{"157472":{"id":"157472","parent":"157278","time":"1559896233","url":"http:\/\/newsnet.fr\/157472","source":"https:\/\/orientxxi.info\/magazine\/soudan-a-qiyadah-l-utopie-d-un-nouveau-soudan,3132","category":"Afrique","title":"Soudan. \u00c0 \u00ab Qiyadah \u00bb, l'utopie d'un nouveau Soudan","catalog-images":"\/","image":"http:\/\/newsnet.fr\/img\/","hub":"newsnet","url-explicit":"http:\/\/newsnet.fr\/art\/soudan-a-qiyadah-l-utopie-d-un-nouveau-soudan","admin":"newsnet","views":"694","priority":"3","length":"14520","lang":"fr","content":"\u003Cp\u003ESoulev\u00e9 depuis des mois \u00e0 travers tout le Soudan, le peuple r\u00e9clame la fin du pouvoir militaire et la transition vers un pouvoir civil. \u00c0 Khartoum m\u00eame, au cœur de la capitale, des milliers de personnes s'organisent, discutent, se mobilisent pour atteindre cet objectif. Mais les forces de la contre-r\u00e9volution s'organisent.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELeurs pieds battent l'asphalte encore chaud et la poussi\u00e8re. Leur menton embrasse le ciel. C'est une bien belle parade militaire. Sauf que les pieds sont chauss\u00e9s de tongs et les bouches rieuses. Qu'ils ne tiennent pas des fusils, mais des balais. Tous les soirs, des brigades de gamins jouent la m\u00eame sc\u00e8ne, ravis de leur blague. On les retrouve plus loin, affair\u00e9s \u00e0 balayer avec force gestes une des grandes avenues, pi\u00e9tonne et encombr\u00e9e.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELa sc\u00e8ne n'est pas si anecdotique qu'elle le semble. Elle dit beaucoup sur le sit-in de Khartoum, cet immense espace de plusieurs kilom\u00e8tres carr\u00e9s occup\u00e9 par \u003Ca href=\"https:\/\/orientxxi.info\/magazine\/magazine\/le-soudan-a-l-heure-de-la-revolution,3097\"\u003Eles protestataires soudanais depuis le 6 avril\u003C\/a\u003E. Ils l'appellent \u003Ci\u003E\u00ab Qiyadah \u00bb,\u003C\/i\u003E (commandement), car ils l'ont \u00e9tabli le long du quartier g\u00e9n\u00e9ral des forces arm\u00e9es soudanaises (SAF), ou \u003Ci\u003E\u00ab midan al-itisam \u00bb,\u003C\/i\u003E la \u00ab place de l'attente \u00bb, car ils ont d\u00e9cid\u00e9 de n'en pas bouger avant que leurs revendications ne soient satisfaites : la mise \u00e0 bas compl\u00e8te du r\u00e9gime d'Omar Al-Bachir et le pouvoir aux civils.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cbig\u003E\u00ab Nous nous r\u00e9approprions notre pays \u00bb\u003C\/big\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELes avenues, rues, coins et recoins de Qiyadah sont propres, donc. Peu de papiers par terre, quasiment aucun sac en plastique qui vole ; les ordures sont mises en sac et ramass\u00e9es par un camion poubelle : \u003Ci\u003E\u00ab Ici, nous nous r\u00e9approprions notre pays, et nous voulons que notre pays soit propre et donne une bonne image de lui-m\u00eame et de nous \u00bb\u003C\/i\u003E, analyse, s\u00e9rieux, Abdallah Gaber, 32 ans, l'un des r\u00e9gisseurs du sit-in. Ing\u00e9nieur civil \u00e0 la t\u00eate de sa propre entreprise dans la \u00ab vraie vie \u00bb, grandi en Arabie saoudite, revenu il y a quelques ann\u00e9es \u003Ci\u003E\u00ab parce que ce pays coule dans [mes] veines \u00bb\u003C\/i\u003E, il r\u00e9sume les griefs des protestataires contre le gouvernement d'Omar Al-Bachir : pr\u00e9dation, n\u00e9potisme, confiscation et arbitraire. \u003Ci\u003E\u00ab Si tu n'\u00e9tais pas \"avec eux\", tu n'avais aucune chance d'obtenir un march\u00e9 un peu cons\u00e9quent,\u003C\/i\u003E explique-t-il. \u003Ci\u003ELes qualifications, l'exp\u00e9rience, rien