22/01/2020 les-crises.fr  4 min #167833

La peur d'une guerre majeure au Moyen-Orient - Par Joe Lauria

Source :  Consortium News, Joe Lauria, 02-01-2020

Les craintes d'une guerre majeure au Moyen-Orient ont explosé jeudi soir avec l'assassinat par les États-Unis du deuxième homme sans doute le plus puissant d'Iran.

L'assassinat par les États-Unis du commandant du Corps des gardiens de la révolution iraniens, le général Qassim Soleimani, à l'aéroport de Bagdad, jeudi soir, a accru les craintes qu'une guerre de grande ampleur entre l'Iran et les États-Unis n'éclate au Moyen-Orient.

Le Pentagone a confirmé l'attaque et a déclaré que le président Donald Trump l'avait dirigée. Trump a, de manière inquiétante, ajouté au malaise extrême avec l'Iran avec un tweet après l'attaque aérienne de drones américains sur la voiture de Suleimani.

Le Pentagone a déclaré : « Le général Soleimani élaborait activement des plans pour attaquer des diplomates et des militaires américains en Irak et dans toute la région. Le général Soleimani et sa Force Al-Qods ont été responsables de la mort de centaines de membres des services américains et de la coalition et de milliers de blessés. »

Soleimani était à la tête de la Force Al-Qods depuis 23 ans. L'allégation du Pentagone est qu'il a dirigé des attaques contre l'armée américaine pendant l'occupation illégale de l'Irak par les États-Unis après l'invasion de 2003. Soleimani était l'un des hommes les plus impliqués dans la défaite de l'EI en Irak et en Syrie.

L'escalade soudaine de la tension imprévue provoquée par cet assassinat est survenue quelques jours seulement après que les États-Unis ont frappé une milice faisant partie de l'armée irakienne et soutenue par l'Iran, tuant plus de 20 personnes la semaine dernière en Irak. Les États-Unis ont dit qu'ils se vengeaient d'une attaque à la roquette que le groupe aurait menée plus tôt à Kirkouk [Irak, NdT] et pendant laquelle un sous-traitant du gouvernement américain a trouvé la mort.

En réponse, des manifestants ont franchi les portes de l'ambassade des États-Unis à Bagdad, ont incendié un bâtiment et sont restés à l'intérieur pendant près de deux jours avant qu'un renfort de marines américains ne les fasse sortir du territoire de l'ambassade au moyen de gaz lacrymogènes. Bien que cela ait accru les tensions avec l'Iran et l'Irak, qui ont tout deux condamné l'attaque aérienne des États-Unis contre la milice, le meurtre de Soleimani fait entrer la crise sur un nouveau terrain très risqué.

Avec la mort de Soleimani tué par les États-Unis, il est extrêmement difficile de voir comment cela ne va pas dégénérer en une guerre à grande échelle. Il est très difficile de voir l'Iran ne pas riposter, directement ou indirectement, que ce soit maintenant ou plus tard.

[Cela va enflammer la région]...

Parlant avec une personne très bien informée de ce que pourrait être la réponse de l'Iran à l'assassinat de Soleimani, j'ai soutenu que ce serait la même chose que si l'Iran assassinait Petreus ou Mattis.

[Non, a-t-il rétorqué, c'est beaucoup plus grave que ça]...

Destitution et mise en accusation

L'assassinat survient après la mise en accusation de Trump et du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou l'année dernière. Tous deux sont confrontés à de difficiles campagnes de réélection en 2020 et ont longtemps dépeint l'Iran comme le plus grand ennemi d'Israël et des États-Unis.

Alors que Trump a résisté l'année dernière aux néoconservateurs de son administration, en particulier le conseiller à la sécurité nationale de l'époque, John Bolton, en s'opposant au déclenchement d'une guerre avec l'Iran (« avec seulement un délai de dix minutes »), l'analyse de Trump semble avoir changé avec l'ordre d'assassiner Soleimani.

Bien qu'il ait écarté le faucon anti-iranien Bolton, le secrétaire d'État Mike Pompeo et Netanyahou ont toujours son attention en ce qui concerne l'Iran. Ce qui a changé sur le plan politique, c'est sa mise en accusation et son procès imminent au Sénat avant l'élection présidentielle de novembre. Trump comprend parfaitement la valeur que prend un conflit militaire pour protéger un homme politique en difficulté.

Comme l'a fait Bill Clinton :

Joe Lauria est rédacteur en chef de Consortium News et ancien correspondant du Wall Street Journal, du Boston Globe, du Sunday Times de Londres et de nombreux autres journaux. On peut le joindre à joelauriaconsortiumnews.com et le suivre sur Twitter

Source :  Consortium News, Joe Lauria, 02-01-2020

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