12/11/2025 reseauinternational.net  9min #296040

Génocide à Gaza : Aveux de soldats israéliens. Pourquoi ? quel lien avec la procureure militaire ? Et la Cpi ?

par Al-Manar

Depuis la fin de la guerre génocidaire israélienne à Gaza, de plus en plus de militaires israéliens dont des officiers haut-placés passent aux aveux, et dévoilent l'ampleur des crimes commis par leur armée.

Le dernier épisode est celui rapportée par le quotidien britannique The Guardian, pour lequel des soldats israéliens ont témoigné, dans un documentaire, de l'usage injustifié de balles réelles et de la désignation arbitraire de «l'ennemi» durant la guerre à Gaza.

Serait-ce vraiment par examen de conscience après avoir participé au génocide du siècle. Ou pour d'autres objectifs bien moins éthiques et bien plus pernicieux. Comme l'affirme Gilad Atzmon célèbre jazzman, écrivain et militant farouchement antisioniste qui a renoncé à la nationalité israélienne et vit actuellement en Grèce après être passé par la Grande-Bretagne où il a découvert à quel point le lobby pro-israélien était puissant.

«Tirer sans retenue»

Dans le documentaire «Breaking Ranks : Inside Israel's War», diffusé lundi soir au Royaume-Uni sur ITV, des soldats israéliens ont décrit un chaos total à Gaza et un effondrement du droit et des restrictions, avec des civils tués sans distinction, au gré des décisions des officiers israéliens, selon des témoignages diffusés dans un documentaire télévisé.

«Si vous voulez tirer sans retenue, vous le pouvez», déclare Daniel, commandant d'une unité de chars de l'armée israélienne.

Certains des soldats israéliens ayant témoigné dans le cadre de l'émission ont requis l'anonymat, tandis que d'autres se sont exprimés publiquement. Tous ont déploré la disparition du code de conduite officiel concernant les civils.

Ils ont confirmé l'utilisation systématique de civils comme boucliers humains, contredisant les démentis officiels. Ils ont fourni des détails sur les tirs injustifiés des forces israéliennes sur des civils se précipitant pour recevoir de l'aide alimentaire aux points de distribution militaires mis en place par la Fondation humanitaire pour Gaza (GHF), soutenue par les États-Unis et Israël.

Le capitaine Yotam Vilk, officier du Corps blindé, a également commenté les directives d'entraînement officielles de l'armée israélienne, qui stipulent qu'un soldat ne peut tirer que si la cible a les moyens, l'intention et la capacité de nuire : «Lors de notre formation militaire de base, nous répétions tous l'expression «moyens, intention et capacité»».

Vilk a ajouté : «La notion de «moyens, intention et capacité» n'existe pas à Gaza. Aucun soldat n'évoque jamais cette expression. C'est simplement : un homme est soupçonné car il se promène dans une zone interdite. Un homme âgé de 20 à 40 ans».

Un autre soldat, identifié uniquement comme Eli dans le programme, a déclaré : «La vie et la mort ne sont pas déterminées par les procédures ou les règles d'engagement ; elles sont décidées par la conscience du commandant sur le terrain».

Abattu car il étendait son linge

Dans ces circonstances, définir qui est «l'ennemi» devient arbitraire, explique Eli dans le documentaire. «S'ils se déplacent trop vite, on se méfie. S'ils se déplacent trop lentement, on se méfie aussi. Ils préparent quelque chose. Si trois hommes marchent tandis que le quatrième traîne, c'est une formation d'infanterie à deux contre un ; c'est une formation militaire», dit-il.

Eli décrit un incident au cours duquel un officier supérieur a ordonné à un char de démolir un bâtiment dans une zone déclarée sûre pour les civils. «Un homme était sur le toit en train d'étendre son linge, et l'officier a décidé qu'il observait. Il n'observait rien du tour. Il étendait son linge. On pouvait le voir».

