21/08/2019 les-crises.fr  22 min #160586

La production d'une guerre avec la Russie. Par Chris Hedges

Source :  Truthdig, Chris Hedges, 03-06-2019

M. Fish / Truthdig

Par Chris Hedges

le 3 juin 2019

Malgré la conclusion du rapport de Robert Mueller selon laquelle Donald Trump et sa campagne ne se sont pas compromis avec la Russie pendant la course à la présidentielle de 2016, la nouvelle Guerre froide avec Moscou ne semble guère s'apaiser. Elle est utilisée pour justifier l'expansion de l'OTAN aux frontières de la Russie, une mesure qui a rapporté des milliards de dollars de profits aux fabricants d'armes américains. Elle est utilisée pour diaboliser les critiques internes et les médias alternatifs, les accusant d'être au service d'une puissance étrangère. Elle est utilisée pour couvrir la trahison de la classe ouvrière par le Parti démocrate et la soumission de ce parti au pouvoir des grandes entreprises. Elle est utilisée pour discréditer la détente entre les deux plus grandes puissances nucléaires du monde. Elle est utilisée pour justifier autant la restriction des libertés civiles aux États-Unis que les interventions des États-Unis à l'étranger, y compris dans des pays comme la Syrie et le Venezuela. Cette nouvelle guerre froide est antérieure à la campagne présidentielle de Trump. Elle a été fabriquée il y a plus d'une décennie par une industrie de guerre et une communauté du renseignement qui ont compris qu'en alimentant un conflit avec la Russie, ils pouvaient consolider leur pouvoir et augmenter leurs profits. (Soixante-dix pour cent des renseignements sont fournis par des sociétés privées comme  Booz Allen Hamilton, qui a été qualifiée d'entreprise d'espionnage la plus rentable du monde.)

« Cela a commencé bien avant Trump et le "Russiagate" », a dit Stephen F. Cohen quand je l'ai interviewé pour mon émission de télévision, « On Contact ». M. Cohen est professeur émérite de sciences politiques à l'Université de Princeton, où il était directeur du programme d'études russes, et professeur émérite d'études et d'histoire russes à l'Université de New York. « Vous devez vous demander : comment se fait-il que Washington n'a eu aucun problème à mener une diplomatie productive avec les dirigeants communistes soviétiques. Vous vous rappelez de Richard Nixon et  Leonid Brejnev ? C'était une hymne à l'amour. Ils sont allés chasser ensemble [en Union soviétique]. Et voilà qu'arrive un dirigeant post-soviétique, Vladimir Poutine, qui non seulement n'est pas communiste, mais est ouvertement anticommuniste. Washington n'a fait que de le haïr depuis 2003, 2004. Cela demande une explication. Pourquoi, en Russie, préférons-nous les dirigeants communistes au dirigeant anticommuniste ? C'est une énigme. »

« Si vous essayez d'expliquer comment les institutions de Washington ont traité avec Poutine d'une manière haineuse et diabolisante, vous devez remonter aux années 1990 avant Poutine », a déclaré Cohen, dont  le nouveau livre est Guerre avec la Russie ? De Poutine et l'Ukraine à Trump et au Russiagate. « Le premier leader post-soviétique est  Boris Eltsine. Clinton est président. Et ils ont ce simulacre de pseudo-partenariat, de pseudo-amitié, alors que l'administration Clinton a essentiellement tiré avantage du fait que la Russie était en train de s'effondrer. Elle avait presque perdu sa souveraineté. J'y ai vécu durant les années 90. Les gens de la classe moyenne perdaient leur emploi. Les anciens perdaient leur retraite. Je pense qu'il est correct de dire que la production industrielle s'est davantage effondrée durant les année 90 en Russie que durant notre Grande Dépression. C'était la pire récession économique et sociale jamais vue en temps de paix. Ce fut une catastrophe pour la Russie. »

En septembre 1993, les Russes sont descendus dans la rue pour protester contre l'effondrement de l'économie - le produit intérieur brut avait baissé de 50 % et le pays était secoué par l'hyperinflation et par la corruption rampante qui a vu les entreprises d'État être vendues pour des sommes dérisoires à des oligarques russes et à des sociétés étrangères en échange de commissions et de pots-de-vin somptueux ; mais aussi contre les pénuries de nourriture et de carburant ; le non paiement des salaires et pensions ; le manque de services de base, notamment médicaux ; l'espérance de vie en baisse ; l'explosion du nombre de crimes violents ; et l'autoritarisme croissant d'Eltsine et  sa guerre impopulaire contre la Tchétchénie.