de tout cela n'entrait en ligne de compte. Et \u00e0 la moindre protestation, tu risquais de gros ennuis. C'\u00e9tait la m\u00eame chose dans la vie quotidienne. Par exemple, un jour, un officier a embouti ma voiture \u00e0 l'arr\u00eat. Il m'a jet\u00e9 quelques billets : \"et voil\u00e0 pour toi,\" et il est parti. Ma voiture est hors d'usage, alors que c'est mon instrument de travail. C'\u00e9tait \u00e7a, le Soudan d'Al-Bachir. \u00bb\u003C\/i\u003E Abdallah a pass\u00e9 plusieurs mois au \u00ab frigo \u00bb, surnom des ge\u00f4les sinistres du National Intelligence and Security Service (NISS), le service de renseignement. Les tortures ont renforc\u00e9 sa d\u00e9termination.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cbig\u003E\u00ab Ils ont d\u00e9voy\u00e9 l'islam \u00bb\u003C\/big\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EMohamed Babiker, publicitaire, catogan et barbe courte de la jeunesse ais\u00e9e, pop anglaise en sourdine dans son imposant 4x4 sombre, ajoute au tableau les tracasseries administratives et hypocritement puritaines des \u003Ci\u003Ekaizan\u003C\/i\u003E. Un surnom d\u00e9sobligeant qui d\u00e9signe les partisans de la galaxie islamiste soudanaise issue du Front national islamique de Hassan Al-Tourabi, mentor d'Omar Al-Bachir lors du coup d'\u00c9tat de 1989, honnis par le sit-in. \u003Ci\u003E\u00ab Ils ont d\u00e9voy\u00e9 l'islam. Ils ont menti en pr\u00e9tendant que nous ne sommes pas musulmans. Nous voulons retrouver les bases du vrai Soudan, l'ancien, avant que les militaires et les islamistes ne fassent tout pour changer le pays, r\u00e9sume-t-il. Le changement a d\u00e9j\u00e0 commenc\u00e9 : nous avons retrouv\u00e9 notre fraternit\u00e9 et notre gentillesse. \u00bb\u003C\/i\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EIl est vrai qu'\u00e0 Qiyadah l'ambiance est bon enfant, malgr\u00e9 la fatigue du ramadan, la chaleur et l'impatience devant les n\u00e9gociations bloqu\u00e9es depuis le 21 mai. De tr\u00e8s jeunes gens filles et gar\u00e7ons fouillent chaque visiteur aux nombreux points de contr\u00f4le avec politesse, sourire inclus. Tout objet susceptible de servir d'arme est confisqu\u00e9, y compris les petits miroirs de maquillage : cass\u00e9s, ils peuvent \u00eatre redoutables. Les organisateurs craignent les provocations et les bagarres d\u00e9clench\u00e9es par les hommes en civil du NISS, toujours pr\u00e9sents, redoutables et redout\u00e9s. \u003Ci\u003E\u00ab Nous en avons arr\u00eat\u00e9 plus d'un millier depuis le d\u00e9but du sit-in,\u003C\/i\u003E affirme Moumin Ahmed Abbas, 28 ans, une des t\u00eates pensantes de Qiyadah, chevelure \u00e9bouriff\u00e9e maintenue par un bandeau color\u00e9 et grosses lunettes bleues sur un visage \u00e9maci\u00e9. \u003Ci\u003ENous les interrogeons et nous les remettons aux militaires. \u00bb\u003C\/i\u003E Ils sont parfois d\u00e9pouill\u00e9s d'une veste, d'une chemise, d'un sac, hiss\u00e9s au sommet d'un \u00e9norme panneau publicitaire vantant la p\u00e2te de s\u00e9same. Il faut bien quelques troph\u00e9es \u00e0 la r\u00e9volution.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ED'autant que la menace p\u00e8se toujours sur le Qiyadah, incarn\u00e9e par ces dizaines de v\u00e9hicules militaires h\u00e9riss\u00e9s de mitrailleuses et de lance-roquettes tout autour du sit-in. Les anciens \u003Ci\u003Ejanjawid\u003C\/i\u003E, rebaptis\u00e9s Force de soutien rapide (Rapid Support Forces, RSF) et dirig\u00e9s par le g\u00e9n\u00e9ral Mohamed Hamdan Dogolo, dit Hemetti, vice-pr\u00e9sident du Conseil de transition militaire, ont \u00e9t\u00e9 impliqu\u00e9s dans plusieurs incidents s\u00e9rieux ces derniers jours. Et il se murmure que Hemetti voudrait bien en finir avec le Qiyadah.