21/07/2019 reseauinternational.net  20 min #159449

Les origines secrètes de la Silicon Valley - Ce que les grandes entreprises technologiques ne veulent pas que vous sachiez

par James Corbett

Autrefois une région agricole tranquille, la Silicon Valley est aujourd'hui le centre d'une industrie mondiale qui transforme l'économie, façonne notre discours politique et modifie la nature même de notre société. Alors que s'est-il passé ? Comment ce changement remarquable s'est-il produit ? Pourquoi cette région est-elle l'épicentre de cette transformation ? Découvrez les sombres secrets de l'histoire réelle de la Silicon Valley et des géants de la technologie dans cette importante édition du Rapport Corbett.

Photo aérienne du nouveau bâtiment du campus d'Apple - Cupertino en Californie - 23 avril 2017

Note du traducteur : ce qui suit est la transcription de la vidéo en anglais que vous trouverez en fin d'article.

Silicon Valley. Nichée dans le sud de la baie de San Francisco, dans le nord de la Californie, la vallée n'est pas seulement un lieu géographique. C'est une idée. C'est l'expression de l'envie de numériser toute l'information disponible dans le monde, et de créer des bases de données, de suivre et de stocker cette information. Et comme nous commençons maintenant à le découvrir, le résultat de cette absolue numérisation est un monde sans vie privée. Un monde où notre capacité à participer au débat public est soumise aux caprices des grands milliardaires de la technologie. Un monde où la liberté appartient au passé et où personne n'est hors de portée de Big Brother.

Pour beaucoup, ce n'est qu'une heureuse coïncidence à l'usage des services de renseignements qui cherchent à saisir et à conserver tous les détails de chaque instant de notre vie. Pour beaucoup, c'est encore un hasard si le  complexe industriel de l'information dispose maintenant de suffisamment d'informations pour suivre chacun de nos mouvements, écouter chacune de nos conversations, cartographier nos réseaux sociaux et de plus en plus prévoir nos plans d'avenir. Pour beaucoup, ce n'est qu'une série d'événements aléatoires qui ont conduit au monde tel qu'il est aujourd'hui.

Mais ce que les masses ne savent pas, c'est que la Silicon Valley a une histoire très particulière. Une histoire qui explique comment nous en sommes arrivés à notre situation difficile actuelle, et qui parle de l'avenir dans lequel nous sommes tous somnambules. Un futur de surveillance absolue et de contrôle total par les milliardaires des géants de la technologie et leurs bailleurs de fonds qui agissent dans l'ombre.

Voici les secrets de la Silicon Valley et ce que les grandes entreprises technologiques ne veulent pas que vous sachiez.

Autrefois connue sous le nom de « La Vallée des délices du cœur », la vallée de Santa Clara était une région bucolique et agraire connue pour son climat doux et ses arbres fruitiers en fleurs. Jusqu'aux années 1960, c'était la plus grande région de production et de conditionnement de fruits au monde.

© InconnuVergers et contreforts de Californie - Le printemps dans la vallée de Santa Clara

Aujourd'hui, il y a peu de souvenirs du tranquille passé agricole de la vallée. Aujourd'hui surnommée « Silicon Valley », elle abrite bon nombre des plus grandes entreprises de technologie et de médias sociaux du monde, de Google et Facebook à Apple et Oracle, de Netflix et Cisco Systems à PayPal et Hewlett-Packard. C'est le centre d'une industrie mondiale qui transforme l'économie, façonne notre discours politique et modifie la nature même de notre société.

Commentaire : Après deux siècles d'une tradition agricole engagée par les missionnaires espagnols, la « Vallée des délices » est officiellement devenue la « Silicon Valley » en 1971. C'est toutefois en 1939 que la firme Hewlett-Packard s'y implante devançant IBM en 1943. La nouvelle appellation provient du silicium (silicon en anglais) qui est le matériau de base des composants électroniques, et donc symbole des industries de l'électronique et de l'informatique.

Alors que s'est-il passé ? Comment ce changement remarquable s'est-il produit ? Pourquoi la Silicon Valley est-elle l'épicentre de cette transformation ?

La réponse est étonnamment simple : La Seconde Guerre Mondiale a eu lieu.

L'afflux dans la région de la recherche et de l'industrie des hautes technologies est le résultat direct de l'avènement de la Seconde Guerre Mondiale et des actions d'un seul homme : Frederick Terman.

