14/10/2019 podcasts.usbeketrica.com  4 min #162991

Penser l'écologie décoloniale, une écologie-du-monde

Et si l'on prenait le temps d'explorer les voies et d'écouter les voix en dissonnance avec le discours dominant ? C'est ce que propose le podcast Afrotopiques, créé par Génération Afrotopia, un collectif de jeunes de la diaspora africaine. Génération Afrotopia s'approprie les grandes questions contemporaines pour les penser depuis les Suds en général, et l'Afrique en particulier, et nous présente ci-dessous un épisode avec Malcom Ferdinand, philosophe et chercheur au CNRS.

Malcom Ferdinand, philosophe et chercheur au CNRS publie « Une écologie décoloniale, Penser l'écologie depuis le monde caribéen », au Seuil, dans la collection Anthropocène. Pourtant, c'est depuis la perspective ouverte par le plantationocène qu'il nous invite à penser l'écologie du XXIe siècle. On revisite la Modernité depuis le monde caribéen pour envisager une écologie qui dépasse la double fracture environnementale et coloniale contemporaine, une écologie-du-monde qui permet de penser et problématiser les enjeux autrement.

w.soundcloud.com

Malcom Ferdinand propose une conception de l'écologie radicalement en rupture avec son acception dominante. Une écologie décoloniale, une écologie-du-monde.

Par delà environnementaliste et colonialité, il développe un récit qui nous permet de penser la Modernité depuis la perspective des mondes caribéens, un récit qui n'occulte pas l'existence des navires négriers du passé et du présent, des plantations d'ici et d'ailleurs, ni le sort de ceux qui sont dans les cales de ce navire Modernité. Il nous propose un récit qui saisit le Tout-Monde contemporain dans sa complexité, et qui permet de théoriser et problématiser les enjeux du présent autrement.

Ce récit propose une autre compréhension et une autre généalogie de la crise écologique, d'autres références et d'autres figures, et nous permet de comprendre que toutes les destructions sont construites, qu'elles s'inscrivent dans une histoire politique, sociale, économique, culturelle...Ici, celle de notre Modernité occidentale et du monde qu'elle a configuré autour de ce qu'il appelle « un habiter colonial de la terre ».

L'ambition de l'écologie décoloniale, ce n'est pas seulement de changer de récit, de protéger l'environnement, ni seulement de reconnaître les luttes anti-raciste ou anti-esclavagistes, mais bien plutôt d'instaurer un monde. De réparer la double fracture qui sépare les luttes décoloniales des luttes environnementales, pour retrouver la force nécessaire et enfin briser la cale du monde.

Cette écologie décoloniale propose de quitter la plantation et son ère, elle nous permet de voir ce qu'il reste à faire, et à défaire. Elle nous rappelle également que l'écoutille qui sépare le pont de la cale se brise des deux côtés, du côté des libres et des captifs, que l'on a tous du travail, car la Modernité nous a inculqué - à tous - des formes de l'habiter colonial.

C'est un livre passionnant et important qui réussit à tenir ensemble, sans mettre de côté l'exigence de justice. On vous invite vraiment à le lire, parce que l'on a pas eu le temps de parler de tout, et que c'est un essai qui a véritablement le pouvoir de transformer nos imaginaires. Et que l'écologie c'est, aussi, une question d'imaginaire.

Bonne écoute !

 podcasts.usbeketrica.com

 Commenter