27/11/2019 francais.rt.com  12 min #165143

Consensus ou trahison? Vidéos

Ecopla : les explications de François Ruffin sur son deal avec Emmanuel Macron

Répondant à des accusations de Juan Branco, le député de la Somme a raconté les dessous de son entente avec Emmanuel Macron en 2016. Se défendant de toute collusion, il assure avoir voulu jouer la «carte Macron» pour aider à la sauvegarde d'Ecopla.

Le message mis en ligne sur  Twitter par Juan Branco, le 26 novembre, a fait l'effet d'une bombe. Dans une vidéo de plus de 3 minutes 30 (dont une partie avait déjà été diffusée en 2016 par Radio Nova ), l'auteur de Crépuscule a exhumé une conversation datant du 12 septembre 2016 entre Emmanuel Macron, qui vient de démissionner de Bercy, et  François Ruffin, alors connu comme le patron du journal Fakir. L'échange, qui se déroule au QG de campagne du futur candidat à la présidentielle, porte à l'époque sur l'avenir de l'entreprise Ecopla, spécialisée dans la fabrication de barquettes en aluminium, alors menacée de fermeture.

«Moi je pense que si on réfléchit stratégie, il faut que vous soyez vivement interpellé, et publiquement, par les salariés d'Ecopla, ça fera un épisode. Et ensuite, que vous y répondiez en disant : "Moi je suis prêt à aller me déplacer sur place, ben ça fait un deuxième épisode"», explique celui qui sera élu quelques mois plus tard député de la Somme. «Ok. Ok []... Un : on échange sur le dossier. Deux : on vous tient au courant des avancées. Trois : vous, vous m'interpellez publiquement. Quatre : dans la foulée, on cale ensemble une date de déplacement. Le 5 octobre, ou courant fin septembre, et on voit comment on la communique ensemble», lui rétorque alors le futur président de la République.

Selon Juan Branco : «Entre les mains de ces deux politiciens, ils [les salariés d'Ecopla] vont se faire manipuler []... Avant de les abandonner. Cinq mois plus tard, les salariés d'Ecopla jettent l'éponge. Ils comprennent qu'ils ont été utilisés []... François Ruffin, qui a écumé les médias grâce à leur combat, est lui élu député.»

Jouer la «carte Macron» : Ruffin s'explique

Une analyse que ne partage pas le député de La France insoumise. «Nous avons squatté son QG de campagne à la Tour Montparnasse. S'en est suivie une discussion entre les salariés, Fakir et Macron pour sortir le combat des Ecopla de l'ornière. Dès le soir-même, à la surprise générale, de son staff, d'Emmanuel Macron lui-même, les salariés l'ont interpellé à la sortie d'un meeting, à Paris. Le but, pour nous, ici, n'était pas d'enfoncer Emmanuel Macron mais d'aider les salariés dans leur bataille», explique-t-il auprès du  Figaro, assurant ne pas vouloir se «cacher sur ce truc-là».

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«J'étais dans un combat pour sauver des salariés d'une boîte située au fin fond de l'Isère. J'avais une carte Macron à jouer, je l'ai jouée. Et j'ai d'ailleurs joué d'autres cartes avec d'autres candidats à la présidentielle au même moment», s'est-il encore justifié auprès du quotidien.

Mais Juan Branco ne s'arrête pas là. Il  accuse également les deux Amiénois, qui ont fréquenté la même école privée, La Providence, tenue par les jésuites, de s'être entendus sur leur rencontre, le 26 avril, durant l'entre-deux-tours de la présidentielle, à  l'usine Whirlpool d'Amiens.

Une affirmation contestée par l'entourage du chef de l'Etat, toujours auprès du Figaro, qui nie «catégoriquement toute mise en scène avec François Ruffin à Amiens». «Les nombreux témoins des différents face-à-face en attesteront», précise cette source, soulignant «l'attachement sincère du président auprès des ex-salariés». «Emmanuel Macron est venu les rencontrer dans le cadre de son déplacement à Amiens. Il n'a voulu ni éluder, ni éviter le sujet, ajoute l'entourage. Le climat était tendu mais les échanges ont pu avoir lieu et le président s'est engagé à revenir dans un an», certifie-t-elle.

De son côté, François Ruffin s'est fendu, le 26 novembre, d'un message sur Twitter, attaquant de manière non dissimulée, ces «donneurs de leçons» qui devraient, d'après lui, mener les «batailles sociales autrement que depuis des posts sur Facebook».

Que les donneurs de leçons mènent ces batailles sociales autrement que depuis des posts sur Facebook.

Une sortie immédiatement commentée par Juan Branco, toujours sur le réseau social : «Que les "leaders politiques" cessent de mentir et de mettre en scène des fausses oppositions.»

Que les "leaders politiques" cessent de mentir et de mettre en scène des fausses oppositions.

Que les donneurs de leçons mènent ces batailles sociales autrement que depuis des posts sur Facebook.

Lors  d'un nouveau déplacement du chef de l'Etat, le 22 novembre, à Amiens, le député de la Somme s'était emporté contre le locataire de l'Elysée qui prendrait les salariés de Whirlpool «pour des cons, une seconde fois». Il a par ailleurs demandé au président de reconnaître qu'il avait «merdé».

On peut dire que je suis un gros bourrin.
Je suis un gros bourrin, s'ils veulent.
Mais qu'on ne mette pas en cause ma sincérité. #Amiens #Whirlpool

En mai 2018, la société Nicholl Food Packaging, maison-mère d'Ecopla, avait été condamnée par le conseil des Prud'hommes de Grenoble à 1,2 millions d'euros de dommage-intérêts pour licenciements abusifs.

 Lire aussi : A Amiens, Emmanuel Macron sèchement reçu par d'anciens salariés de Whirlpool

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