09/10/2020 la-chronique-agora.com  12 min #180198

Les Gafa sont-ils dangereux pour vous ? (1/2)

Les Gafa sont-ils dangereux pour vous ? (2/2)

rédigé par  Jim Rickards

Les inquiétudes se multiplient autour de géants tels que Facebook ou Google, notamment concernant la vie privée et l'utilisation des données. Le gouvernement américain met en place une contre-stratégie.

Nous avons vu  hier que Facebook, Google & co. sont dans le collimateur du gouvernement américain - notamment pour des raisons de sécurité intérieure.

Un autre projet soulève des inquiétudes : le fait que Facebook a annoncé son intention de créer une cryptomonnaie appelée « libra », et d'agir comme dépositaire et gestionnaire de paiement de cette nouvelle monnaie via des entités affiliées. Il n'est pas exagéré d'imaginer Facebook comme un Etat souverain et le libra comme la monnaie qu'il aurait choisie. Les affiliés qui gèreront le libra s'apparenteraient à une banque centrale.

Le libra n'a pratiquement aucune chance d'être mis en service. Les corps législatifs, les médias et même les banques centrales ont déjà exprimé leur opposition.

D'une part, il opèrerait comme un gigantesque fonds monétaire qui prendrait les dépôts des utilisateurs de Facebook (et ne verserait aucun intérêt) pour les investir dans des comptes à terme, bons du Trésor et autre équivalents de liquidités (en conservant les intérêts produits par ces actifs).

Le libra est une banque, en réalité, mais sans l'agrément qui va avec. Une fois que l'on forcera Facebook à obtenir l'agrément nécessaire à l'exercice de cette activité, la société abandonnera le projet en raison des lourdeurs réglementaires qui accompagnent cet agrément.

Cependant, l'arrogance à l'origine du projet a laissé un goût amer. Facebook ne semble pas se rendre compte que la « confiance du gouvernement » est un atout immensément précieux qu'il faut cultiver, si une grande entreprise veut survivre.

D'autres menaces à surveiller

Les lois antitrust ne sont qu'une menace parmi tant d'autres guettant la pérennité d'une suprématie de Google, Amazon et Facebook.

D'autres menaces surgissent, émanant de réglementations fiscales, bancaires et liées au respect de la vie privée. La plupart de ces menaces ont un point commun : les inquiétudes liées à la vie privée de l'utilisateur, l'usage abusif des données-clients et la collaboration avec la Chine, qui menace la sécurité nationale.

Si les réglementations bancaires peuvent être utilisées pour attaquer des programmes spécifiques proposés par les géants des technologies, les lois antitrust disposent du champ le plus large, et sont les plus efficaces, en vue de réellement fragmenter ces géants en unités concurrentes et maîtrisables.

Une fois que ce démantèlement sera réalisé, il sera plus simple, pour le gouvernement américain, de réglementer les composantes dans l'intérêt des clients.

La nouvelle ère de la loi antitrust

Les implications de cette nouvelle ère de la loi antitrust - où l'on prend aussi bien en compte les coûts dissimulés que les coûts explicites - commencent tout juste à être ressenties, et vont en s'accélérant.

Le 23 juillet, le département de la Justice a annoncé qu'il allait ouvrir une enquête antitrust sur la façon dont les géant d'internet ont accumulé du pouvoir sur leurs marchés respectifs, et si ce pouvoir a restreint ou éliminé la concurrence.

Makan Delrahim, directeur de la division antitrust du département de la Justice, a publié la déclaration suivante :

« Sans la discipline d'une concurrence significative fondée sur le marché, les plateformes numériques pourraient agir de façons qui ne répondent pas aux demandes des consommateurs... L'enquête antitrust menée par le département examinera ces questions importantes. »

Aucune société spécifique n'a été citée dans le cadre de l'enquête, mais le département de la Justice a déclaré qu'il allait enquêter dans des domaines tels que les moteurs de recherche, les réseaux sociaux et les services de vente au détail. Cela ne peut que signifier que Google, Facebook et Amazon sont dans le viseur du gouvernement.

Sous quelques mois, on devrait assister à l'annonce d'une enquête antitrust visant Amazon pour pratiques anticoncurrentielles à l'encontre de petits prestataires, et Facebook et Google pour usage abusif des données personnelles.

Quelles mesures pour une meilleure protection du consommateur ?

Les solutions pourraient inclure le démantèlement de ces sociétés afin que des entités telles que YouTube, Instagram et Amazon Web Services (AWS) soient contraintes de sortir du giron de leurs gigantesques maisons mères. Ce serait conçu de telle sorte que les entités objet des scissions aient leurs propres plateformes à partir desquelles elles pourraient concurrencer leurs ex-maisons mères ou créer de nouveaux produits innovants qui n'abuseraient pas de leurs clients comme le faisaient les anciens produits.

Une solution plus radicale consisterait à rédiger une loi conférant aux consommateurs des droits de propriété sur leurs données personnelles, actuellement prélevées et utilisées de façon abusive par les géants des technologies.

