05/03/2020 latribune.fr  3 min #169942

Le coronavirus achève Flybe : la compagnie aérienne britannique s'arrête brutalement

La compagnie aérienne régionale britannique Flybe a annoncé tôt ce jeudi avoir cessé ses activités "avec effet immédiat". Le début d'une longue série probablement.

C'est probablement le début d'une longue série. Avec la crise du coronavirus, les plus fragiles vont tomber. A court de liquidités, le transporteur britannique Flybe a annoncé ce jeudi matin qu'il cessait ses activités "avec effet immédiat". Il s'agit de la troisième faillite en peu de temps outre-Manche après les disparitions de Monarch en 2017 et de Thomas Cook Airlines en septembre 2019.

Une compagnie mal en point depuis longtemps

Mal en point depuis longtemps, sauvée une première fois il y a plus d'un an par le consortium Connect Airways détenu par Virgin Atlantic et les fonds Stobart et Cyrus, puis à nouveau en janvier dernier grâce à un coup de pouce fiscal du gouvernement de Boris Johnson, la compagnie britannique régionale a cette fois succombé dès les premiers effets de la crise sanitaire sur le trafic aérien.

Après l'annonce d'un coup de pouce fiscal en janvier, lequel s'apparentait à un report du versement d'impôt, Flybe avait reçu la promesse d'une baisse des taxes sur les billets d'avion lors du budget qui sera publié le 11 mars. Celle-ci devait dégager une centaine de millions de livres par an à la compagnie. Insuffisant pour Flybe, qui avait besoin d'argent frais immédiatement. Selon la presse britannique, la direction a demandé au gouvernement un prêt de 100 millions de livres qui lui a été refusé. Un nouveau sauvetage était surveillé de près par Ryanair et le groupe IAG, maison-mère de British Airways. Mardi, Willie Walsh, le directeur général de IAG, avait déclaré que la crise du coronavirus "ne devait pas être une excuse pour demander et obtenir des aides d'Etat".

Le syndicat Unite tire à boulets rouges sur le refus du gouvernement, en lui reprochant de ne pas avoir "tiré les leçons" de la faillite retentissante du voyagiste Thomas Cook et de Monarch.

"L'économie britannique dépend fortement d'une compagnie aérienne régionale viable", a souligné l'organisation syndicale. Le fait pour le gouvernement de ne rien faire, "tout particulièrement alors que nous sommes confrontés aux incertitudes du virus Covid-19 et aux changements apportés par le Brexit", est "irresponsable", a-t-il jugé.

Une compagnie cruciale pour de nombreuses régions britanniques

Si elle restait modeste avec ses 2000 salariés et ses huit millions de passagers transportés chaque année, Flybe était une compagnie très importante au Royaume-Uni. Elle reliait de nombreuses villes régionales britanniques entre elles et vers une cinquantaine de villes européennes, notamment françaises (la France est le deuxième marché de la compagnie). Flybe est donc capitale pour beaucoup de régions britanniques. Dans un communiqué, le gouvernement a dit se tenir "à disposition" pour aider les passagers affectés.

"La vaste majorité des liaisons assurées par Flybe sont desservies par d'autres moyens de transport, et nous avons demandé aux opérateurs de bus et de train d'accepter les billets Flybe et aux autres compagnies aériennes de proposer des tarifs réduits pour permettre aux passagers de voyager le plus harmonieusement possible", a indiqué un porte-parole, en ajoutant que l'exécutif étudiait aussi la possibilité de rétablir des dessertes qui ne sont pas déjà assurées par d'autres compagnies aériennes.

Le début d'une longue série

Cette faillite risque, hélas, de ne pas être la dernière. La chute des réservations grippe les rentrées de cash et les compagnies aériennes les plus fragiles auront du mal à continuer leur activité. La période est en effet cruciale. Après la période hivernale, les compagnies aériennes comptent, en temps normal, sur l'arrivée des beaux jours pour enregistrer les réservations pour l'été et regonfler leur trésorerie. Si cette période correspond à des cash flow négatifs, la situation devient très vite intenable pour les petites compagnies.

 latribune.fr

 Commenter