{"160085":{"id":"160085","parent":"160079","time":"1565190414","url":"http:\/\/newsnet.fr\/160085","source":"http:\/\/www.tlaxcala-int.org\/article.asp?reference=26744","category":"documentaires","title":"Ne traitez pas Toni Morrison de po\u00e9tesse","catalog-images":"1\/newsnet_160085_e745fa.jpg","image":"http:\/\/newsnet.fr\/img\/newsnet_160085_e745fa.jpg","hub":"newsnet","url-explicit":"http:\/\/newsnet.fr\/art\/ne-traitez-pas-toni-morrison-de-poetesse","admin":"newsnet","views":"472","priority":"2","length":"6773","lang":"fr","content":"\u003Cp\u003E\u003Ca href=\"http:\/\/www.tlaxcala-int.org\/biographie.asp?ref_aut=6869&lg_pp=fr\"\u003EEmma Goldberg\u003C\/a\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EL'auteure croyait plus en un langage politique que po\u00e9tique\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cimg style=\"max-width:100%\" src=\"http:\/\/newsnet.fr\/img\/newsnet_160085_e745fa.jpg\" \/\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EToni Morrison en 1998. Photo Sara Krulwich\/The New York Times\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EToni Morrison n'\u00e9tait pas \u00e9trang\u00e8re \u00e0 la mort. De nombreux auteurs parlent de la mort - certains, comme John Updike, se fixent sur l'au-del\u00e0 ; d'autres, comme Susan Sontag, combattent la maladie jusqu'au bout - mais Mme Morrison avait une relation diff\u00e9rente avec la mortalit\u00e9. Presque tous ses romans sont ponctu\u00e9s de morts, et beaucoup sont plus pacifiques que les vies qui les ont pr\u00e9c\u00e9d\u00e9s. L'\u00e9crivain elle-m\u00eame semblait s'y r\u00e9signer.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\"Nous mourons - c'est peut-\u00eatre le sens de la vie \", a d\u00e9clar\u00e9 Mme Morrison \u00e0 la fin de son discours de remise du prix Nobel en 1993. \"Mais nous faisons du langage. C'est peut-\u00eatre la mesure de nos vies.\"\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EMme Morrison, d\u00e9c\u00e9d\u00e9e lundi \u00e0 l'\u00e2ge de 88 ans, a men\u00e9 une vie si riche en langage qu'elle s'est av\u00e9r\u00e9e presque incommensurable. Au cours d'une carri\u00e8re de cinq d\u00e9cennies, elle a fait la chronique de l'exp\u00e9rience africaine-am\u00e9ricaine dans des histoires allant des plantations du XVIIe si\u00e8cle au Sud de l'\u00e8re Jim Crow-. Dans chacune d'elles, elle scrutait sans rel\u00e2che la violence engendr\u00e9e par l'esclavage et la haine raciale, un exercice qu'elle appelait \"\u00e9crire sans le regard blanc\".\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EMme Morrison croyait plus en un langage politique que po\u00e9tique. Elle se h\u00e9rissait quand on l'appelait \"\u00e9crivain po\u00e9tique\". La prose lyrique \u00e9tait moins importante pour elle que les v\u00e9rit\u00e9s humaines qu'elle a affront\u00e9es dans ses \u00e9crits - le poids de la maternit\u00e9 noire, la fa\u00e7on dont la foi r\u00e9siste face au traumatisme.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u00ab Je n'aime pas qu'on qualifie mes livres de \" po\u00e9tiques \" parce que cela a une connotation de richesse luxuriante \u00bb, disait Mme Morrison \u00e0 \u003Ci\u003EThe New Republic\u003C\/i\u003E en 1981. \u00ab Je voulais redonner \u00e0 la langue que parlaient les Noirs son pouvoir originel \u00bb. Dans son discours du prix Nobel, elle a dit que le langage oppressif ne fait pas que \"repr\u00e9senter la violence, il est violence\".\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELe pouvoir de la langue est un th\u00e8me qui r\u00e9sonne \u00e0 un moment o\u00f9 les USAm\u00e9ricains voient comment les mots peuvent \u00eatre transform\u00e9s en armes pour alimenter la violence et semer la division. Mme Morrison savait que les mots peuvent \u00eatre utilis\u00e9s pour marginaliser, mais elle croyait aussi qu'ils peuvent \u00eatre utilis\u00e9s pour lib\u00e9rer, en racontant des histoires qui ont \u00e9t\u00e9 longtemps mises de c\u00f4t\u00e9.