{"146845":{"id":"146845","parent":"0","time":"1539248743","url":"http:\/\/newsnet.fr\/146845","source":"http:\/\/www.legrandsoir.info\/le-che-et-l-economie-mondiale.html","category":"documentaires","title":"Le Che et l'\u00e9conomie mondiale","catalog-images":"3\/\/1\/newsnet_146845_74d2c9.jpg","image":"http:\/\/newsnet.fr\/img\/newsnet_146845_74d2c9.jpg","hub":"newsnet","url-explicit":"http:\/\/newsnet.fr\/art\/le-che-et-l-economie-mondiale","admin":"newsnet","views":"1099","priority":"4","length":"15419","lang":"fr","content":"\u003Cp\u003E\u003Cimg style=\"max-width:100%\" src=\"http:\/\/newsnet.fr\/img\/newsnet_146845_74d2c9.jpg\" \/\u003E\u003Cbr \/\u003E\nR\u00e9my HERRERA\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELes recherches portant sur la pens\u00e9e d'Ernesto \u003Ci\u003EChe\u003C\/i\u003E Guevara sur l'\u00e9conomie sont nombreuses, mais rares sont celles qui abordent sa dimension regardant l'\u00e9conomie mondiale [\u003Ca href=\"#nb1\" id=\"nh1\"\u003E1\u003C\/a\u003E]. En effet, cet aspect est fr\u00e9quemment n\u00e9glig\u00e9, rel\u00e9gu\u00e9 au second plan par rapport aux positions qu'il a exprim\u00e9es \u00e0 propos de la politique internationale, et donc aussi mal compris - voire manipul\u00e9, tant\u00f4t pour l'opposer artificiellement \u00e0 Fidel Castro, tant\u00f4t pour le tourner contre l'URSS.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELe \u003Ci\u003EChe\u003C\/i\u003E n'\u00e9tait pas \u00e9conomiste (de formation acad\u00e9mique) ; c'est peut-\u00eatre ce qui lui a permis de penser en empruntant des voies h\u00e9t\u00e9rodoxes, de remettre en question des v\u00e9rit\u00e9s \u00e9tablies en \u00e9conomie, de s'aventurer dans des r\u00e9flexions originales et courageuses \u00e0 l'\u00e9poque. La r\u00e9alit\u00e9 de ses responsabilit\u00e9s au sein de la direction de la r\u00e9volution cubaine (commandant militaire, dirigeant de la Banque centrale, ministre de l'Industrie...) l'a oblig\u00e9 \u00e0 articuler, sur cette dimension internationale, la dimension nationale des questions \u00e9tudi\u00e9es. Sa pens\u00e9e sur la politique internationale ne peut \u00eatre s\u00e9par\u00e9e de celle sur l'\u00e9conomie mondiale.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ECommen\u00e7ons par un point crucial : le \u003Ci\u003EChe\u003C\/i\u003E s'appuie, dans ses raisonnements, sur l'appareil th\u00e9orico-pratique du marxisme-l\u00e9ninisme. Il \u00e9tait, que cela plaise ou non, communiste. Mais, il a manifest\u00e9, tr\u00e8s t\u00f4t, une certaine inqui\u00e9tude face \u00e0 l'insuffisance du socialisme r\u00e9ellement existant \u00e0 d\u00e9velopper ses propres m\u00e9canismes \u00e9conomiques pour renforcer sa position dans la comp\u00e9tition que lui imposait le syst\u00e8me capitaliste, dominant \u00e0 l'\u00e9chelle mondiale. Il avait dit un jour : \u003Ci\u003E\u00ab j'appartiens par ma formation id\u00e9ologique au camp de ceux qui pensent que la solution aux probl\u00e8mes du monde se trouve derri\u00e8re le rideau de fer \u00bb\u003C\/i\u003E. Mais il n'h\u00e9sita pas \u00e0 critiquer l'usage non critique de relations marchandes et mon\u00e9taires dans le cadre des r\u00e9formes mises en œuvre en URSS dans la d\u00e9cennie 1960 - comme l'a d'ailleurs aussi fait Fidel, par