08/10/2019 reseauinternational.net  22 min #162686

Que reste-t-il du G7 de Biarritz ?

« Quand orgueil chevauche devant, honte et dommage suivent de près » nous rappelle un dicton populaire. Et, c'est bien la leçon que l'on peut tirer aujourd'hui du dernier sommet du G7 de Biarritz sous présidence française alors, qu'il y a quelques jours encore, Jupiter et sa cohorte de courtisans nous vantaient le succès incommensurable de ce barnum. Jamais, nous avions eu droit à une telle débauche de superlatifs pour qualifier l'exploit diplomatique du président de la République. Une sorte de Machiavel croisé de Talleyrand en action face à ses homologues stupéfaits. Une authentique leçon de diplomatie multilatérale qui avait permis de régler, en un tournemain, les grands problèmes de la planète alors que personne n'y croyait la veille encore. Son succès sur la scène internationale renforçait sa main sur la scène intérieure au moment où une rentrée sociale difficile se préparait (prolongation de la grève des urgentistes, réforme des retraites, incendie de Rouen, manifestations des policiers, mécontentement croissant des citoyens dû à une défiance à l'égard de la parole politique...).

Pour notre part, à contre-courant de la bienpensance germanopratine et très modestement, nous avions émis de sérieux doutes sur le prétendu succès de cette rencontre en nous fondant sur des réalités objectives et non sur quelques chimères médiatiques1.

Certains trouvaient nos jugements trop entiers, trop catégoriques. Alors que la fumée médiatique se dissipe autour de cette grand-messe, les réalités les plus triviales refont surface. Tous les problèmes présentés comme résolus restent pendants, pour certains se sont aggravés depuis. Voici à quoi conduit le fait de surfer médiatiquement sur les questions du jour et non de traiter les questions structurelles du monde. Cette situation traduit un aveuglement coupable de nos dirigeants, Jupiter, l'hyper président en tête. L'accessoire l'emporte sur le principal. Même si le sujet du « Brexit » n'était pas inscrit à l'ordre du jour, et pour cause, la rencontre de Jupiter avec Boris Johnson, censée être un exercice de calinothérapie, n'a rien changé aux excès de l'homme à la mèche blonde et aux insuffisances stratégiques de la Commission européenne depuis le début des négociations2.

Afin de mieux appréhender la réalité du G7 de Biarritz3, nous avons choisi, de manière subjective assumée, de nous pencher sur les sujets qui ont été traités (c'est du moins ce que l'on nous a affirmé) lors de cette rencontre, d'une part et les sujets pourtant essentiels qui ne l'ont pas été, d'autre part.

LES SUJETS QUI ONT ÉTÉ TRAITÉS

Examinons de plus près les percées de cette rencontre sur la Côte des Basques. Nous retiendrons, de manière arbitraire, les deux questions suivantes qui nous paraissent tout à fait révélatrices des faiblesses, pour ne pas dire de l'absence de résultats concrets du si vanté sommet du G7 de Biarritz : Amazonie et Iran.

L'Amazonie ou les limites des leçons de morale

L'Amazonie continue de brûler4 et rien de très tangible ne semble se passer depuis les bonnes résolutions (?) de Biarritz hormis la signature par sept États amazoniens d'un « pacte » pour protéger la forêt (Leticia, Colombie, 6 septembre 2019)5 et l'annonce de la création d'un fonds de 500 millions de dollars à la veille de l'Assemblée générale de l'ONU. Accessoirement, les feux de forêt se prolongent dans le sud de la France sans que l'on ne remette en question la politique économique et sociale d'Emmanuel Macron. Plusieurs questions doivent être posées pour tenter de mesurer l'efficacité des recommandations du G7 et des saillies du chef de l'État. La polémique inutile lancée par Emmanuel Macron, par voie de tweets, avec son homologue brésilien en valait-elle la chandelle ? A-t-elle fait progresser la compréhension du problème de la déforestation dans le monde et sa solution ? La réponse se trouve dans la question. Elle contribue à détériorer la relation bilatérale au moment où l'on nous explique que nous parlons avec tout le monde. Au passage, elle a mis en évidence nos pratiques peu académiques en Guyane de la part de certains de nos élus locaux, en particulier la prolongation de l'orpaillage. Qu'est-il advenu de la ligne de crédit de 10 millions d'euros promise pour attaquer le problème ? Qui doit payer et comment se partager l'addition ? Un grand classique des grandes conférences internationales : on promet beaucoup et au final on donne peu ou rien. La France est experte en la matière. Comment expliquer que Donald Trump, dont on nous disait qu'il s'était rendu aux arguments de bon sens de Jupiter, ait félicité Jair Bolsonaro pour son action en Amazonie, aussitôt après avoir quitté Biarritz. Tout ceci n'est pas très cohérent. Quelle rôle l'Union européenne entend-elle jouer collectivement pour relever le défi global de la déforestation dans le monde, en Afrique en particulier, un vrai sujet lié à la protection de l'environnement ? Nous ne le savons pas et il y a bien des chances que nous ne l'apprenions pas tant elle est divisée en plusieurs sous-ensembles et paralysée par l'interminable feuilleton du « Brexit » animé hier par Theresa May et aujourd'hui par Boris Johnson.