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EMais ces r\u00e9cits stimulants n'\u00e9taient pas toujours ce que les USAm\u00e9ricains voulaient entendre. Trois des œuvres de Mme Morrison figurent parmi les 100 livres usam\u00e9ricains les plus interdits, dont \"Beloved\", son roman laur\u00e9at du prix Pulitzer, et \"Song of Solomon\". Que ses livres aient suscit\u00e9 la controverse n'est pas surprenant. Ses personnages litt\u00e9raires t\u00e9moignent de la cruaut\u00e9 de l'animosit\u00e9 raciale et de classe dans les moindres d\u00e9tails.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EDans \"Beloved\", une m\u00e8re tue son enfant plut\u00f4t que de la soumettre \u00e0 une vie d'esclavage. Dans \"Sula\", une grand-m\u00e8re met sa jambe devant un train pour obtenir des indemnit\u00e9s. Dans \"The Bluest Eye\", la jeune Pecola Breedlove se croit ind\u00e9sirable dans sa n\u00e9gritude, jusqu'\u00e0 ce qu'elle soit viol\u00e9e par son p\u00e8re et chass\u00e9e de sa communaut\u00e9. Les œuvres de Mme Morrison sont peupl\u00e9es de vies individuelles qui sont refaites par des syst\u00e8mes d'oppression raciale. La race et la classe refondent les moules de la parentalit\u00e9, de la f\u00e9minit\u00e9 et des relations.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELes romans de Mme Morrison n'\u00e9taient qu'une partie de sa contribution \u00e0 ce qu'elle appelait un \" canon du travail noir \". Elle a commenc\u00e9 sa carri\u00e8re chez Random House, o\u00f9 elle a \u00e9dit\u00e9 des œuvres d'Angela Davis, Gayle Jones, Toni Cade Bambara et Muhammad Ali. Pendant son temps chez Random House, elle a travaill\u00e9 sur \"The Black Book\", un album illustr\u00e9 de l'histoire africaine-am\u00e9ricaine. Ses recherches pour l'anthologie l'ont men\u00e9e \u00e0 la coupure de presse sur l'infanticide de l'esclave fugitive Margaret Garner qui, dix ans plus tard, est devenu l'intrigue de \"Beloved\".\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELa vie publique de Mme Morrison \u00e9tait aussi politique que ses \u00e9crits. Au cours du proc\u00e8s d'O.J. Simpson, elle est pass\u00e9e \u00e0 la t\u00e9l\u00e9vision pour se plaindre de l'association de la n\u00e9gritude et de la criminalit\u00e9. Quand Bill Clinton a \u00e9t\u00e9 destitu\u00e9, elle l'a d\u00e9fendu comme \"notre premier pr\u00e9sident noir\". Lorsque Michael Brown a \u00e9t\u00e9 abattu \u00e0 Ferguson, elle a condamn\u00e9 la brutalit\u00e9 polici\u00e8re. \u00ab Ils ne font pas de contr\u00f4les d'identit\u00e9 muscl\u00e9s \u00e0 Wall Street, o\u00f9 ils devraient vraiment aller \u00bb, dit-elle. Peu apr\u00e8s l'\u00e9lection pr\u00e9sidentielle de 2016, Mme Morrison a choisi le \u003Ci\u003ENew Yorker\u003C\/i\u003E pour expliquer la r\u00e9surgence de la x\u00e9nophobie usam\u00e9ricaine. \u00ab Tous les immigrants aux USA savent (et savaient) que s'ils veulent devenir de vrais et authentiques USAm\u00e9ricains, ils doivent r\u00e9duire leur fid\u00e9lit\u00e9 \u00e0 leur pays natal et la consid\u00e9rer comme secondaire, subordonn\u00e9e, afin de souligner leur blanchitude \u00bb.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u00ab C'est une amie de mon esprit \u00bb, dit Paul D. de Seth, la protagoniste de \"Beloved\". \u00ab Elle me rassemble, mec. Les pi\u00e8ces que je suis, elle les rassemble et me les rend dans le bon ordre \u00bb. Une mesure de la vie de Mme Morrison \u00e9tait sa capacit\u00e9 de rassembler les morceaux d'un pays bris\u00e9 sous le poids de sa propre histoire et de les fusionner en une nouvelle histoire.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ECourtesy of \u003Ca href=\"http:\/\/tlaxcala-int.org\"\u003ETlaxcala\u003C\/a\u003E\u003Cbr \/\u003E\nSource: \u003Ca href=\"https:\/\/www.nytimes.com\/2019\/08\/06\/opinion\/death-toni-morrison.html\"\u003Enytimes.com\u003C\/a\u003E\u003Cbr \/\u003E\nPublication date of original article: 06\/08\/2019\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Ca href=\"http:\/\/www.tlaxcala-int.org\/article.asp?reference=26744\"\u003Etlaxcala-int.org\u003C\/a\u003E\u003C\/p\u003E","_links":{"parent_art":[{"title":"The guardian : D\u00e9c\u00e8s de Toni Morrison, auteur et laur\u00e9at du Pulitzer, \u00e0 l'\u00e2ge de 88 ans","url":"http:\/\/newsnet.fr\/apicom\/id:160079,json:1"}]}}}