En octobre 1993, Eltsine, après avoir dissous le parlement, a ordonné aux chars de l'armée de bombarder le bâtiment du parlement russe, qui était occupé par des manifestants démocratiques. L'assaut a fait 2 000 morts. Pourtant, au cours de sa présidence, Eltsine a reçu des éloges et un soutien enthousiastes de Washington. Cela comprenait notamment le soutien américain pour un prêt de 10,2 milliards de dollars du Fonds monétaire international à la Russie lors de sa campagne de réélection de 1996. Le prêt a permis au gouvernement Eltsine de verser d'énormes sommes en arriérés de salaires et pensions à des millions de Russes, les chèques arrivant souvent à la veille de l'élection. De plus, environ 1,5 milliard de dollars du prêt ont été utilisés pour financer directement la campagne présidentielle d'Eltsine. Mais lorsque Eltsine a été écarté de ses fonctions en décembre 1999, sa cote de popularité avait chuté à 2%. Washington, perdant Eltsine, partit à la recherche d'un autre dirigeant russe malléable et, au début, pensa en avoir trouvé un avec Poutine.

« Poutine est allé au Texas », dit Cohen. « Il a fait un barbecue avec Bush, Bush fils. Bush a dit qu'il "a regardé dans ses yeux et a vu une bonne âme". Cette lune de miel a existé. Pourquoi se sont-ils retournés contre Poutine ? Il s'est avéré qu'il n'était pas Eltsine. Nous avons un commentaire très intéressant à ce sujet de Nicholas Kristof, le chroniqueur du New York Times,  qui a écrit, je pense en 2003, que sa propre désillusion avec Poutine était qu'il ne s'était pas avéré être  "un Eltsine sobre". Ce que Washington espérait, c'était un dirigeant russe post-soviétique, soumis, suppliant, mais plus jeune, en meilleure santé et pas alcoolique. Ils pensaient l'avoir avec Poutine. Eltsine avait mis Poutine au pouvoir, ou du moins les gens autour d'Eltsine l'avaient fait. »

« Quand Poutine a commencé à parler de la souveraineté de la Russie, de la voie indépendante de la Russie dans les affaires mondiales, ils ont été atterrés », a dit M. Cohen au sujet des élites de Washington. « Ce n'est pas ce à quoi ils s'attendaient. Depuis lors, ma pensée est que nous avons été chanceux après les années 1990 d'avoir Poutine parce qu'il y avait de pires prétendants en coulisses. J'en connaissais quelques-uns. Je ne veux pas les nommer. Mais certains de ces types étaient des gens très durs. Poutine était en quelque sorte la bonne personne au bon moment, tant pour la Russie que pour les affaires mondiales russes. »

« Cela fait trois ans que nous vivons une telle situation », a dit M. Cohen au sujet du Russiagate. « Nous avons perdu de vue l'essentiel de cette allégation. Les gens à l'origine du Russiagate disent littéralement, et ce depuis près de trois ans, que le président des États-Unis est un agent russe, ou qu'il s'est compromis avec le Kremlin. On ricane parce que c'est grotesque. Mais l'establishment de Washington, principalement les démocrates mais pas seulement, ont pris cela au sérieux. »

« Je ne sais pas s'il y a jamais eu quelque chose comme ça dans l'histoire américaine », ajoute Cohen. « Cette accusation nuit tellement à nos propres institutions, à la présidence, à notre système électoral, au Congrès, aux grands médias américains, sans parler des dommages qu'elle a causés aux relations américano-russes et à la façon dont les Russes, tant les élites que les jeunes, regardent l'Amérique d'aujourd'hui. Tout ce Russiagate n'a pas seulement été frauduleux, il a été une catastrophe. »

« Il y a eu trois épisodes majeurs de détente au XXe siècle », a dit M. Cohen. « Le premier a eu lieu après la mort de Staline, alors que la guerre froide était très dangereuse. Cela a été mené par Dwight Eisenhower, un président républicain. Le second était de Richard Nixon, conseillé par Henry Kissinger - il a été appelé "la détente Nixon avec Brejnev". Le troisième, et celui que nous avons pensé le plus réussi, était Ronald Reagan avec  Mikhaïl Gorbatchev. C'était une détente si réussie que Reagan et Gorbatchev, et le successeur de Reagan, Bush père, ont dit que la guerre froide était terminée pour toujours. »

