08/11/2019 tlaxcala-int.org  8 min #164084

La dernière guerre d'Israël : scénario d'apocalypse

 Gilad Atzmon جيلاد أتزمون گيلاد آتزمون

Dans mon livre de 2011, Quel Juif errant ?, j'ai développé le possible scénario catastrophe dans lequel Israël est le noyau d'une escalade mondiale sur les capacités nucléaires émergentes de l'Iran. J'ai conclu que le syndrome de stress pré-traumatique d'Israël (SSPreT) serait au cœur d'une telle évolution. « L'État juif et le discours juif en général sont complètement étrangers à la notion de temporalité. Israël est aveugle aux conséquences de ses actions, il ne pense à ses actions qu'en termes de pragmatisme à court terme. Au lieu de temporalité, Israël pense en termes d'un présent prolongé. »

En 2011, Israël était encore confiant dans sa puissance militaire, certain qu'avec l'aide de l'USAmérique ou du moins avec son soutien, il pourrait porter un coup mortel à l'Iran. Mais cette confiance a diminué, remplacée par une anxiété existentielle qui pourrait bien être justifiée. Ces derniers mois, les analystes militaires israéliens ont dû faire face aux capacités stratégiques et technologiques spectaculaires de l'Iran. La récente attaque contre une installation pétrolière saoudienne a envoyé un message clair au monde, et en particulier à Israël, que l'Iran a une longueur d'avance sur Israël et l'Occident. Les sanctions ont été contreproductives : L'Iran a développé sa propre technologie de manière indépendante.

L'ancien ambassadeur d'Israël aux USA et historien prolifique, Michael Oren, a répété mes prédictions de 2011 cette semaine dans The Atlantic et a décrit un scénario horrible pour le prochain, et probablement dernier, conflit israélien ( The Coming Middle East Conflagration).

Oren comprend qu'une erreur de calcul mineure israélienne pourrait conduire à une guerre totale, dans laquelle des missiles et des drones de toutes sortes pleuvraient sur Israël, submergeraient ses défenses et laisseraient les villes d'Israël, son économie et sa sécurité en ruines.

Oren explique en détail comment un conflit entre Israël et l'Iran pourrait rapidement dégénérer en une "conflagration" massive qui dévasterait Israël et ses voisins.

En Israël, l'expression " La guerre entre les guerres " fait référence à la campagne d'entre-deux-guerres secrète ciblée menée par l'État juif dans le but de reporter, tout en la préparant, la prochaine confrontation, vraisemblablement avec l'Iran. Au cours des dernières années, Israël a mené des centaines de " guerres entre les deux guerres " contre des cibles liées à l'Iran au Liban, en Syrie et en Irak. Oren spécule qu'une seule erreur de calcul pourrait facilement conduire à des représailles de la part de l'Iran. « Israël se prépare au pire et part du principe que les combats peuvent éclater à tout moment. Et il n'est pas difficile d'imaginer comment cela pourrait arriver. La conflagration, comme tant d'autres au Moyen-Orient, pourrait être déclenchée par une seule étincelle ».

Jusqu'à présent, l'Iran s'est maîtrisé malgré l'agression constante d'Israël, mais cela pourrait facilement changer. « Le résultat pourrait être une contre-attaque de l'Iran, utilisant des missiles de croisière qui pénétreraient les défenses aériennes d'Israël et percuteraient des cibles comme la Kiryah, l'équivalent du Pentagone à Tel Aviv. Israël riposterait massivement contre le siège du Hezbollah à Beyrouth ainsi que contre des dizaines de ses sites le long de la frontière libanaise. Et puis, après une journée d'échanges à grande échelle, la vraie guerre commencerait... »

Oren prédit que les roquettes " pleuvraient sur Israël " à un rythme pouvant atteindre 4.000 par jour. Le système du Dôme de fer (Iron Dome) serait submergé par les vastes attaques simultanées contre des cibles civiles et militaires dans tout le pays. Et comme si ce n'était pas assez dévastateur, Israël n'est pas du tout prêt à faire face à des missiles guidés avec précision qui peuvent frapper dans le mille des cibles dans tout le pays à plus de 1 000 kilomètres de distance.

