23/01/2020 reporterre.net  3 min #167899

Le gouvernement accélère la privatisation de l'Office national des forêts

« Main basse sur nos forêts », dans la collection Reporterre

Les forêts deviennent une industrie ! Parée du discours trompeur de l'énergie verte et des vertus de la biomasse, une entreprise massive et silencieuse de transformation de la sylve en matière se déploie en France. Nous pensons la forêt comme le refuge de la liberté, nous la parcourons pour respirer le parfum de la nature, nous nous y réfugions des trépidations urbaines. Mais les abatteuses, les voies forestières démesurées, les centrales à biomasse sont en train de l'avaler, de la quadriller, de la standardiser.

Cette dramatique industrialisation de la forêt, on ne l'avait pas encore racontée. Pendant des mois, des Landes au Morvan, de l'Auvergne aux Vosges, Gaspard d'Allens a couru les bois pour décrire et raconter le désastre en cours. Car la forêt subit maintenant la logique productiviste qui a ravagé l'agriculture, détruisant les emplois, dispersant les produits chimiques, gaspillant l'énergie, réduisant la biodiversité.

Mais il est encore possible d'inverser le cours de la destruction. Des bûcherons réinventent leur métier, des forestiers promeuvent un usage doux de la forêt, des Zad luttent contre les machines. L'espoir est là, l'alternative est vivante, les humains et les arbres peuvent se réconcilier.

  • Né en 1990, Gaspard d'Allens est journaliste engagé, auteur de plusieurs enquêtes au long cours sur le monde agricole et l'écologie. Ses deux précédents livres, Les Néo-Paysans (coécrit avec Lucile Leclair, 2016) et Bure, la bataille du nucléaire (avec Andrea Fuori, 2017) ont tous deux été publiés dans la collection « Reporterre ».

  • Main basse sur nos forêts, de Gaspard d'Allens,  éditions du Seuil, avril 2019, 176 p., 12 €.

LES AVIS DE :

Le Canard Enchaîné :

Lu par « Le Canard enchaîné »

 Paris Match :

« Main Basse sur nos forêts fait dans l'ultra-précis, le local, le fouillé. Le journaliste Gaspard d'Allens a sillonné l'hexagone, des futaies du Jura aux pinèdes des Landes et des chênaies du Morvan aux bosquets pyrénéens, pour enquêter sur l'état des forêts françaises. Un constat s'impose : elles ne vont pas très bien. Car derrière le triomphalisme de façade lié au nombre d'hectares de territoire couvert - en hausse - se cache le désarroi d'une forêt en passe de basculer dans la monoculture industrielle. Deux grands fléaux se dessinent. D'abord celui d'une plantation massive de pins, mélèzes et autres conifères à rendements rapides mais aux effets écologiques bien moindres que les 136 diverses espèces endémiques du pays. Avec l'inquiétante perspective de sols appauvris, érodés, et de plus en plus souvent imprégnés d'intrants chimiques à mesure que la forêt industrielle se voit exploitée avec les méthodes de l'agriculture intensive. Ensuite, paradoxalement, celui d'une "tiers-mondisation" de la France dont les hêtres et les chênes séculaires sont bradés par l'ONF (Office national des forêts), devenu subitement obsédé de rendement financier. Coupés massivement, comme de vulgaires matières premières, ces grands arbres partent en Chine, d'où ils reviennent transformés à haut prix, mais avec un bilan carbone déplorable. Ironique retour de manivelle de la mondialisation, c'est donc la France qui voit ses plus belles ressources naturelles pillées au profit d'une industrie étrangère, de la même manière qu'elle le pratiqua longtemps avec ses colonies... Là encore, on aimerait lire quelques solutions ou quelques pistes d'espoir plutôt qu'un simple empilement de constats. Mais peut-être l'urgence est-elle encore de prendre la mesure du problème pour être, un jour prochain, enfin en mesure d'agir. S'il est encore temps. »

Première mise en ligne le 15 avril 2019.

 reporterre.net

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