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EMoumin Ahmed Abbas a une d\u00e9cennie de lutte contre le r\u00e9gime derri\u00e8re lui. Comme pour beaucoup de ses compagnons, il a commenc\u00e9 \u00e0 l'universit\u00e9 et a continu\u00e9 une fois dans la vie active \u00e0 la t\u00eate de sa petite entreprise de travail du cuir. \u003Ci\u003E\u00ab J'ai \u00e9t\u00e9 arr\u00eat\u00e9 plus de douze fois en dix ans, j'ai pass\u00e9 en tout un an en prison \u00bb,\u003C\/i\u003E raconte-t-il. Recherch\u00e9 par le NISS, il lui a la plupart du temps \u00e9chapp\u00e9 en donnant un faux nom \u00e0 la police et en se d\u00e9pla\u00e7ant sans t\u00e9l\u00e9phone portable ni papiers d'identit\u00e9. Il fait partie du noyau dur du comit\u00e9 des ing\u00e9nieurs qui s'est joint \u00e0 \u003Ca href=\"https:\/\/orientxxi.info\/magazine\/magazine\/ce-bataillon-fantome-qui-a-organise-l-insurrection-populaire-au-soudan,3058\"\u003El'Association des professionnels soudanais\u003C\/a\u003E (APS), fer de lance de la contestation et des coordinateurs de Qiyadah.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cbig\u003EL'aide de la diaspora\u003C\/big\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EL'organisation de cette ville dans la ville est impressionnante. Des cuisines collectives nourrissent gratuitement des milliers de personnes chaque jour. Des ing\u00e9nieurs en \u00e9lectricit\u00e9 supervisent le gros g\u00e9n\u00e9rateur, les installations des sc\u00e8nes \u00ab officielles \u00bb et des estrades improvis\u00e9es. Des journalistes et des vid\u00e9astes alimentent la page Facebook du sit-in. Sept cliniques et une pharmacie centrale travaillent 24 heures sur 24. \u003Ci\u003E\u00ab Nous recevons de la diaspora des m\u00e9dicaments que nous ne trouvons pas dans nos officines et m\u00eame dans nos h\u00f4pitaux publics, comme certains inhalateurs contre l'asthme,\u003C\/i\u003E se rengorge Abir Mohamed, pharmacienne de 34 ans, les yeux rieurs derri\u00e8re son niqab. \u003Ci\u003EEt tout est gratuit. C'est important, car beaucoup de gens ne peuvent pas payer les m\u00e9dicaments. \u00bb\u003C\/i\u003E Des camions ravitaillent en eau, en glace, en jus de fruits par bidons entiers. \u00ab \u003Ci\u003ELe plus urgent, quand les manifestants ont d\u00e9cid\u00e9 de ne plus bouger, le 6 avril, \u00e7a a \u00e9t\u00e9 de fournir de l'eau,\u003C\/i\u003E se souvient Haytham Balla Saeed, dirigeant de la succursale soudanaise d'une multinationale p\u00e9troli\u00e8re. Avec \u003Ci\u003Eun groupe d'amis hommes d'affaires, nous avons organis\u00e9 \u00e7a. \u00bb\u003C\/i\u003E L'approvisionnement de Qiyadah en tonnes d'eau et de nourriture vient d'initiatives individuelles comme celles-ci, plus rarement d'organismes de charit\u00e9.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ETout cela co\u00fbte cher. \u003Ci\u003E\u00ab Trois millions de livres soudanaises\u003C\/i\u003E [48 000 euros] \u003Ci\u003Epar jour,\u003C\/i\u003E estime l'ing\u00e9nieur et r\u00e9gisseur Abdallah Gaber. L'argent vient de dons d'individus, de soci\u00e9t\u00e9s, de la diaspora. Tout le monde est pr\u00eat \u00e0 financer, car le pays a tant souffert de ce r\u00e9gime ! \u00bb Haytham Balla Saeed rappelle que la seule diaspora soudanaise aux \u00c9tats-Unis a lev\u00e9 720 000 dollars [650 000 euros] en quelques jours. \u003Ci\u003E\u00ab