« Le mur était tombé », a dit M. Cohen de l'effondrement de l'Allemagne de l'Est en 1989 et de la chute du mur de Berlin. « L'Allemagne se réunifiait. La question devint : "Où serait une Allemagne unie ?" L'Ouest voulait l'Allemagne dans l'OTAN. Pour Gorbatchev, c'était impossible à vendre. Vingt-sept millions et demi de citoyens soviétiques étaient morts dans la guerre contre l'Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale sur le front de l'Est. Contrairement aux foutaises qu'on nous raconte, les États-Unis n'ont pas débarqué en Normandie et défait l'Allemagne nazie. La défaite de l'Allemagne nazie est due principalement à l'armée soviétique. Comment Gorbatchev pouvait-il rentrer chez lui et dire : "L'Allemagne est réunifiée. Super. Et elle va entrer dans l'OTAN". C'était impossible. Ils ont dit à Gorbatchev : "Nous promettons que si vous acceptez que l'Allemagne unifiée intègre l'OTAN, l'OTAN ne bougera pas - d'après le secrétaire d'État James Baker - d'un pouce plus à l'est". En d'autres termes, l'OTAN ne progresserait pas de l'Allemagne vers la Russie. Et elle l'a fait. »

« Alors que nous parlons aujourd'hui, l'OTAN se trouve aux frontières de la Russie », a déclaré M. Cohen. « Des pays baltes à l'Ukraine en passant par l'ex-République soviétique de Géorgie. Alors, que s'est-il passé ? Plus tard, ils ont dit que Gorbatchev avait menti ou qu'il avait mal compris. Que la promesse n'avait jamais été faite. Mais la National Security Archive de Washington a produit tous les documents de la discussion de 1990. Ce n'était pas seulement [le président George H.W]. Bush, c'était le dirigeant français François Mitterrand, c'était Margaret Thatcher d'Angleterre. Tous les dirigeants occidentaux ont promis à Gorbatchev que l'OTAN ne se déplacerait pas vers l'est. »

« A quoi est-ce qu'on aboutit aujourd'hui ? », a-t-il demandé. « A une trahison. Quelle que soit la discussion sur les relations russo-américaines aujourd'hui, un Russe averti dira : "Nous craignons que vous ne nous trahissiez à nouveau..." Poutine a dit qu'il avait des illusions sur l'Ouest quand il est arrivé au pouvoir. »

« Trump arrive de nulle part en 2016 et dit : "Je pense que nous devrions coopérer avec la Russie" », a dit M. Cohen. « C'est une déclaration de détente. C'est ce qui a attiré mon attention sur lui. C'est alors qu'on commence à parler de Trump qui serait un agent du Kremlin. On doit se demander - je ne peux pas le prouver - mais il faut réfléchir logiquement. Cette allégation a-t-elle été lancée quelque part en haut lieu aux États-Unis par des gens qui ne voulaient pas d'un président pro-détente? Même s'ils pensaient que les chances que Trump gagne étaient très faibles, ils n'aimaient vraiment pas ce discours sur la coopération avec la Russie. Ça a déclenché ce qu'on appelle le Russiagate. »

« Les précurseurs de la détente étaient des Républicains », a dit M. Cohen. « Le comportement des Démocrates pendant cette période de détente a été mitigé. Il y avait ce qu'on appelait l'aile  Henry Jackson. C'était une aile très dure et idéologique du Parti démocrate qui ne croyait pas à la détente, à l'inverse de certains autres Démocrates. J'ai vécu de nombreuses années à Moscou, à l'époque soviétique et post-soviétique. Si vous parlez aux décideurs russes et soviétiques, ils préfèrent généralement les candidats républicains à la présidence. »

Les démocrates sont perçus par les dirigeants russes comme plus idéologiques, selon M. Cohen.

« Les Républicains ont tendance à être des hommes d'affaires qui veulent faire des affaires en Russie », a-t-il dit. « Le groupe de pression pro-détente le plus important, créé dans les années 1970, s'appelait le Comité américain pour l'accord Est-Ouest. Il a été créé par des PDG américains qui voulaient faire des affaires en Russie soviétique. »

« La relation la plus importante que les États-Unis entretiennent est avec la Russie », continue Mr. Cohen, « et pas seulement à cause des armes nucléaires. Elle demeure le pays avec le plus grand territoire au monde. Elle touche toutes les régions qui nous préoccupent. La détente avec la Russie - pas l'amitié, pas le partenariat, pas l'alliance - mais la réduction des conflits est essentielle. Pourtant, quelque chose s'est passé en 2016. »

Les accusations répétées de James Clapper, l'ancien directeur de la NSA [agence pour la sécurité nationale, NdT], et de John Brennan, l'ancien directeur de la CIA [agence centrale de renseignement, NdT], concernant le prétendu contrôle du Kremlin sur Trump et les allégations de vol de nos élections par la Russie, sont profondément dérangeantes, a déclaré Mr. Cohen. Clapper et Brennan ont décrit Trump comme un « atout » du Kremlin. Brennan a qualifié la performance de Trump lors d'une conférence de presse avec le président russe en Finlande de « rien de moins qu'une trahison ».

