08/11/2019 lilianeheldkhawam.com  3 min #164087

Important: Le cri d'alarme d'un agent Edf. Jean-Marc Paloc

Le mix énergétique français, à base de nucléaire et d'hydraulique, positionne la France en pointe au niveau mondial dans la transition énergétique.
Pour les clients d'EDF, le montant des factures est même toujours 50% moins cher que chez nos voisins allemands. Electricité bas carbone et compétitive, dans un monde où les fossiles se raréfient : ça fait de sérieux atouts. De quoi prendre le leadership de la transition énergétique ?
Pourtant l'édifice est fragile.
Au moment de l'ouverture du marché à la concurrence, les concurrents d'EDF sont allés se plaindre de « l'entreprise préférée » des Français auprès de Bruxelles. « EDF est trop fort, grâce au nucléaire ses prix sont trop bas, sa qualité de fourniture est irréprochable, on n'arrive pas a lui prendre des clients ».
Le lobby, notamment allemand, a fonctionné. Comme nos voisins pèsent à Bruxelles, comme ils avaient intérêt à affaiblir EDF, ils ont obtenu le découpage d'EDF en deux parties : EDF commercialisateur, et ERDF distributeur, devenu ENEDIS. Une désoptimisation subie par EDF comme par ses clients, et synonyme pour le client de coûts supplémentaires et d'une complexité accrue. Sans surprise, et malgré toute la motivation des équipes d'EDF / d'ENEDIS, cette complexité a parfois entraîné retards, bugs et réclamations. Parallèlement, les concurrents d'EDF ont obtenu qu'EDF ait l'obligation de perdre des clients. Une obligation dogmatique, « la concurrence pour la concurrence » (au bénéfice de qui ?), et une perte de clients sans aucun rapport avec la qualité ou les tarifs.
Les tenants du libéralisme, et ce n'est pas le moindre paradoxe, ont aussi obtenu que les ENR (solaire, éolien) soit subventionnées et bénéficient d'une priorité d'accès au réseau.
Mais comme ça ne suffisait toujours pas, les concurrents d'EDF ont même obtenu qu'EDF soit obligé de céder 25% de sa production à prix coûtant à ses concurrents via le dispositif de l'AreNH. Un scandale sans équivalent. Au bénéfice de fortunes privées, constituées sur le dos du nucléaire et de l'hydraulique, donc du contribuable.
Avec des marges réduites d'autant, pas étonnant qu'EDF manque désormais de moyens pour réaliser ses chantiers de manière optimisée. Et si les difficultés de l'EPR étaient aussi un peu liées aux spoliations dont EDF fait l'objet ?
Rappelons enfin que les vendeurs de vent et de soleil prétendument compétitifs perçoivent toujours des millions de subvention. Et qu'ils comptent sur EDF quand il n'y a ni vent ni soleil.
Mais si on réduit la part du nucléaire... un jour sans vent ni soleil, il faudra bien se tourner vers d'autres moyens de production. Le charbon allemand ?
La transition énergétique a besoin de toutes les énergies bas carbone, et notamment du nucléaire. Le solaire et l'éolien sont intéressants, à chaque fois qu'ils remplacent une production fossile. Mais si on n'y prend garde, on risque d'obtenir le contraire de l'objectif affiché : forte augmentation des tarifs, blackout et augmentation du CO2.

Jean-Marc Paloc, Détaché syndical chez EDF

Source  Jean-Marc Jancovici·

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