01/12/2019 les-crises.fr  5 min #165317

Bilan des gaz à effet de serre en 2018 - Par Johan Lorck

Source :  Global Climat, Johan Lorck, 26-11-2019

L'Organisation météorologique mondiale (OMM) vient de publier en cette fin novembre son bulletin annuel des niveaux de CO2 et autres gaz à effet de serre au niveau mondial. Comme le montraient déjà les relevés publiés en temps réel par la NOAA, la concentration de CO2 dans l'atmosphère a atteint 407,8 ppm, un record.

Le quinzième bulletin d'information sur les gaz à effet de serre de  l'Organisation météorologique mondiale montre que la moyenne globale des principaux gaz à effet de serre a atteint des sommets en 2018 :

  • Dioxyde de carbone (CO2) : 407,8 ppm|
  • Méthane (CH4) : 1869 ppb|
  • Protoxyde d'azote (N2O) : 331,1 ppb|

Gaz à effet de serre en 2018. Source : OMM.

Cela représente 147% du niveau préindustriel (avant 1750) pour le CO2, 259% pour le méthane et 123% pour le N2O. La tendance depuis la révolution industrielle est assez nette, d'après les reconstructions publiées par le GIEC :

Source: GIEC (2007).

La concentration de CO2 a donc atteint 407,8 ppm en 2018, des chiffres quasi-identiques à ce qui a été publié par la NOAA. Le pic a eu lieu en mai 2019 avec une concentration de CO2 de 415 parties par million, soit 100 ppm de plus qu'en 1958. C'est évidemment un record. « Evidemment » car la hausse de la concentration est continue depuis le début des mesures instrumentales.

Concentration de CO2 et tendance. Source : OMM.

L'augmentation de CO2 de 2017 à 2018 est proche de celle observée de 2016 à 2017, et pratiquement égale à l'augmentation annuelle moyenne au cours de la dernière décennie. Le CO2 atmosphérique augmente principalement en raison des émissions provenant des combustibles fossiles et de la production de ciment (environ 36,6 ± 2 GtCO2 en 2018), de la déforestation et autres changements d'affectation des sols (5,5 GtCO2 par an en moyenne pour la période 2009-2018).

Du total des émissions provenant des activités humaines au cours de la période 2009-2018, environ 44% du CO2 s'est accumulé dans l'atmosphère, 22% dans l'océan et 29% sur terre, avec un reste non attribué de 5%. La proportion de CO2 qui reste dans l'atmosphère varie d'une année à l'autre en raison de la variabilité naturelle des puits de CO2 et du phénomène El Nino notamment.

Pour le CH4, l'augmentation de 2017 à 2018 est plus élevée que celle observée de 2016 à 2017 et que la moyenne de la dernière décennie. Le méthane contribue à hauteur de 17% au forçage radiatif des gaz à effet de serre à longue durée de vie (donc sans prendre en compte la vapeur d'eau). Environ 40% du méthane est émis dans l'atmosphère par des sources naturelles (les zones humides notamment) et environ 60% est d'origine anthropique (bovins, riziculture, exploitation des combustibles fossiles, décharges et combustion de biomasse). Globalement, le CH4 moyen calculé à partir des observations in situ en 2018 ont atteint un nouveau sommet à 1869 ppb en 2018, soit une augmentation de 10 ppb par rapport à l'année précédente.

Concentration de CH4 et tendance. Source : OMM.

Cette augmentation de CH4 est supérieure à l'augmentation de 7 ppb sur la période 2016-2017 et l'augmentation annuelle moyenne au cours de la dernière décennie. L'augmentation annuelle moyenne du CH4 est passée d'environ 12 ppb/an à la fin des années 1980, à pratiquement zéro en 1999-2006. Le CH4 atmosphérique augmente depuis 2007 pour atteindre 259% du niveau préindustriel (~ 722 ppb). Les mesures du CH4 indiquent que ces émissions de méthane plus élevées proviennent probablement de zones humides sous les tropiques et de sources anthropiques aux latitudes moyennes de l'hémisphère nord.

Pour le N2O, l'augmentation de 2017 à 2018 est également plus élevée que celle observée de 2016 à 2017 et que le taux de croissance moyen des 10 dernières années. Le protoxyde d'azote contribue pour environ 6% au forçage radiatif des gaz à effet de serre à longue durée de vie, ce qui en fait le troisième contributeur le plus important.

Concentration de N2O et tendance. Source : OMM.

Le N2O émis dans l'atmosphère vient de sources naturelles (environ 60%) et anthropiques (environ 40%). Globalement, la concentration moyenne de N2O en 2018 a atteint 331,1 ppb, soit 1,2 ppb de plus que l'année précédente. Les causes probables de l'augmentation de N2O dans l'atmosphère sont une utilisation plus large des engrais dans l'agriculture et une plus grande libération de N2O des sols due à un excès de dépôt d'azote atmosphérique lié à la pollution atmosphérique.

Au total, le forçage radiatif des gaz à effet de serre a augmenté de 43% de 1990 à 2018, le CO2 représentant environ 80% de cette augmentation.

Le forçage radiatif total des gaz à effet de serre en 2018 atteint 3,1 W m-2, ce qui correspond à 496 ppm équivalent CO2. Les aérosols contrecarrent cependant une bonne partie de ce forçage. Avec une grande marge d'incertitude, les évaluations oscillent autour de - 1 W m-2.

Source :  Global Climat, Johan Lorck, 26-11-2019

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