{"160825":{"id":"160825","parent":"157898","time":"1566841186","url":"http:\/\/newsnet.fr\/160825","source":"http:\/\/www.legrandsoir.info\/hong-kong-l-ingerence-occidentale-la-main-dans-le-sac.html","category":"documentaires","title":"Hong Kong : l'ing\u00e9rence occidentale la main dans le sac !","catalog-images":"1\/newsnet_160825_333343.jpg","image":"http:\/\/newsnet.fr\/img\/newsnet_160825_333343.jpg","hub":"newsnet","url-explicit":"http:\/\/newsnet.fr\/art\/hong-kong-l-ingerence-occidentale-la-main-dans-le-sac","admin":"newsnet","views":"528","priority":"2","length":"9825","lang":"fr","content":"\u003Cp\u003E\u003Cspan class=\"philum ic-img2\"\u003E\u003C\/span\u003E\u003Cbr \/\u003E\nBruno GUIGUE\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELa main dans le sac ! Lorsque la presse chinoise a publi\u00e9 la photo de quatre dirigeants du mouvement de protestation hongkongais en compagnie du chef du d\u00e9partement politique du consulat des Etats-Unis, on a senti comme un trou d'air dans la rh\u00e9torique anti-P\u00e9kin.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EDifficile, tout-\u00e0-coup, de nier l'intervention d'une puissance \u00e9trang\u00e8re - \u00e0 15 000 km de ses fronti\u00e8res - dans une crise qui ne la concerne pas. Tenter d'occulter ce qui saute aux yeux est toujours un exercice de haute voltige, et l'on sait la propagande occidentale coutumi\u00e8re de ces acrobaties ! Depuis le d\u00e9but des r\u00e9cents \u00e9v\u00e9nements de Hong Kong au mois de juin 2019, la narration de ces \u00e9v\u00e9nements par les officines du monde libre offre un concentr\u00e9 de mauvaise foi et d'inversion des signes qui passionnera certainement les politologues du futur. Multipliant les distorsions de langage, en effet, elle fait passer une affaire int\u00e9rieure chinoise pour un conflit international, une d\u00e9colonisation pour une colonisation et l'ing\u00e9rence \u00e9trang\u00e8re pour une entreprise humanitaire.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EComme celle de Ta\u00efwan - mais pour des raisons diff\u00e9rentes -, la question de Hong Kong est le legs historique d'une \u00e9poque r\u00e9volue. H\u00e9rit\u00e9e du colonialisme bienfaiteur de sa Gracieuse Majest\u00e9, la particularit\u00e9 de Hong Kong lui vaut aujourd'hui un \u00ab r\u00e9gime d'administration sp\u00e9ciale \u00bb que la R\u00e9publique populaire de Chine a bien voulu instaurer lors de la signature de l'accord sino-britannique de 1984. Quitte \u00e0 enfoncer des portes ouvertes, rappelons toutefois que Hong Kong c'est la Chine, au m\u00eame titre que P\u00e9kin ou Shangha\u00ef. Car l'oubli volontaire de cette \u00e9vidence est la cause de confusions en tous genres et de manipulations sans limite. La conqu\u00eate coloniale du \u00ab port parfum\u00e9 \u00bb, au XIX\u00e8me si\u00e8cle, s'est d\u00e9roul\u00e9e en trois \u00e9tapes. Les Britanniques ont annex\u00e9 l'\u00eele de Hong Kong en 1842 \u00e0 la suite d'une \u00ab guerre de l'opium \u00bb qui a pr\u00e9cipit\u00e9 la ruine de l'empire des Qing et livr\u00e9 la Chine \u00e0 la voracit\u00e9 des pr\u00e9dateurs coloniaux. La presqu'\u00eele de Kowloon a ensuite \u00e9t\u00e9 arrach\u00e9e en 1860 lors de l'intervention militaire franco-britannique qui a d\u00e9vast\u00e9 le palais d'\u00e9t\u00e9 \u00e0 P\u00e9kin. Enfin, les \u00ab nouveaux territoires \u00bb ont \u00e9t\u00e9 c\u00e9d\u00e9s \u00e0 Londres en 1898 pour une dur\u00e9e de 99 ans dans la foul\u00e9e des nouvelles humiliations inflig\u00e9es \u00e0 la Chine par les envahisseurs \u00e9trangers \u00e0 l'or\u00e9e du nouveau si\u00e8cle.