{"160105":{"id":"160105","parent":"160079","time":"1565254975","url":"http:\/\/newsnet.fr\/160105","source":"http:\/\/www.tlaxcala-int.org\/article.asp?reference=26752","category":"documentaires","title":"Toni Morrison, la Prof","catalog-images":"1\/newsnet_160105_dc44c4.jpg","image":"http:\/\/newsnet.fr\/img\/newsnet_160105_dc44c4.jpg","hub":"newsnet","url-explicit":"http:\/\/newsnet.fr\/art\/toni-morrison-la-prof","admin":"newsnet","views":"466","priority":"2","length":"7225","lang":"fr","content":"\u003Cp\u003E\u003Ca href=\"http:\/\/www.tlaxcala-int.org\/biographie.asp?ref_aut=6870&lg_pp=fr\"\u003EVinson Cunningham\u003C\/a\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EToni Morrison, d\u00e9c\u00e9d\u00e9e lundi, a fourni \u00e0 de nombreux jeunes lecteurs un premier terrain d'entra\u00eenement \u00e0 l'analyse litt\u00e9raire.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cimg style=\"max-width:100%\" src=\"http:\/\/newsnet.fr\/img\/newsnet_160105_dc44c4.jpg\" \/\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EPhoto Sara Krulwich \/ NYT \/ Redux\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u00c0 chaque fois que je pense \u00e0 Toni Morrison, je pense \u00e0 ma professeure pr\u00e9f\u00e9r\u00e9e, Deborah Stanford, une femme noire qui, quand j'\u00e9tais au lyc\u00e9e, m'a aid\u00e9 \u00e0 comprendre que lire s\u00e9rieusement \u00e9tait une discipline et un privil\u00e8ge, et qu'un auteur qui nous aide \u00e0 le faire est une sorte de h\u00e9ros ou d'h\u00e9ro\u00efne. Sa vari\u00e9t\u00e9, rigoureuse et f\u00e9conde, de \u003Cspan id=\"bt2628030\"\u003E\u003Ca onclick=\"togglebub('wiki,call__2628030_https:\/\/fr.wikipedia.org\/wiki\/New*criticism_1');\"\u003E\u003Cspan class=\"philum ic-wiki2\"\u003E\u003C\/span\u003E\u003C\/a\u003E\u003C\/span\u003E \u003Ca href=\"https:\/\/fr.wikipedia.org\/wiki\/New_criticism\"\u003EN ew Criticism\u003C\/a\u003E\u003Ci\u003E,\u003C\/i\u003E (je suis presque s\u00fbr que c'est elle qui m'a appris ce terme) plongeait ses racines dans son respect total des \u00e9crivains et de leurs intentions. Pourquoi s'\u00e9carter du texte alors qu'il avait \u00e9t\u00e9 si minutieusement \u00e9labor\u00e9 ? C'est gr\u00e2ce \u00e0 madame Stanford que j'ai entretenu toute ma vie un rapport avec Flannery O'Connor et Adrienne Rich, entre autres, mais il m'a toujours paru \u00e9vident que ce qui l'enchantait vraiment, c'\u00e9tait d'enseigner l'œuvre de Toni Morrison. (\u00e9trangement, elle ressemblait un peu aux photos de Toni Morrison sur la couverture de ses premiers ouvrages : m\u00eame peau claire, m\u00eame coupe afro courte et duveteuse, m\u00eame bouche large et m\u00eame regard intense et amus\u00e9).\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EJ'ai suivi ses cours en premi\u00e8re et en terminale, ann\u00e9es au cours desquelles j'ai lu \u003Ci\u003EThe Bluest Eye\u003C\/i\u003E, \u003Ci\u003ESong of Solomon\u003C\/i\u003E et \u003Ci\u003EBeloved\u003C\/i\u003E, me d\u00e9lectant du temps qu'on pouvait passer sur une seule ligne, image ou passage, en les retournant dans tous les sens pour y d\u00e9couvrir des sens nouveaux (et, \u00e0 la demande insistante de Mme Stanford, pour les \u003Ci\u003E\u00e9tayer\u003C\/i\u003E). Dans les premi\u00e8res ann\u00e9es de ma vie de lecteur, l'image symbolique qui m'a peut-\u00eatre le plus marqu\u00e9 fut l'\u00e9nigme de l'absence de nombril de Pilate, dans \u003Ci\u003ESong of Solomon\u003C\/i\u003E, qui est toujours mon roman pr\u00e9f\u00e9r\u00e9 de Morrison. Nous avons parl\u00e9 de ce ventre sans nombril pendant une heure d'affil\u00e9e, retournant l'id\u00e9e jusqu'\u00e0 ce que ma t\u00eate me paraisse curieusement propre.