et les EAU, est devenu complice de ce qui a été infligé à la nation comme destruction, dévastation, déplacement et carnage des gens innocents. Si nous remontons dans l’histoire, il faut se rappeler que lorsque les Britanniques ont décidé de mettre fin à leur colonisation apparente des États du Golfe, ils ont intronisé certaines familles qui les servaient d’une manière ou d’une autre à l’époque de la piraterie. Ils ont estimé devoir couronner ces familles pour gouverner les cheikats (sheikhdoms) du Golfe, et les peuples du Golfe l’ont accepté et consenti au fait accompli. La construction de l’État moderne au Bahreïn et au Koweït se faisait de façon démocratique, du fait que des Constitutions ont été promulguées et des parlements formés, et le Koweït et le Bahreïn tendaient vers l’édification d’un État de droit et des institutions.

Quant aux Émirats arabes unis, Oman et l’Arabie saoudite, ce royaume funeste, ils ont traité les territoires et les peuples comme une propriété privée. Bien que le Bahreïn et le Koweït se distinguaient à l’époque par la manière de construire l’État, ce qui était spécifique au Koweït était la nature de ses dirigeants les Sabah. Ils sont pacifiques et nullement sanguinaires comme le sont les assassins les Khalifa au Bahreïn, les Saoud en Arabie Saoudite et les Zayed aux EAU, tous connus pour leur cruauté sanguinaire. Malheureusement, au Koweït, il y a des gens qui sont aux ordres de l’Arabie Saoudite et des renseignements américains, anglais et français, et qui sont des outils pour recueillir des fonds et recruter les mercenaires et les terroristes.

Depuis que j’ai été élu député à l’Assemblée nationale, je n’ai cessé de demander à ces personnes : comment pouvez-vous garder le silence face à tout ce qui arrive ? Pourquoi l’État ne l’a donc pas arrêté, faisant de tout le peuple koweïtien le complice de la dévastation en Iraq et en Syrie, et des tueries et des changements démographiques qui ciblent nos familles et nos frères au Bahreïn ? Outre la répression qu’exerçait l’Arabie saoudite sur le Koweït et ses voisins pour les exproprier de leur souveraineté ? Le Koweït a donc participé au gel des relations avec la Syrie, qui a marqué le début de la destruction de l’Irak et de la répression du peuple bahreïni, ce qui a porté un coup à l’image du bel État gouverné par des gens cléments, et a affecté l’image du peuple koweïtien, ce peuple civilisé qui vit dans un État moderne et qui parcourt le monde pour apporter chez lui tout ce qu’il trouve beau. Mais après 2011, tout le monde a été surpris par la position koweïtienne et l’implication du Koweït dans toute cette conspiration contre la nation.

Le Conseil de coopération du Golfe est né difforme

I.K : Dans le contexte des divergences entre les États du Golfe, en particulier la crise avec le Qatar, le Conseil de coopération du Golfe est-il fini ?

A.D : Depuis Bruxelles en Mars 2017, j’ai annoncé la mort du Conseil de coopération du Golfe (CCG). Il y a un changement qui arrivera dans le Golfe, et la réalité des entités et des pays du CCG, où tout le monde attend tout le monde au tournant, est difficile. Avant le meurtre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, Mohammed bin Salman et Mohammed bin Zayed se préparaient à envahir le Koweït, le Qatar et Oman, et l’Emir du Qatar, Tamim bin Hamad, n’a pas assisté au dernier sommet de Riyad. Il y a quelque chose de brisé dans cette instance qui, d’ailleurs, est née difforme sur les ordres de la Grande-Bretagne en tant que protectrice et marraine du Golfe, après avoir mis fin au colonialisme de façade et signé des accords secrets. La GB a dit aux dirigeants du Golfe : « faites ce que vous voulez pour dominer vos pays et vos peuples, mais nous nous partageons la richesse et en stockons les produits à Londres. Ce sont nous qui autorisons et déterminons l’espace dont vous disposerez pour traiter avec les Américains, comme il est acceptable parfois de signer certaines transactions avec la Russie ou la Chine ».

Bin Salman voulait extorquer le Koweït !

I.K : Quelle est votre lecture de la récente visite du prince héritier Mohammed bin Salman au Koweït ?

