11/04/2021 europalestine.com  4 min #188117

Sans les colis de l'Unrwa, les Gazaouis ne s'en sortent pas

 11 avril 2021

Joe Biden vient d'annoncer relancer la contribution étatsunienne au budget de l'UNRWA, l'agence onusienne pour les réfugié.e.s palestinien.ne.s, interrompue durant 3 ans par Trump, mais seulement à hauteur de 150 millions de dollars, soit moins de la moitié de la somme versée par Wshington avant 2018.

Distribution de colis de l'UNRWA à Khan Younis en septembre 2020

Mahmoud Tafish, 36 ans et assistant administratif au ministère de la Santé de Gaza, enregistré comme réfugié auprès des Nations Unies, témoigne de la détresse économique des réfugiés de Gaza, qui représentent 80 % de la population gazaouie.

Ses grands-parents sont nés à Ashdod juste de l'autre côté de la frontière de Gaza. Et comme beaucoup d'autres habitants de Gaza, Tafish dépend de l'aide de l'UNRWA (créée en 1950) pour trouver du travail, pour bénéficier de la sécurité sociale ou de colis alimentaires si besoin.

Aujourd'hui, cependant, Tafish est tombé sous le coup de la dernière mesure de l'UNRWA visant à réduire les coûts et à « rationaliser les dépenses en normalisant les colis d'aide alimentaire » aux réfugiés à Gaza. Sous le nouveau régime, il n'y a plus d'ajustement selon le niveau de besoin entre les absolument pauvres et les horriblement pauvres, seule la taille de la famille est désormais pris en compte. Cela signifie que là où il y avait autrefois deux types de colis alimentaires, il n'y en a plus qu'un.
L'iniquité de cette nouvelle approche, qui date de fin février, a amené les gens à manifester.

Manifestation du 23 février dernier à Khan Younes, dans le sud de la bande de Gaza

Tafish est titulaire d'un diplôme universitaire en administration des affaires. Mais les emplois sont impossibles à trouver, particulièrement depuis 2007 et le siège imposé à Gaza par Israël. Son travail au ministère de la Santé était donc une bouée de sauvetage, lui assurant un salaire mensuel. Malheureusement, son salaire est juste au-dessus du seuil mensuel de 460 dollars fixé par l'UNRWA pour que les personnes puissent bénéficier d'une aide alimentaire. « Le colis de nourriture couvrait une grande partie des besoins de ma famille », confie-t-il.

L'UNRWA distribue les colis alimentaires tous les trois mois. Ils comprennent la farine, l'huile, le sucre, le lait, le riz et les légumineuses pour un coût total d'environ 150 dollars par colis.

Mais l'agence fait face à une sérieuse compression budgétaire. Sous-financée depuis des années, elle a même eu du mal à payer les salaires de ses employés. Pas plus tard qu'en novembre de l'année dernière, l'agence a dû se tourner vers des donateurs pour demander 70 millions de dollars afin de compenser les déficits.

Les difficultés financières chroniques ont été considérablement exacerbées par la décision de Donald Trump qui, en 2018, a stoppé la participation financière états-unienne qui fournissait pourtant un tiers du budget annuel de L'UNRWA. Une décision qui a été analysée comme une volonté de voir le statut de réfugié lui-même disparaître, et avec lui la question du droit au retour.

On note dans le même temps une forte augmentation du nombre de familles vivant dans la pauvreté à Gaza (de 40% de la population en 2007 à 56% en 2017 selon l'ONU). Et la tendance n'est pas à l'inversion de la courbe, au contraire.

Salah Abdul Ati, avocat et chercheur sur les droits de l'homme à Masarat, un groupe de réflexion palestinien, estime que réduire l'aide alimentaire aux familles à revenu fixe signifie pousser environ 100 000 familles de Gaza dans les rangs des plus vulnérables. Abdul Ati arrive à ce chiffre en comptant tous les employés de la fonction publique autrement éligibles qui, comme Mahmoud Tafish, ont des salaires réguliers dépassant le plafond établi par l'UNRWA.

Déjà, environ 70 pour cent des Palestiniens de Gaza sont en situation d'insécurité alimentaire et dépendent d'une forme quelconque d'assistance.

Ahmad Abu Shaban, 58 ans, est nettoyeur au ministère de la Santé. Lorsque l'UNRWA a annoncé les nouvelles mesures, lui et sa femme Faiza, 50 ans, ont craint le pire. Son salaire ne couvre pas grand-chose même s'il est régulier mais les colis alimentaires lui permettent de financer les études supérieures de ses enfants. Sans eux, il ne le pourrait plus.

(Traduit par Sarah V. pour CAPJPO-EuroPalestine)

Source :  electronicintifada.net

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