On l'aura compris, tout ceci n'est pas très sérieux et démonétise la parole diplomatique de la France, une fois encore.

L'Iran ou les limites des effets d'annonce

Cette question nous est présentée en fin de G7 comme celle où les percées diplomatiques avaient été les plus importantes grâce à l'habileté du président de la République. L'inspecteur des Finances s'est transformé en un diplomate à l'habileté redoutable. Il réussit un double tour de force : faire venir à Biarritz le persan avec l'aval implicite de Donald Trump et faire chanter au sept la même chanson : pas d'arme nucléaire pour l'Iran et pas de déstabilisation de la zone proche et moyen-orientale qui l'est déjà suffisamment6. Le monde respire en fin. Les diplomates ont pris le pas sur les militaires et les bruits de botte s'éloignent. Nous sommes entrés dans le monde des bisounours depuis Biarritz. Comme avec Jésus Christ, il y a un avant et un après.

Or, depuis la fin du G7 de Biarritz, le moins que l'on puisse dire est que les choses ont été de mal en pis en dépit des cocoricos d'Emmanuel Macron aussi faux médiateur que faux prophète. Téhéran et Washington multiplient les gestes de défiance7. À quoi a donc servi le « coup médiatique » de la venue du ministre iranien des Affaires étrangères sur la Côte basque pour y rencontrer discrètement Emmanuel Macron, Jean-Yves Le Drian et Bruno Le Maire. Encore, un de ces fameux pétards diplomatiques qui font rapidement pschitt. Pour avoir une chance de succès, si mince soit-elle, ces affaires se traitent dans la plus grande discrétion et nos dans l'ostentation la plus visible. Ne voit-on pas le médiateur Macron, censé faire la part des choses, s'en prendre aux Iraniens qui seraient la cause de tous les maux de la région ! Ce n'est plus l'Élysée qui est en première ligne. On fait appel aux idiots utiles du Quai d'Orsay. Sa porte-parole à l'échine souple fait très bien le « job » ». L'Iran doit « s'abstenir de toute action concrète non conforme à ses engagements susceptibles de nuire aux efforts de désescalade », déclare le 5 septembre 2019 le ministère français des Affaires étrangères après l'annonce par Téhéran de son intention de reprendre le développement de centrifugeuses. « C'est dans ce cadre que nous examinerons la portée concrète de cette annonce, en lien avec nos partenaires et l'Agence internationale de l'énergie atomique », ajoute la porte-parole du ministère, Agnès von der Mühl, lors d'un point de presse. Dans un discours télévisé mercredi, le président iranien Hassan Rohani annonce que son pays allait reprendre le développement de centrifugeuses, en vue d'un enrichissement de l'uranium plus rapide. Il précise que son pays enrichissait l'uranium uniquement à destination des centrales nucléaires. Un haut responsable iranien confirmé ensuite que Téhéran ne se conformerait de nouveau aux engagements prévus par l'accord sur le nucléaire de 2015 que s'il bénéficie d'une ligne de crédit de 15 milliards de dollars garantie par du pétrole. Selon des sources occidentales et iraniennes, la France avait formulé une telle proposition pour désamorcer les tensions dans le Golfe et tenter de sauver l'accord de 2015, une option qui a suscite le scepticisme de Washington. L'AIEA refait surface alors que le point de savoir qui avait violé en premier l'accord de 2015 lui revenait avec possibilité de renvoi au Conseil de sécurité de l'ONU en cas d'indices graves et concordants. Par ailleurs, cette idée des 15 milliards est une vaste blague qui ne convainc que les imbéciles. Imaginez un seul instant un chef d'entreprise européen accepter de commercer avec l'Iran alors qu'il sait qu'il peut de retrouver dans une prison américaine comme l'a été le cadre d'Alsthom qui y a passé deux années sans que les autorités françaises s'en émeuvent outre mesure alors que la France est la patrie autoproclamée des droits de l'homme. Nous sommes tombés sur la tête. Alors que l'Union européenne aurait dû envoyer des messages clairs à Washington après sa dénonciation unilatérale du 14 juillet 2015, c'est aujourd'hui à l'Iran qu'elle s'en prend en lui demandant de respecter sa parole donnée. Et, la France qui en rajoute par la voix de sa zélée porte-parole du Quai d'Orsay comme si la diplomatie française n'en avait pas déjà trop et mal fait sur le sujet.

