07/10/2019 mondialisation.ca  7 min #162671

Brésil - 100 jours en prison: Preta Ferreira ne sortira pas; Carmen Silva, leader des sans-toits, obtient un habeas corpus.

La justice de São Paulo a approuvé, 3 octobre 2019, le procès en habeas corpus de la coordinatrice du Mouvement des Sans Toit du Centre (de la ville de Sao Paulo), Carmen Silva. Elle avait été arrêtée le 6 août. Avec cette décision, les dirigeants du mouvement des sans-abri devront se conformer à certaines mesures de précaution alternatives à l'incarcération.

Arrêtées le 24 juin, Sidney Ferreira et Preta Ferreira, du Mouvement des sois-toits du Centre (MSTC [de Sao Paulo]), ainsi qu'Edinalva Silva Ferreira et Angélica dos Santos Lima, du Mouvement pour un logement pour tous (MMPT). Ces arrestations ont été converties, quatre jours plus tard, en détention préventive, ou plutôt en prison indéfiniment.

Devant la prison, en août 2019, Le Slam das Minas a protesté contre l'emprisonnement politique de Preta Ferreira

Preta Ferreira et Sidney Ferreira, sont en prison depuis plus de cent jours. Ils ont été arrêtés à la suite des mêmes accusations que Carmen. Les avocats attendent toujours le procès en habeas corpus. Voici les informations de Jornalistas Livres, Jornal GGN et Rede Brasil Atual.

Interview de Preta Ferreira par Jornalistas Livres

Cette histoire traîne depuis le 11 juillet, date à laquelle le ministère public de l'État de São Paulo a dénoncé 19 militant.es de différents mouvements de logement. La plainte, signée par le procureur Cassio Roberto Conserino, accuse le groupe d'association criminelle et d'extorsion.

Le 24 juin, quatre militant.es avaient été arrêté.es. Sidney Ferreira et Preta Ferreira, du Mouvement des sois-toits du Centre (MSTC [de Sao Paulo]), ainsi qu'Edinalva Silva Ferreira et Angélica dos Santos Lima, du Mouvement pour un logement pour tous (MMPT). Ces arrestations ont été converties, quatre jours plus tard, en détention préventive, ou plutôt en prison indéfiniment.

Cette enquête fait suite à celle sur l'effondrement du bâtiment Wilton Paes de Almeida, à Largo Paissandu, qui a eu lieu en mai 2018. Le bâtiment était sous la responsabilité du Mouvement de lutte sociale pour le logement (MLSM). Au moment de l'effondrement, il abritait environ 150 familles.

Photo : Sérgio Silva/Ponte Jornalismo

La logique du procureur Conserino est difficile à comprendre puisque tous les militants détenus ne faisaient pas partie de l'occupation de Wilton Paes. Ils l'ont rejoint, après le glissement de terrain, en organisant des comités de soutien en aide aux familles affectées.

Le ministère public a déposé une plainte sur la base d'une lettre de dénonciation qui a également servi de base à l'enquête policière. Le site web Jornalistas Livres a tracé le document et a révélé qu'il s'agissait d'une copie d'un texte qui circulait sur les réseaux d'extrême droite, sans aucun lien avec les résidents de l'occupation.

Le 6 août, Erika Soares de Azevedo Mascarenhas, juge au 6e Tribunal pénal de la Cour de Justice de São Paulo, a accepté la plainte du ministère public et demandé la détention préventive de neuf autres personnes, y compris Lilian Ferreira, Adriana Ferreira et Carmen Silva, toutes du MSTC.

Dans son jugement, la juge a tenu pour acquis les témoignages recueillis au cours de l'enquête. Elle a utilisé des expressions telles que « folle avidité », « ambition excessive » ou « égoïsme excessif » pour expliquer ce qu'elle croyait être une collusion de mouvements, qu'elle a appelé « pouvoir parallèle » ayant pour but d'extorquer la population.

Preta Ferreira est défendue par les avocats Augusto Arruda Botelho, Allyne Andrade e Silva et Beto Vasconcelos. Liliane Ferreira et Adriana Ferreira seront défendues par les avocats Pierpaolo Cruz Bottini, Igor Sant'Anna Tamasauskas et Tiago Sousa Rocha. Amanda Santos Cayres s'occupera du cas de Sidney Ferreira. Theo Dias et Francisco Queiroz sont les avocats de Carmen Silva.

Ce compte rendu est une traduction de Ponte Jornalismo

À l'occasion de la bataille de poésie, les participants ont manifesté contre ce qui est considéré comme une persécution des mouvements de lutte pour le logement
Slam das Minas a demandé la libération de Preta Ferreira, leader du mouvement qui lutte pour le logement dans la ville | Photo : Sérgio Silva/Ponte Journalismo


Ce dimanche après-midi, 18 septembre, le collectif Slam das Minas de São Paulo a organisé sa traditionnelle bataille de poésie. Cette fois, l'étape choisie a été le site en travaux de l'Avenue Général Ataliba Leonel, en face du pénitencier pour femmes de Santana, dans la zone nord de la ville de São Paulo. Les rimes sont devenues des protestations.


La chanteuse Ana Canãs a chanté pendant le Slam | Photo : Sérgio Silva/Ponte Jornalismo

L'emplacement de cette étape a été choisi pour porter le cri de liberté à la chanteuse et militante Janice Ferreira da Silva, plus connue sous le nom de Preta Ferreira, et membre du MSTC (Mouvement des Sans-Toits du Centre). Elle lutte pour le droit au logement dans la capitale de São Paulo. Preta est emprisonnée depuis le 26 juin [100 jours de prison, le 5/10/2019], accusée avec d'autres dirigeant.es d'extorsion et d'enrichissement illicite dans le cadre de l'incendie et de l'effondrement du bâtiment Wilton Paes de Almeida, au centre de la capitale de São Paulo.

Photo : Sérgio Silva/Ponte Jornalismo

En plus des poètesses qui ont participé à cette édition du Slam das Minas, comme Vic Sales, Luiza Romão, Jade Quebra, entre autres, la chanteuse et compositrice Ana Canãs, l'actrice Maria Casadevall étaient présentes auprès des organisatrices Mel Duarte, Luz Ribeiro et Pam Araújo.

Photo : Sérgio Silva/Ponte Jornalismo

Preta Ferreira est détenue depuis près de deux mois et sa dernière demande d'Habeas Corpus a été rejetée par la Tribunal de Justice de São Paulo. Selon le procureur Cassio Roberto Conserino, les mouvements de logement sont liés au crime organisé, en particulier à la faction du Premier Commandement de la capitale, selon la plainte déposée contre elle.

Luc Duffles Aldon

Les photos sont de Sérgio Silva/Ponte Jornalismo

La source originale de cet article est  Autres Brésil
Copyright ©  Luc Duffles Aldon,  Autres Brésil, 2019

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