22/10/2019 ism-france.org  12 min #163307

Résistance en Palestine : poursuivre le chemin de la libération / octobre 2019 - N°17

Par Centre d'information sur la résistance en Palestine
Les marches du retour, les prisonniers, les actes quotidiens de la résistance en Cisjordanie et Al-Quds occupées, les manifestations de protestation dans les territoires occupés en 48 et dans les camps palestiniens au Liban, témoignent de la vitalité du peuple palestinien, qui poursuit son combat contre l'occupation, par tous les moyens possibles. Même s'il peut sembler que les objectifs des uns et des autres sont différents, il n'en demeure pas moins que l'invasion sioniste de la Palestine reste la première responsable de tous les maux qui touchent les Palestiniens, où qu'ils se trouvent.

Les marches du retour sont parvenues à rassembler tous les mots d'ordre et les objectifs, en consacrant des marches pour telle ou telle cause, toutes les semaines, en gardant à l'esprit que le retour des réfugiés reste au centre des revendications. Pendant toute cette période, qui a assisté à des bouleversements régionaux et à une profonde crise politique dans l'entité sioniste, les Palestiniens n'ont cessé de manifester pour le soutien aux prisonniers, avant-garde de la lutte palestinienne.

Cependant, l'Autorité palestinienne reste étrangère à la lutte du peuple, puisqu'elle n'a mobilisé ni ses ambassades, ni ses appareils, ni ses supporters, pour soutenir la lutte des prisonniers, contrairement à ce qu'elle réussi à faire en mobilisant ses troupes pour assister au match de football entre son équipe et l'équipe saoudienne normalisatrice, auquel ont assisté des dizaines de milliers de personnes, et au cours duquel aucun mot de solidarité avec les prisonniers n'a été prononcé.

Non seulement l'Autorité palestinienne ne soutient pas la lutte et la résistance du peuple palestinien, mais elle poursuit les militants ; six d'entre eux, qui sont des prisonniers libérés des geôles de l'occupation, de la région de Jénine, croupissent dans ses prisons. L'Autorité palestinienne est plutôt occupée à couper la voie à toutes les revendications d'unité populaire, sous la forme d'un programme avancé par 8 organisations palestiniennes et présenté au Hamas et au Fateh. Le Hamas a accepté mais le Fateh de Mahmud Abbas a ignoré le programme des organisations pour proposer, par le biais du discours de Mahmud Abbas à l'ONU, l'organisation d'élections (législatives et présidentielles). Malgré les catastrophes issues des accords d'Oslo en 1994 qui ont instauré l'Autorité palestinienne, celle-ci a du mal à s'en défaire, n'ayant aucune autre perspective en vue. Les discours colériques contre les violations par l'entité d'occupation des accords signés ne servent à rien, sinon à plonger cette Autorité dans le chaos et l'enlisement de la collaboration sécuritaire et économique avec l'occupant, au détriment du peuple palestinien et de sa lutte.

La résistance palestinienne se poursuit, elle continue à développer son armement pour se défendre au cas où « Israël » attaquerait la bande de Gaza et elle essaie de développer ses capacités, malgré l'Autorité palestinienne, en Cisjordanie. Les prisonniers savent que seule la résistance peut les libérer par un échange avec les « israéliens » capturés, alors que les luttes populaires, sur le terrain et dans les prisons, permet d'améliorer leurs conditions de détention et la libération des détenus administratifs. Les luttes populaires contre le blocus criminel contre Gaza, le vol des terres, la démolition des maisons, la profanation des lieux saints et la colonisation rampante ne peuvent se développer que par l'unité de la base. Pour cela, il faudrait en finir avec les illusions créées par les accords d'Oslo et rompre avec l'idée que la communauté internationale souhaite la création d'un Etat palestinien indépendant.

1 - Résistance

Les Maqdissis organisent des funérailles impressionnantes pour le martyr Nassim Abu Rumi, 14 ans, qui s'est opposé aux policiers sionistes dans la mosquée al-Aqsa, le 16 août. Les sionistes avaient confisqué son corps et ne l'ont remis qu'un mois plus tard à la famille, en réclamant des funérailles « modestes ». Mais les Maqdissis se sont soulevés par milliers à Izariyyé, le bourg d'où est originaire le martyr. Les forces de l'occupation ont tiré sur la foule (22/9).

Les services de sécurité de l'Autorité palestinienne empêchent la résistance de fabriquer des fusées au nord de la Cisjordanie (23/9). Ils ont arrêté trois jeunes qu'ils soupçonnent appartenir au mouvement du Jihad islamique.

Des affrontements entre forces de l'occupation et la population palestinienne ont eu lieu dans plusieurs endroits de la Cisjordanie occupée, comme à Halhul (al-Khalil, 25/9), Tarqumia (al-Khalil), Nablus près du Tombeau de Yusuf (dont les sionistes veulent s'emparer) (25/9).