A.D : Tout le monde sait que la visite devait durer deux jours et qu’elle devait avoir lieu du vendredi au dimanche, mais elle a été reportée par Bin Salman qui s’est conduit comme un véritable « bédouin » ignare et attardé, dans ses rapports avec un Etat souverain. Bin Salman s’est comporté de manière offensante envers le Koweït, son peuple et son émir, pourtant connu pour son mérite, ainsi que ses ancêtres les Sabah, dans la création de l’État saoudien, de sorte que Son Altesse l’Emir n’a pas assisté aux négociations prévues pour le lendemain, mais Mohammed bin Salman a demandé leur tenue le jour même.

Bien qu’il n’ait pas respecté ses rendez-vous, ni Son Altesse l’Emir, ni la souveraineté de l’Etat, les Koweïtiens n’ont pas ménagé leur peine pour offrir à Bin Salman une cérémonie de réception royale, alors que son objectif était d’imposer ses conditions au Koweït, en lui demandant 300 milliards de dinars, soit un billion de dollars, pour reprendre la production du champ pétrolier al-Wafrah, qui est un champ koweitien essentiellement et non un champ commun, comme il est colporté. Il se situe dans un territoire koweïtien occupé par l’Arabie saoudite. Même le pétrole d’al-Khafji se trouve sur le territoire koweïtien. Nous ne nous tairons pas pour la spoliation de ces terres jusqu’à leur libération, même par nos enfants. Elles constituent les deux tiers du territoire koweïtien sous occupation saoudienne et les Saoud s’en sont emparé avec la complicité du Haut-Commissaire britannique Percy Cox, sans l’aval du Cheikh Ahmed Jabir Al-Sabah, le père l’actuel Emir du Koweït.

Quant au champ offshore Durra, qui n’a rien à voir avec l’Arabie saoudite et est situé entre le Koweït et l’Iran, le Koweït a été contraint de céder aux menaces de Sultan bin Abdelaziz, avant sa mort, et a dévié sa ligne géographique ; mais la République islamique d’Iran a annoncé qu’elle ne permettrait pas au Koweït de renoncer à sa souveraineté, alors que l’Arabie saoudite a violé le concept même des relations internationales ainsi que le plateau continental et a agi dans la logique du conquérant. Mohammed bin Salman veut un billion de dollars pour reprendre la production sur notre terre et notre bien et partager avec nous. Son but est de payer les Américains et ses maîtres sionistes qui occupent la Palestine et qui l’extorquent constamment. Les Américains l’ont empêché de disposer des 800 milliards de dollars aux Etats-Unis, et Trump a averti bin Salman que s’il touchait à un seul dollar de cet argent, les Américains feraient appliquer la loi Jasta et qu’alors le quintuple ou septuple de cette somme ne suffiraient pas.

Les Américains ont conseillé à bin Salman d’arrêter les princes, et Ben Salman a exécuté l’ordre, du fait qu’il était furibond contre ces princes qui lui barraient la route vers le trône du royaume. C’étaient les fameuses arrestations du Ritz et les princes n’ont été libérés qu’après avoir payé à bin Salman ce qu’il voulait. Pour le meurtre du journaliste Jamal Khashoggi, les Américains ont pu dépouiller Mohammed bin Salman de ce qu’il restait comme liquidités. Et je crois que Bin Salman a demandé l’autorisation de ses maîtres d’envahir le Koweït, et si n’était l’affaire de Khashoggi, le Koweït aurait certainement été envahi.

Le mérite de la construction du Koweït revient aux Irakiens et aux Iraniens 

I.K : Quelles sont les indications de la récente visite du président irakien Barham Salih au Koweït ? S’agit-il d’un pas vers le dépassement des retombées de l’invasion du Koweït par Saddam Hussein ?

A.D : Les conséquences de l’invasion sont terminées et le mérite de la construction du Koweït revient aux Irakiens et à la République islamique d’Iran. Beaucoup de gens, en provenance de différentes régions de la côte orientale du Golfe, sont venus au Koweït pour vivre en sécurité, dont ma région et celle de mes ancêtres « ad-Dasht ». L’eau que nous buvions venait du fleuve Karoun en Iran et du Chatt-el-Arab en Irak. Jusqu’au début des années 1970, les voyageurs se rendaient en voiture à Bassora tous les jeudis pour revenir chargés de légumes, viandes et fromages d’Irak. Les relations entre le Koweït et l’Irak sont historiques, culturelles et sociales, des relations d’alliance et de culture commune. Le clivage entre le Koweït et l’Irak n’a commencé qu’après la création du Conseil de coopération du Golfe (CCG), ce nouveau-né difforme, comme je l’ai dit, qui a été fondé sur ordre britannique après avoir exclu l’Irak, la lanterne du Golfe et sa couronne, et empêché l’extension du Golfe,  qui est le Yémen. Si ces deux pays étaient restés, le Conseil de coopération du Golfe aurait eu les fondements de la viabilité, les hommes puissants et la richesse, et aurait été capable d’assurer la sécurité dans le golfe.

