08/06/2019 histoireetsociete.wordpress.com  6 min #157522

Les conditions d'une véritable réflexion des communistes se réaliseront nécessairement

un des principaux enseignements que l'on peut tirer des élections européennes est que le vote n'est plus orienté par l'adhésion à un parti si celui-ci est inaudible.

L'aspect contre-révolutionnaire de la situation est que faute d'un parti qui correspond réellement à un changement de société, de pouvoir et de transformation des conditions de vie des populations, les dévoiements; les manipulations règnent en maîtres sur ceux qui votent tandis que monte l'abstention. Avec cet erzatz suprême du changement de société que présente l'extrême-droite. C'est une tradition que je souligne dans mon livre, l'extrême-droite copie les révolutionnaires mais elle « déprolétarise » ou plutôt transforme les prolétaires en ce que rêve d'eux le capital : la lie de l'humanité prête à défendre les intérêts du capital par la haine, la violence, la division. Pour en arriver-là, rien de nouveau, les vieux pièges comme celui de Mitterrand : faire monter l'extrême-droite pour rester en place s'accompagnent d'autres. Est monté le libéralisme libertaire anti-peuple à la Macron, le jeunisme d'une écologie qui ne dérange pas les maîtres pollueurs du capital, ces « nouveautés » sont lancées comme des marques de savonnette, testés pour maintenir l'UE telle qu'elle est, l'atlantisme tel qu'il est, la France telle qu'elle est. Au racisme, à l'antisémitisme, au sexisme s'ajoutent désormais le mépris des vieux et l'austérité des pauvres comme des 'remèdes' au pillage de la planète par les multinationales financiarisées. C'est la montée des obscurantismes, la peur du progrès.

Mais chacun mesure bien à quel point ces « victoires » politiciennes ne résolvent rien, elles ne sont que des soins palliatifs, ce qui assure leur fortune momentanée est l'absence de véritables solutions politiques.

L'union de la gauche? Le soin palliatif de ceux qui eux aussi pensent s'économiser la lutte pour le changement tout en s'assurant des places, le droit à des strapontins dans les médias! L'Union de la gauche, mais elle a été essayée sous toutes les formes qui permettaient l'effacement des révolutionnaires, de ceux qui remettaient réellement en cause le capital. Avec le PS de Mitterrand, avec son succédané le mélenchonisme... Et ce qui nous est donc proposé est un assemblage hétéroclite auquel personne ne croit. J'affirme même qu'au plan local, celui des prochaines municipales, les listes qui se présenteront sous cette étiquette iront à la catastrophe et elles assureront un maximum d'élus au couple infernal du rassemblement dit national et la France dite en marche (à reculons conviendrait mieux). Et chacun le sait et mêmes les notables les plus roués tentent d'éviter les étiquettes de droite ou de gauche pour bénéficier d'une reconnaissance de proximité.

Cet appel à l'union de la gauche ne repose sur rien, une simple béquille idéologique qui ne porte plus rien. Et la domination du grand capital sur les médias, leur capacité de concevoir une campagne électorale comme le lancement de produits publicitaires s'accroit tandis que chacun se sent encombré par leur acquisition. Les problèmes s'accroissent, la réalité n'a pas d'exutoire.

L'aspect positif et sur lequel nous devons tabler c'est que loin d'emporter la totalité ou même la majorité de notre peuple, ces mécanismes de manipulation ne fonctionnent que sur un socle de 20% de convaincus. Encore faut-il qu'il existe.

Nous communistes depuis plus de 20 ans n'avons cessé de brader notre propre socle celui d'une changement de pouvoir et de société. Nous lui avons enlevé toute dimension crédible. Nous nous sommes effacés non seulement en n'apparaissant plus depuis 12 ans mais encore en n'ayant plus aucune finalité autre qu'un galimatias faussement humaniste et qui ne convainc personne.

De ce point de vue, la très belle campagne de Ian Brossat a ouvert des possibles, mais le véritable problème est qu'elle n'a pas mordu sur les couches populaires, sur la classe ouvrière et c'est de ça que nous devrions nous préoccuper en priorité. En particulier en revenant sur ce qu'a été la politique de désorganisation menée depuis le congrès de Martigues par chacun des trois secrétaires et directions de notre parti. Le miracle est qu'il reste encore un parti et des militants dans pareille situation.

Mais on ne saurait limiter à ces catastrophiques règnes l'analyse de la disparition de la finalité révolutionnaire dans notre parti. Dans mon dernier livre « le temps retrouvé d'une communiste », je propose des pistes et je les crois argumentées.

Notre analyse de l'avenir de notre parti a besoin d'être fondée dans le temps et l'espace, celui de la chute du socialisme européen, celui des apories de ce qu'on a appelé l'eurocommunisme et de l'hypothèse social-démocrate, celui de l'actuelle mondialisation capitaliste et de la remise en cause actuelle de la domination de l'occident, l'apparition d'un monde multi-polaire.

C'est en ce sens que je ne partage pas l'analyse de Nicolas Maury sur la situation internationale. Je crois qu'au contraire nous participons de la chute du monde occidental et que nous percevons celle-ci sans mesurer qu'elle est aussi naissance.

Je partage la plupart des points de cette analyse de Nicolas Maury en tous les cas cela nous change des appels à l'union de la gauche, véritable fuite en avant qui ne mène nulle part et certainement pas à un changement de politique et de société qui devrait être le souci principal d'un parti révolutionnaire. Ce n'est pas un quelconque sectarisme qui me fait dénoncer cet appel à l'union de la gauche et encore moins une volonté d'isolement (y compris électoral parfaitement hors de propos en l'occurrence) mais bien l'analyse concrète de la situation concrète : l'impossibilité pour le capital de gérer la planète à sa guise. La roue de secours de la social-démocratie n'étant plus de saison, elle ne peut servir qu'à empêcher le développement d'un parti révolutionnaire en maintenant la classe ouvrière domptée par la courte vue de la petite bourgeoisie.

En ce qui concerne la question internationale, je serais prête à participer à une discussion de fond si elle ne consiste pas comme au dernier congrès à détruire le texte initial pour le rendre inaudible et stupide. Est-ce que ce parti est capable de faire autre chose que de bloquer, censurer, diffamer, tout ce qui ne correspond pas à sa dérive social-démocrate trotskiste de ces dernières années? et de là faire passer pour « communiste » cet alignement indécent sur la politique de la CIA sous couvert des « droits de l'homme », ça c'est aussi une vraie question. Elle renvoie à ce qu'est la presse communiste, à la formation des militants, à la main-mise sur la culture, sur les questions internationales et ce qui n'est pas négligeable le PGE et ses financements. Si ces problèmes de base ne sont pas élucidés tout débat risque d'être biaisé.

Je ne suis pas pessimiste au contraire mais je ne participerai personnellement à un débat collectif que si les conditions en sont réalisées : si ce n'est pas cette année ce sera la prochaine et si je ne suis pas là il y en aura d'autres pour le mener.

Danielle Bleitrach

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