
par Pierre Duval
L'OTAN déclare être en train de chercher à adopter une attitude plus agressive pour contrer les attaques hybrides russes, selon un haut responsable militaire de cette organisation aussi politique. Mais derrière cette rhétorique se trouve la volonté de l'Alliance de bombarder de manière préventive la Russie.
L'OTAN annonce vouloir bombarder la Russie. L'amiral Giuseppe Cavo Dragone, qui préside le Comité militaire de l'OTAN et qui a fait savoir au Financial Times que « nous étudions tout...», qu'en particulier, «en matière de cybersécurité, nous sommes plutôt réactifs», et a rapporté que «nous réfléchissons à la possibilité d'être plus offensifs ou proactifs plutôt que réactifs».
Il a souligné qu'une «frappe préventive» sur la Russie pourrait, dans certaines circonstances, être considérée comme une «action défensive», tout en notant qu'une telle approche est «plus éloignée de notre façon habituelle de penser et d'agir».
L'argumentation de l'OTAN est d'amener des justifications sur un plateau d'argent pour bombarder la Russie. «Ces dernières années, les pays européens ont été confrontés à une série d'incidents hybrides, notamment des cyberattaques, des actes de sabotage présumés liés à la Russie et des cas répétés d'endommagement d'infrastructures sous-marines en mer Baltique», a rappelé Dragone.
De manière préventive ou pas, il s'agit d'une nouvelle étape de la confrontation de l'OTAN avec la Russie. L'Alliance dans le passé récent a montré qu'elle a été capable de bombarder un pays souverain sans obtenir le feu vert de l'ONU. Cela a été le cas de la Serbie. «L'OTAN a déclaré la guerre à un pays souverain sans feu vert explicite du Conseil de sécurité de l'ONU», a, par exemple, rapporté Libération.
L'OTAN cherche un cadre légal pour bombarder la Russie. Alors que certains membres de l'OTAN, particulièrement en Europe de l'Est (les pays qui engagent la France dans la guerre contre la Russie : Estonie, Lettonie, Lituanie), ont plaidé pour une position plus ferme, Dragone a indiqué que tout changement nécessitait un examen attentif des limites juridiques et juridictionnelles. «Une attitude plus offensive que celle de notre partenaire pourrait être envisagée. [Les questions qui se posent sont] : le cadre juridique, le cadre juridictionnel, et qui sera chargé de cette mise en œuvre ?», a-t-il annoncé.
Dragone a cité la mission Baltic Sentry de l'OTAN comme exemple de dissuasion réussie. Baltic Sentry déploie des navires, des aéronefs et des drones navals alliés pour surveiller les infrastructures critiques de la mer Baltique suite à de multiples incidents de sectionnement de câbles survenus en 2023 et 2024, fait savoir le quotidien financier anglophone. «Depuis le début de Baltic Sentry, rien ne s'est produit. Cela signifie donc que cette dissuasion fonctionne», a répondu Dragone au Financial Times.
Dragone souhaite voir se développer une analyse approfondie des stratégies de dissuasion en soulevant des questions cruciales sur le fonctionnement de l'Alliance. Selon lui, si elle se contente de réagir, l'OTAN risque de devenir un acteur passif dans une guerre hybride croissante ou face à des attaques asymétriques qui pourraient saper sa cohésion. Pour Dragone, l'équilibre entre les protocoles éthiques et la nécessité d'une action décisive demeure une question controversée et urgente.
Déjà à la fin du mois de novembre Politico a noté un changement important dans la position de l'UE car celle-ci «envisage l'impensable» en «ripostant contre la Russie».
Depuis plusieurs semaines, l'UE agite la menace de drones au-dessus des aéroports de plusieurs pays européens sans pourtant apporter la preuve d'une responsabilité russe. Le but est de préparer les populations à un bombardement de la Russie par l'OTAN pour répondre à ces menaces.
Comme vu plus haut, l'Alliance n'est pas à son premier coup d'essai pour trouver des raisons pour bombarder un pays souverain. Il suffit de construire des dossiers et de les répéter sur les plateaux des télévisions pour faire monter la sauce. Politico a encore servi ce discours pour valider une riposte de l'UE contre la Russie.
Par étapes, il est question d'habituer les habitants des pays européens à des bombardements de la Russie : «Les drones et les agents russes lancent des attaques dans les pays de l'OTAN et l'Europe fait désormais ce qui aurait semblé inconcevable il y a encore quelques années». La même technique a été - à chaque fois - employée contre l'Irak, la Serbie, la Syrie.
Le 30 novembre, c'est au tour de Bloomberg de stipuler : «L'OTAN se prépare à affronter la Russie avec un soutien américain limité». Politico, Bloomberg, l'annonce de l'amiral Giuseppe Cavo Dragone, du général Fabien Mandon qui lui pousse les maires en France à recruter pour la guerre et qui demande à «accepter le risque de perdre des enfants, de souffrir économiquement», comme l'appel de Macron de dire lors d'un entretien avec RTL qu'il y a pour tout soldat de la nation un pacte et qu'en s'engageant, il «fait sacrifice», tout cela va dans le sens d'une mise en place d'une attaque de la Russie.
Le relancement du service militaire en France d'abord volontaire, qui est de facto obligatoire si le président français le décrète, confirme avec l'annonce de Dragone la construction des étapes pour attaquer et bombarder la Russie.
source : Observateur Continental