La monarchie constitutionnelle est le salut

I.K : En mars 2017 et depuis Genève, vous avez lancé la Déclaration de Genève pour la transition démocratique et les droits de l’homme dans le Golfe. Pensez-vous que les États du Golfe sont prêts pour cela ?

A.D : Après deux jours de discussions approfondies dans les salles du Conseil des droits de l’homme de l’ONU et du Conseil œcuménique des Eglises à Genève et de séminaires approfondis en présence de représentants activistes, de militants des droits de l’homme, d’avocats des Etats du Golfe et d’un groupe d’experts, de spécialistes et d’arbitres internationaux, nous avons publié en mars 2017 la Déclaration de Genève pour la transition démocratique et les droits humains, qui prévoit la conversion des Etats du Golfe en monarchies constitutionnelles, et nous avons établi une feuille de route dans ce sens.

En ce qui concerne la préparation au changement, tôt ou tard, c’est la seule solution pour le développement des pays et des peuples du Golfe. A titre d’exemple, le Koweït est le plus apte au changement, et il suffit à l’Emir du Koweït d’annoncer son désir de réviser la Constitution, ce qui est son droit, et qu’il modifie l’article 4 de la Constitution qui stipule : « Le Koweït est un émirat démocratique dans la lignée de Moubarak Al-Sabah », pour devenir : « Le Koweït est une monarchie constitutionnelle dans la lignée de Moubarak Al-Sabah » ; et s’il veut se limiter à sa propre descendance, il peut en discuter et conclure des compromis avec la famille régnante.

Cette déclaration vise à assurer une transition pacifique et démocratique. Nous ne voulons pas de coups d’État ni d’effusion de sang dans le Golfe, parce que nous ne sommes pas en mesure de faire face à la machine oppressive et à la prison, et nous avons vécu une expérience amère avec le mouvement pacifique de 80 % du peuple bahreïni qui a subi la répression, le meurtre, le martyr, la déportation, la déchéance de la nationalité et l’arrivée d’un nouveau peuple au Bahreïn.

I.K : Comment le changement peut-il se produire alors que nous constatons que les peuples du Golfe ne peuvent ou ne veulent pas faire de sacrifices ?

A.D : Les peuples du Golfe doivent comprendre que leurs dirigeants ne sont que les esclaves de leurs maîtres qui sont en Grande-Bretagne, aux Etats-Unis et en Israël.

I.K : Dans vos interventions, vous parlez toujours de contacts, et même de supplications, des pays Golfe avec l’Iran en de nombreuses occasions, comment cela peut-il être alors que nous entendons tous les jours les déclarations hostiles à l’Iran des dirigeants du Golfe, si nous exceptons Oman, bien sûr ?

A.D : Tous les pays du Golfe, y compris l’Arabie saoudite, se soumettent d’une manière ou d’une autre à l’Iran,  à travers des contacts privés, des appels et des messages, mais il y a quelque chose de sibyllin, du fait de l’Arabie saoudite et Abu Dhabi, et je ne parle pas des Emirats dans leur ensemble, car le reste des EAU ainsi que le Sultanat d’Oman sont quasiment en fusion avec l’Iran, tandis que le Bahreïn exécute ce que Riyad décide. Mais ces pays qui appliquent les instructions de Ryad ne savent rien des contacts secrets ni des supplications saoudiennes à l’Iran dans beaucoup de domaines.

Nous avons tous suivi, il y a quelques années, la conspiration saoudienne contre des pèlerins iraniens qui ont été pris pour cibles, et vu comment l’Iran a imposé à l’Arabie saoudite la restitution des dépouilles de tous les pèlerins tombés en martyrs, sans que les autorités iraniennes ne profèrent de menaces, alors que nous avons, depuis les années 80, 16 martyrs koweïtiens partis en pèlerinage, que nous avons vus se faire assassiner à la télévision et dont les dépouilles n’ont jamais été rendues. Aujourd’hui encore, il y a une grande blessure dans les cœurs de leurs familles. Les États du Golfe font semblant d’être hostiles à l’Iran, mais au fond, ils sont convaincus qu’à travers l’histoire, ni l’Etat ni le peuple iraniens ne leur ont fait du mal. Cependant, il y a des incitations britannique, américaine et sioniste pour provoquer cette animosité. Cela est imposé à ceux qui ne sont pas maîtres de leurs décisions, alors que l’Iran est une nation libre, souveraine et est ouverte au voisinage par son respect des principes des relations internationales.

