15/01/2020 les-crises.fr  5 min #167495

« Quelque peu troublants » : La Bri met en garde contre un cataclysme financier au moment où le total des emprunts à taux négatif atteint 17 000 milliards de dollars

Source :  ZeroHedge,

Quand la « banque centrale des banques centrales » sort son rapport trimestriel, le monde devrait y prêter attention.

Dimanche dernier, Claudio Borio, directeur du Département Politiques Économiques et Monétaires à la Banque des Règlements Internationaux (BRI), a annoncé  l'édition de septembre du rapport trimestriel de la BRI qui dévoile que le consentement grandissant aux taux d'intérêts négatifs a atteint des niveaux « quelque peu troublants ».

Cette déclaration intervient après que la Réserve fédérale et la Banque centrale européenne (BCE) ont abaissé leurs taux directeurs pour parer à un ralentissement mondial du secteur manufacturier. Borio a déclaré que l'efficacité de la politique monétaire se dégrade fortement et qu'elle pourrait ne plus suffire à contrecarrer le repli mondial, ce qui signifie que l'indice JPMorgan Global composite PMI [qui évalue la santé des secteurs industriel et financier, NdT] pourrait rester en-dessous de sa valeur de référence de 50 pendant une période prolongée.

« La marge de manœuvre de la politique monétaire s'est encore amenuisée. Si une récession intervenait, la politique monétaire ne suffirait pas ; elle devrait être accompagnée au minimum d'une fiscalité avisée dans les pays qui disposent encore d'une certaine marge de manœuvre. »

La BRI, la « banque centrale des banques centrales », a déclaré que les politiques monétaires accommodantes de la FED, de la BCE de la banque centrale chinoise avaient poussé les taux à la baisse dans le monde entier et ainsi contribué à faire passer dans le négatif le taux d'intérêt de plus de 17 000 milliards de titres échangeables.

De l'Allemagne au Japon, les emprunts d'État à 10 ans sont récemment passé sous la barre du taux zéro.

« Dans ce contexte, les rendements des obligations souveraines ont naturellement continué à baisser, parfois sous l'effet d'un ralentissement de l'activité économique et de risques accrus, parfois sous l'effet rassurant de mesures d'assouplissement quantitatif des banques centrales. Avant la légère remontée de ces derniers temps, le montant des obligations - émises par des États mais aussi par des entreprises - négociées à des taux négatifs avait battu un nouveau record en dépassant 17 000 milliards de dollars selon certaines estimations, soit environ 20% du PIB mondial. En fait, certains ménages, eux aussi, pourraient emprunter à des taux négatifs. Un nombre croissant d'investisseurs paient pour avoir le privilège de se départir de leur argent. Même au plus fort de la Grande Crise Financière (GCF) de 2007-09, cela aurait été impensable. C'est quelque peu troublant quand l'impensable devient la norme », prévient Borio.

Les banquiers centraux ont déjà avoué que la vague de récentes baisses de taux avait continué à faire fondre leur puissance de feu déjà limitée. Leur capacité à lutter efficacement contre une crise est plus faible que jamais.

Mario Draghi, le président de la BCE, a déclaré au début du mois : « Il est grand temps que les politiques fiscales prennent le relais », reconnaissant indirectement que la politique monétaire avait fait son temps.

« Pratiquement tout ce que vous voyez en Europe, la création rapide de plus de 11 millions d'emplois, la reprise, la croissance soutenue pendant plusieurs trimestres, a été produit en grande partie par notre politique monétaire. Il n'y avait pas grand-chose d'autre.... Il est grand temps que la politique fiscale prenne le relais. »

Draghi : Nous sommes très préoccupés par les régimes de retraite par capitalisation et autres prestations apparentées. [Dans les retraites par capitalisation, le montant de la pension, donc le revenu des retraités, dépend directement du rendement des produits financiers, NdT]. Les taux négatifs sont des instruments nécessaires de la politique monétaire. Cela a été très bénéfique. Comment transformer l'essai pour permettre aux taux d'intérêt de remonter ? La réponse est par une politique fiscale.

- European Central Bank (ecb) September 12, 2019

Borio a indiqué que les marchés mondiaux s'étaient inquiétés cet été devant l'inversion des taux des obligations d'États aux États-Unis et dans d'autres grands pays.

Il a aussi prévenu que le marché de la dette des entreprises, en particulier du fait de déséquilibres majeurs nés de prêts à effet de levier connus sous le nom de titres de créance adossés à des prêts aux entreprises [Collateralized Loan Obligations, NdT], « est un point de faiblesse évident » du système financier mondial.

Peut-être que le marché de l'or « craint » également le même statu quo « impensable » contre lequel Borio met en garde, alors qu'il monte au moment où les taux sont négatifs...

Source :  ZeroHedge, Tyler Durden, 22-09-2019

Traduit par les lecteurs du site  les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

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