Ces droits pourraient revêtir plusieurs formes. Au minimum, les consommateurs devraient autoriser de manière explicite les géants des technologies à utiliser leurs données personnelles. Il pourrait s'agir d'informations claires et d'autorisations au cas-par-cas, au lieu du type d'accord illimité que l'on donne actuellement en cochant une case. Les consommateurs pourraient également être autorisés à facturer des frais pour l'utilisation de ces données personnelles, ou à en bloquer totalement l'utilisation.

Un tribunal, ou le Congrès américain, pourrait également bloquer les transferts de données-clients effectués par Facebook, Google et Amazon vers des gouvernements étrangers, ou vers des entités contrôlées par des Etats, en invoquant la sécurité nationale.

A l'ère de nouvelles théories juridiques, il ne serait pas surprenant que les solutions imposées par l'application de l'antitrust, ou une loi du Congrès, soient également nouvelles. C'est cohérent avec l'histoire du droit commercial, dans la mesure où il évolue avec le commerce lui-même.

A court terme, ces actions en justice visant les géants des technologies ayant un comportement abusif pourraient pénaliser les cours des actions, dans la mesure où les bénéfices souffriraient de l'incertitude générée et de nouveaux coûts, que soit les frais d'autorisation facturés par les consommateurs ou la perte de revenus émanant de gouvernements étrangers.

A plus long terme, ces démantèlements et scénarios réglementaires pourraient être favorables aux actionnaires, en fait. C'est simple, le gouvernement ne peut prendre les actions des entreprises technologiques sans offrir une compensation. Si un démantèlement est ordonné, le détenteur d'une action Google pourrait se retrouver avec différentes actions Google, YouTube, DoubleClick et Waymo, entre autres. La valeur globale de ces actions pourrait dépasser celle des seules actions Google.

La meilleure stratégie d'investissement tout au long de ces enquêtes antitrust

Tout cela oriente les investisseurs vers une puissante stratégie. A court terme, vous pouvez éviter d'essuyer des pertes en gardant vos distances avec Google, Amazon et Facebook. Les actions du gouvernement à l'encontre de ces trois entreprises devraient être perturbantes pour leurs activités et leur infliger des coûts.

Une fois que les choses se seront apaisées et que le dénouement sera plus clair, il sera possible d'acheter des actions relativement bon marché, avant que le jugement final ne soit rendu. A ce stade, les investisseurs pourraient récupérer gratuitement des actions de solides entreprises dont les géants auront été contraints de se séparer.

Cette approche « à court puis long terme » est la meilleure façon de miser sur la répression gouvernementale dont l'incontrôlable cartel des technologies va faire l'objet.

Les inquiétudes se multiplient autour de géants tels que Facebook ou Google, notamment concernant la vie privée et l'utilisation des données. Le gouvernement américain met en place une contre-stratégie.

Nous avons vu  hier que Facebook, Google & co. sont dans le collimateur du gouvernement américain - notamment pour des raisons de sécurité intérieure.

Un autre projet soulève des inquiétudes : le fait que Facebook a annoncé son intention de créer une cryptomonnaie appelée « libra », et d'agir comme dépositaire et gestionnaire de paiement de cette nouvelle monnaie via des entités affiliées. Il n'est pas exagéré d'imaginer Facebook comme un Etat souverain et le libra comme la monnaie qu'il aurait choisie. Les affiliés qui gèreront le libra s'apparenteraient à une banque centrale.

Le libra n'a pratiquement aucune chance d'être mis en service. Les corps législatifs, les médias et même les banques centrales ont déjà exprimé leur opposition.

D'une part, il opèrerait comme un gigantesque fonds monétaire qui prendrait les dépôts des utilisateurs de Facebook (et ne verserait aucun intérêt) pour les investir dans des comptes à terme, bons du Trésor et autre équivalents de liquidités (en conservant les intérêts produits par ces actifs).

Le libra est une banque, en réalité, mais sans l'agrément qui va avec. Une fois que l'on forcera Facebook à obtenir l'agrément nécessaire à l'exercice de cette activité, la société abandonnera le projet en raison des lourdeurs réglementaires qui accompagnent cet agrément.

Cependant, l'arrogance à l'origine du projet a laissé un goût amer. Facebook ne semble pas se rendre compte que la « confiance du gouvernement » est un atout immensément précieux qu'il faut cultiver, si une grande entreprise veut survivre.

D'autres menaces à surveiller

Les lois antitrust ne sont qu'une menace parmi tant d'autres guettant la pérennité d'une suprématie de Google, Amazon et Facebook.

D'autres menaces surgissent, émanant de réglementations fiscales, bancaires et liées au respect de la vie privée. La plupart de ces menaces ont un point commun : les inquiétudes liées à la vie privée de l'utilisateur, l'usage abusif des données-clients et la collaboration avec la Chine, qui menace la sécurité nationale.

Si les réglementations bancaires peuvent être utilisées pour attaquer des programmes spécifiques proposés par les géants des technologies, les lois antitrust disposent du champ le plus large, et sont les plus efficaces, en vue de réellement fragmenter ces géants en unités concurrentes et maîtrisables.

