11/08/2019 vududroit.com  5 min #160260

Jeffrey Epstein retrouvé mort dans sa cellule, le Fbi ouvre un enquête sur son «suicide apparent»

Jeffrey Epstein était-il un pédophile ?

Pour n'avoir pas suivi l'affaire Epstein depuis l'arrestation de celui-ci, je n'en savais vraiment pas grand-chose. Simplement qu'il était accusé d'un certain nombre d'infractions à caractère sexuel et qu'il avait fait une tentative de suicide en détention au mois de juillet.

J'ai appris avec stupéfaction qu'on l'avait trouvé mort dans sa cellule et que les autorités parlaient de suicide. Juste quelques premières réflexions, si le gars était suicidaire, la surveillance n'a pas dû être bien rigoureuse. Et il se dégage un drôle de fumet de tout cela.

Si j'ai bien compris, Epstein était richissime et semblait avoir de gros appétits sexuels qu'il assouvissait avec des mineurs en en faisant profiter ses riches et puissants amis. Le profil d'un gros porc s'est rapidement dessiné et comme pour Harvey Weinstein, la cohorte d'amis s'est instantanément dispersée comme une volée de moineaux.

La mort d'Epstein éteint l'action publique, il n'y aura par conséquent pas de procès, donc de grand déballage. Comme par ailleurs, des rumeurs insistantes parlent de réseaux de prostitution, et de personnalités de l'élite oligarchique impliquées, la thèse du suicide a eu tout de suite du plomb dans l'aile. La scénario de l'assassinat pour l'empêcher de parler fait florès et  il est difficile d'accuser ceux qui y souscrivent de complotisme.

Il y a cependant un problème, dans la mesure où l'on parle partout à propos des « réseaux Epstein » de « réseaux pédophiles des puissants ». Trump, histoire de plomber ses vieux ennemis de la famille Clinton, a été jusqu'à qualifier l'île privée du milliardaire où il paraît que Bill s'est rendu à plusieurs reprises, « d'ile pédophile ».

Et l'on voit resurgir comme trop souvent ce qui s'apparente à une « légende urbaine », celle des grands de ce monde qui entretiendraient de vastes réseaux de pédocriminalité pour assouvir leurs pulsions sexuelles sur des enfant prépubères.

La pédophilie, épouvantable perversion, existe hélas, et elle est suffisamment répandue y compris au travers de réseaux qu'Internet facilite pour que  l'on ne bascule pas dans la fantasmagorie comme cela s'est passé par exemple pour l'affaire d'Outreau.

Et il faut être clair, si les informations qui nous sont données concernant les pratiques de Monsieur Epstein et de ses amis sont réelles, il ne s'agit pas de pédophilie. Mais de ce que l'on traite vulgairement « d'amateurs de chair fraîche », de Lolitas, de gamines ou de gamins pubères (n'est-ce pas Frédéric Mitterrand ?), pratiques tout aussi infectes mais qui ne sont pas rattachables à la pédophilie. On donnera un autre exemple, Marc Dutroux était un abominable prédateur sexuel doublé d'un assassin, mais ce n'était pas un pédophile.

La pédophilie est un grave trouble du comportement, qui s'exprime par des pulsions et des fantasmes. L'Académie de médecine en donne la définition suivante : «déviation du choix de l'objet sexuel, avec préférence pour des enfants le plus souvent prépubères ou en début de puberté». Le pédophile sera donc un individu attiré sexuellement ou partiellement par des mineurs prépubères.

Le code pénal ne prévoit pas en tant que telle la pédophilie, mais l'englobe, dès lors qu'il y a passage à l'acte, dans les atteintes sexuelles sur mineurs qui sont notamment :

  • le viol sur mineur|
  • l'agression sexuelle sur mineur|
  • la corruption de mineur|
  • la diffusion d'images pédopornographiques|
  • l'atteinte sexuelle (toute relation sexuelle entre un majeur et un mineur de 15 ans, en l'absence de contrainte)|
  • le fait de faire des propositions sexuelles par un moyen de communication électronique|

Dans le langage courant malheureusement, le terme « pédophilie » est utilisé pour désigner la pédopornographie et les abus sexuels sur mineurs dans leur ensemble, quels que soient l'âge des victimes mineures ou le diagnostic psychiatrique émis sur les personnes commettant ces faits.

Il est cependant nécessaire de faire la distinction entre ceux qui sont attirés par les enfants prépubères et ceux qui le sont par les jeunes pubères. Une personne attirée par les enfants peut ne jamais passer à l'acte, mais est quand même cliniquement un pédophile ne relevant pas de la justice pénale. Et une personne poursuivie pour atteinte sexuelle sur mineur post-pubère de 13 ans par exemple (n'est-ce pas Roman Polanski ?), peut ne ressentir aucune attirance envers les enfants. Les deux déviances ne sont absolument pas de même nature.

Ces précisions sont importantes, car les réalités que recouvrent ces mots doivent être distinguées. Et leur traitement par l'information devrait permettre d'éviter les amalgames, les fantasmes, voire les fantasmagories. Qualifier de pédophile un amateur de lolita ne rime à rien et ne peut qu'introduire de la confusion. Et surtout amalgamer ce qui ne doit pas l'être car les traitements psychiatriques et pénaux de ces perversions ne peuvent et ne doivent pas être les mêmes

Je ne sais pas si Jeffrey Epstein était coupable de ce dont on l'accusait, mais a priori si les informations que donnent les médias sont fondés, ce n'était pas un pédophile.

 Régis de Castelnau

 vududroit.com

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