24/08/2019 reseauinternational.net  3 min #160716

La médecine à deux vitesses

Voici un concept souvent mis en avant quand il s'agit de chercher à rééquilibrer les coûts de la santé. Il propose un garde-fou qui donne bonne conscience. Mais que revêt-il vraiment?

D'abord, cette appellation concerne les coûts de la médecine et non pas la pratique thérapeutique. Se focaliser sur les coûts permet d'éviter de revoir nos concepts de la médecine en soi, en tant qu'art et science.

Les coûts actuels débordent de toutes parts. Au lieu de considérer tous les éléments et paramètres qui conduisent à l'augmentation constante, malgré une Loi, la LAMAL qui fut conçue avec beaucoup de rigueur, certainement davantage dans des salles et non avec des patients. Ainsi, elle introduisit cette priorité que la gestion des coûts déterminent les soins dans une grande mesure. Par exemple, les médicaments remboursés sont sur une liste et des remèdes qui n'ont pas été élus mais qui seraient plus adaptés selon une appréciation médicale basée sur une bonne connaissance du malade sont à la charge du patient.

C'est alors qu'a déjà été créée une deuxième vitesse avec les assurances complémentaires! Cette astuce assécurologique mène au divorce thérapeutique dans le sens où le traitement est divisé et ne correspond plus à l'unité d'une pathologie.

La médecine à deux vitesses est une notion très réduite car la réalité concrète montre qu'il existe déjà plusieurs vitesses. Restons sur le plan financier: bien des personnes hésitent avant de se rendre chez le médecin car il leur faut payer une franchise puis une quote-part. Par conséquent, ils ne prennent pas la vitesse rapide, ce qui peut intensifier la maladie donc coûter plus cher.

Egalement le fait de tarder à consulter conduit aussi à attendre la fin de semaine et de se rendre aux urgences. Le coût augmente alors tant pour le patient que pour les prestations car l'hôpital coûte plus cher qu'un cabinet de consultation.

La médecine à deux vitesses, c'est aussi de commencer par un traitement simple et de dire au patient « revenez me voir si ça ne va pas mieux ». C'est là le reflet de vouloir faire l'économie d'une démarche de compréhension du mécanisme pathologique global du patient. Ainsi, nous constatons un parallélisme entre un acte médical et une prestation pratique, ce qui est réductif alors qu'un être humain est une vaste entité!

La médecine à deux vitesse se perçoit aussi quand on distingue le « grave » du « pas grave ». On sélectionne alors le rythme ou l'intensité du traitement. En fait, il s'avère profitable de chercher en tout premier lieu le sens du symptôme voire simplement les signes que le corps ou l'être psycho-affectif exprime alors. Combien de patients ont été renvoyés des urgences parce que le personnel soignant n'a pas su détecter l'importance d'un état morbide?

« La médecine à deux vitesses » est donc un concept qui donne des limites qui ne correspondent pas à la médecine adéquate et opportune que nécessite un malade dans l'instant présent.

 Marie-France de Meuron

source: mfmeuron.blog.tdg.ch

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