exemple, dans son discours pour le 6e anniversaire de la r\u00e9volution cubaine (1965). C'est dans cette optique qu'il faut interpr\u00e9ter les appels lanc\u00e9s par le \u003Ci\u003EChe\u003C\/i\u003E aux pays socialistes pour soutenir les pays du Tiers-Monde et pour former ensemble un front commun, afin de modifier le rapport de forces mondial en faveur du bloc progressiste, en particulier pour fournir aux pays ayant acc\u00e9d\u00e9 \u00e0 l'ind\u00e9pendance, les moyens de disposer d'un bouclier de protection face \u00e0 l'agressivit\u00e9 de l'imp\u00e9rialisme.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELe \u003Ci\u003EChe\u003C\/i\u003E s'est bien s\u00fbr r\u00e9jouit de la scission du syst\u00e8me mondial - et de l'affaiblissement des positions capitalistes - apr\u00e8s l'accession \u00e0 l'ind\u00e9pendance politique de pays du Tiers-Monde ; mais il s'est aussi montr\u00e9 pr\u00e9occup\u00e9 face aux grandes difficult\u00e9s de ces pays \u00e0 consolider leur ind\u00e9pendance politique, tant restait pr\u00e9gnante la d\u00e9pendance \u00e9conomique \u00e0 l'\u00e9gard de leurs anciennes puissances coloniales. Dans son discours d'Alger de f\u00e9vrier 1965, prononc\u00e9 lors du 2e S\u00e9minaire \u00e9conomique afro-asiatique, le \u003Ci\u003EChe\u003C\/i\u003E d\u00e9clare : \u00ab \u003Ci\u003EChaque fois qu'un pays se lib\u00e8re, c'est une d\u00e9faite pour le syst\u00e8me imp\u00e9rialiste mondial, mais le fait de parvenir \u00e0 s'arracher \u00e0 ce syst\u00e8me ne peut \u00eatre consid\u00e9r\u00e9 comme une victoire par la simple proclamation de l'ind\u00e9pendance, ou m\u00eame le triomphe d'une r\u00e9volution par les armes : il n'y a victoire que lorsque la domination imp\u00e9rialiste cesse de s'exercer sur un peuple\u003C\/i\u003E \u00bb.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EComprendre ceci exige de mettre en interaction les dimensions nationale et internationale, car la base nationale des pays en question, c'est le \u003Ci\u003Esous-d\u00e9veloppement\u003C\/i\u003E. Le \u003Ci\u003EChe\u003C\/i\u003E le d\u00e9finit ainsi : \u00ab \u003Ci\u003EUn nain \u00e0 la t\u00eate \u00e9norme et \u00e0 la poitrine \u00e9troite est \"\u003C\/i\u003Esous-d\u00e9velopp\u00e9\u003Ci\u003E\" en ce sens que ses jambes faibles et ses bras courts ne sont pas proportionn\u00e9s au reste de son anatomie. Le sous-d\u00e9veloppement est le produit d'un ph\u00e9nom\u00e8ne t\u00e9ratologique\u003C\/i\u003E [c'est-\u00e0-dire relatif \u00e0 la science des anomalies de l'organisation anatomique, cong\u00e9nitale et h\u00e9r\u00e9ditaire, des \u00eatres vivants... le \u003Ci\u003EChe\u003C\/i\u003E \u00e9tait aussi m\u00e9decin !] \u003Ci\u003Equi a distordu son d\u00e9veloppement. Voil\u00e0 ce que nous sommes, nous que l'on qualifie avec tant de d\u00e9licatesse de \"\u003C\/i\u003Esous-d\u00e9velopp\u00e9s\u003Ci\u003E\" : des pays coloniaux, semi-coloniaux et d\u00e9pendants ; pays dont les \u00e9conomies ont \u00e9t\u00e9 d\u00e9form\u00e9es par l'action imp\u00e9riale, laquelle d\u00e9veloppa anormalement les branches industrielles et agricoles en compl\u00e9ment de sa propre \u00e9conomie imp\u00e9riale, elle, complexe. Le sous-d\u00e9veloppement, ou d\u00e9veloppement difforme, implique de dangereuses sp\u00e9cialisations dans le secteur des mati\u00e8res premi\u00e8res, qui maintiennent nos peuples sous la menace de la faim. Nous autres les \"sous-d\u00e9velopp\u00e9s\", nous sommes aussi les pays de la monoculture, de la monoproduction, du mono-march\u00e9\u003C\/i\u003E \u00bb.