{"160079":{"id":"160079","parent":"0","time":"1565169621","url":"http:\/\/newsnet.fr\/160079","source":"http:\/\/histoireetsociete.wordpress.com\/2019\/08\/06\/the-guardian-deces-de-toni-morrison-auteur-et-laureat-du-pulitzer-a-lage-de-88-ans\/","category":"philosophie","title":"The guardian : D\u00e9c\u00e8s de Toni Morrison, auteur et laur\u00e9at du Pulitzer, \u00e0 l'\u00e2ge de 88 ans","catalog-images":"2\/newsnet_160079_009b08.jpg\/newsnet_160079_6740e5.jpg","image":"http:\/\/newsnet.fr\/img\/newsnet_160079_6740e5.jpg","hub":"newsnet","url-explicit":"http:\/\/newsnet.fr\/art\/the-guardian-deces-de-toni-morrison-auteur-et-laureat-du-pulitzer-a-l-age-de-88-ans","admin":"newsnet","views":"738","priority":"2","length":"10149","lang":"fr","content":"\u003Cp\u003E\u003Cb\u003EUn jour par hasard dans une \u00e9mission litt\u00e9raire de t\u00e9l\u00e9vision j'ai d\u00e9couvert cette femme et j'ai \u00e9t\u00e9 frapp\u00e9e par notre ressemblance physique, paradoxalement cette ressemblance venait de ma grand m\u00e8re juive n\u00e9e en Galicie polonaise. J'\u00e9tais pourtant encore jeune, mince, blonde, mais c'\u00e9tait \u00e0 travers elle comme si je voyais se r\u00e9aliser mon \u00e2ge d\u00e9finitif, celui o\u00f9 je rejoindrais l'afrique tellurique; c'\u00e9taient ses mots ce qu'elle disait de l'\u00e9criture, si incisif, si pr\u00e9cis sur la langue afro-am\u00e9ricaine qui m'incitaient \u00e0 m'identifier physiquement \u00e0 elle, \u00e0 entrer dans son propre corps comme dans ses livres (note et traduction de danielle Bleitrach)\u003C\/b\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EAvec des romans comme Beloved et The Bluest Eye, le laur\u00e9at du prix Nobel dramatise l'exp\u00e9rience afro-am\u00e9ricaine avec une passion f\u00e9roce.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Ca href=\"https:\/\/www.theguardian.com\/profile\/richardlea\"\u003ERichard Lea\u003C\/a\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Ca href=\"https:\/\/www.theguardian.com\/books\/tonimorrison\"\u003EToni Morrison\u003C\/a\u003E, qui a racont\u00e9 l'histoire de la fiction afro-am\u00e9ricaine pendant plus de cinq d\u00e9cennies, est d\u00e9c\u00e9d\u00e9 \u00e0 l'\u00e2ge de 88 ans.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EDans une d\u00e9claration publi\u00e9e mardi, son \u00e9diteur Knopf a confirm\u00e9 la nouvelle selon laquelle l'auteur serait d\u00e9c\u00e9d\u00e9 lundi soir au centre m\u00e9dical Montefiore de New York.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EN\u00e9 dans une ville d'acier de l'Ohio dans les profondeurs de la Grande D\u00e9pression, Morrison s'est taill\u00e9 une terre litt\u00e9raire pour les voix des Afro-Am\u00e9ricains, d'abord en tant que r\u00e9dacteur en chef r\u00e9put\u00e9, puis avec des romans tels que The Bluest Eye, The Song of Solomon et Beloved. Au cours d'une carri\u00e8re qui lui a valu des honneurs, notamment le \u003Ca href=\"https:\/\/www.theguardian.com\/books\/pulitzerprize\"\u003Eprix Pulitzer\u003C\/a\u003E, le prix Nobel, la L\u00e9gion d'Honneur et une m\u00e9daille pr\u00e9sidentielle de la libert\u00e9 qui lui a \u00e9t\u00e9offerte en 2012 par son ami Barack Obama, son travail est devenu une partie int\u00e9grante de la vie am\u00e9ricaine. comme il a \u00e9t\u00e9 tiss\u00e9 dans les programmes de lyc\u00e9e \u00e0 travers le pays.