Frederick était le fils de Lewis Terman, un pionnier de la psychologie de l'éducation à la Stanford Graduate School of Education. Eugéniste avoué, Lewis Terman a popularisé les tests de QI aux États-Unis en favorisant l'organisation de la première campagne massive de tests de QI pour l'armée étasunienne pendant l'entrée des États-Unis dans la Première Guerre Mondiale.

Commentaire : « Naguère, l'intelligence était entendue comme la faculté de résoudre des problèmes complexes. Mais la pratique des tests de QI en a réduit l'envergure pour la restreindre à la faculté de résoudre un maximum de problèmes élémentaires dans un temps imparti. Ce marathon mental ne saurait prendre en compte ce que les psychologues qualifient de « sens stratégique », à savoir la capacité de recul par rapport à une situation. Il est inopérant pour apprécier la capacité de synthèse et la plasticité d'approche qui, ensemble, provoquent des renversements de perspective conduisant à l'émergence de solutions originales. La chronométrie ignore cette composante créative, pourtant la plus fondamentale, de l'intelligence, parce qu'elle est incapable de la quantifier « objectivement ». La psychométrie est donc avant tout une mesure de ce qui se quantifie aisément dans l'intelligence, et non pas de ce qui est réellement important d'estimer.Le succès des tests de QI tient également au contexte de leur développement. L'idée de mesurer l'intelligence, jusqu'alors considérée comme un phénomène complexe, par une batterie de tests élémentaires à exécuter chacun dans un temps limité et toujours insuffisant, fait parfaitement écho à la décomposition du processus complexe de production artisanale en une série d'étapes simples ordonnées sur une chaîne de production. Dans ce contexte, le concepteur du test devient l'homologue de l'ingénieur chargé de décomposer la production en une série de gestes élémentaires, d'en déterminer l'ordre de succession et la vitesse de déroulement.

En cela, les tests de QI sont un outil remarquable d'estimation de l'adaptation des individus « socialement inutiles » ou inadaptés**. Que le test de QI mesure ou non l'intelligence, les promoteurs de la modernisation y trouvaient de toute façon leur compte.

Rapidement, les psychologues américains ont développé des tests mesurant les performances mentales ne nécessitant pas de savoir lire ni écrire, et exigeant une connaissance très limitée de la langue. Par ce moyen, la réussite au test de QI devenait indépendante des influences socioculturelles. Pour la première fois, il devenait ainsi possible d'outrepasser le conditionnement imprimé par l'éducation pour mesurer la dimension biologique innée, et donc héritable, de ce qui était regardé comme l'intelligence. Le rêve eugéniste prenait forme. En 1916, un psychologue eugéniste américain, Lewis Terman (1877-1956), vantait déjà l'utilité de ce genre de tests pour épargner des efforts éducatifs inutiles envers les individus regardés comme constitutivement déficients : « Aucune quantité d'instruction scolaire ne fera d'eux des citoyens intelligents et responsables, dans le vrai sens du mot. Les enfants de ces groupes devraient être regroupés dans des classes particulières pour recevoir une instruction concrète et pratique. Ils ne peuvent diriger, mais on peut souvent en faire des travailleurs efficaces. ».

Terman soulignait également la nécessité d'utiliser les tests de QI comme critère de stimulation ou de limitation de la reproduction, dans le cadre d'une politique publique autoritaire en matière de contrôle des naissances. Il déplorait en effet que : « Il n'existe pas de possibilité aujourd'hui de convaincre la société qu'ils [les adultes au bas QI] ne devraient pas être autorisés à se reproduire. C'est d'autant plus vrai que, d'un point de vue eugénique, ils constituent un grave problème par leur taux de reproduction anormalement élevé. ».

Dans l'attente de l'adoption officielle de mesures nécessairement impopulaires, les eugénistes américains arrivèrent à leur fins par des moyens détournés. Le premier fut la pratique du test de QI sur les quelque deux millions de soldats américains recrutés durant la Première guerre mondiale. ... Une fois la guerre terminée, ces mêmes tests furent encore utilisés aux États-unis, toujours pour des motivation eugéniques, comme critères de sélection dans l'immigration. Ils ont depuis lors connu bien d'autres usages de par le monde. »

Note : ** Notion de critère de sélection ouvertement exprimée par Laughlin en 1922 dans un rapport relatif à un projet américain de loi eugénique.