Nous entendons souvent les menaces et les insultes que Mohammed bin Salman adresse à l’Iran, et nous réaffirmons que nous ne souhaitons ni la guerre, ni la destruction ni l’effusion de sang, mais nous sommes convaincus que si bin Salman commettait la stupidité d’envoyer ne serait-ce qu’un seul missile sur l’Iran, il signerait ainsi sa perte et la destruction du Royaume des Saoud. L’Iran est capable d’occuper le Golfe en quelques heures, et le monde entier a reconnu ses capacités. Etre l’ennemi de l’Iran, c’est courir à sa perte.

Je n’offenserai pas l’Emir du pays même si j’ai été injustement lésé

I.K : Vous êtes une figure de l’opposition et vous avez été lésé et éloigné de votre pays, le Koweït, mais dans vos déclarations, vous parlez de l’Emir du Koweït, Sabah Ahmed Al-Sabah, avec une certaine tendresse, comment est-ce possible ?

A.D : Ma relation avec Son Altesse l’Emir était excellente, surtout lorsque je suis devenu membre de l’Assemblée nationale et je le rencontrais dans son palais deux fois par semaine durant le déjeuner. A l’origine, il était un ami de mon père, paix à son âme. Nous avons été élevés chez nous avec de l’affection pour la famille Al-Sabah, et malgré mon mécontentement pour beaucoup de choses qui se passent sous son règne, je ne peux blesser Son Altesse. En tant que député au Parlement koweïtien pendant trois sessions, j’ai été injustement lésé sous son règne et condamné à 62 ans de prison pour mes opinions, même si tout le monde était conscient de la justesse de mes opinions sur la Syrie, le Yémen et le Bahreïn. Aujourd’hui, bien que je vive dans la sécurité, la dignité, le bien-être et l’aisance, je me sens injustement opprimé parce que j’ai été exilé de ma patrie dont mes ancêtres étaient fondateurs.

Je mesure la pression à laquelle l’émir a été soumis pour m’éloigner du pays ou pour me faire taire, même si je sais qu’il réalise que j’ai raison et que je ne soutiens pas l’arbitraire. Par conséquent, lorsque les diktats sont imposés par les sionistes, les Britanniques et les Américains et exécutés par les Saoudiens pour mettre la pression sur Son Altesse, je ne peux en rajouter pour lui nuire ne serait-ce que par un mot désagréable. Que Dieu accorde une longue vie à Sa Majesté et que nous assistions, durant son règne, à la conversion du Koweït en une monarchie constitutionnelle conformément à une feuille de route bien définie, à la réconciliation, à la réhabilitation des prisons et à l’adoption de lois, dont la première est une loi contre le racisme et qui réalise la justice entre les citoyens et les étrangers.

La nation a besoin d’un leader comme Assad

I.K : Vous avez souvent affirmé dans vos déclarations que la région arabe avait besoin d’un dirigeant courageux, tel que le président syrien Bachar Assad, pour conduire la marche vers le changement et que Damas est le point de départ de cette marche …

A.D : La nation arabe est la cible d’une conspiration américano-sioniste takfiriste pour détruire ses capacités et son humanité. L’endurance et la résistance étaient ici à Damas, et le complot s’est effondré ici grâce aux sacrifices des martyrs, Syriens et alliés, qui ont abreuvé cette terre bénie de leur sang pour qu’elle vive en sécurité. Nous connaissons le potentiel de la Syrie et les moyens des forces d’agression contre la Syrie, et malgré tout l’argent dépensé et tous les terroristes acheminés des quatre coins du monde, elle a triomphé avec la force de son droit, la bravoure de son armée, la résistance de son peuple et la sagesse et la résilience de son président Bachar Assad. C’est une chance pour les Syriens que d’avoir un tel  dirigeant à la tête de l’Etat, et nous avons absolument besoin d’un leader comme lui pour donner du souffle à cette nation ciblée. Puisse Dieu l’aider à être loyal envers ce pays et fidèle à son peuple, et nous lui disons : nous sommes votre responsabilité, Commandant.

I.K : Par votre suivi du problème yéménite, y aurait-il des données indiquant qu’une solution politique à la crise peut être atteinte ?