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EJe parierais que les gens qui ont \u00e0 peu pr\u00e8s mon \u00e2ge, et qui ont eu la chance de fr\u00e9quenter le lyc\u00e9e alors que Morrison \u00e9tait d\u00e9j\u00e0 un personnage de l\u00e9gende, voient majoritairement dans son œuvre un terrain d'entra\u00eenement pr\u00e9coce \u00e0 l'ex\u00e9g\u00e8se litt\u00e9raire. Elle nous a appris ce que cela pouvait signifier d'\u00eatre coup\u00e9 de son pass\u00e9, ou d'\u00eatre soudain envahi et traumatis\u00e9 par des perceptions effrayantes. Elle nous a aussi appris \u00e0 quel point une exp\u00e9rience extra-sensorielle (un souvenir ou une rem\u00e9moration) peut \u00eatre une exp\u00e9rience de tous les sens. Nous la lisions m\u00eame quand nous ne la lisions pas, parce que nous l'avions toujours \u00e0 l'esprit quand nous lisions autre chose. C'est dire \u00e0 quel point elle \u00e9tait, et reste, importante.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EJ'ai appris de nouvelles mani\u00e8res de lire depuis le lyc\u00e9e (\u003Ci\u003EBeloved\u003C\/i\u003E est une merveille de structure, une sorte de cath\u00e9drale m\u00e9di\u00e9vale, et c'est difficile \u00e0 voir quand on est enfant), mais au plus profond de moi-m\u00eame, je penserai toujours \u00e0 Morrison en termes de moments et d'images : des arbres \u00e9normes et g\u00e9n\u00e9reux, qui se multiplient rapidement, offrant des fruits analysables ind\u00e9finiment. Elle partageait avec O'Connor un catholicisme dont la tradition de lecture biblique rigoureuse \u00e0 plusieurs niveaux, qu'elle d\u00e9taille dans \u003Ca href=\"https:\/\/www.amazon.com\/dp\/1932236228\/?tag=thneyo0f-20\"\u003EChrist and Apollo\u003C\/a\u003E, l'un des livres pr\u00e9f\u00e9r\u00e9s de Flannery O'Connor, s'accorde, avec une profondeur assez satisfaisante, au processus ardu de la lecture des œuvres de Morrison.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EIl \u00e9tait donc normal que Morrison ait \u00e9t\u00e9 \u00e0 la fois une \u00e9ditrice et un curatrice exhaustive d'\u00e9crivains noirs (qu'est-ce qu'un \u00e9diteur, sinon un p\u00e9dagogue bienveillant?) et que son essai classique de critique litt\u00e9raire, \u003Ci\u003E\u003Cu\u003E\u003Ca href=\"https:\/\/www.amazon.com\/dp\/0679745424\/?tag=thneyo0f-20\"\u003EPlaying in the Dark\u003C\/a\u003E: \u003Ca href=\"https:\/\/www.amazon.com\/dp\/0679745424\/?tag=thneyo0f-20\"\u003EWhiteness and the Literary Imagination\u003C\/a\u003E\u003C\/u\u003E\u003C\/i\u003E, soit devenu un guide in\u00e9puisable pour toutes sortes de ph\u00e9nom\u00e8nes usam\u00e9ricains. La voil\u00e0 qui nous enseigne Cather et Melville, comme on nous a un jour enseign\u00e9 Morrison elle-m\u00eame. Je ne connais aucun autre \u00e9crivain dont l'œuvre, et le culte dont elle fait l'objet (et qui n'en est certainement qu'\u00e0 son premier stade), incarnent mieux l'id\u00e9al de l'\u00e9criture et de la lecture comme pratique communautaire destin\u00e9e plus \u00e0 l'enrichissement d'un peuple qu'\u00e0 la th\u00e9rapie ou au divertissement d'un individu isol\u00e9.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u00ab Nous n'avons plus besoin d'\u00e9crivains qui soient des h\u00e9ros solitaires \u00bb, a-t-elle dit un jour. \u00ab Nous avons besoin d'un mouvement d'\u00e9crivain h\u00e9ro\u00efques : \u00e9nergiques, militants, pugnaces. \u00bb Son \u00e9criture fait d\u00e9couvrir d'autres \u00e9critures, ses richesses font d\u00e9couvrir d'autres richesses, d'une mani\u00e8re qui permettra \u00e0 une telle solidarit\u00e9 de se r\u00e9aliser. Mais une chose n'en exclut pas une autre. Notre prof est aussi notre h\u00e9ro\u00efne.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ECourtesy of \u003Ca href=\"http:\/\/tlaxcala-int.org\"\u003ETlaxcala\u003C\/a\u003E\u003Cbr \/\u003E\nSource: \u003Ca href=\"https:\/\/www.newyorker.com\/books\/page-turner\/toni-morrison-the-teacher\"\u003Enewyorker.com\u003C\/a\u003E\u003Cbr \/\u003E\nPublication date of original article: 06\/08\/2019\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Ca href=\"http:\/\/www.tlaxcala-int.org\/article.asp?reference=26752\"\u003Etlaxcala-int.org\u003C\/a\u003E\u003C\/p\u003E","_links":{"parent_art":[{"title":"The guardian : D\u00e9c\u00e8s de Toni Morrison, auteur et laur\u00e9at du Pulitzer, \u00e0 l'\u00e2ge de 88 ans","url":"http:\/\/newsnet.fr\/apicom\/id:160079,json:1"}]}}}