16/07/2020 francais.rt.com  4 min #176872

L'Arabie saoudite lance son média francophone, l'ambassade de France applaudit

Soucieuse de redorer sa réputation internationale après l'affaire Khashoggi, l'Arabie saoudite lance son média en français, Arab News. Fait notable, l'ambassadeur de France a inauguré son lancement, saluant un symbole d'«amitié» entre les deux pays.

Jour de fête nationale commémorant la fin de la monarchie absolue en France, ce 14 juillet, le royaume saoudien a officiellement lancé  un site d'informations en français, pendant numérique et francophone du quotidien anglophone Arab News. Insistant lui-même sur la symbolique de cette date, l'ambassadeur de France à Riyad s'est fendu d'une vidéo dans laquelle il inaugure le lancement du média, se félicitant de cette initiative. Un accueil particulièrement chaleureux dont n'ont  pas eu la chance de bénéficier tous les derniers venus dans le paysage médiatique francophone...

Un accueil très diplomatique

Appartenant à un groupe proche de la famille royale saoudienne, ce média se veut la vitrine de l'Arabie incarnée par le prince héritier, l'imprévisible  Mohammed Ben Salman, dit «MBS», engagé dans une tentative de refonte de l'image du royaume wahhabite ultraconservateur.

Arab news, qui dispose également de plateaux de télévision, a consacré une émission au lancement de sa déclinaison francophone. Le générique de cette  vidéo où l'on peut voir l'illustration de nombreux monuments symboles de la France, est accompagnée d'un remix de la mélodie de La Foule d'Edith Piaf, ornée de percussions arabes. «La mission que se fixe Arab News est de promouvoir l'harmonie et les ressemblances [entre la culture française et la culture arabe]», explique le présentateur dans un français parfait. Puis, un peu plus loin, c'est au tour de l'ambassadeur de France en Arabie saoudite de se réjouir de l'initiative : «J'ai le grand plaisir d'inaugurer l'édition numérique d'Arab news en français», déclare François Gouyette. «Je vois dans cette initiative la possibilité pour nos deux pays de mieux se comprendre, de mieux s'apprécier, à l'heure où se multiplient dans le monde les appels au repli sur soi», ajoute l'ambassadeur. Vantant la «qualité rédactionnelle [du média], son sérieux et sa rigueur», François Gouyette salue encore un «symbole durable de l'amitié entre la France et l'Arabie saoudite», deux pays dont le  partenariat économique est connu de longue date.

#WATCH: @ArabNewsfr officially launched on #France’s #BastilleDay by François Gouyette, @FranceinKSA ambassador to #SaudiArabia - he calls it “a bridge between our respective cultures” #ArabNewsFR

Redorer le blason saoudien après l'affaire Khashoggi ?

Mais le lancement de ce média pourra-t-il faire oublier à la France  l'affaire Jamal Khashoggi ? En octobre 2018, ce journaliste saoudien devenu critique après avoir été proche du pouvoir, avait été tué et découpé en morceaux par des agents saoudiens à l'ambassade du royaume wahhabite à Istanbul. S'il a démenti en être le commanditaire,  Mohamed Ben Salman a assumé l'entière responsabilité du meurtre, en sa qualité de dirigeant. L'héritier de la dynastie saoudienne reconnaissait ainsi l'aspect barbare de ce meurtre, tout en poursuivant : «J'assume toute la responsabilité [du crime], en tant que dirigeant saoudien, en particulier parce que [le meurtre] a été commis par des individus travaillant pour le gouvernement saoudien.»
Ironie du sort, Jamal Khashoggi, qui au moment de sa mort écrivait entre autre pour le Washington Post, a été un temps rédacteur en chef adjoint d'Arab News, notamment au moment des attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis.

Le site Arab News en français s'appuie sur une équipe de 40 personnes, mêlant journalistes, éditeurs et traducteurs. La figure de proue de la rédaction est la journaliste libanaise Randa Takieddine, que l'ambassadeur de France définit comme son «amie». Selon  Le Monde, Arab News en français publiera aussi bien du contenu original que des traductions d'articlesinitialement sortis dans le quotidien en anglais et des dépêches d'agence de presse. Le média pourra aussi compter sur son réseau de correspondants dans des pays francophones, comme le Maroc, la Tunisie et le Liban, la Belgique et le Canada.

Reste à savoir s'il suscitera autant de craintes et d'émoi au sein de la communauté journalistique française que le lancement d'un autre nouveau venu dans le paysage médiatique, quelques années plus tôt.

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