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELa maison o\u00f9 Morrison est n\u00e9 en 1931 se trouve \u00e0 environ un kilom\u00e8tre des portes de l'aci\u00e9rie Lorain dans l'Ohio - le premier d'une s\u00e9rie d'appartements dans lesquels la famille vivait alors que son p\u00e8re ajoutait de petits boulots \u00e0 son travail \u00e0 l'usine pour payer le loyer.. Il a d\u00e9fi\u00e9 son sup\u00e9rieur hi\u00e9rarchique et a pris un deuxi\u00e8me emploi syndiqu\u00e9 pour pouvoir envoyer sa fille \u00e0 l'universit\u00e9. Apr\u00e8s avoir \u00e9tudi\u00e9 l'anglais \u00e0 l'Universit\u00e9 Howard et \u00e0 Cornell, elle est retourn\u00e9e \u00e0 Washington pour y enseigner, \u00e9pousant l'architecte Howard Morrison et donnant naissance \u00e0 deux fils.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cspan class=\"philum ic-img2\"\u003E\u003C\/span\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cbig\u003EToni Morrison: 'Je veux ressentir ce que je ressens. M\u00eame si ce n'est pas du bonheur\u003C\/big\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EEn 1965, apr\u00e8s six ans de mariage, elle d\u00e9m\u00e9nage dans le nord de l'\u00c9tat de New York et commence \u00e0 travailler comme r\u00e9dactrice. C'est \u00e0 Syracuse qu'elle a compris que le roman qu'elle voulait lire n'existait pas et a commenc\u00e9 \u00e0 l'\u00e9crire elle-m\u00eame.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u00abJ'ai eu deux petits enfants dans un coin perdu, a-t-elle d\u00e9clar\u00e9 au New York Times en 1979, \u00abet j'\u00e9tais tr\u00e8s seul. Ecrire \u00e9tait quelque chose que je devais faire le soir, apr\u00e8s le sommeil des enfants. \"\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELe livre qui lui manquait ramena Morrison \u00e0 Lorain et une conversation qu'elle avait eue \u00e0 l'\u00e9cole primaire. En 1993, lorsqu'elle \u00e9crivait, elle s'\u00e9tait souvenue de la fa\u00e7on dont elle s'\u00e9tait \u00abmise en col\u00e8re\u00bb lorsque son amie lui avait dit qu'elle voulait des yeux bleus.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u00ab\u00a0Implicite dans son d\u00e9sir \u00e9tait une haine de soi raciale\u00a0\u00bb, a \u00e9crit Morrison. \u00abEt 20 ans plus tard, je me demandais toujours comment on pouvait apprendre cela. Qui lui a dit? Qui lui a fait sentir qu'il valait mieux \u00eatre un monstre que ce qu'elle \u00e9tait? Qui l'avait regard\u00e9e et l'avait trouv\u00e9e si d\u00e9sirante, si l\u00e9g\u00e8re sur la balance beaut\u00e9? Le roman s'\u00e9loigne du regard qui la condamne. \u00ab\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EAu cours des cinq ann\u00e9es qu'elle a pass\u00e9es \u00e0 \u00e9crire The Bluest Eye, elle s'est install\u00e9e \u00e0 New York et a commenc\u00e9 \u00e0 publier des livres d'Angela Davis, Henry Dumas et Muhammad Ali, mais elle n'a pas parl\u00e9 \u00e0 ses coll\u00e8gues de sa propre fiction. S'adressant \u00e0 la Paris Review en 1993, Morrison a expliqu\u00e9 que l'\u00e9criture \u00e9tait une \u00abaffaire priv\u00e9e\u00bb.