Une soldate de l'occupation a été poignardée le 25/9 par un jeune Palestinien de 14 ans, près de Ramallah. Une autre a été poignardée le 26/9 dans al-Quds, près de la porte al-Silsila, par un jeune de 13 ans.

L'occupant arrête 46 Palestiniens en Cisjordanie occupée la nuit du 26/27-9, et parmi eux de nombreux prisonniers récemment libérés. Dans la banlieue de Tulkarm, des affrontements ont eu lieu, ainsi qu'aux alentours de l'université de Birzeit.

Les forces sionistes répriment un rassemblement de Palestiniens qui faisaient la prière du vendredi près du bourg de Sawahra, dans la région d'al-Quds, menacé par les démolitions et les vols de terres (26/9). Le mufti d'al-Quds, sheikh Muhammad Hussayn, a souhaité que les habitants de Sawahra puissent tenir bon contre les colons et la colonisation, et qu'ils puissent préserver leurs terres.

Le comité de suivi des forces nationales et islamiques dans la bande de Gaza a mis en garde contre la liaison avec le bureau du coordinateur de l'entité sioniste, et a réclamé à la population d'être en alerte contre tout ce qui émane de ce bureau. Pour le comité de suivi, toute relation avec ce bureau sera considérée comme une tentative de collaboration et de nuisance à la résistance du peuple palestinien. Depuis quelques temps, le bureau du coordinateur essaie de contacter les Palestiniens de Gaza, dans une guerre sécuritaire, se faisant passer pour des ONGs et proposant des services en contrepartie de renseignements sociaux, médicaux, etc. qui ont pour but de développer la connaissance par les sionistes de la population de Gaza et de sa résistance. (8/10)

Plusieurs jeunes ont été blessés lors de la marche hebdomadaire à Kfar Qaddoum en Cisjordanie occupée, réclamant l'ouverture de la route du village fermée par les sionistes depuis 15 ans. Les soldats de l'occupation ont foncé sur les manifestants et tiré. (11/10)

Les Brigades Al-Nassir Salaheddine annoncent qu'elles ont réussi à mettre un place une nouvelle fusée de leur fabrication, la fusée IQ25.

Un rapport palestinien souligne que 517 actes de la résistance à l'occupation ont été enregistrés au cours du mois de septembre, pour la région de la Cisjordanie occupée : les coups de poignards, les charges explosives, les bouteilles incendiaires, les affrontements et les lancements de pierres.

2 - Marches du retour

Les marches du retour en direction de la zone séparant la bande de Gaza de la Palestine occupée en 1948 (« Israël ») se poursuivent depuis le 30 mars 2018.

Fin septembre, le conseil national des marches du retour a organisé un rassemblement de solidarité avec les prisonniers palestiniens détenus dans les prisons sionistes.

Marche du 27/9 : Placée sous le signe de « l'intifada d'al-Aqsa et des prisonniers », la marche du retour a été fortement réprimée par l'occupant sioniste qui a tiré sur les manifestants, faisant 63 blessés et parmi eux 4 secouristes. Plusieurs milliers de Palestiniens ont participé à la marche dans les 5 points de rassemblement, à Rafah, Khan Younes, au centre, Gaza et au nord. Les forces sionistes ont tué deux manifestants lors de cette marche : le jeune Ali Sami al-Ashqar 17 ans, au nord et Sahir Uthman, 20 ans.

Le conseil national des marches a appelé à poursuivre les marches du retour et pour briser le blocus contre Gaza, affirmant que « notre bataille pour briser le blocus et les sanctions (de l'Autorité palestinienne de Ramallah) fait partie intégrante de notre bataille pour renforcer la résilience de notre peuple, afin qu'il poursuivre la voie du retour, de la liberté et de la dignité. L'unité est notre principale arme dans cette bataille ». La prochaine marche, la 77ème sera placée sous le signe de « la réconciliation est le choix de notre peuple ». Elle a pour but d'affirmer que l'unité interne est nécessaire pour faire échec au plan d'annexion d'al-Aghwar (vallée du Jourdain) et de la Cisjordanie, et aux projets de liquidation de la cause palestinienne.

Le 2/10, des jeunes parviennent à traverser les barbelés séparant l'est du bourg de Khuza'a, au sud de la bande de Gaza, des installations militaires sionistes. Ils se sont emparés de matériel et sont retournés sains et saufs, avant que les troupes de l'occupation n'arrivent, 20 minutes après, lancent des bombes à gaz sur la région.