«Cet homme n'avait ni jumelles ni armes. Les forces militaires les plus proches étaient à 600-700 mètres. Alors, à moins d'avoir une vue exceptionnellement perçante, comment aurait-il pu observer ? Puis le char a tiré un obus, la moitié du bâtiment s'est effondrée, et il y a eu de nombreux morts et blessés», a-t-il poursuivi.

Les rabbins incitent aux meurtres

Le reportage apporte également la preuve que ces opinions étaient propagées par certains rabbins au sein de Tsahal. Le commandant Netta Caspin témoigne : «Un jour, le rabbin de la brigade s'est assis à côté de moi et a passé une demi-heure à m'expliquer pourquoi nous devions agir comme eux le 7 octobre. Nous devions nous venger de tous, y compris des civils. Il ne fallait pas faire de discrimination ; c'était la seule solution».

Le rabbin Avraham Zarbiev, un rabbin ultra-orthodoxe ayant passé plus de 500 jours à Gaza, déclare dans le reportage : «Là-bas, tout est une immense infrastructure terroriste».

Le rôle de Zarbiev ne se limitait pas à justifier religieusement la destruction massive de quartiers palestiniens ; il a également conduit personnellement des bulldozers militaires. Il revendique la paternité d'une tactique adoptée par l'ensemble de Tsahal, à savoir l'achat massif de bulldozers blindés.

Zarbiev déclare également dans l'émission : «L'armée israélienne investit des centaines de milliers de shekels pour détruire la bande de Gaza. Nous avons changé le comportement de toute une armée».

«Le discours selon lequel il n'y a pas d'innocents à Gaza s'est infiltré dans les rangs de l'armée», déclare Daniel, commandant d'une unité de chars, dans le documentaire. «On l'entend sans cesse, alors on finit par y croire».

Le documentaire n'évoque pas que les rabbins incitaient bien avant l'attaque du Hamas du 7 octobre 2023 aux meurtres de tous les Palestiniens, y compris les enfants, car «des terroristes futurs», en se référant au mythe des Amaleks dans l'Ancien testament.

«Protocole de la Moustique»

Les soldats qui témoignent dans le documentaire «Breaking Ranks» corroborent les nombreux rapports, tout au long des deux années de guerre, concernant l'utilisation de civils palestiniens comme boucliers humains, une pratique officieusement appelée «Protocole de la Moustique».

«On envoie le bouclier humain sous terre», explique Daniel, un commandant de char, dans le documentaire. «Pendant qu'il parcourt le tunnel, il cartographie toute la zone. Il a un iPhone dans sa veste. Au fur et à mesure qu'il avance, il envoie des données GPS». Il ajoute : «Les commandants ont vu comment ça fonctionnait. La pratique s'est répandue comme une traînée de poudre. Au bout d'une semaine environ, chaque compagnie utilisait son propre «moustique»».

«Rien que la honte»

Les producteurs de «Breaking Ranks» se sont également entretenus avec le contractuel nommé Sam, qui travaillait sur des sites de distribution alimentaire gérés par l'organisation GHF et qui affirme avoir vu des soldats israéliens tuer des civils non armés.

Sam décrit un incident survenu sur l'un de ces sites de distribution d'aide, où deux jeunes hommes couraient à travers la foule pour obtenir de l'aide. «J'ai vu deux soldats les poursuivre», raconte-t-il. «Ils se sont agenouillés et ont tiré deux coups de feu. J'ai vu leurs têtes basculer en arrière et eux s'effondrer au sol».

Il raconte un autre incident au cours duquel un char d'occupation israélien a détruit près d'un point de distribution «une voiture ordinaire... avec quatre personnes ordinaires à bord».

Selon les chiffres de l'ONU, au moins 944 civils palestiniens ont été tués alors qu'ils cherchaient de l'aide près des points de distribution du Programme alimentaire mondial.

On a demandé à Daniel de commenter les affirmations formulées dans le documentaire en question selon lequel les enquêtes internes sur les incidents ayant entraîné la mort de civils n'ont pratiquement abouti à aucune sanction disciplinaire ou judiciaire.