Et, nous prétendons jouer le rôle de médiateur alors que nous portons la voix de Washington dans cette affaire.8 De rencontre Rohani/Trump en marge de l'ONU ? Point en dépit des indiscrétions savamment orchestrées sur la tentative avortée d'entretien téléphonique entre l'Iranien et l'Américain sous la pression de Jupiter9. Une sorte de tango à New-York sans danseurs10. Hassan Rohani fait faux bond à Macron et à Trump11. Pourquoi ? La raison en est simple pour ceux qui connaissent la diplomatie, en général et l'Orient compliqué, en particulier. L'horizon se mesure en décennies. Injecter de la confiance est un art du long terme.

On l'aura compris, tout ceci n'est pas très sérieux et démonétise la parole diplomatique de la France, une fois encore. La donneuse de leçons est prise au piège qu'elle a elle-même armée. Et, nous pourrions ajouter d'autres questions comme celle de la taxation des GAFAM (l'OCDE doit rendre ses propositions avant la fin de l'année 2019), de la lutte contre les inégalités qui figuraient dans l'inventaire à la Prévert qui a pour nom ordre du jour... Une chatte n'y retrouverait pas ses petits. Le constat est identique : des mots, rien que des mots ; de la communication à volonté pour masquer l'absence d'approche stratégique et prospective qui sied en principe aux chefs d'États pour travailler à la paix, la sécurité et la prospérité dans le monde. Un point d'application de la politique de l'essuie-glaces, un sujet chassant l'autre à la vitesse V que pratique à la perfection Emmanuel Macron le comédien. Il est vrai « qu'Emmanuel Macron a un talent de metteur en scène dont on n'a pas fait assez l'éloge »12.

Nous sommes pleinement rassurés en apprenant ex-post, qu'en marge du G7 de Biarritz, un accord aurait été conclu entre Emmanuel Macron et Angela Merkel sur l'épineuse question des contrôles des exportations d'armes laissant les acteurs français du secteur de la défense sceptiques en raison du climat tendu des relations entre nos deux pays13. À voir à l'avenir....

Passons aux sujets, qui de notre point de vue, auraient amplement mérité de donner lieu à de francs échanges de vues entre les Sept pour y voir un peu plus clair dans l'analyse des défis et menaces du monde en ce début du XXIe siècle !

LES SUJETS QUI AURAIENT DÛ ÊTRE TRAITÉS

Ils étaient sept pour parler des affaires du monde. Mais au-delà des sourires et des poignées de main, ont-ils parlé de la faim dans le monde, de l'endettement des pays pauvres ?14 Sans parler d'autres sujets aussi importants sur lesquels ils ont fait l'impasse : gouvernance mondiale, situation économique et financière, Chine, Afrique.