Les journalistes dans la bande de Gaza organisent un rassemblement pour dénoncer le blocus criminel (3/10). Khaled al-Batsh a déclaré que l'occupation vise les journalistes, notamment pendant les marches du retour, pour empêcher que l'image réelle des marches soit transmise au monde.

le 4/10, la 77ème marche du retour a été ensanglantée par l'assassinat par l'occupant de Ala' nizar Hamdan, 28 ans, à l'est de Jabaliya. Le conseil national a appelé à la marche prochaine consacrée aux « enfants martyrs » en signe de fidélité envers les enfants palestiniens victimes de l'occupation et a appelé à participer aux rassemblements et manifestations en soutien aux prisonniers palestiniens en grève de la faim. Le conseil a affirmé, à la fin de la marche, que le peuple palestinien, où qu'il se trouve, souhaite en finir avec la division interne, et qu'il est temps de condamner le processus d'Oslo qui a conduit à cette division.

Des milliers de Palestiniens ont participé à la 78ème marche du retour le 11/10 placée sous le signe de « nos enfants martyrs », autour des 5 zones de rassemblement, à l'est et au nord de la bande de Gaza. La répression sioniste a blessé 49 Palestiniens, dont 21 blessés par balles réelles. 22 enfants ont été touchés, à l'est de Gaza, à l'est de Jabalia, et à l'est de Khuza'a, au sud. Le conseil national des marches a rappelé que l'appellation « nos enfants martyrs » a pour but de « rappeler le terrorisme sioniste qui vise l'enfance innocente et le degré élevé des crimes commis par l'occupation, ainsi que le nombre d'enfants martyrs assassinés par les soldats de l'occupation ».

Un concours de films sur le thème du retour et des marches du retour est organisé à Gaza, par une commission issue du conseil national (1/10). Les films sont faits à partir des téléphones mobiles. Le but du concours est de développer la culture de la résistance, de mettre l'art au service de la lutte et de la liberté, d'aider les jeunes à s'exprimer et à développer leur créativité.

Le conseil national des marches du retour a décidé de proclamer la prochaine marche « non à la normalisation avec l'occupant ».

Le 13/10, le conseil national des marches du retour inaugure un parc à l'est de Gaza, installé en signe de solidarité et de fidélité au sang des martyrs et des blessés. Le président du conseil national des marches, le dirigeant Khaled al-Batsh, a dit au cours de l'inauguration, en présence des dirigeants des formations de la résistance, que les réunions du conseil se dérouleront dans ce parc pour affirmer la poursuite des marches du retour et l'abolition du blocus. Il a en outre affirmé « les marches du retour sont devenues des projets de vie... Nous insistons sur notre droit au retour et pour abolir le blocus, et réaffirmons que notre bataille contre l'ennemi ne s'achèvera pas tant que nous ne récupérerons pas tous nos droits ». Il a poursuivi, à l'adresse de l'occupant : « tu as voulu nous tuer ici, sur la place du retour à l'est de Gaza, mais ceci ne nous empêche pas de demeurer et de poursuivre, à travers les corps déchiquetés, et d'affirmer que nous résistons, que nous pouvons poursuivre la vie et nous planterons pour chaque martyr un arbre ».

Le parc inauguré se trouve sur le terrain à Malaka, où se trouvaient les maisons détruites par l'occupant lors de sa guerre contre Gaza. Le but de l'installation du parc vise à redonner vie à cette zone en invitant la population à y venir et à l'encourager à cultiver sur cette terre.

La 79ème marche du retour du 18/10 a pour objectif de dénoncer la normalisation des relations entre des pays et organismes arabes et l'entité coloniale et ses organismes. La normalisation est un crime et une traîtrise, et toutes formes de normalisation avec l'occupant, artistique, culturelle, sportive, économique, sécuritaire ou autres sont des coups d'épée dans la poitrine des Palestiniens. Dr Salah Abdul Ati (du conseil national) a réclamé que les relations entre l'Autorité palestinienne et l'entité coloniale cessent, car il n'est pas normal de réclamer la fin de la normalisation entre les Arabes et l'entité sioniste alors que l'Autorité palestinienne poursuit ses relations et la coordination sécuritaire avec l'occupant. Les soldats de l'occupation ont tiré et blessé 69 manifestants, dont 26 à balles réelles.

Le conseil national invite le président tunisien Qays Sa'id à visiter la bande de Gaza, après l'avoir remercié pour ses positions claires contre la normalisation avec l'occupant et a annoncé que la prochaine marche sera consacrée à « Nos prisonniers, notre Aqsa, nous arrivons ! ».

(...)

Retrouvez l'article dans son intégralité sur le site  CIREPAL, le centre d'Information sur la Résistance en Palestine, avec les thèmes suivants développés :

3 - Al-Quds et les lieux saints
4 - Les réfugiés s'opposent au « deal du siècle »
5 - Les Palestiniens de 48 refusent l'ordre colonial
6 - Le mouvement des prisonniers
7 - Paroles de résistants
8 - La normalisation est un crime.

Source :  CIREPAL

 ism-france.org

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