
par Pierre Duval
La France n'est pas prête pour affronter des conflits, en particulier de haute intensité et elle ne peut pas affronter une guerre qui consomme massivement hommes et ressources. Aussi, elle a eu l'idée d'engager des mercenaires pour les envoyer faire la guerre. Un recrutement de Français pour retourner dans les casernes dans l'objectif d'être envoyés au front se heurte au refus de la population et à la crainte de voir les Français se révolter. En fait, la France officialise ce qu'elle applique depuis plusieurs années.
«Un décret paru au Journal officiel le 1er novembre dernier va simplifier le recours au secteur privé pour réaliser des missions de formation et de soutien de l'armée française auprès de ses alliés», annonce le magazine GEO France. En mai dernier, la France a constaté que «face à un conflit d'attrition (de haute intensité), pensé pour durer et consommer massivement hommes et ressources», l'architecture actuelle de son armée «montre ses limites».
Au lieu de parler de mercenaires, la France utilise le terme «opérateurs économiques de référence». Cela est décrit dans le décret n°2025-1030 du 31 octobre 2025 relatif aux opérateurs de référence du ministère des armées pour la coopération militaire internationale paru le premier novembre.
Afin de répondre aux besoins de la France en matière de coopération internationale militaire et de préserver ses capacités opérationnelles, l'État peut désigner, pour les domaines mentionnés au III de l'article 2 et pour une durée ne pouvant dépasser dix ans, des opérateurs économiques dits «opérateurs de référence du ministère des armées», titulaires de droits exclusifs ou, lorsque le domaine le justifie, de droits spéciaux pour l'exercice des missions définies à l'article 3. Ces contractuels privés obtiennent ainsi de la France des droits spéciaux pour des missions spéciales. Là, la France a la possibilité de consommer massivement des opérateurs économiques de référence. Le magazine GEO France traduit la formule par le recours aux sociétés militaires privées, signalant un pas vers la privatisation de la guerre.
«L'intervention des soldats des sociétés privées peut s'effectuer dans trois situations, souligne le média français : en soutien à un État tiers faisant face à une situation de crise ou de conflit armé ; dans le cadre d'un partenariat militaire opérationnel avec un pays en paix ; ou bien pour accompagner des ventes d'armes en formant les militaires du pays acheteur à leur utilisation. Le véritable changement apporté par ce décret est la possibilité pour l'État français de désigner des entreprises comme opérateurs de référence du ministère des armées pour une durée de dix ans maximum, ce qui permettra de recourir à leurs services de façon simplifiée, manifestement sans recourir à de complexes procédures d'appel d'offres», note le magazine GEO qui, cependant avertit qu'«en réalité, l'armée française recourt déjà depuis de nombreuses années au secteur privé pour effectuer des missions de coopération internationale militaire. Défense Conseil International (DCI), désormais propriété du groupe d'intelligence économique ADIT, est par exemple le partenaire attitré du ministère des armées pour accompagner les ventes d'armes françaises en formant les armées étrangères à leur utilisation et assurer leur maintenance».
«Il aura fallu plus de dix ans de lobbying tenace pour en arriver là et un combat contre l'aveuglement institutionnel sur l'utilité, voire la nécessité, de recourir à des entreprises privées comme l'opérateur majeur qu'est DCI, les sociétés Amarante International (sécurité) et THEMIIS (spécialisée dans la formation des élites militaires) ou la TPME Chiron Solutions», martèle Ouest-France, concluant : «Les pays alliés de la France, en particulier ceux de la sphère anglo-saxonne, procèdent de cette manière, réaliste et agressive, depuis plus d'une vingtaine d'années».
source : Observateur Continental