Dans ses mémoires, « Faits et peurs : vérités difficiles d'une vie de renseignement », Clapper affirme que l'ingérence de Poutine dans l'élection présidentielle de 2016 au profit de Trump a été « stupéfiante ».

« Bien sûr, les efforts russes ont affecté le résultat », écrit Clapper. « Même eux ont été surpris d'avoir fait basculer l'élection vers une victoire de Trump. Conclure autrement, c'est étirer la logique, le bon sens et la crédulité jusqu'au point de rupture. Moins de quatre-vingt mille votes dans trois États clés ont fait basculer les élections. Je ne doute pas que plus de votes que cela aient été influencés par cet effort massif des russes. »

Brennan et Clapper ont été surpris à de nombreuses reprises à mentir au public. Brennan, par exemple, a nié, à tort, que la CIA surveillait les ordinateurs que le personnel du Sénat utilisait pour préparer un rapport sur la torture. La présidente de la commission sénatoriale du renseignement, Dianne Feinstein, a pris la parole au Sénat pour accuser Brennan et la CIA de potentiellement violer la Constitution américaine et d'agir de façon criminelle dans ses tentatives d'espionner et de contrecarrer les enquêtes de sa commission sur l'utilisation de la torture par l'Agence. Elle a décrit la situation comme un « moment déterminant » pour la surveillance politique. Brennan a également affirmé qu'il n'y avait pas eu une seule « mort collatérale » dans le programme d'assassinat par drone, qu'Oussama ben Laden avait utilisé sa femme comme bouclier humain avant d'être abattu lors d'un raid américain au Pakistan, et a insisté sur le fait que la torture, ou ce qui est appelé avec euphémisme « interrogatoire approfondi », a produit de précieux renseignements. Aucune de ces affirmations n'est vraie.

Clapper, qui, au moment de l'invasion de l'Irak par les USA était à la tête de l'Agence nationale de renseignement géospatial, l'unité du Pentagone responsable de l'interprétation des photos et renseignements des satellites espions concernant par exemple les particules d'air et les échantillons de sol, a inventé une histoire sur Saddam Hussein dissimulant ses armes de destruction massive inexistantes et les documents qui confirmaient son programme pour la Syrie à la veille de l'invasion. Il a commis un parjure flagrant devant le Sénat lors de son interrogatoire au sujet des programmes nationaux de surveillance de la population américaine. Il lui a été demandé : « La NSA collecte-t-elle des données sur des millions, ou des centaines de millions d'Américains ? » Clapper a répondu : « Non, monsieur... Pas délibérément ».  C'était, comme Clapper le savait très bien, un mensonge.

Notre incapacité à superviser ou à contrôler les hauts responsables du renseignement et leurs organismes, qui fabriquent de l'information pour faire adopter des programmes validés par l'État fantôme, trahit la mort de la démocratie. Les responsables du renseignement, qui semblent être autorisés à mentir - Brennan et Clapper en ont fait partie - ont entre leurs mains, de façon inquiétante, des instruments de surveillance, d'intimidation et de coercition qui réduisent efficacement au silence leurs détracteurs, discréditent les enquêtes sur leurs activités, même au sein du gouvernement, et les exonèrent, eux et leurs organismes, de toute responsabilité.

« Nous avons  le dossier Steele qui traînait dangereusement dans les médias américains », a dit M. Cohen au sujet du rapport compilé par Christopher Steele.

Le rapport a été commandité par  Fusion GPS et financé par la campagne présidentielle d'Hillary Clinton et le Comité national démocrate.  Bob Woodward a rapporté que Brennan avait insisté pour inclure le dossier Steele dans l'évaluation de l'ingérence électorale russe par la communauté du renseignement.