Source : La réforme du vrai - Enquête sur les sources de la modernité, Gérard Nissim Amzallag - Pages 243 à 245

*

© InconnuFrederick Emmons Terman

Frederick Terman a étudié à Stanford, où il a obtenu un diplôme de premier cycle en chimie et une maîtrise en génie électrique avant de se diriger vers le MIT pour obtenir son doctorat en génie électrique sous Vannevar Bush.

Ce lien entre les deux hommes a commencé au début de la Seconde Guerre mondiale, lorsque Vannevar Bush qui dirigeait alors le US Office of Scientific Research and Development [OSRD, Bureau de recherches et de développement scientifiques - NdT] qui lui-même gérait presque toute la recherche et le développement pour l'armée des États-Unis en temps de guerre a demandé à Terman de diriger le Laboratoire de recherche radio ultra-secret de l'Université Harvard.

Terman y a dirigé huit cent des meilleurs chercheurs du pays dans le domaine émergent de la guerre électronique. Leurs travaux comprenaient la mise au point de certains des premiers équipements de renseignement électromagnétique et de renseignement électronique, notamment des détecteurs de radars, des brouilleurs de radars et des paillettes d'aluminium qui devaient servir de contre-mesures contre les défenses antiaériennes allemandes.

Commentaire : L'OSRD sera dissous en 1947 avant d'être remplacé en 1958 par l'actuelle DARPA [pour Defense Advanced Research Projects Agency, « Agence pour les projets de recherche avancée de défense »] qui reprend les mêmes fonctions ; la DARPA est notamment à l'origine du développement de l'ARPAnet qui est ensuite devenu Internet, entre autres applications d'abord à visée militaire qui deviennent ensuite répandues dans le domaine civil.

La Silicon Valley telle que nous la connaissons aujourd'hui est née après la Seconde Guerre mondiale, lorsque Terman est retourné à Stanford en tant que doyen de l'École d'ingénierie et a entrepris de la transformer en « MIT de l'Ouest ».

Steve Blank : « Terman, avec son expérience de la guerre, a décidé de faire de Stanford un centre d'excellence en micro-ondes et en électronique, et il était l'homme de la situation. Le Laboratoire de recherche radio de l'université Harvard était aux États-Unis le summum de tout ce qu'on pouvait imaginer en ce qui concerne les émetteurs et récepteurs hyperfréquences de pointe. Et pour ce faire, il a recruté onze anciens membres du Laboratoire de recherche radio et leur a dit : « Vous savez, nous n'avons pas vraiment de laboratoire, mais félicitations ! Vous êtes tous professeurs à Stanford ! » « Oh super, merci. ». Ils ont rejoint Stanford et ont mis sur pied leur propre laboratoire : le Laboratoire de recherche en électronique pour la recherche fondamentale non classifiée. Et ils ont obtenu du Bureau de la recherche navale que ce dernier leur donne leur premier contrat pour financer à Stanford la recherche d'après-guerre sur les micro-ondes. En 1950, Terman transforme le département d'ingénierie de Stanford en MIT de l'Ouest, essentiellement en transférant à Stanford tout le secteur militaire d'innovations de la recherche et du développement en micro-ondes du Laboratoire de l'université Harvard, et en y faisant venir les directeurs de département et le personnel essentiel. »

Source : Histoire secrète de la Silicon Valley [vidéo en anglais - NdT]

Avec l'arrivée des fonds de recherche militaire dans la région, Terman a commencé à transformer le secteur de la baie de San Francisco en un point névralgique de la recherche de haute technologie. En 1951, il a dirigé la création du Stanford Industrial Park maintenant connu sous le nom de Stanford Research Park une coentreprise entre Stanford et la ville de Palo Alto pour attirer de grandes entreprises technologiques dans la région. Le parc technologique a connu un énorme succès, attirant finalement Hewlett-Packard, General Electric, Kodak et d'autres entreprises technologiques importantes, établissant la Silicon Valley en maillon reliant Stanford, les grandes entreprises technologiques et la recherche financée par le gouvernement.

