21/02/2020 francais.rt.com  4 min #169318

«Un coup contre la démocratie» : la candidature d'Evo Morales au Sénat invalidée par la justice

L'ex-président bolivien Evo Morales, exilé en Argentine, ne remplirait plus l'obligation de «résidence permanente» dans le pays. Il ne pourra pas se présenter à l'élection générale du 3 mai. Son parti, le MAS, est toutefois en tête dans les sondages.

L'ancien président bolivien,  Evo Morales, s'est vu interdire de se présenter au Sénat par l'instance électorale suprême de son pays, une décision qui compromet son retour en politique après sa démission en novembre. Le Tribunal suprême électoral (TSE) de Bolivie a en effet invalidé le 20 février sa candidature car l'ancien président, exilé en Argentine, ne remplirait pas l'obligation de «résidence permanente» dans le pays.

Premier président indigène de Bolivie,  Evo Morales avait démissionné le 10 novembre sous la pression de  manifestations violentes de l'opposition - qui contestait sa réélection au premier tour pour un quatrième mandat - et après avoir été lâché par l'armée. Il avait alors quitté la Bolivie pour le Mexique avant de se réfugier en Argentine.

«L'objectif final est l'élimination du MAS»

La décision du tribunal «est un coup contre la démocratie. Les membres [de ce tribunal] savent que je remplis les conditions pour être candidat. L'objectif final est l'élimination du MAS», a réagi Evo Morales sur Twitter en évoquant son parti, le  Mouvement vers le socialisme (MAS).

En revanche, son principal rival, l'ancien président Carlos Mesa (centre) a salué la décision du tribunal qui a, selon lui, «correctement appliqué la loi et la Constitution». Evo Morales «doit comprendre qu'il ne peut plus utiliser la loi selon ses intérêts», a-t-il ajouté.

Le parti du président déchu, le MAS, sera toutefois bien représenté à l'élection présidentielle. La candidature de l'ancien ministre de l'Economie, Luis Arce, a été validée par le Tribunal suprême électoral, a indiqué le 20 février son président Salvador Romero devant la presse.

Il avait été officiellement proclamé candidat du MAS le 9 février. Cet économiste proche d'Evo Morales a été son ministre de l'Economie pendant sa présidence de 2006 à 2019.

Vers une victoire du MAS ?

Selon les derniers sondages, Luis Arce est largement en tête des intentions de vote, avec 31,6%, devant l'ancien chef de l'Etat centriste Carlos Mesa (17,1%) et la présidente par intérim conservatrice Jeanine Añez (16,5%). Le tribunal a également invalidé la candidature de l'ancien ministre des Affaires étrangères d'Evo Morales, Diego Pary, qui souhaitait se présenter dans la circonscription de Potosi (sud). Evo Morales, 60 ans,  poursuivi dans son pays pour «sédition et terrorisme», ne pouvait pas déjà se représenter à la présidentielle.

 La présidente par intérim avait en effet promulgué le 24 novembre une loi convoquant de nouvelles élections présidentielles et législatives, qui interdit à toute personne ayant exercé deux mandats électifs de suite de se présenter à un troisième. Ce qui a fermé la porte à une nouvelle candidature d'Evo Morales, 60 ans, qui a déjà exercé trois mandats.

L'ancien chef d'Etat avait alors décidé de briguer un poste de sénateur dans la région de Cochabamba (centre) où il a commencé sa carrière politique. Evo Morales s'était proclamé vainqueur du scrutin du 20 octobre pour un quatrième mandat, mais l'opposition avait crié à la fraude. Après plusieurs semaines de manifestations et son lâchage par la police et par l'armée, il avait annoncé sa démission et les élections ont été annulées.

Les élections générales du 3 mai visent à élire le président, le vice-président ainsi que 36 sénateurs et 120 députés. En cas de second tour, le scrutin aura lieu le 14 juin.

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