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELe \u003Ci\u003EChe\u003C\/i\u003E ne caract\u00e9rise donc pas seulement la r\u00e9alit\u00e9 socio-\u00e9conomique des pays du Tiers-Monde dans sa composante interne ; il explique aussi les facteurs qui conditionnent cette situation au plan international, dans sa composante externe. Ces pays sont d\u00e9form\u00e9s, dit-il, parce qu'ils sont exploit\u00e9s. C'est un apport th\u00e9orique, par rapport au \u003Ci\u003Ecorpus\u003C\/i\u003E de l'\u00e9conomie du d\u00e9veloppement des ann\u00e9es 1950. Mais c'est aussi, en un certain sens, une avanc\u00e9e par rapport \u00e0 Marx lui-m\u00eame, dans la mesure o\u00f9, longtemps, Marx et Engels ont cru que l'expansion mondiale du syst\u00e8me capitaliste, irr\u00e9m\u00e9diable, conduirait \u00e0 homog\u00e9n\u00e9iser le monde, pour y g\u00e9n\u00e9raliser \u00e0 cette \u00e9chelle l'opposition de classes bourgeois \/ prol\u00e9taires, soit l'antagonisme fondamental. M\u00eame si Marx et Engels ont, dans certains cas, essay\u00e9 d'articuler exploitation de classes et domination de nation \u00e0 nation. En insistant sur cette domination internationale, le \u003Ci\u003EChe\u003C\/i\u003E est donc en ce sens tr\u00e8s l\u00e9niniste.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ESelon la d\u00e9finition du sous-d\u00e9veloppement qu'il propose, les \u00e9conomies du Tiers-Monde ne sont pas seulement d\u00e9form\u00e9es - car diverses solutions pourraient alors \u00eatre trouv\u00e9es. Ce qui est plus grave, c'est que ces \u00e9conomies sont \u003Ci\u003Ed\u00e9pendantes\u003C\/i\u003E et que leur domination de l'ext\u00e9rieur d\u00e9termine la reproduction des conditions qui engendrent et expliquent le sous-d\u00e9veloppement. En fait, ce sous-d\u00e9veloppement n'est pas autre chose que la forme distordue que prend au Sud le d\u00e9veloppement dans les pays capitalistes du Nord. La nature du syst\u00e8me capitaliste est donc contradictoire : ce syst\u00e8me produit dans le m\u00eame mouvement d\u00e9veloppement \u00e0 un p\u00f4le et sous-d\u00e9veloppement \u00e0 l'autre p\u00f4le. Pour le \u003Ci\u003EChe\u003C\/i\u003E, il faut par cons\u00e9quent insister sur la n\u00e9cessit\u00e9 d'ind\u00e9pendance \u003Ci\u003E\u00e9conomique\u003C\/i\u003E des pays du Sud comme moyen d'emp\u00eacher leur \u003Ci\u003Erecolonisation \u00e9conomique\u003C\/i\u003E ou n\u00e9o-colonisation par le Nord.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EMais il faut comprendre les m\u00e9canismes sp\u00e9cifiques du n\u00e9o-colonialisme, qui sait reconna\u00eetre l'ind\u00e9pendance d'\u00c9tats, formels, restant d\u00e9pendants. Dans une conf\u00e9rence du 20 mars 1960 pour \u00ab \u003Ci\u003EL'Universit\u00e9 populaire\u003C\/i\u003E \u00bb, \u00e0 Cuba, le \u003Ci\u003EChe\u003C\/i\u003E dit : \u00ab \u003Ci\u003ELes concepts de souverainet\u00e9 politique et nationale demeurent des fictions s'il ne se produit pas aussi l'ind\u00e9pendance \u00e9conomique\u003C\/i\u003E \u00bb. Il per\u00e7ut l'importance majeure de la contribution des pays socialistes \u00e0 l'effort des pays du Tiers-Monde pour atteindre cette ind\u00e9pendance \u00e9conomique. C'est ce qui l'am\u00e8ne \u00e0 dire : \u00ab \u003Ci\u003ELe d\u00e9veloppement des pays sous-d\u00e9velopp\u00e9s doit co\u00fbter aux pays socialistes...