Et cette connexion n'était pas de nature anodine. Comme l'écrit le chercheur Steve Blank  dans sa propre histoire des racines militaires de la Silicon Valley :

« Au cours des années 1950, Fred Terman a été conseiller auprès de toutes les grandes branches de l'armée américaine. Il a siégé au Conseil consultatif de recherche & développement du Corps des transmissions de l'Armée de terre, au Conseil consultatif scientifique sur les contre-mesures électroniques de la Force aérienne, il fut aussi un des administrateurs de l'Institut d'analyse de la défense ; il a également siégé au Comité consultatif de recherche navale, au Conseil scientifique de la défense et fut expert-conseil au Comité consultatif scientifique du Président. Ses activités commerciales l'ont amené à siéger aux conseils d'administration de HP, Watkins-Johnson, Ampex et au conseil d'administration et à la vice-présidence de SRI [Stanford Research Institute - NdT]. Ce gars-là ne devait vraiment pas dormir. Terman était la machine ultime pour construire le réseau nécessaire aux contrats militaires de Stanford. »

Ce n'est un secret pour personne que la Silicon Valley a prospéré depuis le tout début grâce aux fonds de recherche du Pentagone et aux connexions du département de la Défense. De William Shockley un eugéniste enragé qui a passé la Seconde Guerre Mondiale comme directeur du Groupe des opérations de guerre anti-sous-marine de l'Université Columbia et qui est parfois cité comme l'autre père fondateur de la Silicon Valley pour son travail sur les semi-conducteurs de silicium au Stanford Research Institute un fournisseur militaire crucial qui avait des liens étroits avec la DARPA, le département de la Défense des États-Unis a eu un rôle clé dans le modelage du développement de la région.

Le Stanford Research Institute (SRI) a été dirigé par Terman et créé par les administrateurs de l'Université de Stanford en 1946. Dès sa création, le SRI a reçu pour instruction d'éviter de chercher à obtenir des contrats fédéraux qui risqueraient d'entraîner Stanford dans des affaires politiques. Mais six mois plus tard, il avait déjà enfreint cette directive en signant des contrats avec l'Office of Naval Intelligence. Dans les années 1960 au moment même où le Centre d'intelligence artificielle de l'institut créait «  Shakey », le « premier robot mobile qui pouvait analyser son environnement » SRI a été pris pour cible par les manifestants qui étaient contre la guerre du Vietnam pour son travail sous contrat avec la DARPA, le service du Pentagone dédié au développement de technologies de pointe. Ces pressions ont poussé l'université de Stanford à rompre officiellement ses liens avec le SRI dans les années 1970, mais la recherche de l'Institut financée par l'armée ne s'est pas arrêtée là.

Le Stanford Research Institute devait devenir le deuxième cœur de l'ARPAnet, le réseau de commutation par paquets créé par le Pentagone qui a donné naissance à l'Internet moderne.  Le premier message jamais envoyé entre deux ordinateurs a été envoyé sur l'ARPAnet entre un ordinateur de l'UCLA et un ordinateur du SRI.

C'est Robert Kahn, chef de la division commandement et contrôle de l'ARPA, qui a mis en place le premier réseau mobile expérimental (connu sous le nom de « PRNET ») aux environs de la Silicon Valley et qui a formé le premier réseau satellite (« SATNET »), celui-là même qui a connecté l'Internet international. En 1973, Kahn a demandé l'aide de Vint Cerf, professeur assistant à l'Université de Stanford, pour développer en tant que projet du département de la Défense la suite de protocoles TCP/IP qui rendrait Internet possible.

Lors d'une récente réunion-débat organisée par la DARPA la dernière appellation pour ce qui était à l'origine ARPA Vint Cerf a admis que l'ensemble du projet ARPAnet était dicté par les besoins du Pentagone d'obtenir un système de commandement et de contrôle qui serait adapté aux besoins militaires :

Vint Cerf : « Internet était motivé par la conviction que le commandement et le contrôle pouvaient utiliser les ordinateurs afin de permettre au département de la Défense d'utiliser ses ressources mieux qu'un adversaire. Dans ce cas particulier Bob en particulier a commencé le programme à la DARPA au début des années 1970 [nous] nous sommes rendu compte que nous devions avoir des ordinateurs à bord des navires en mer, dans les avions et dans les véhicules mobiles, et l'ARPAnet n'avait élaboré que des ordinateurs spécialisés, fixes... Vous savez, des machines qui se trouvaient dans des pièces climatisées reliées entre elles en gros, des circuits téléphoniques dédiés. On ne pouvait donc pas relier des tanks entre eux avec des câbles parce qu'ils rouleraient dessus en les écrabouillant, et les avions ne décolleraient jamais du sol, c'est facile de se faire une image... Il en est résulté un besoin de radiocommunication mobile et de communication par satellite dans un environnement en réseau.