A.D : Les Yéménites sont un grand peuple extraordinaire qui a résisté, et il triomphe après avoir fait échouer tous les projets et plans d’agression quatre années durant. Lorsque j’étais au Parlement koweïtien, j’ai affirmé que la prétendue « tempête de fermeté » ne serait pas une promenade. Ils m’ont répondu qu’Abdelaziz, le fondateur de l’Arabie Saoudite, avait lancé le slogan « fermeté, résolution, victoires » et je leur ai rétorqué : « ce slogan tombera, se brisera et sombrera dans la boue jusqu’elle couvrira le sommet de vos têtes, et je vois chuter Jizan et Assir et Najran, comme je vois les missiles sur Riyad ». Ils ont porté plainte contre moi et m’ont accusé de démoraliser l’armée saoudienne.

Aujourd’hui, ce peuple yéménite résilient et résistant a vaincu, malgré la létalité de la maladie et de la faim, et c’est une défaite pour l’alliance saoudo-émiratie et leurs maîtres sionistes, américains et britanniques. Ce qu’ils n’ont pas réussi à réaliser par la guerre, ils ne l’obtiendront pas par les négociations. Le fait est que les Saoudiens et les Emiratis, après avoir amené des mercenaires des quatre coins du monde, veulent aujourd’hui descendre de l’arbre avec l’aide de leurs maîtres britanniques et américains, mais avec arrogance. Ils contrôlent le ciel avec leur aviation, mais n’ont pas d’hommes capables d’affronter des hommes. Les combattants yéménites leur ont compliqué la tâche. Au début de la guerre, l’Arabie saoudite a réussi à diviser certains Yéménites, à commencer par le président Abd Rabbo Mansour Hadi, détenu à Riyad avec ses serviteurs et les responsables qui l’entourent dans ce qu’ils appellent un « gouvernement légitime » alors qu’il est sous tutelle.

La résistance yéménite s’est imposée et a fait que l’envoyé onusien Griffiths fasse aboutir les négociations par des résolutions de l’ONU, après avoir constaté la ténacité et l’éligibilité de la délégation nationale et la perdition de la délégation de la prétendue « légitimité » de Riyad. Nous avons vu au début des négociations des absurdités et des tentatives pour perdre du temps, mais les pays agresseurs du Yémen ne pourront pas obtenir par les négociations ce qu’ils n’ont pu avoir par la guerre. Les membres de la délégation nationale yéménite sont une source de fierté, ils sont maîtres de leur décision et de leur souveraineté et ne sont pas des laquais subalternes. Après cette guerre, le Yémen inaugurera une nouvelle ère de son histoire et l’Arabie saoudite ne pourra pas imposer un président de la République du Yémen ni s’immiscer dans les affaires des tribus. C’est quelque chose de très difficile et une grande défaite pour les Saoud qui ont la conviction que leur décadence provient de la grandeur du Yémen.

I.K : Après sa récente visite à Mascate, certains parlent de visites éventuelles du Premier ministre israélien dans d’autres capitales du Golfe. Vous attendez-vous à voir Benjamin Netanyahou bientôt au Koweït ? Que pensez-vous des positions du Président de l’Assemblée nationale, Marzouk Al-Ghanim, que certains classent dans le registre du folklore, partant du fait que les cœurs des dirigeants du Golfe sont avec la Palestine mais que leurs épées sont suspendues au-dessus d’elle ?

A.D : Je pense que nous verrons le premier ministre de l’ennemi dans tout le Golfe, même si nous ne le souhaitons pas. Les positions du président du parlement koweïtien, Marzouk Al-Ghanim, sont une grande tartufferie qui, malheureusement, est avalée par certains partisans qui souhaitent voir de telles positions dans le Golfe. Al-Ghanim est un serviteur de Mohammed bin Salman, lui-même l’esclave le plus vil et le serviteur du projet sioniste. Si les États-Unis et la Grande-Bretagne continuent à faire pression sur les pays du Golfe pour normaliser les relations avec Israël, alors tous les pays du Golfe normaliseront. J’espérais que le Sultanat d’Oman ne serait pas le premier pays à normaliser, si bien que les choses deviennent plus faciles pour le Koweït et les autres pays. Toutefois, au niveau populaire, 90% des peuples du Golfe rejettent la normalisation, mais tant que ces peuples sont opprimés, leur volonté confisquée, leurs droits spoliés et leurs richesses pillées, ils finiront par plier et cèderont devant le fait accompli. C’est honteux et je ne souhaite pas vivre le jour où un responsable israélien souillera la terre du Koweït que mes ancêtres ont contribué à fonder.

Article en arabe :  al-binaa.com

traduit par Rania Tahar

 reseauinternational.net

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