23/03/2019 2 articles reseauinternational.net  15 min #153789

Les voleurs de la Maison-Blanche (1ère partie)

par Juana Carrasco Martín

Sans aucun doute ce sont des voleurs. Il suffit de regarder le vol des propriétés pétrolières vénézuéliennes aux États-Unis. Mais c’est leur mission, renverser par tous les moyens le gouvernement de Nicolás Maduro et, avec des perspectives plus larges, faire de même avec Cuba et le Nicaragua, les « incommodants » de la région qu’ils considèrent comme leur arrière-cour.

Ils sont les protagonistes les plus importants de cette « agression sans précédent, qui inclut la menace de l’usage de la force, afin de forcer un changement de gouvernement pour contrôler les richesses du pays« , comme l’a dénoncé Jorge Arreaza, Ministre des Affaires Étrangères du Venezuela. Leur bilan au service des intérêts les plus ultraconservateurs de la politique étatsunienne et des entreprises économiques impliquées dans le coup d’État actuel en dit long et démontre qu’ils ne reculent devant aucune procédure dans cette guerre pour éliminer le président de la République bolivarienne du Venezuela, Nicolás Maduro, même au prix de décisions très dangereuses pour la paix dans cette région.

Nous n’allons pas parler de Donald Trump. C’est l’entourage qui nous intéresse, parce qu’il se qualifie par sa richesse d’expériences parmi les criminels politiques étatsuniens les plus remarquables, au point qu’ils pourraient être jugés comme criminels de guerre pour des crimes antérieurs, et en ce moment ils sont protégés par la déclaration récemment renouvelée que le Venezuela « continue de présenter une menace inhabituelle et extraordinaire pour la sécurité nationale et la politique étrangère des États-Unis« .

De plus, pour eux, un changement de régime au mépris total du droit international n’a plus besoin d’être une affaire secrète. Le cas vénézuélien montre qu’ils le font ouvertement et sans vergogne.

Le vice-président Mike Pence, le secrétaire d’État Mike Pompeo, le conseiller à la sécurité nationale de la Maison-Blanche John Bolton, le conseiller à la sécurité nationale pour l’hémisphère ouest Mauricio Claver Carone, l’envoyé spécial pour le Venezuela Elliott Abrams et le sénateur Marco Rubio, en Floride, sont les acteurs principaux de cette dream team Trumpienne, même si d’autres, comme Roger Noriega, travaillent aussi en coulisse.

Elliot Abrams, le criminel de guerre

Désigné tout juste cette année pour sa vaste expérience des sales opérations en Amérique Centrale sous les gouvernements de Ronald Reagan et de George Bush, Elliott Abrams a déclaré le 23 février :

« Si aujourd’hui il ne tombe pas, si demain il ne tombe pas, nous continuerons à nous battre avec le soutien de plus de 50 pays dans le monde, nous continuerons à envoyer de l’aide humanitaire, nous continuerons d’appliquer des sanctions aux membres du régime Maduro« .

Avec un visage de rapace, Elliott Abrams est un politicien, écrivain et diplomate étatsunien qui a été reconnu coupable du scandale Iran-Contra alors qu’il servait Reagan, mais a été gracié par George H. W. Bush. Dernièrement il s’efforçait d’imposer des agendas ultraconservateurs depuis le Conseil des relations étrangères lorsque Trump l’a nommé son émissaire spécial pour le Venezuela en raison de son expérience passée, puisqu’il était l’un des responsables étatsuniens après l’échec du putsch contre le Président Hugo Chavez en 2002. Après avoir accepté sa nomination, Abrams a décrit la situation au Venezuela comme étant « profonde, difficile et dangereuse« , puis a dit :

« J’ai hâte de commencer à travailler sur cette question« .

Il s’est immédiatement mis au travail et a annoncé lors d’une audition au Sénat « qu’il y aurait plus de sanctions contre les institutions financières qui exécutent les ordres du régime Maduro » et la révocation des visas des citoyens vénézuéliens : « Nous appliquons tout le poids des sanctions individuelles aux membres du régime« .

Pompeo, soutenant la nomination de Elliott Abrams, a déclaré :

« La passion de Elliott pour les droits et libertés de tous les peuples fait de lui la personne parfaite et un ajout précieux et opportun. Elliott sera un véritable atout pour notre mission d’aider les Vénézuéliens à rétablir pleinement la démocratie et la prospérité dans leur pays« .

C’était un homme clé dans la politique de Reagan envers l’Amérique Centrale. Dans les années 1980, il a défendu le dictateur Efraín Ríos Montt alors qu’il supervisait sa campagne de massacres et de tortures de masse contre les communautés indigènes du Guatemala, approuvant l’envoi d’armes, d’argent, de renseignements et de couverture politique à l’armée guatémaltèque qui rasait les zones mayas des montagnes nord-ouest, effaçant 662 villages de la surface de la terre, selon les chiffres de l’armée, décapitant des enfants et crucifiant des personnes.