Il est facile ici de répondre à la question du caractère mondial de ce réseau. Humblement, je pensais que nous le faisions pour le ministère de la Défense, qui serait amené à opérer partout dans le monde. Il ne pouvait donc pas s'agir d'un modèle qui, d'une certaine manière, se limitait au CONUS [États-Unis continental - NdT], par exemple. Il ne pouvait pas non plus s'agir d'une conception qui dépendait de la coopération d'autres pays pour l'attribution, par exemple, des espaces d'adresse [relatifs aux protocoles réseau d'Internet - NdT]. Imaginez le genre de modèle stupide que représenterait l'utilisation des codes pays pour indiquer différents réseaux... ou différents identificateurs de réseau. Si par exemple vous devez envahir le pays B et qu'avant de le faire, vous êtes dans l'obligation de lui dire : « Bonjour, nous allons envahir votre pays dans quelques semaines et nous avons besoin d'un espace d'adresses pour exécuter un autre système d'appel ». Franchement, ça n'avait aucune chance de fonctionner. Nous savions donc que ce réseau devait avoir une portée mondiale. »

Source : « D'ARPAnet à Internet, Web, Cloud et au-delà : Quelle est la prochaine étape ?  » [vidéo en anglais - NdT]

L'une des premières démonstrations du protocole un essai réalisé en 1977 sur une camionnette équipée par SRI d'un équipement radio et aujourd'hui surnommée  la naissance de l'Internet moderne a même simulé « une unité mobile sur le terrain, disons en Europe, tentant de communiquer en plein milieu d'une action quelconque avec les États-Unis à l'aide d'un réseau satellite. »

Mais si les investissements directs dans cette révolution technologique convenaient aux objectifs du Pentagone, la communauté du renseignement des États-Unis cherchait d'autres moyens, plus secrets, d'exploiter l'incroyable potentiel de la Silicon Valley et de ses technologies de surveillance. Avec l'avènement de la guerre froide et les tensions croissantes entre les États-Unis et l'URSS dans un nouveau jeu hautement technologique d'« espion contre espion », le financement de la recherche et du développement de technologies de pointe a été placé sous le couvert de la sécurité nationale et classifié.

Steve Blank : « Mais au début des années 1950, la guerre de Corée a changé la donne. Après la Seconde Guerre mondiale pour ceux d'entre vous qui connaissent leur histoire nous avons essentiellement démobilisé nos troupes, mis nos bombardiers et nos chasseurs en réserve et déclaré : « Nous allons profiter des avantages de l'après-guerre ». 1949, les Soviétiques font exploser leur première arme nucléaire. Avec la guerre de Corée, la guerre froide devient chaude. Tout à coup, les États-Unis se rendent compte que le monde a encore changé, et l'espionnage fait son entrée à Stanford.

L'armée se rapproche de Terman et lui demande de mettre sur pied le Laboratoire d'électronique appliquée pour effectuer des programmes militaires classifiés, et double la taille du programme électronique à Stanford. Ils ont déclaré : « On va séparer cette partie du Laboratoire de recherche en électronique non classifié ». Mais pour la première fois, l'Université Stanford devient de facto un partenaire à part entière de l'armée dans le programme de recherche et développement du gouvernement. »

Source : Histoire secrète de la Silicon Valley [vidéo en anglais - NdT]

L'arrivée des fonds d'investissement des services de renseignement a créé une nouvelle relation entre le gouvernement et les chercheurs de la Silicon Valley. Plutôt que d'embaucher directement les entreprises technologiques pour produire la technologie, c'est l'électronique grand public qui serait utilisée ; elle deviendrait ensuite de plus en plus réglementée, dirigée, supervisée et infiltrée par des fonctionnaires, qui pourraient alors exploiter cette technologie comme fondement d'une opération mondiale d'écoutes clandestines, dirigée non seulement contre les militaires des pays étrangers, mais contre la population mondiale dans son ensemble.

© Inconnu

Aujourd'hui recouvert d'un voile de sécurité nationale, le rôle du gouvernement dans le développement des grandes entreprises technologiques a largement été occulté. Mais, si vous savez où chercher, l'empreinte des services de renseignement est encore visible sur la quasi totalité des grandes entreprises de la Silicon Valley et des principales technologies qui en émergent.

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