\u003C\/i\u003E \u00bb. Cette citation est souvent cit\u00e9e, mais tronqu\u00e9e, et surtout d\u00e9tourn\u00e9e dans l'intention de pr\u00e9senter un \u003Ci\u003EChe\u003C\/i\u003E oppos\u00e9 aux pays socialistes de l'\u00e9poque, hostile \u00e0 l'URSS. En fait, il insiste, juste apr\u00e8s, sur la responsabilit\u00e9 incombant aussi aux pays du Tiers-Monde pour arriver \u00e0 l'ind\u00e9pendance \u00e9conomique et contribuer \u00e0 consolider les forces r\u00e9volutionnaires, en ajoutant : \u00ab... \u003Ci\u003Emais ces pays sous-d\u00e9velopp\u00e9s doivent aussi se mobiliser et s'engager r\u00e9solument sur le chemin de la construction d'une soci\u00e9t\u00e9 nouvelle. On ne saurait gagner la confiance des pays socialistes en essayant de trouver un \u00e9quilibre entre capitalisme et socialisme, d'utiliser ces deux forces en contrepoids l'une de l'autre pour tirer quelques avantages de leur mise en concurrence\u003C\/i\u003E \u00bb. Voil\u00e0 qui est aussi clair que le d\u00e9but de la citation - m\u00eame si cette clart\u00e9 trouble certains...\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EIl analyse aussi les instruments utilis\u00e9s par l'imp\u00e9rialisme pour soumettre et exploiter ces pays du Tiers-Monde, et souligne le r\u00f4le des investissements \u00e9trangers dans la prise de contr\u00f4le des ressources naturelles du Sud, ou celui de l'\u00e9change in\u00e9gal dans le commerce mondial. Il peut \u00eatre tenu pour pr\u00e9curseur des id\u00e9es tiers-mondistes de d\u00e9fense de la souverainet\u00e9 du Sud sur leurs activit\u00e9s \u00e9conomiques - revendication qui s'est g\u00e9n\u00e9ralis\u00e9e par la suite, dans les ann\u00e9es 1970. Il met \u00e9galement l'accent sur le probl\u00e8me de la dette ext\u00e9rieure, au d\u00e9but de la d\u00e9cennie 1960, anticipant sur la crise qui \u00e9clatera 20 ans plus tard. C'est un autre apport du \u003Ci\u003EChe\u003C\/i\u003E.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELors de la 1\u00e8re r\u00e9union de la CNUCED en 1964 \u00e0 Gen\u00e8ve, il va d\u00e9noncer les principes - fictifs selon lui - d'\u00e9galit\u00e9 formelle entre pays, de r\u00e9ciprocit\u00e9 dans les relations commerciales, ainsi que l'injustice de l'ordre \u00e9conomique mondial, dont il exigea la transformation. Il proposa d'\u00e9tablir une liaison entre prix des mati\u00e8res premi\u00e8res et paiements de dividendes et d'int\u00e9r\u00eats qui anticipe sur l'id\u00e9e d'indexation des prix des mati\u00e8res premi\u00e8res sur ceux des produits manufactur\u00e9s, que la CNUCED allait bient\u00f4t promouvoir.