Gouvernance mondiale ou l'ode au multilatéralisme d'antan

Alors que le multilatéralisme est à l'agonie et que le système commercial mondial se meurt, de quoi ont discuté les Sept ? Ont-ils au moins tenté de s'accorder sur quelques grandes orientations générales de réorganisation de la gouvernance mondiale pour la prochaine décennie ? Vous n'y pensez pas. C'est le règne du chacun pour soi, du retour des égoïsmes nationaux. Chacun pensait en priorité à ses problèmes internes. L'Amérique brandit de nouvelles sanctions et de nouvelles taxes à l'importation (elle les met en application avec Airbus) mais a le regard tourné sur les prochaines élections présidentielles (affaire de L'Ukrainegate). L'Allemagne est préoccupée par le début de récession économique qui la frappe en raison des conséquences néfastes de la guerre commerciale sino-américaine sur son commerce extérieur. Le Royaume-Uni est monopolisé par le feuilleton du « Brexit ». L'Italie est en crise politique permanente. Le Japon ne sait plus sur quel pied danser. Le Canada fait de la présence. La France a réussi un « coup » avec la venue à Biarritz du ministre iranien des Affaires étrangères. Pour quel résultat ? Seul l'avenir le dira. Alors qu'il y a le feu à la Maison, les Sept grands nains jouent dans la forêt avec des allumettes et jurent la main sur le cœur, à l'américaine, qu'ils s'occupent sérieusement de l'avenir de la planète.

Situation économique et financière ou fermons les yeux

Aujourd'hui, « les cadres de pensée et les schémas institutionnels de la mondialisation chancellent, sans que de nouveaux ne se dessinent encore » avertit le Centre d'études prospectives et d'informations internationales (Cepii) dans son rapport annuel sur l'économie mondiale15. La déstabilisation du système commercial multilatéral va bien au-delà du tassement des échanges16. Au fil des mois, tous les indicateurs sont au rouge. Les risques de récession économique, voire de crise financière, ne sont pas négligeables. L'Allemagne voit son PIB stagner. Si cette situation se poursuivait, elle pourrait entraîner d'autres pays européens sur cette pente glissante. Le G7, dont la vocation initiale était de se concerter à haut niveau pour analyser la situation économique, avait toute son utilité. Si l'on n'y parle de tout et de rien au lieu de se concentrer sur ce qui est au cœur des préoccupations des citoyens, le risque est grand de voir survenir une crise de grande ampleur sans s'y être préparé. Est-ce normal, acceptable de réunir autant de monde à Biarritz pour un résultat aussi lamentable ? On ne peut vanter les mérites incontestés et incontestables de la diplomatie des clubs tout en n'utilisant pas ses réelles potentialités pour lui faire jouer son rôle d'enceinte de dialogue multilatéral, voire de concertation sur des orientations générales à faire ensuite décliner concrètement par les experts. Perdre son temps à des échanges de tweets sur la silhouette de Brigitte Macron avec les autorités brésiliennes semblait plus important aux yeux de son mari alors même qu'il y a le feu à la Maison et que les pompiers regardent ailleurs. L'addition se règlera un jour prochain, intérêt et principal lors des prochaines élections dans tous les pays membres du G7. Ses dirigeants auront la bonne excuse de parler des méfaits du « populisme » au lieu d'assumer la pleine et entière responsabilité de leurs actes ou, plus exactement, de leur absence d'actes pour ne pas dire de leurs renoncements. Le boomerang risque de revenir à la figure de nos politiciens de bas étage, incapable de se pencher sur les vrais maux du malade monde alors que l'OMC revoit ses prévisions de croissance des échanges à la baisse : 1,2% contre 2,6% envisagés initialement17. Le monde est malade mais il se remettra tout seul sans qu'on ne lui administre le moindre remède efficace pour le soulager.

