15/01/2021 europalestine.com  4 min #184244

Le chanteur palestinien mohammed assaf interdit d'entrer dans son pays

 15 janvier 2021

« Terrorisme » ? Non, mais il chante la Palestine, et c'est encore plus intolérable pour les dirigeants israéliens.

Le vainqueur de l'Arab Idol, (équivalent de l'Eurovision pour le monde arabe), originaire de Gaza, sélectionné, en 2013 pour sa chanson « Levez votre keffieh » ne pourra plus remettre les pieds en Palestine occupée, vient d'annoncer Avi Dichter, député du Likoud.

Actuellement installé aux EAU, mais invité à chanter dans de très nombreux pays, Mohammad Assaf, que nous avions eu le plaisir d'inviter à notre grand événement « Free Palestine » aux Docks de Paris, le 1er novembre 2014, a le tort de faire vivre la Palestine dans ses chansons !

« Sa performance à Beyrouth lors de la compétition de 2013 a suscité un rare moment d'unité et de joie dans toutes les communautés palestiniennes », note Ramzy Baroud*. « Il a permis à la culture palestinienne de donner une nouvelle preuve de sa valeur comme instrument politique que l'on ne peut occulter », ajoute-t-il.

Et depuis, il n'a pas cessé de chanter tout ce qui touche la Palestine, de la Nakba, à l'intifada, en passant par le siège et la souffrance des Gazaouis.

« Donc pas de surprise dans le fait qu'Israël lui fasse la guerre, puisque, depuis sa naissance, cet Etat a engagé une croisade non seulement militaire, tuant les Palestiniens, détruisant leurs maisons, s'accaparant leurs terres, et les enfermant dans des ghettos, mais aussi contre toute la culture palestinienne », souligne Ramzy Baroud.

Depuis 1948, non seulement, des villages, villes et monuments palestiniens ont été débaptisés et leur nom arabe a été transformé en hébreu, par une commission ad hoc - quand ils n'ont pas purement et simplement été rasés- mais le mot même « Palestine » a été rayé de la plupart des cartes.
C'est l'idée même de Palestine qui a toujours insupporté les dirigeants palestiniens, qu'ils se disent de gauche ou de droite, et c'est le négationnisme qui a toujours prévalu de leur part, depuis la propagande initiale sur une « terre sans peuple pour un peuple sans terre.

Et comme la culture revêt de multiples formes d'expression, Israël a toujours consacré beaucoup d'énergie et de ressources pour éliminer les expressions culturelles palestiniennes, qui permettent à la Palestine d'exister, et de constituer une unité, indépendamment des divisions politiques et de la fragmentation géographique créées et entretenues par Israel.

En 2009, par exemple, souligne Ramzy Baroud, Israel a engagé le processus d'effacement des noms de lieux en arabe sur toutes les cartes routières. Et en 2018, la loi raciste que « l'Etat-Nation » a dégradé le statut de la langue arabe ».

Il cite un courrier de 1957, dans lequel un fonctionnaire du ministère israélien des affaires étrangères, réclamait au ministère israélien des antiquités d'accélérer la démolition des maisons palestiniennes, dont les habitants avaient été chassés pendant la Nakba : « Les ruines des villages et des quartiers arabes ou des monuments réveillent des connexions désagréables, qui provoquent des dégâts politiques considérables. Ils doivent être rapidement dégagés » écrivait-il.

Et la volonté coloniale d'effacer toute mémoire et toute identité au peuple palestinien se poursuit jusqu'à aujourd'hui, et concerne toutes les formes d'expression palestinienne.
Ainsi en 2016, le gouvernement israélien a signé un accord avec Facebook pour que la plateforme mette fin à toutes les « instigations palestiniennes en ligne ».

« C'est pourquoi, l'annonce par Israel d'interdire à un chanteur palestinien de venir chanter dans son pays n'est pas surprenante et répond à la même logique, sachant que la culture est toujours un atout de cohésion très important ».

*Ramzy Baroud est journaliste et écrivain palestino-américain, et directeur du » Palestine Chronicle'.

(Traduit par CAPJpo-EuroPalestine)

Source :  ArabNews

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