Les forces vives du pays sont du c\u00f4t\u00e9 de la r\u00e9volution,\u003C\/i\u003E souligne-t-il. \u003Ci\u003EL'ancien r\u00e9gime et la junte militaire sont catastrophiques pour les affaires. Ils pr\u00e9l\u00e8vent leur d\u00eeme sur tout et sont corrompus. Ils ont men\u00e9 le pays \u00e0 des sanctions internationales d\u00e9sastreuses, m\u00eame si elles ont \u00e9t\u00e9 un peu adoucies en 2018. Et la d\u00e9plorable image du pays rebute les investisseurs \u00e9trangers. \u00bb\u003C\/i\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cbig\u003E\u00ab Nous sommes tous darfouris \u00bb\u003C\/big\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ETout Soudanais d\u00e9tenteur d'un dipl\u00f4me universitaire visait l'expatriation. Ainsi Samia, qui pr\u00e9f\u00e8re ne pas donner son nom de famille, car ses parents, inquiets, ignorent qu'elle assure des permanences \u00e0 la pharmacie centrale de Qiyadah, devait partir en Su\u00e8de en d\u00e9cembre 2018. Elle a remis son projet pour participer aux manifestations. Certains, comme Sayeda Hussein Al-Bachir, 24 ans et un poste d'assistante de recherche au Kowe\u00eft, sont revenus sp\u00e9cialement pour participer \u00e0 la chute du r\u00e9gime et \u00e0 la construction de ce Soudan r\u00eav\u00e9. Avant de le r\u00eaver, les Soudanais qui fr\u00e9quentent le sit-in le d\u00e9couvrent. Des victimes des guerres du Darfour et des monts Nouba ont fait le voyage jusqu'\u00e0 Khartoum. Les tentes o\u00f9 sont expos\u00e9es les photos des exactions gouvernementales ne d\u00e9semplissent pas. Beaucoup, parmi cette classe moyenne \u00e9duqu\u00e9e et d\u00e9class\u00e9e, affirment qu'ils ignoraient presque tout et se disent effar\u00e9s. Le \u003Ci\u003E\u00ab Un seul Soudan, nous sommes tous darfouris \u00bb\u003C\/i\u003E r\u00e9jouit Ibtissam Hassan Khalifa, 30 ans, dynamique organisatrice d'une des cuisines collectives. Mais cette native de Demisi \u00e0 l'ouest du Darfour attend de voir. Il est bien beau de parler d'\u00e9galit\u00e9 et de lutte contre le racisme, encore faut-il des actes concrets : \u003Ci\u003E\u00ab les responsables doivent \u00eatre jug\u00e9s. C'est la premi\u00e8re chose que nous attendons : la justice. \u00bb\u003C\/i\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELa priorit\u00e9 absolue, aussi, selon Haytham Balla Saeed, m\u00eame si elle diff\u00e8re un peu : \u003Ci\u003E\u00ab Ces jeunes, \u00e0 Qiyadah, ont fait la r\u00e9volution. Ils ont perdu des camarades, tu\u00e9s par les forces de s\u00e9curit\u00e9. Il faut rendre la justice, sinon ils se sentiront trahis \u00bb,\u003C\/i\u003E pr\u00e9vient-il. Ce n'est pas le moindre des d\u00e9fis. L'urgence du moment, pour ceux du sit-in et des Forces de la libert\u00e9 et du changement (Forces of Freedom and Change, FFC), qui regroupe l'APS et des partis d'opposition dont l'Oumma de Saddiq Al-Mahdi, le Parti du congr\u00e8s d'Omar Al-Digeir et le Parti communiste, c'est le pouvoir aux civils. Apr\u00e8s l'accord trouv\u00e9 sur la p\u00e9riode de transition, le corps l\u00e9gislatif et l'ex\u00e9cutif, les n\u00e9gociations ont achopp\u00e9 sur la constitution du conseil pr\u00e9sidentiel chapeautant le complexe \u00e9difice. Le Conseil de transition militaire est vou\u00e9 aux g\u00e9monies, et le mot d'ordre est d\u00e9sormais \u003Ci\u003E\u00ab Madaniya \u00bb,\u003C\/i\u003E une r\u00e9duction du \u00ab pouvoir aux civils \u00bb. On le crie, on le chante, on le scande partout, sur les trottoirs pendant les gr\u00e8ves et les \u003Ci\u003Estand-by\u003C\/i\u003E au son des klaxons, dans les marches qui parcourent r\u00e9guli\u00e8rement Oumdourman et les quartiers de Khartoum, sur les estrades de Qiyadah, sur le bitume de ses avenues et sur les chaises des caf\u00e9s en plein air.