Chine ou laissons faire Oncle Donald

Il aurait été utile que les Sept chefs d'État et de gouvernement tentent d'avoir une compréhension commune de la problématique chinoise, à la lumière des effets négatifs de la guerre commerciale sino-américaine sur l'économie mondiale et de la crise à Hongkong. Il y a bien longtemps déjà que ce sujet aurait dû faire l'objet d'échanges approfondis entre les ces États, les « nouvelles routes de la soie » étant un exemple concret de la volonté impériale chinoise18. Tel est l'objet même de ce dialogue qui a pour nom diplomatie. Emmanuel Macron aurait pu interroger Donald Trump sur sa feuille de route avec Pékin, sur une éventuelle concertation avec l'Union Européenne pour donner plus de poids à une démarche occidentale en lieu et place d'être divisés. Nous n'avons pas l'impression que le sujet ait été abordé ou, s'il l'a été, nous n'en avons pas vu les résultats. Le risque est que les Américains s'entendent avec les Chinois (leur processus de négociation n'a jamais été interrompu) sur le dos des Européens et de l'OMC. Le risque est alors grand que cet accord ne soit négatif pour les Européens spectateurs d'une négociation entre les deux Grands. Le sujet du numérique est aussi important. Qu'en pensent les Européens ? Ont-ils une stratégie allant au-delà de généreuses pétitions de principe sans lendemain ? Le moins que l'on puisse dire est que le G7 aura été inutile de ce point de vue alors qu'il arrivait à point nommé pour faire un point utile sur tous les grands problèmes d'un monde en perte de repères. Encore une occasion ratée de faire jouer à la diplomatie de clubs toute sa partition afin de compenser les insuffisances du multilatéralisme universel. Tout ceci est d'autant plus surprenant que, le 2 octobre 2019, Washington lance son opération surtaxe contre les avions d'Airbus19.

Afrique ou le continent perdu

Le continent, dont on nous annonce année après année depuis son indépendance, qu'il va décoller, est toujours cloué à terre. Il est vrai qu'avec des Robert Mugabe (qui vient de décéder à Singapour)20 et autres autocrates dont la liste est longue, on comprend pourquoi l'Afrique est en panne et qu'elle doit prendre son destin en mains. Quel message réaliste et crédible, les Sept ont-ils adressé à l'Afrique sur tous les sujets d'intérêt général ? Aucun, si ce n'est d'avoir invité un Paul Kagame en signe de réconciliation au G24. L'Afrique est un vrai sujet qui n'a été traité autrement que par quelques photos sur papier glacé. Cela satisfait l'ego de Jupiter mais ne participe en rien à la solution d'un problème grave et lancinant. Encore un fois, la bonne vieille diplomatie du chien crevé au fil de l'eau, une variante de la maxime de Henri Queuille : « Il n'est pas de problème dont l'absence de solution ne finisse par venir à bout ». Ils étaient Sept à Biarritz pour parler de lutte contre les inégalités. Mais, les pays où elles sont le plus criantes - Russie, Chine, Inde - étaient absents. Et l'Afrique ? L'Afrique profonde, celle qui a faim, celle qui souffre ? L'inégalité la plus grave frappe des populations qui fuient la guerre et la misère. Mais l'Europe s'est déchirée sur la question des réfugiés21. Que penser de l'expansion chinoise en Afrique, un vrai sujet ?22 Heureusement, Emmanuel Macron a saisi l'occasion de son dernier discours devant l'Assemblée générale de l'ONU (24 septembre 2019) pour informer la docte assemblée des résultats du G7 de Biarritz sur tous les sujets qui y ont été traités, y compris de l'Afrique23. Il aligne initiatives improbables, chiffres incompréhensibles, annonces extravagantes dans une parfaite opération d'enfumage diplomatique. Mais, ses collègues ne sont pas dupes. En deux ans, ils ont appris à connaître le personnage et sa propension à tirer la couverture à lui. Ils ont également appris à se méfier de ses brillants communiqués de victoire sur tous les fronts.

« Tout l'art de la politique est de se servir des conjonctures » clamait il y a fort longtemps notre bon roi Louis XIV. Manifestement, Emmanuel Macron a fait de cette pensée la colonne vertébrale de sa ligne politique globale. Si sur la scène intérieure, cette manière de procéder peut à la rigueur faire illusion (et encore à mesurer l'agitation qui sévit), sur la scène internationale, cela ne se passe pas. Cela se voit et cela peut vous revenir en boomerang sur la figure au moment où vous vous y attendez le moins. Rien n'y fait y compris lorsque le meilleur communicant de Emmanuel Macron n'est autre que Emmanuel Macron comme nous le découvrons dans le reportage diffusé à toutes heures du jour et de la nuit sur BFM TV intitulé « Dans les coulisses du G7 de Biarritz ». Un morceau d'anthologie de la propagande officielle où nous retrouvons sa conseillère très spéciale, Alice Rufo bien connue des lecteurs assidus de notre site. La Fregoli de la haute fonction publique : un jour au Quai d'Orsay, le lendemain à la Cour des comptes ; un quinquennat à la cellule diplomatique de François Hollande, le lendemain à la cellule diplomatique de Emmanuel Macron. Une experte du contorsionnisme qui mâche de manière peu élégante son chewing-gum devant les caméras et se prend très au sérieux alors qu'elle devrait se cacher. On comprend avec ce genre d'énergumène, qui n'a jamais mis les pieds dans une ambassade, pourquoi la diplomatie française est si mal en point et si incohérente. L'Histoire jugera avec objectivité tout ce qui restera de ce brillant sommet du G7 de Biarritz au-delà de la seule volonté diplomatique exprimée médiatiquement. Un mois après, il n'en reste déjà que l'écume des jours.