L'aéroport international Ben Gourion serait fermé et le trafic aérien au-dessus d'Israël serait fermé. La même chose pourrait se produire dans les ports israéliens. Les Israéliens qui chercheraient refuge dans des pays lointains devraient nager pour se mettre à l'abri.

Dans ce scénario, les Palestiniens et les milices libanaises pourraient se joindre à la conflagration et attaquer les communautés juives frontalières sur le terrain tandis que des missiles à longue portée en provenance de Syrie, d'Irak, du Yémen et d'Iran atterriraient. L'économie d'Israël cesserait rapidement de fonctionner, les réseaux électriques seraient coupés et endommagés, les usines et les raffineries rejetteraient des produits chimiques toxiques dans l'air.

Dans le scénario de Shoah décrit par Oren, « Des millions d'Israéliens se blottiraient dans des abris anti-aériens. Des centaines de milliers de personnes seraient évacuées des zones frontalières à mesure que les terroristes tenteraient de s'infiltrer. Les restaurants et les hôtels se videraient, de même que les bureaux des entreprises de haute technologie du pays start-up. Les hôpitaux, dont beaucoup ont recours à des installations souterraines, seraient rapidement submergés, avant même que le ciel ne s'assombrisse sous les fumées toxiques des usines chimiques et des raffineries de pétrole en feu ».

Oren prédit que la réaction brutale d'Israël à l'attaque, y compris l'écrasement violent des manifestations probables en Cisjordanie et à Gaza, entraînerait des pertes civiles à grande échelle et des accusations de crimes de guerre.

Comme l'affirme Oren, il n'a pas inventé cette prédiction, c'est l'un des scénarios similaires anticipés par les responsables militaires et gouvernementaux israéliens.

Si de tels événements se produisent, les USA seront vitaux pour la survie de l'État juif en fournissant des munitions, un soutien diplomatique, politique et juridique, et après la guerre, en négociant des trêves, des retraits, des échanges de prisonniers et probablement des "accords de paix". Cependant, les USA sous l'administration Trump sont quelque peu imprévisibles, surtout à la lumière des procédures de destitution en cours contre Trump.

En 1973, les USA ont contribué à sauver Israël en fournissant à son armée les munitions nécessaires. Les USA le feront-ils à nouveau ? Les USAméricains ont-ils les armes nécessaires pour contrer la balistique, les missiles de précision et les drones de l'Iran ? Plus important encore, quel genre de soutien l'USAmérique pourrait-elle apporter pour remonter le moral des Israéliens humiliés et épuisés sortant des abris souterrains après quatre semaines sans électricité ni nourriture et voyant leurs villes complètement anéanties ?

Cela nous amène à l'essentiel. Le sionisme a juré d'émanciper les Juifs de leur destin en libérant les Juifs d'eux-mêmes. Il a juré de mettre fin à l'autodestruction des Juifs en créant un refuge sûr pour les Juifs. Comment se fait-il qu'à peine sept décennies après la fondation de l'État juif, le peuple qui a souffert tout au long de son histoire ait une fois de plus réussi à créer le potentiel de sa propre catastrophe ?

Dans Quel Juif errant ?, je donne une réponse possible : « Saisir la notion de temporalité, c'est accepter que le passé soit façonné et révisé à la lumière d'une recherche de sens. L'histoire et la pensée historique sont la capacité de repenser le passé et l'avenir ». Par conséquent, le révisionnisme est la véritable essence de la pensée historique. Il transforme le passé en un message moral, il transforme la morale en un acte éthique. Malheureusement, c'est exactement là que l'État juif fait cruellement défaut. Malgré la promesse sioniste d'introduire l'introspection, la moralité et la pensée universelle dans la culture hébraïque émergente, l'État juif n'a pas réussi à rompre avec le passé juif parce qu'il ne comprend pas vraiment la notion du "passé" comme une substance éthique élastique et dynamique.

Courtesy of  Tlaxcala
Source:  gilad.online
Publication date of original article: 06/11/2019

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