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELa cl\u00e9 du raisonnement d'Ernesto Guevara, c'est l'identification entre lutte contre le sous-d\u00e9veloppement, lutte contre l'imp\u00e9rialisme et lutte contre l'ordre mondial tel qu'il est. Selon lui, le d\u00e9passement du sous-d\u00e9veloppement ne peut pas \u00eatre s\u00e9par\u00e9 de l'anti-imp\u00e9rialisme, car l'imp\u00e9rialisme est l'obstacle reproduisant la d\u00e9pendance du Sud. Mais, dans le m\u00eame temps, on ne peut lutter contre l'imp\u00e9rialisme sans briser, concr\u00e8tement, les instruments d'exercice de son pouvoir. Voil\u00e0 pourquoi il plaida pour un \u00ab nouvel ordre mondial \u00bb et - pour parvenir \u00e0 cette transformation - en faveur d'une unit\u00e9 du Tiers-Monde. \u00c0 Alger, en 1965, il d\u00e9clare : \u00ab \u003Ci\u003ESi l'ennemi imp\u00e9rialiste, \u00e9tasunien ou n'importe quel autre, poursuit son action contre les nations sous-d\u00e9velopp\u00e9es et les pays socialistes, une logique \u00e9l\u00e9mentaire commande la n\u00e9cessit\u00e9 de l'alliance des peuples sous-d\u00e9velopp\u00e9s et des pays socialistes\u003C\/i\u003E \u00bb. Et donc, \u00ab \u003Ci\u003Es'il n'y avait d'autre facteur d'union, l'ennemi commun devrait en constituer un\u003C\/i\u003E \u00bb.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EVenons-en maintenant \u00e0 un point d\u00e9licat, qu'il faut aborder pour dissiper un malentendu. L'importance que le \u003Ci\u003EChe\u003C\/i\u003E a accord\u00e9e aux relations Nord-Sud a conduit certains commentateurs \u00e0 des lectures erron\u00e9es de sa pens\u00e9e ; comme quand on a laiss\u00e9 croire que, d'apr\u00e8s lui, la vraie contradiction ne r\u00e9siderait pas entre capitalisme et socialisme, mais entre pays d\u00e9velopp\u00e9s et pays sous-d\u00e9velopp\u00e9s. Il faut bien comprendre que, si le \u003Ci\u003EChe\u003C\/i\u003E a maintes fois soulign\u00e9 le r\u00f4le d\u00e9terminant des rapports Nord-Sud, il n'en a pas fait dispara\u00eetre pour autant celui des rapports de classes. Je l'ai dit : \u003Ci\u003EChe\u003C\/i\u003E \u00e9tait communiste, marxiste-l\u00e9niniste. Ses \u00e9crits et discours tendent tous vers l'objectif d'av\u00e8nement du socialisme mondial. En cela, il est \u003Ci\u003Etr\u00e8s\u003C\/i\u003E marxiste. Car il est difficile, sinon impossible, de saisir la pens\u00e9e de Marx, politique mais aussi th\u00e9orique, sans la connecter syst\u00e9matiquement \u00e0 cette conviction de la victoire mondiale du socialisme.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EMais le \u003Ci\u003EChe\u003C\/i\u003E mit les pays socialistes devant leur responsabilit\u00e9. Il \u00e9tait conscient de l'exigence de consolider les positions du socialisme mondial, et critiqua les actions risquant d'\u00e9carter les pays sous-d\u00e9velopp\u00e9s du socialisme. Il parla m\u00eame d'\u00e9change in\u00e9gal entre pays socialistes et Tiers-Monde, ainsi : \u00ab \u003Ci\u003ESi nous \u00e9tablissons ce genre de relations\u003C\/i\u003E [d'\u00e9change in\u00e9gal] \u003Ci\u003Eentre ces deux ensembles de pays, nous devrons convenir que les pays socialistes sont, d'une certaine mani\u00e8re, complices de l'exploitation imp\u00e9riale. On peut arguer de ce que le montant des \u00e9changes avec les pays sous-d\u00e9velopp\u00e9s repr\u00e9sente une part insignifiante du commerce ext\u00e9rieur de ces pays. C'est parfaitement vrai, mais cela n'\u00e9limine pas le caract\u00e8re immoral de l'\u00e9change\u003C\/i\u003E \u00bb. Et de conclure : \u00ab \u003Ci\u003ELes pays socialistes ont le devoir moral de liquider toute complicit\u00e9 avec les