Guillaume Berlat

---------- 1 Guillaume Berlat, G7 de Biarritz : plus de jeux que d'enjeux !,  www.prochetmoyen-orient.ch, 2 septembre 2019.

2 Virginie Malingre, Bruxelles envisage le pire, faute d'une relance des négociations, Le Monde, 6 septembre 2019, p. 3.

3 Jean-Pierre Chevènement, « La stratégie internationale de Macron : Du grand jeu ! », Marianne, 6-12 septembre 2019, pp. 32-33.

4 Bruno Meyerfeld, L'Amazonie continue de partir en fumée, En Amazonie, la lutte incertaine contre les feux, Le Monde, 8-9 septembre 2019, pp. 1 et 5.

5 Marie Delcas, Sept pays amazoniens, signent un « pacte » pour protéger la forêt, Le Monde, 8-9 septembre 2019, p. 5.

6 Richard Labévière, Iran : pourquoi une haine si tenace ?,  www.prochetmoyen-orient.ch, 2 septembre 2019.

7 Gilles Paris, Nucléaire : Washington et Téhéran multiplient les gestes de défiance, Le Monde, 6 septembre 2019, p. 3.

8 Isabelle Lasserre, Après le G7 de Biarritz, la médiation française marque le pas, Le Figaro, 6 septembre 2019, p. 2.

9 Marc Semo, La tentative ratée d'appel entre Trump et Rohani, Le Monde, 3 octobre 2019, p. 5.

10 Un tango à New-York, Le Canard enchaîné, 2 octobre 2019, p. 2.

11 Philippe Gélie, Iran : comment Rohani a fait faux bond à Macron et à Trump, Le Figaro, 3 octobre 2019, p. 5.

12 Arnaud Montebourg, « Pour moi la mondialisation est terminée », Le Monde, 8-9 septembre 2019, p. 8.

13 Nathalie Guibert/Thomas Wieder, Fragile entente entre Merkel et Macron sur les épineuses exportations d'armes, Le Monde, 15-16 septembre 2019, p. 4.

14 Jacques Vuillemin, La Bande des Sept dans ses grandes œuvres et ses petits oublis, Courrier..., Marianne, 6-12 septembre 2019, p. 58.

15 Rapport du Cepii, L'économie mondiale 2020 : ralentissement sous haute tension, 2019.

16 Julien Bouissou, Une mondialisation sommée de se réinventer, Le Monde, Économie & Entreprise, 12 septembre 2019, p. 13.

17 Julien Bouissou, Trou d'air pour le commerce mondial, Le Monde, Économie & Entreprise, 3 octobre 2019, p. 19.

18 De Mao aux ambitions planétaires de Xi Jinping, Le Monde, Géopolitique, 29-30 septembre 2019, p. 20.

19 Véronique Guillemard, Washington autorisé à surtaxer les avions Airbus, Le Figaro, Économie, 3 octobre 2019, pp. 1-20-21-22

20 Éditorial, Zimbabwe : la tragédie de Mugabe, Le Monde, 8-9 septembre 2019, p. 28.

21 Jacques Vuillemin, Un G7 à côté de la plaque, Valeurs Actuelles, 12 septembre 2019, p. 87.

22 L'Afrique, un continent dans la toile de Pékin, Le Monde, Géopolitique, 15-16 septembre 2019, p. 18.

23 www.elysee.fr

source: prochetmoyen-orient.ch

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