19/10/2019 reseauinternational.net  8 min #163181

Les expulsions massives des Bédouins font partie des efforts déployés par Israël pour chasser les Palestiniens de leurs terres historiques

Nous sommes tous des Bédouins

J'ai été vivement percutée par l'article de  Jonathan Cook au sujet des expulsions massives de dizaines de milliers de Bédouins de leur territoire ancestral.

Je m'inspire du slogan « nous sommes tous Charlie » pour percevoir en quoi nous avons tous en nous quelque chose des Bédouins. Sans nous attendre à ce qu'ils soient assassinés comme le personnel de Charlie Hebdo, nous pouvons prendre conscience des intentions du gouvernement d'Israël sur cette population de 250 000 Bédouins qui ont officiellement la citoyenneté.

Evidemment, Israël étant un peuple civilisé, il utilise des moyens moins brutaux et directs que les assassins de Charlie Hebdo. Ainsi, ils détruisent les villages sous le nez des habitants pour pouvoir s'en approprier le terrain. Ceux parmi nous qui ont dû vendre leurs maisons ou leurs terrains parce que l'Etat en convoitait la place pour une de ses constructions peuvent ressentir ce qu'il est possible d'éprouver. Dans le Neguev, il ne s'agit pas seulement d'habitations mais aussi de terres qui sont le lieu de leurs subsistances puisqu'ils y conduisent leurs animaux et y pratiquent l'agriculture.

La politique est bien du « ôte-toi là que je m'y mette », y compris pour y construire une  autoroute donc envahir aussi leur espace environnemental.

Et encore, dans le même article : Myssena Morany a mentionné plusieurs grands projets d'infrastructure qui chasseront les résidents bédouins, y compris  une ligne de chemin de fer qui « engloutira de vastes étendues de terres et causera de graves dommages à la communauté bédouine de Rahma, forte de 1400 personnes ».

De plus, même le sous-sol est envahi par l'Etat sioniste : « Une nouvelle  mine de phosphate entraînera également le déplacement forcé d'au moins 10 000 citoyens bédouins. »

A cela s'ajoute aussi  l'obligation de détruire un village, imposée aux Bédouins eux-mêmes, pour pouvoir couper la Cisjordanie en deux. Que pouvons-nous ressentir quand l'autorité nous impose de détruire nos propres créations, nos propres lieux de vie? De plus en voulant casser l'unité du lieu, en voulant y placer une séparation. Une telle injonction nous atteint dans notre être profond et brise un certain sentiment d'unité intérieure.

Il est étrange que l'Etat d'Israël qui se réfère tellement à sa terre d'origine, qui serait celle des Hébreux, ne soit pas plus concerné par l'âme de ce lieu. Ainsi : « De plus, le géant israélien de l'armement IMI (récemment acheté à l'État par Elbit Systems), relocalise d'énormes installations de tests dans le Néguev « ce qui menace les occupants d'environ 1 200 maisons et autres structures bédouines de transfert forcé », sans compter la relocalisation massive d 'infrastructures militaires israéliennes dans la région.

Le sol est aussi agressé : » De 1998 à 2004, il y a eu  épandage de pesticide sur nos terres pour que nous partions. Nous ne partirons jamais. Ces terres nous appartiennent. Nous préférons y mourir que les quitter. »

Même la travail de la nature a été saccagé : « En juillet 2010, le 27, 1 700 policiers accompagnés de chiens et épaulés par des hélicoptères ont rasé complètement le village, ont arraché près de 4 500 arbres dont des oliviers et des figuiers«. Je rajouterais même que la nature humaine est saccagée car que vivent au fond d'eux les policiers mandatés pour une telle mission?

Jonathan Cook écrit aussi : »La logique du sionisme, même si ses partisans les plus naïfs ne le comprennent pas, est de remplacer les Palestiniens par des Juifs - ce qu'Israël appelle officiellement la judaïsation. » Ainsi, le gouvernement veut rendre la vie des nomades inhumaine,  les relogeant dans des villes dotées de services publics crées ex nihilo dans des zones qui ne ressemblent en rien à leur terre natale et où ils ne créent pas leurs propres installations, selon leurs propres sensibilités. Les paysans de chez nous privés de leurs terres peuvent ressentir ce que tous les délogés peuvent vivre en se retrouvant en milieu urbain, sans l'âme du lieu naturel.

De plus, ces lieux imposés qui représentent plus des zones d'attente confinées sont devenus les communautés les plus défavorisées d'Israël.

Quelle est la place du Droit et de la Justice dans cet Etat qui se dit la seule démocratie de la région? Médiapart évoque une [https://admin.blog.tdg.ch/posts/%20  démocratie dégradée].

Démocratie dénoncée aussi à Al-Araqib, « Docteur Awad » secoue la tête quand le cheikh parle des élections. « Je ne vote pas. Jamais », proteste le professeur d'université, lunettes de soleil dissimulant son regard. « Où sont les députés arabes? », dit-il, pointant l'emplacement du village désormais vide.

« Ils n'ont pas pu empêcher ne serait-ce qu'une démolition ». « C'est une  démocratie bidon », lâche-t-il avec mépris. « Je ne vais pas donner ma voix pour les légitimer ».

Une autre façon de freiner la démocratie : « Les associations dénoncent une volonté de limiter la participation des Bédouins. Dimanche, le Comité central pour les élections a interdit à l'organisation israélienne Zazim (« on bouge »), d'affréter des bus pour acheminer les habitants arabes les plus éloignés jusqu'aux urnes. »

Si l'Etat d'Israël revendique pareillement sa judéité, pourquoi ne respecte-t-il pas les dix Commandements et plus précisément celui qui ordonne de ne pas convoiter le bien de son prochain? Par conséquent, selon la loi cosmique, il verra bien un jour ou l'autre le boomerang lui revenir en retour et ses terres lui être reprises.

NB : une vidéo très explicite illustre l'évolution de la convoitise de l'Etat sioniste sur la Palestine et sa façon de s'implanter au vu et au su des institutions internationales qui n'ont pas encore trouvé les moyens de lui imposer les lois pourtant édictées en bonne et due forme.

 Marie-France de Meuron

source: mfmeuron.blog.tdg.ch

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