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cbig\u003EL'\u00e9ducation en premier lieu\u003C\/big\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EApr\u00e8s, car malgr\u00e9 les craintes suscit\u00e9es par \u00ab l'\u00c9tat profond \u00bb et les militaires de la RSF de Hemetti, il faudra d\u00e9ployer en grand ce qui existe dans ce Soudan miniature : l'\u00e9ducation en premier lieu. \u003Ci\u003E\u00ab Tout d\u00e9coule de \u00e7a ! \u00bb,\u003C\/i\u003E s'exclame-t-on en chœur aux quatre coins de Qiyadah. \u00ab \u003Ci\u003EToutes nos guerres viennent de la m\u00e9connaissance que nous avons des diff\u00e9rentes cultures pr\u00e9sentes au Soudan et de leur m\u00e9pris par certains,\u003C\/i\u003E assure Afifi, peintre reconnu et opposant de la premi\u00e8re heure au r\u00e9gime d'Omar Al-Bachir. \u003Ci\u003ESeule l'\u00e9ducation peut r\u00e9parer cela et nous permettre d'aller de l'avant. \u00bb\u003C\/i\u003E Le peintre du quartier de Burri apprend l'art de la peinture \u00e0 une vingtaine de gamins et de gamines qui sont venus le solliciter d\u00e8s les premiers jours du sit-in.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELe groupe d'amis d'Haytham Balla Saed procure des conseils pour trouver une formation ou un stage, y compris \u00e0 l'\u00e9tranger. D'autres enseignent les rudiments aux enfants des rues lire, compter, dessiner, jouer de la musique. \u00c0 l'autre bout de Qiyadah, tout pr\u00e8s des premi\u00e8res voitures de la RSF, r\u00e9put\u00e9e peu \u00e9duqu\u00e9e, l'estrade de la Fondation des chercheurs soudanais organise chaque jour des \u00ab clubs \u00bb o\u00f9 l'on d\u00e9bat et apprend en fran\u00e7ais, en anglais et en arabe. Des astronomes ont pos\u00e9 sur l'asphalte des t\u00e9lescopes et des maquettes de plan\u00e8te. \u003Ci\u003E\u00ab Nous recevons des dizaines de jeunes chaque jour. Nous leur apportons la connaissance, gratuitement, nous leur trouvons des bourses s'il le faut, car nous avons un vaste r\u00e9seau universitaire, dans le monde entier,\u003C\/i\u003E explique Anwar Dafa-Alle, chercheur au Qatar et revenu sp\u00e9cialement pour la r\u00e9volution. \u003Ci\u003ENotre priorit\u00e9 est les jeunes sans dipl\u00f4me. Leur frustration, si nous ne prenons pas soin d'eux, peut \u00eatre dangereuse pour la transition. Ils sont impatients. \u00bb\u003C\/i\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EDans la nuit, des milliers de Soudanais se sont plac\u00e9s \u00e0 quelques m\u00e8tres seulement de l'entr\u00e9e principale du QG des forces arm\u00e9es. Derri\u00e8re les grilles, les hommes de la RSF et des blind\u00e9s l\u00e9gers. Les incidents, ces derniers jours, se sont multipli\u00e9s, causant plusieurs morts et des bless\u00e9s parmi les protestataires. La foule, apr\u00e8s de longues minutes de silence, entame un \u003Ci\u003E\u00ab Nous ne laisserons pas acheter le sang des martyrs \u00bb\u003C\/i\u003E. Qiyadah aura du mal \u00e0 accepter un compromis avec les militaires.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Ca href=\"https:\/\/orientxxi.info\/magazine\/soudan-a-qiyadah-l-utopie-d-un-nouveau-soudan,3132\"\u003Eorientxxi.info\u003C\/a\u003E\u003C\/p\u003E","_links":{"parent_art":[{"title":"Soudan : le dirigeant Madani Abbas touch\u00e9 lors de la dispersion du sit-in","url":"http:\/\/newsnet.fr\/apicom\/id:157278,json:1"}]}}}