pays exploiteurs occidentaux\u003C\/i\u003E \u00bb. C'\u00e9tait courageux. Mais cela ne fait pas du \u003Ci\u003EChe\u003C\/i\u003E, loin s'en faut, un ennemi de l'URSS. Car ce ne fut pas la r\u00e9alit\u00e9. Le \u003Ci\u003EChe\u003C\/i\u003E n'est pas \u00e9t\u00e9 plus complaisant, ou moins critique, \u00e0 l'\u00e9gard des pays du Tiers-Monde, auxquels il s'adressa pour qu'ils liquident sur leurs sols les outils d'exercice du pouvoir effectif de l'imp\u00e9rialisme et qu'ils d\u00e9cident de \u00ab \u003Ci\u003Es'engager r\u00e9solument sur le chemin de la construction\u003C\/i\u003E \u00bb du socialisme. La t\u00e2che historique des peuples du Sud consiste donc \u00e0 \u00e9liminer les bases de l'imp\u00e9rialisme dans leurs pays, c'est-\u00e0-dire toutes les sources de profits, d'extraction de mati\u00e8res premi\u00e8res ou d'ouverture des march\u00e9s.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EPour le \u003Ci\u003EChe\u003C\/i\u003E, l'ennemi, c'est l'imp\u00e9rialisme, consid\u00e9r\u00e9 \u00e0 la fois comme un syst\u00e8me mondial - ainsi qu'il le dit dans son message \u00e0 la \u003Ci\u003ETricontinentale\u003C\/i\u003E : \u00ab \u003Ci\u003EL'imp\u00e9rialisme est un syst\u00e8me mondial, derni\u00e8re \u00e9tape du capitalisme, qu'il s'agit de vaincre par une grande confrontation mondiale\u003C\/i\u003E \u00bb ; et comme syst\u00e8me dynamique, s'adaptant aux conditions changeantes du monde et utilisant des outils toujours novateurs afin d'atteindre ses objectifs de destruction des pays du Sud - c'est ce qu'il d\u00e9clara \u00e0 la conf\u00e9rence de l'Organisation des \u00c9tats am\u00e9ricains de 1961. D'o\u00f9 sa strat\u00e9gie r\u00e9volutionnaire : la lutte des peuples doit \u00eatre multidimensionnelle, globale, longue, mobiliser tous les pays exploit\u00e9s par l'imp\u00e9rialisme, se d\u00e9ployer sur tous les terrains. L'imp\u00e9rialisme, \u00e9tasunien d'abord, est l'ennemi commun de l'humanit\u00e9, et face \u00e0 lui, les pays socialistes et les progressistes doivent s'unir, quelles que soient leurs divergences ponctuelles. De telles divergences sont une faiblesse, mais, sous les coups de l'imp\u00e9rialisme, l'union s'imposera.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ECinquante ans ont pass\u00e9 depuis la mort du \u003Ci\u003EChe\u003C\/i\u003E. Le monde a \u00e9norm\u00e9ment chang\u00e9 depuis lors, mais l'essentiel de sa pens\u00e9e sur l'\u00e9conomie mondiale conserve, je crois, son actualit\u00e9 et sa pertinence.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cb\u003ER\u00e9my HERRERA\u003C\/b\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EChercheur au CNRS, Centre d'\u00c9conomie de la Sorbonne\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E[\u003Ca href=\"#nh1\" id=\"nb1\"\u003E1\u003C\/a\u003E] Citons ici, en plus des \u003Ci\u003EObras escogidas\u003C\/i\u003E du Che lui-m\u00eame, \u00e9dit\u00e9es aux Ediciones Ciencias sociales (La Habana), les travaux du grand \u00e9conomiste cubain Silvio Baro, \u00e0 qui le pr\u00e9sent article doit beaucoup, et qui lui est d\u00e9di\u00e9.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Ca href=\"http:\/\/www.legrandsoir.info\/le-che-et-l-economie-mondiale.html\"\u003Elegrandsoir.info\u003C\/a\u003E\u003C\/p\u003E"}}