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u00abJe voulais la poss\u00e9der moi-m\u00eame\u00bb, a-t-elle d\u00e9clar\u00e9. \u00ab\u00a0Parce qu'une fois que vous en parler, alors d'autres personnes s'impliquent.\u00a0\u00bb\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EPubli\u00e9 en 1970 avec un tirage initial de 2 000 exemplaires, The Bluest Eye ne cache pas son accouchement difficile en \u003Ca onclick=\"SaveBf('newsnet*160079*009b08.jpg___');\"\u003E\u003Cspan class=\"philum ic-img\"\u003E\u003C\/span\u003E enveloppant l'ouverture percutante du roman autour de la couverture\u003C\/a\u003E\u00a0: \u00abCalme comme il est rest\u00e9, il n'y avait pas de soucis \u00e0 l'automne 1941. Je pensais \u00e0 l'\u00e9poque que c'\u00e9tait parce que Pecola avait le b\u00e9b\u00e9 de son p\u00e8re que les soucis ne poussaient pas.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELe New York Times a salu\u00e9 la mani\u00e8re dont Morrison a d\u00e9crit le fonctionnement d'un \u00abmoteur culturel qui semble avoir \u00e9t\u00e9 con\u00e7u sp\u00e9cifiquement pour assassiner\u00bb, dans une prose \u00absi pr\u00e9cise, si fid\u00e8le \u00e0 la parole et si charg\u00e9e de douleur et d'\u00e9merveillement que le roman devient po\u00e9sie\u00bb - une description qui a marqu\u00e9 l'\u00e9crivain pour le reste de sa carri\u00e8re.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ES'adressant \u00e0 New Republic en 1981, elle a expliqu\u00e9 qu'elle souhaitait \u00e9crire des livres qui n'\u00e9taient \u00abpas... seulement, m\u00eame simplement litt\u00e9raires\u00bb, sinon elle \u00abvaincrait ses objectifs, vaincrait son auditoire\u00bb.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u00abC'est pourquoi je n'aime pas que quelqu'un appelle mes livres\u00ab\u00a0po\u00e9tiques\u00a0\u00bb, dit-elle,\u00ab\u00a0car ils ont la connotation de richesse luxuriante. Je voulais restaurer la langue que les Noirs parlaient avec son pouvoir original. Cela appelle une langue riche mais non orn\u00e9e. \"\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELa r\u00e9putation de Morrison s'est construite peu \u00e0 peu, \u00e0 mesure qu'elle transposait la langue de sa famille et de ses voisins en trois romans suppl\u00e9mentaires, quittant Random House en 1983 pour se consacrer \u00e0 l'\u00e9criture \u00e0 plein temps. La publication en 1987 de Beloved, une puissante histoire qui se d\u00e9roulait au milieu du XIXe si\u00e8cle, mettant en sc\u00e8ne une esclave qui tue son propre b\u00e9b\u00e9, a renforc\u00e9 son statut de figure nationale. Lorsque le roman n'a pas r\u00e9ussi \u00e0 \u00eatre selectionn\u00e9e pour le National Book Award, 48 \u00e9crivains ont sign\u00e9 une lettre de protestation accusant le secteur de l'\u00e9dition de \u00ab\u00a0surveillance et d'incomp\u00e9tence nuisible\u00a0\u00bb.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u00abMalgr\u00e9 la stature internationale de Toni Morrison, elle n'a toujours pas re\u00e7u la reconnaissance nationale que ses cinq œuvres de fiction majeures m\u00e9ritent pleinement\u00bb, ont-ils \u00e9crit. \u00ab\u00a0Elle n'a pas encore re\u00e7u les honneurs du prix national du livre ou du prix Pulitzer.