Une fois que ce démantèlement sera réalisé, il sera plus simple, pour le gouvernement américain, de réglementer les composantes dans l'intérêt des clients.

La nouvelle ère de la loi antitrust

Les implications de cette nouvelle ère de la loi antitrust - où l'on prend aussi bien en compte les coûts dissimulés que les coûts explicites - commencent tout juste à être ressenties, et vont en s'accélérant.

Le 23 juillet, le département de la Justice a annoncé qu'il allait ouvrir une enquête antitrust sur la façon dont les géant d'internet ont accumulé du pouvoir sur leurs marchés respectifs, et si ce pouvoir a restreint ou éliminé la concurrence.

Makan Delrahim, directeur de la division antitrust du département de la Justice, a publié la déclaration suivante :

« Sans la discipline d'une concurrence significative fondée sur le marché, les plateformes numériques pourraient agir de façons qui ne répondent pas aux demandes des consommateurs... L'enquête antitrust menée par le département examinera ces questions importantes. »

Aucune société spécifique n'a été citée dans le cadre de l'enquête, mais le département de la Justice a déclaré qu'il allait enquêter dans des domaines tels que les moteurs de recherche, les réseaux sociaux et les services de vente au détail. Cela ne peut que signifier que Google, Facebook et Amazon sont dans le viseur du gouvernement.

Sous quelques mois, on devrait assister à l'annonce d'une enquête antitrust visant Amazon pour pratiques anticoncurrentielles à l'encontre de petits prestataires, et Facebook et Google pour usage abusif des données personnelles.

Quelles mesures pour une meilleure protection du consommateur ?

Les solutions pourraient inclure le démantèlement de ces sociétés afin que des entités telles que YouTube, Instagram et Amazon Web Services (AWS) soient contraintes de sortir du giron de leurs gigantesques maisons mères. Ce serait conçu de telle sorte que les entités objet des scissions aient leurs propres plateformes à partir desquelles elles pourraient concurrencer leurs ex-maisons mères ou créer de nouveaux produits innovants qui n'abuseraient pas de leurs clients comme le faisaient les anciens produits.

Une solution plus radicale consisterait à rédiger une loi conférant aux consommateurs des droits de propriété sur leurs données personnelles, actuellement prélevées et utilisées de façon abusive par les géants des technologies.

Ces droits pourraient revêtir plusieurs formes. Au minimum, les consommateurs devraient autoriser de manière explicite les géants des technologies à utiliser leurs données personnelles. Il pourrait s'agir d'informations claires et d'autorisations au cas-par-cas, au lieu du type d'accord illimité que l'on donne actuellement en cochant une case. Les consommateurs pourraient également être autorisés à facturer des frais pour l'utilisation de ces données personnelles, ou à en bloquer totalement l'utilisation.

Un tribunal, ou le Congrès américain, pourrait également bloquer les transferts de données-clients effectués par Facebook, Google et Amazon vers des gouvernements étrangers, ou vers des entités contrôlées par des Etats, en invoquant la sécurité nationale.

A l'ère de nouvelles théories juridiques, il ne serait pas surprenant que les solutions imposées par l'application de l'antitrust, ou une loi du Congrès, soient également nouvelles. C'est cohérent avec l'histoire du droit commercial, dans la mesure où il évolue avec le commerce lui-même.

A court terme, ces actions en justice visant les géants des technologies ayant un comportement abusif pourraient pénaliser les cours des actions, dans la mesure où les bénéfices souffriraient de l'incertitude générée et de nouveaux coûts, que soit les frais d'autorisation facturés par les consommateurs ou la perte de revenus émanant de gouvernements étrangers.

A plus long terme, ces démantèlements et scénarios réglementaires pourraient être favorables aux actionnaires, en fait. C'est simple, le gouvernement ne peut prendre les actions des entreprises technologiques sans offrir une compensation. Si un démantèlement est ordonné, le détenteur d'une action Google pourrait se retrouver avec différentes actions Google, YouTube, DoubleClick et Waymo, entre autres. La valeur globale de ces actions pourrait dépasser celle des seules actions Google.

La meilleure stratégie d'investissement tout au long de ces enquêtes antitrust

Tout cela oriente les investisseurs vers une puissante stratégie. A court terme, vous pouvez éviter d'essuyer des pertes en gardant vos distances avec Google, Amazon et Facebook. Les actions du gouvernement à l'encontre de ces trois entreprises devraient être perturbantes pour leurs activités et leur infliger des coûts.

Une fois que les choses se seront apaisées et que le dénouement sera plus clair, il sera possible d'acheter des actions relativement bon marché, avant que le jugement final ne soit rendu. A ce stade, les investisseurs pourraient récupérer gratuitement des actions de solides entreprises dont les géants auront été contraints de se séparer.

Cette approche « à court puis long terme » est la meilleure façon de miser sur la répression gouvernementale dont l'incontrôlable cartel des technologies va faire l'objet.

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