Il a également joué un rôle essentiel lorsque les États-Unis ont soutenu l’armée salvadorienne dans une série d’assassinats et de massacres commis par des escadrons de la mort. Le Mozote, où un bataillon entraîné par les États-Unis a massacré plus de 800 civils, tranchant la gorge des enfants en chemin, est à son crédit, bien que Abrams ait d’abord nié que cette extermination ait eu lieu.

Il a ensuite décrit les résultats de la politique de Reagan au Salvador comme une « fabuleuse réussite« . Il l’a dit même après que la Commission de la vérité d’El Salvador ait publié un rapport indiquant que plus de 85 % des atrocités avaient été commises par les forces armées et les escadrons de la mort, qui avaient pour pratique particulière de couper les organes génitaux de leurs victimes, de les mettre dans leur bouche et de les laisser en évidence sur les routes de ce pays torturé.

Le Nicaragua a été envahi par des groupes armés contras attaquant ce qu’un général étatsunien a qualifié de « cibles faciles« , en référence aux civils, coopératives et autres cibles similaires.

Abrams a été jugé non pas pour ces crimes de guerre, mais pour avoir menti au Congrès, mais une signature complaisante de Bush père l’a acquitté de ses péchés.

Quand Abrams est retourné au Conseil de Sécurité Nationale de George W. Bush, la boussole s’est tournée vers le Moyen-Orient et a joué un rôle primordial dans le soutien des attaques israéliennes contre Gaza, lorsque les États-Unis ont refusé d’accepter les résultats des élections au cours desquelles le Hamas avait remporté la direction des Palestiniens de la bande de Gaza.

En 2019, lors de l’audience de confirmation des charges, la représentante Ilhan Omar a montré la participation de Abrams au soutien des criminels d’Amérique Centrale.

« Le 8 février 1982, vous avez témoigné devant le Comité sénatorial des relations étrangères au sujet de la politique US au Salvador. Lors de cette audition, vous avez rejeté comme propagande communiste un rapport sur le massacre d’El Mozote, où plus de 800 civils, dont des enfants de moins de deux ans, ont été brutalement assassinés par des soldats formés par les États-Unis. Pendant ce massacre, certains de ces soldats ont présumé avoir violé une fillette de 12 ans, avant de la tuer… des filles, avant de les tuer. Vous avez dit plus tard que la politique des États-Unis au Salvador était une « fabuleuse réussite ». Oui ou non ? Vous y croyez encore ?« 

Elliott Abrams, en fait, a endossé sa position lorsqu’il a déclaré :

« Depuis le jour où le Président Duarte a été élu lors d’élections libres jusqu’à aujourd’hui, le Salvador a été une démocratie. C’est une fabuleuse réussite« .

Ilhan Omar lui ayant demandé de répondre par oui ou non, Abrams n’a pas répondu et le législateur lui a posé la question au cœur du contexte actuel :

Représentante Ilhan Omar : Oui ou non, soutiendriez-vous une faction armée au Venezuela qui se livrerait à des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité ou un génocide, si vous pensiez servir les intérêts des États-Unis, comme vous l’avez fait au Guatemala, au Salvador et au Nicaragua ?

Elliott Abrams : Je ne vais pas répondre à cette question, je suis désolé. Je ne pense pas que toute cette série d’interrogations contienne de vraies questions, alors je ne vais pas y répondre.

John Bolton, l’éminence grise

Elliott Abrams, pour la tâche de « restaurer complètement la démocratie » au Venezuela, a été choisi par un acolyte de longue date, John Bolton, qui sert Trump depuis avril 2018, et sans ambiguïté – clair comme l’eau et trouble comme l’hydrocarbure – Il a reconnu en janvier dernier dans une interview avec Fox Business que pour le Venezuela :

« Ça ferait une grande différence si les compagnies pétrolières américaines opéraient sur le sol vénézuélien« .

Toute une éminence grise qui a joué dans plusieurs administrations présidentielles républicaines et qui – sans jamais avoir le consentement du Sénat – a servi un autre illégal de la Maison-Blanche, George W. Bush, en tant que représentant permanent des États-Unis à l’ONU d’août 2005 à décembre 2006. Il a été décrit comme flatteur envers ses supérieurs et violent envers ses subordonnés.

Son curriculum montre une grande implication dans des groupes de réflexion ou des centres de recherche et des instituts conservateurs tels que l’Institut américain des entreprises, l’Institut juif pour les affaires de sécurité nationale, le Projet du nouveau siècle américain, l’Institut des Dynamiques Est-Ouest, la NRA, la Commission américaine de liberté religieuse internationale et le Conseil pour la Politique Nationale. Vous pouvez ajouter à la liste la Commission pour la paix et la sécurité dans le Golfe, le Conseil des relations étrangères, la Société fédéraliste, le Forum des politiques nationales, le Conseil consultatif national, l’Institut pour la recherche politique de Manhattan, l’Initiative Nouvelle Atlantique, le Projet sur les Démocraties Transitionnelles et l’USAID.

