09/05/2019 entelekheia.fr  6 min #156092

1945 : Les idéaux qui ont remporté la victoire sont encore les plus grands



Par George Galloway
Paru sur  RT sous le titre Ideals that won victory are still the greatest of ideals

Le 9 mai 1945, le fascisme hitlérien a finalement été écrasé sous les décombres de Berlin et le « Reich de mille ans » a heureusement trouvé une fin prématurée.

Les coups mortels contre lui avaient été très majoritairement portés par l'Armée rouge et les fantômes des 27 millions de citoyens soviétiques tués qu'elle portait sur ses épaules.

Comme l'a dit Winston Churchill, l'Armée rouge « a arraché les tripes de la Wehrmacht », et il ne tarissait pas d'éloges sur les sacrifices consentis par les peuples soviétiques dans la victoire que nous célébrons cette semaine.

Il faut le reconnaître aussi, sans M. Churchill, la classe dirigeante britannique se serait rendue à Hitler et la City de Londres aurait fait la queue pour lui vendre des services financiers. Des éléments de la famille royale britannique elle-même auraient ouvert en grand les portes du palais de Buckingham.

La même classe dirigeante qui avait apaisé Hitler à chaque étape ne souhaitait rien d'autre que le voir tourner sa monstrueuse machine de guerre vers l'est au lieu de l'ouest, et détruire l'URSS. La classe dirigeante avait refusé les efforts soviétiques pour former un pacte antinazi afin d'arrêter le fascisme avant qu'il ne se développe. Et avait retardé l'ouverture du deuxième front à l'ouest jusqu'à ce qu'elle voie que la situation tournait mal pour Hitler, et s'inquiétait de plus en plus de l'avancée de l'Armée rouge vers l'ouest dans son assaut victorieux contre la bête de l'Hitlerisme. [1]

Chaque famille russe, voire soviétique, a perdu au moins un parent dans l'enfer. Mais la victoire a été finalement remportée, et l'armée du peuple soviétique a écrit son nom dans les étoiles et atteint l'immortalité.

Cette semaine, le secrétaire d'État des États-Unis, qui fait partie de la grande alliance victorieuse, a annulé une rencontre avec la chancelière allemande Angela Merkel. Il l'a fait parce qu'il n'avait pas réussi à l'intimider pour qu'elle mette un terme au projet du gazoduc Nord Stream 2, qui reliera les peuples russe et allemand dans une relation économique commune et mutuellement bénéfique, et contribuera à garantir qu'un tel massacre ne puisse plus jamais se produire entre eux deux. Même si Pompéo n'est pas Ribbentrop et Trump Hitler, la politique du diktat n'est pas morte dans le bunker de Berlin, en 1945.

Les exigences sans fin du gouvernement américain pour une guerre économique contre la Russie, la Chine, le Venezuela, l'Iran, Cuba, Pierre, Paul et Jacques conduisent le peuple des États-Unis à s'isoler toujours davantage de ses alliés. Angela Merkel, dont le téléphone personnel a été mis sur écoute par le grand libéral Barack Obama et qui s'est vue refuser l'accès à son propre dossier de la NSA, est clairement au bout du rouleau avec Donald Trump.

Les pays de l'Union européenne qui ont suivi le président Trump dans sa politique de bac à sable de reconnaissance diplomatique de l'escroc Juan Guaido se sont retrouvés le bec dans l'eau, honteux et irrités quand son coup d'État inspiré par les USA s'est effondré comme un souffle raté.

La guerre commerciale de Trump avec la Chine, menée à coups des désormais familiers bluffs et fanfaronnades à propos de sanctions, conduit à un empoisonnement du climat des investissements internationaux.

L'envoi de canonnières dans le golfe Persique, qui, s'il était fermée par les hostilités, mettrait les économies occidentales à genoux, ajoute à l'horreur dystopique au sein des chancelleries européennes, qui craignent que si les lumières s'éteignent en Europe, elles ne se rallumeront plus dans notre vie. Le monde est aujourd'hui un endroit très dangereux.

Seul l'abandon de la politique des diktats et un retour à la table des négociations peut apporter un équilibre à la situation mondiale. Comme l'avait dit M. Churchill : « Jouer des mâchoires vaut mieux que jouer à la guerre. »

La présence de Donald Trump au défilé de la Victoire cette semaine est malheureusement hors de question.

Cependant, il devrait le regarder à la télévision, puisqu'il aime la télévision, et réfléchir à tout cela. La défaite de l'hitlérisme par les alliés a été la plus grande réalisation de l'histoire humaine.

La division des forces qui ont remporté la victoire par les USA, leurs calomnies contre la principale force qui a assuré la victoire, leurs efforts frénétiques pour parvenir à l'hégémonie sont vains, et tout aussi condamnés que l'idée d'un « Reich de mille ans ». Le monde a changé.

Traduction Entelekheia
Photo : Des pilotes, vétérans de la Grande Guerre Patriotique de 1941-1945, se réunissent le 9 mai 1970 sur la place du Théâtre d'État du Bolchoï. Archives © Sputnik / Mikhail Ozerskiy

Note de la traduction : Selon certains historiens, effectivement, les USA ont consenti à ouvrir un deuxième front, à l'ouest, comme le leur demandait Staline depuis le début, uniquement après que la guerre ait commencé à mal tourner pour Hitler. Pour les Américains, il s'agissait d'occuper l'Europe de l'Ouest avant que l'Armée rouge, qui progressait vite vers l'ouest, n'arrive jusqu'aux côtes de l'Atlantique et rafle tout. Il est à noter que De Gaulle refusait de commémorer le Débarquement du D-day, arguant que « Le débarquement du 6 juin, ç'a été l'affaire des Anglo-Saxons, d'où la France a été exclue. Ils étaient bien décidés à s'installer en France comme en territoire ennemi ! Comme ils venaient de le faire en Italie et comme ils s'apprêtaient à le faire en Allemagne ! (...) Et vous voudriez que j'aille commémorer leur débarquement, alors qu'il était le prélude à une seconde occupation du pays ? Non, non, ne comptez pas sur moi ! » ('C'était De Gaulle', d'Alain Peyrefitte).

Voir aussi Le Mythe de la bonne guerre , par Jacques R. Pauwels.

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