« Il [Steele] l'a eu par les journaux », dit Cohen. « Je ne pense pas qu'il avait la moindre source en Russie. Steele se présente avec ce dossier et dit : "J'ai des informations venant de sources de haut niveau". La campagne Clinton finance cette opération. Mais Steele est très important. C'est un ancien agent du renseignement britannique, peut-être pas si ancien que ça, qui avait servi en Russie et géré des dossiers russes. Il dit qu'il a cette information dans le dossier sur Trump batifolant avec des prostituées. Sur Trump ayant été corrompu il y a plusieurs dizaines d'années. Il l'a obtenu de sources du Kremlin "de haut niveau". C'est grotesque. C'est illogique. »

« La théorie est que Poutine voulait à tout prix faire élire Trump », dit M. Cohen. « Pourtant, des gars du Kremlin, dans l'entourage de Poutine, faisaient passer des saletés sur Trump à un certain Steele. Alors que c'est ce que veut le patron... - est-ce que ça a un sens pour vous ? »

« Pourquoi est-ce important ? » demanda Cohen. « Aujourd'hui, les médias américains de droite, en particulier Fox News, blâment la Russie pour toute cette histoire de Russiagate. Ils disent que la Russie a fourni cette fausse information à Steele, qui l'a injectée dans notre système, ce qui a mené au Russiagate. Ce n'est pas vrai. »

« Qui est derrière tout ça ? Y compris l'opération Steele ? » demanda Cohen. « Je préfère une bonne question à une réponse convenue. Je ne suis pas dogmatique. Je n'ai pas les preuves. Mais toutes les informations de surface suggèrent que ça vient de Brennan et de la CIA. Bien avant que ça n'atteigne l'Amérique, peut-être dès la fin de 2015. L'un des problèmes que nous avons aujourd'hui, c'est que tout le monde tape sur le FBI.  Des amants qui envoyaient des e-mails. Mais le FBI est une organisation poreuse, personne n'a peur du FBI. Ce n'est plus ce que c'était sous J. Edgar Hoover. Regardez James Comey, pour l'amour de Dieu. C'est un bouc émissaire. Brennan et Clapper se sont joués de Comey. Ils lui ont mis ça sur le dos. Comey ne pouvait même pas gérer les e-mails de Mme Clinton. Il a tout foutu en l'air. Qui étaient les petits malins ? C'était Brennan et Clapper. Brennan, le chef de la CIA. Et Clapper, le chef de bureau du [directeur du] renseignement national, qui est censé superviser ces agences. »

« Y a-t-il la moindre part de réalité dans ces allégations de Russiagate contre Trump et Poutine ? » demanda-t-il. « Est-ce que cela a été imaginé par nos services de renseignements? Aujourd'hui, des enquêtes sont promises, y compris par le procureur général des États-Unis. Ils veulent tous enquêter sur le FBI. Mais ils doivent enquêter sur ce que Brennan et la CIA ont fait. C'est le pire scandale de l'histoire américaine. Le pire, au moins depuis la guerre civile. Nous devons savoir comment cela a commencé. Savoir si nos services de renseignements sont si loin de leur devoir de réserve, au point où ils peuvent essayer d'abord de détruire un candidat à la présidence, puis un président, et je me fiche que ce soit Trump, ce sera peut-être Harry Smith la prochaine fois, ou une femme ; s'ils peuvent le faire, nous devons le savoir. »

« Bush fils a quitté le Traité antimissiles balistiques en 2002 », a dit M. Cohen. « C'était un traité très important. Il a empêché le déploiement de la défense antimissile. Si quelqu'un a un système de défense antimissile qui fonctionne, il pourrait penser qu'il peut se permettre une première frappe. La Russie ou les États-Unis pourraient frapper l'autre sans crainte de représailles. Une fois que Bush a eu quitté le traité, nous avons commencé à déployer une défense antimissile autour de la Russie. C'était très dangereux. »

« Les Russes ont lancé  un nouveau programme de missiles dont nous avons appris l'existence l'an dernier », a-t-il dit. « Des missiles hypersoniques. La Russie a maintenant des missiles nucléaires qui peuvent partir et échapper à tout système de défense antimissile. Nous sommes à un nouveau niveau, plus avancé et plus périlleux, d'une course aux armements nucléaires qui dure depuis 50 ans. Poutine dit : "Nous les avons développés à cause de ce que vous avez fait. Nous pouvons nous détruire l'un l'autre". Il est temps de conclure un nouvel accord sérieux sur le contrôle des armements. Qu'est-ce qu'on obtient ? Le Russiagate. Ce Russiagate est l'une des plus grandes menaces pour la sécurité nationale.  J'en ai énuméré cinq dans le livre. La Russie et la Chine n'y sont pas. Russiagate est numéro un. »

Source :  Truthdig, Chris Hedges, 03-06-2019

Traduit par les lecteurs du site  www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

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