Dans toutes ces institutions, il se positionne dans les lignes les plus ultraconservatrices et s’engage en faveur de l’unipolarisme étatsunien.

Au moment précis où la politique centraméricaine de Ronald Reagan était déployée, Bolton était administrateur adjoint de l’USAID (du 1er janvier 1982 au 31 décembre 1983), puis sous-procureur général des États-Unis pour le Bureau des affaires législatives (du 20 janvier 1985 au 20 janvier 1988), et sous-procureur général des États-Unis pour la Division civile (du 20 janvier 1988 au 20 janvier 1989).

Le changement de président ne l’a pas affecté du tout et George H. W. Bush l’a nommé Secrétaire d’État adjoint aux affaires des organisations internationales (22 mai 1989-20 janvier 1993), mais la dynastie Clinton à la Maison-Blanche l’a momentanément expulsé du sommet du pouvoir jusqu’à ce qu’arrive George W. Bush, dont il a été le Secrétaire adjoint pour le contrôle des armes et la sécurité internationale du 11 mai 2001 au 2 août 2005 et a immédiatement accepté la fonction susmentionnée aux Nations Unies.

Avec des voleurs à la Maison-Blanche, il était logique que John Bolton soit là où il est maintenant, et c’est lui qui a annoncé les sanctions de 7 milliards de dollars contre Petróleos de Venezuela SA. (PDVSA). Citgo, la société de la plus grande raffinerie des États-Unis, propriété de la compagnie pétrolière d’État vénézuélienne, a été englobée pour que, selon Bolton, l’argent bénéficie « au peuple du Venezuela » et que le capital soit géré par le « président intérimaire » autoproclamé, grâce au plan du coup d’État que l’empire a exécuté à la nation bolivarienne, qui a précisément les États-Unis comme principal acheteur de pétrole brut.

Bolton menace les autres pays et les investisseurs de ne pas négocier avec « l’or, le pétrole et les autres produits de base » pendant qu’il se remplit le gosier en affirmant « qu’ils luttent pour restaurer la démocratie » au Venezuela. En outre, ils surveillent les actifs du gouvernement de Maduro dans le monde entier, y compris les avoirs en or et les comptes bancaires, afin d’augmenter leur rapacité qu’ils appellent « sanctions ».

On dit de lui qu’il dirige son bureau de Washington monté à l’arrière d’un missile de croisière, signe de la force et de la puissance militaire des États-Unis. Ses bonnes amitiés avec Trump viennent probablement du fait qu’il est l’un des principaux défenseurs de « l’exceptionnalisme » étatsunien justifiant l’établissement de l’hégémonie et de la domination sur la planète Terre, et donc le piétinement de la souveraineté des pays, qui doivent se plier aux dictatures de Washington, selon le fanatisme belliciste de John Bolton.

D’ailleurs, la guerre est pour les autres et non pour lui, parce que dans le livre de son alma mater, l’université de Yale, il écrit :

« Je confesse que je n’avais aucune envie de mourir dans une rizière asiatique« .

Mais il était et est toujours un ardent défenseur de la guerre en Irak, bien que pour ne pas aller sur les lieux du combat, il se soit enrôlé dans la Garde Nationale.

En 2015, il a poursuivi en disant :

« Je crois toujours que la décision de renverser Saddam était la bonne« .

Par conséquent, il estime qu’il est juste de destituer le président légitime du Venezuela, Nicolas Maduro, peu importe si cela conduit à une guerre dans la région qui pourrait coûter des millions de vies humaines et une destruction inimaginable.

Bolton doit se voir accorder, entre autres caprices bellicistes de Trump, le retrait unilatéral de l’Accord nucléaire P5+1 et de l’Iran en mai 2018 et le retour aux sanctions, et dans les derniers jours le retrait de l’Accord sur les forces nucléaires à moyenne portée avec la Russie, qui pourrait conduire à une reprise de la course aux armements au XXIe siècle.

Richard Painter, qui était avocat sous l’administration Bush, a été si horrifié d’apprendre que Trump l’avait nommé conseiller à la sécurité nationale qu’il a écrit sur Twitter :

« John Bolton était de loin l’homme le plus dangereux des huit années que l’administration Bush a connues. L’utiliser comme conseiller du président pour la sécurité nationale est une invitation à la guerre, peut-être à la guerre nucléaire. Cela doit cesser à tout prix« .

Source :  Los cuatreros de la Casa Blanca

traduit par Pascal, revu par Martha pour  Réseau International

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24/03/2019 reseauinternational.net  12 min #153836

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Plus irritant que jamais, il écrivait il y a quelques jours :

C’était le tweet de Mike Pompeo immédiatement après la panne d’électricité nationale survenue au Venezuela suite à une cyber attaque sur le système électro-énergétique du Guri.