09/12/2025 reseauinternational.net  5min #298498

 La nouvelle stratégie de Trump : une voie destructrice au Moyen-Orient et l'effondrement des alliances traditionnelles

Les États-Unis révèlent leur nouvelle stratégie de sécurité nationale

par Alexandre Lemoine

Renoncement à la domination mondiale et confrontation avec l'UE en tant qu'institution. Les États-Unis ont dévoilé une stratégie de sécurité révolutionnaire. La nouvelle stratégie de sécurité nationale change radicalement les priorités de la politique étrangère américaine. L'administration américaine actuelle s'intéresse moins à la lutte contre la Russie et la Chine qu'à la résolution de problèmes beaucoup plus pratiques.

Les États-Unis ont publié leur nouvelle Stratégie de sécurité nationale approuvée en novembre. Dès les premières lignes de ce document, il est clair que la stratégie est de nature révolutionnaire. L'administration du président américain Donald Trump y reconnaît que les élites américaines, qui après la fin de la guerre froide se sont convaincues que la domination permanente de l'Amérique dans le monde servait les intérêts des États-Unis, ont surestimé les capacités du pays.

La Stratégie de sécurité nationale des États-Unis, détaillant sur 33 pages les priorités du second mandat présidentiel de Donald Trump, a été rendue publique discrètement le 4 décembre. Si toutes les administrations américaines précédentes avaient tendance à donner la priorité à des problèmes tels que la lutte contre le terrorisme et l'affrontement avec la Russie et la Chine (la Stratégie de sécurité nationale du premier mandat de Trump accordait également une attention particulière à la concurrence des États-Unis avec Moscou et Pékin), cette fois, une attention particulière est portée à l'hémisphère occidental.

L'explication qui l'accompagne est la suivante : «la sécurité des frontières est un élément essentiel de la sécurité nationale», ainsi «les États-Unis doivent occuper une position dominante dans l'hémisphère occidental». «C'est une condition de notre sécurité et de notre prospérité», note le document. À cet égard, selon le texte du document, les États-Unis ont l'intention de maintenir une présence militaire significative dans la région «pour contrôler les voies maritimes, prévenir l'immigration illégale et autre migration indésirable, réduire le trafic d'êtres humains et de drogues, ainsi que contrôler les voies de transit clés en situation de crise».

Principaux points de la stratégie des États-Unis :

  • Les États-Unis renoncent à l'idée que tout ce qui se passe dans le monde relève de la sphère de leurs intérêts nationaux ;
  • Principe de «la paix par la force» : les États-Unis entendent assurer leur supériorité économique, technologique et militaire pour prévenir tout préjudice à leurs intérêts ;
  • Les États-Unis ne s'ingéreront dans les affaires d'autres pays qu'en dernier recours ;
  • «Réalisme flexible» : les États-Unis sont prêts à traiter avec n'importe quel régime et ne conditionneront pas leur coopération avec d'autres pays à une démocratisation, une libéralisation ou tout autre changement dans ces pays ;
  • Les États-Unis placent les États-nations avec leurs valeurs et intérêts au-dessus des organisations supranationales ;
  • Les États-Unis ont l'intention de protéger leur souveraineté et de respecter la souveraineté des autres pays ;
  • «Équilibre des puissances» : les États-Unis renoncent à leur aspiration à la domination mondiale et reconnaissent que d'autres pays grands et riches ont leurs propres sphères d'influence ;
  • La politique américaine visera non seulement la croissance économique, mais aussi le soutien aux travailleurs américains ;
  • Les États-Unis insisteront sur une coopération loyale avec tous leurs partenaires et ne permettront pas à d'autres pays de les exploiter  ; en particulier, ils exigent que leurs alliés dépensent eux-mêmes de l'argent pour leur défense et ne comptent pas sur la protection américaine ;
  • Les États-Unis s'appuieront sur la méritocratie ; en même temps, ils ont l'intention de protéger leur marché du travail et de donner toujours et partout la priorité aux Américains.

Ce que les États-Unis feront en Europe

Les États-Unis exigent directement de l'Europe qu'elle assume la responsabilité de sa propre défense et cesse de compter sur la protection américaine. En même temps, la stratégie contient une critique virulente des gouvernements européens pour leur politique migratoire et la limitation de la concurrence politique, en particulier des partis et mouvements d'extrême droite. Les États-Unis ont l'intention d'arrêter l'élargissement de l'OTAN et de «rétablir la stabilité stratégique» avec la Russie.

Qu'en est-il de la guerre de la Russie contre l'Ukraine ?

La guerre russo-ukrainienne fait l'objet d'un seul paragraphe dans le document : les États-Unis aspirent à ce que les hostilités cessent le plus rapidement possible et que la reconstruction économique commence. La stratégie ne contient aucune critique de l'agression russe, tandis que ses auteurs critiquent les gouvernements européens pour leurs «attentes irréalistes concernant le déroulement de la guerre».

Le rapport ne blâme pas le président russe Vladimir Poutine, mais plutôt les Européens pour leur manque d'aspiration à la paix en Ukraine. «L'administration Trump n'est pas d'accord avec les gouvernements européens nourrissant des attentes irréalistes concernant les hostilités», note le document. Qui plus est, il est affirmé que les autorités en Europe répriment l'aspiration majoritaire à la paix en limitant la liberté d'expression et la démocratie.

La stratégie consigne plusieurs tournants radicaux que Trump a déjà effectivement opérés : le renoncement à l'aspiration à la domination mondiale, une attention accrue à l'Amérique latine et à l'Asie, l'Europe et le Moyen-Orient passant au second plan. À en juger par ce document, la guerre russo-ukrainienne est une question secondaire pour Trump et son équipe de politique étrangère.

Le contraste avec la stratégie de sécurité de l'administration de Joe Biden ne pourrait être plus frappant. Le prédécesseur de Trump avait déclaré que la rivalité exacerbée entre démocraties et régimes autoritaires constituait un défi historique. Selon Biden, la Chine et la Russie menacent la paix mondiale par leur «politique étrangère révisionniste».

source :  Observateur Continental

 reseauinternational.net