Il déclare : «J'ai l'impression qu'ils ont anéanti toute ma fierté d'être officier dans l'armée israélienne. Il ne reste rien que la honte».

Affaire Tomer-Yerushalmi, beaucoup plus compliquée

Se penchant sur l'affaire de l'ex-procureure militaire en chef de l'armée d'occupation israélienne, la générale Yifat Tomer-Yerushalmi, Gilad Atzmon remet en question ce genre d'aveux et de révélations.

Tomer-Yerushalmi a été accusée d'avoir divulgué des informations et des vidéos confirmées comme authentiques sur les tortures et sodomisations des détenus palestiniens dans les prisons israéliennes, après qu'elles ont été révélées par les prisonniers eux-mêmes après leur liberation.

«La générale Tomer-Yerushalmi est maintenant essentiellement accusé de «trahison» pour la fuite. Cette affaire aurait pu être un cas classique de «tuer le messager», mais elle est beaucoup plus complexe», selon Atzmon.

Il assure qu'elle n'opérait pas seul, la police israélienne affirmant posséder des communications du groupe WhatsApp impliquant d'autres officiers de haut rang liés aux informations fuites : huit selon la presse israélienne.

Leurrer la CPI

Le Jazzman et philosophe antisioniste estime qu'il est impensable que la générale Tomer-Yerushalmi ait pris la décision d'exposer la conduite de Tsahal, d'avoir consulté d'autres officiers de haut rang et mobilisé des officiers subalternes, sans feu vert d'en haut.

«Qui pourrait donner un tel feu vert ? Son commandant direct, le chef d'état-major israélien, ou même le ministre de la Défense ? Pourquoi les autorités militaires suprêmes d'Israël donneraient-elles un tel ordre ?» s'interroge-t-il.

Et Gilad Atzmon de répondre : l'objectif serait de prouver qu'Israël «a les moyens légaux de poursuivre ses criminels de guerre». Ce qui constitue un message à la Haye pour qu'elle reste à l'écart.

La Cour pénale internationale (CPI) poursuit le Premier ministre Benjamin Netanyahou et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

Si cette théorie s'avère correcte, la générale Tomer-Yerushalmi et ceux qui l'ont autorisée ont été motivés par des «sentiments patriotiques». et ils croyaient que leurs actions étaient «bonnes pour les juifs», selon le militant antisioniste.

«Il s'agit d'une tentative de repousser la Cour suprême internationale en présentant une fausse image de responsabilité éthique. En bref, l'image du comportement éthique remplace tout véritable soin de la conduite éthique, quelque chose qui est absent de l'État qui se fait appeler l'État juif», d'après lui.

Il poursuit en suspectant la «prétendue tentative de suicide» de la procureure militaire, estimant qu'elle suivait les ordres.

Alors qu'elle était accusée de «trahison» en tant qu'officier de premier rang des FDI, elle n'a pas été jugée par un tribunal militaire, comme il se devait, ni n'a été sévèrement punie, constate-t-il.

«Je dirais que la générale Tomer-Yerushalmi aurait probablement été justifiée par un tribunal militaire, car elle aurait pu prouver qu'elle a suivi les ordres et servi les intérêts des FDI en présentant la prétention d'un système judiciaire actif et sain. Dans un tribunal civil, toutefois, elle fait face à des accusations limitées à divulguer des documents spécifiques ou à mentir au tribunal. Elle l'admettra probablement et en assumera les conséquences. Le verdict donnerait finalement plus de pouvoir à Netanyahou contre son opposition affaiblie».

Dans le prolongement de cette analyse, l'on pourrait supposer que les aveux des soldats israéliens sur les crimes qu'ils ont commis devraient leur permettre d'échapper à toute tentative de les traduire devant la justice internationale, ayant anticipé son verdict. Leurs confessions devant l'autel des médias de l'occident, sans jamais s'excuser auprès des victimes palestinienne ni proposer de les endommager devraient les blanchir devant une opinion publique dont une partie est très apte à les croire. Par la loi sacrée du Pardon. Une autre tactique devrait viser l'autre partie.

source :  Al-Manar

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