\u00a0\u00bb\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ECinq mois plus tard, Beloved remportait le Pulitzer, d\u00e9cernant de nombreux prix, dont le prix Nobel de litt\u00e9rature en 1993, une m\u00e9daille de la Fondation nationale du livre en 1996 et une m\u00e9daille nationale des sciences humaines quatre ans plus tard.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EMorrison a continu\u00e9 d'explorer l'exp\u00e9rience afro-am\u00e9ricaine - un projet qu'elle a d\u00e9crit au New York Times en 2015 comme \u00ab\u00a0\u00e9crivant sans le regard blanc\u00a0\u00bb - dans des romans s'\u00e9tendant du XVIIe si\u00e8cle \u00e0 nos jours. Elle n'a jamais eu peur de parler des probl\u00e8mes auxquels les \u00c9tats-Unis \u00e9taient confront\u00e9s, d\u00e9fendant le pr\u00e9sident Bill Clinton contre les critiques en 1998 en l' \u003Ca href=\"http:\/\/www.newyorker.com\/magazine\/1998\/10\/05\/comment-6543\"\u003Eappelant le \u00ab\u00a0premier pr\u00e9sident noir\u00a0\u00bb du pays\u003C\/a\u003E, ou en r\u00e9agissant \u00e0 la fusillade de Travyon Martin en d\u00e9crivant les \u00ab\u00a0deux choses que je veux voir dans la vie. L'un est un gamin blanc abattu dans le dos par un flic. N'est jamais arriv\u00e9. La deuxi\u00e8me chose que je veux voir: un disque de n'importe quel homme blanc dans toute l'histoire du monde qui a \u00e9t\u00e9 condamn\u00e9 pour avoir viol\u00e9 une femme noire. Juste un.\u00a0\u00bb\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Ca href=\"http:\/\/www.nobelprize.org\/nobel_prizes\/literature\/laureates\/1993\/morrison-lecture.html\"\u003EApr\u00e8s avoir remport\u00e9 son prix Nobel en 1993\u003C\/a\u003E, Morrison a expliqu\u00e9 les dangers d'un \u00ablangage oppressif [qui] fait plus que repr\u00e9senter la violence; c'est de la violence; fait plus que repr\u00e9senter les limites de la connaissance; elle limite la connaissance\u00a0\u00bbet propose \u00e0 la place une vision positive du\u00ab\u00a0travail des mots\u00a0\u00bbqui\u00ab\u00a0donne un sens qui assure notre diff\u00e9rence, notre diff\u00e9rence humaine - la mani\u00e8re dont nous sommes comme aucune autre vie\u00a0\u00bb.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u00abNous mourons\u00bb, dit-elle. \u00abC'est peut-\u00eatre le sens de la vie. Mais nous faisons la langue. Cela peut \u00eatre la mesure de nos vies. \u00ab\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Ca href=\"http:\/\/histoireetsociete.wordpress.com\/2019\/08\/06\/the-guardian-deces-de-toni-morrison-auteur-et-laureat-du-pulitzer-a-lage-de-88-ans\/\"\u003Ehistoireetsociete.wordpress.com\u003C\/a\u003E\u003C\/p\u003E","_links":{"child_arts":[{"title":"Ne traitez pas Toni Morrison de po\u00e9tesse","url":"http:\/\/newsnet.fr\/apicom\/id:160085,json:1"},{"title":"L'h\u00e9ritage langagier de Toni Morrison","url":"http:\/\/newsnet.fr\/apicom\/id:160104,json:1"},{"title":"Toni Morrison, la Prof","url":"http:\/\/newsnet.fr\/apicom\/id:160105,json:1"},{"title":"Muriel P\u00e9nicaud efface un tweet jug\u00e9 raciste \u00e0 propos de la romanci\u00e8re am\u00e9ricaine Toni Morrison","url":"http:\/\/newsnet.fr\/apicom\/id:160117,json:1"},{"title":"Toni Morrison, Rosa Parks: Deux visions du combat de la libert\u00e9","url":"http:\/\/newsnet.fr\/apicom\/id:160306,json:1"},{"title":"Postscriptum : La v\u00e9rit\u00e9 de Toni Morrison","url":"http:\/\/newsnet.fr\/apicom\/id:160307,json:1"}]}}}