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EC'est cet ensemble territorial - aujourd'hui d\u00e9nomm\u00e9 r\u00e9gion d'administration sp\u00e9ciale de Hong Kong - qui a \u00e9t\u00e9 solennellement restitu\u00e9 \u00e0 la R\u00e9publique populaire de Chine en 1997 selon des modalit\u00e9s d\u00e9finies par l'accord de 1984. Bien s\u00fbr, Margaret Thatcher aurait souhait\u00e9 le conserver, mais Hong Kong n'est pas l'archipel des Malouines, et la Chine n'est pas l'Argentine. Compromis entre une puissance coloniale d\u00e9clinante qui d\u00e9clare forfait et une grande puissance \u00e9mergente qui privil\u00e9gie la n\u00e9gociation, l'accord sino-britannique de 1984 instaure \u00e0 Hong Kong un r\u00e9gime de semi-autonomie et pr\u00e9voit l'application du principe : \u00ab un pays, deux syst\u00e8mes \u00bb jusqu'en 2047. Pour P\u00e9kin, ce compromis pr\u00e9sente un double avantage. Le premier est d'ordre politique. Adeptes du temps long, les dirigeants chinois ont opt\u00e9 pour une transition en douceur. La d\u00e9pendance croissante du territoire \u00e0 l'\u00e9gard du continent favorisera son assimilation progressive, sans pr\u00e9juger de son futur statut au-del\u00e0 de 2047. Le second avantage est d'ordre \u00e9conomique. Dot\u00e9e d'une rente de situation g\u00e9ographique, adoss\u00e9e \u00e0 la puissance de la City, la place de Hong Kong s'est transform\u00e9e en plaque tournante de la finance asiatique. En y maintenant un r\u00e9gime sp\u00e9cifique, P\u00e9kin pourra l'utiliser afin d'attirer en Chine les capitaux de la diaspora chinoise et ceux des investisseurs \u00e9trangers.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ESas d'entr\u00e9e pour les flux financiers capt\u00e9s par les r\u00e9formes \u00e9conomiques, ce minuscule territoire de 1 106 km\u00b2 et 7,5 millions d'habitants continue donc \u00e0 jouir depuis 1997 d'un statut particulier dont il n'existe aucun \u00e9quivalent (hormis Macao) en Chine populaire. Le territoire a sa propre l\u00e9gislation, sa propre monnaie, ses propres \u00e9quipes sportives. M\u00ealant \u00e9lection et cooptation des dirigeants, son syst\u00e8me administratif est plus \u00ab d\u00e9mocratique \u00bb que celui qu'ont l\u00e9gu\u00e9 les Britanniques. Les manifestants r\u00e9clament la d\u00e9mocratie en brandissant des drapeaux britanniques, mais les premi\u00e8res \u00e9lections au suffrage universel ont eu lieu en 1991, c'est-\u00e0-dire apr\u00e8s les accords de 1984, afin de conformer le syst\u00e8me administratif aux objectifs fix\u00e9s pour le transfert de souverainet\u00e9 pr\u00e9vu en 1997. Si la crise actuelle devait d\u00e9g\u00e9n\u00e9rer, les principaux perdants seraient donc les habitants de Hong Kong eux-m\u00eames. Assise sur la finance internationale, la prosp\u00e9rit\u00e9 du territoire serait vite ruin\u00e9e et la place de Hong Kong d\u00e9tr\u00f4n\u00e9e par les m\u00e9gapoles m\u00e9ridionales, Canton et Shenzen, beaucoup plus peupl\u00e9es et plus puissantes que la cit\u00e9 portuaire.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EAvec un PIB par habitant dix fois sup\u00e9rieur \u00e0 celui de la Chine continentale, les contestataires hongkongais feraient mieux de m\u00e9diter sur les cons\u00e9quences d'un embrasement de leur \u00eelot de prosp\u00e9rit\u00e9. Au lieu de brandir des drapeaux am\u00e9ricains et britanniques, ils devraient aussi r\u00e9fl\u00e9chir \u00e0 ce que signifie la d\u00e9mocratie import\u00e9e d'Occident, sans parler du destin de ceux que Washington a abandonn\u00e9s du jour au lendemain apr\u00e8s les avoir pouss\u00e9s \u00e0 l'affrontement. Le statut particulier de Hong Kong, comme son insolente richesse, n'ont rien d'\u00e9ternel. Son r\u00e9gime sp\u00e9cial est transitoire, m\u00eame si l'\u00e9ch\u00e9ance de son \u00e9ventuelle disparition est lointaine (2047). Aucune r\u00e8gle de droit international ne contraignait la Chine \u00e0 l'adopter, et elle l'a fait parce qu'elle le jugeait conforme \u00e0 ses int\u00e9r\u00eats nationaux. Arrach\u00e9 il y a 187 ans par le colonisateur \u00e9tranger, Hong Kong revenait de droit \u00e0 l'\u00c9tat chinois. La restitution a eu lieu de fa\u00e7on n\u00e9goci\u00e9e, et c'est tant mieux. Mais apr\u00e8s cette restitution, la suite des op\u00e9rations ne concerne en rien le reste du monde. C'est pourquoi la seule r\u00e9ponse rationnelle aux admonestations occidentales est celle qu'on peut lire dans le Quotidien du Peuple depuis le d\u00e9but de la crise : \u00ab M\u00ealez-vous de vos affaires ! \u00bb.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EMais chassez le naturel, il revient au galop ! La plupart des dirigeants occidentaux et de leurs porte-voix m\u00e9diatiques - c'est plus fort qu'eux - prennent leurs d\u00e9sirs pour des r\u00e9alit\u00e9s. Ils voient dans le statut particulier de Hong Kong une sorte de r\u00e9gime international - qui n'existe nulle part -, alors qu'il s'agit d'un am\u00e9nagement interne qui rel\u00e8ve exclusivement de la souverainet\u00e9 chinoise. Ce tour de passe-passe donne une apparence de l\u00e9gitimit\u00e9 \u00e0 l'ing\u00e9rence \u00e9trang\u00e8re. De fa\u00e7on mensong\u00e8re, il transforme une question int\u00e9rieure en conflit international, semblant justifier aupr\u00e8s d'une opinion manipul\u00e9e le ton p\u00e9remptoire des dirigeants occidentaux. On entend alors ces derniers, dont on sait d'exp\u00e9rience le profond respect pour le droit international, donner des le\u00e7ons \u00e0 P\u00e9kin comme si Hong Kong \u00e9tait un territoire occup\u00e9 par la Chine ! Ils reprennent m\u00eame la rh\u00e9torique pu\u00e9rile des agitateurs hongkongais pour qui P\u00e9kin pratiquerait \u00ab l'ing\u00e9rence dans les affaires int\u00e9rieures du territoire \u00bb, en oubliant que ce territoire fait partie de la R\u00e9publique populaire de Chine. Heureusement pour eux, le ridicule ne tue pas. D\u00e9pass\u00e9s par la Chine sur le plan \u00e9conomique et incapables de la vaincre militairement - pour des raisons \u00e9videntes - les Etats-Unis font feu de tous bois pour d\u00e9stabiliser leur rival syst\u00e9mique. Le droit-de-l'hommisme \u00e0 la petite semaine est la seule arme qui leur reste. Ils l'utilisent \u00e0 Hong Kong comme \u00e0 Caracas ou \u00e0 T\u00e9h\u00e9ran, et personne n'est dupe.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EA quand une protestation chinoise sur la fa\u00e7on dont le gouvernement des Etats-Unis g\u00e8re les crises \u00e0 r\u00e9p\u00e9tition qui s\u00e9vissent sur leur territoire ou sur l'oppression s\u00e9culaire subie par les Afro-Am\u00e9ricains ? Ceux qui d\u00e9noncent la r\u00e9pression insoutenable qui r\u00e9gnerait \u00e0 Hong Kong sont-ils les m\u00eames que ceux qui organisent des embargos meurtriers contre l'Iran, la Syrie, Cuba ou encore le V\u00e9n\u00e9zu\u00e9la dont un \u00e9conomiste lib\u00e9ral, Jeffrey Sachs, a calcul\u00e9 que les sanctions prises contre ce pays depuis 2017 avaient provoqu\u00e9 la mort de 40 000 personnes dont des milliers d'enfants priv\u00e9s de m\u00e9dicaments ? Les chœurs de pleureuses parisiennes qui r\u00e9clament notre solidarit\u00e9 avec les manifestants hongkongais soumis \u00e0 une \u00ab violence inou\u00efe \u00bb sont-ils les m\u00eames que ceux qui approuv\u00e8rent la d\u00e9licatesse avec laquelle le gouvernement fran\u00e7ais a trait\u00e9 le mouvement social des Gilets Jaunes, avec ses 10 000 arrestations, 1800 condamnations et 200 bless\u00e9s graves dont 25 mutil\u00e9s ? Ou les m\u00eames, encore, que ceux qui ne trouvent rien \u00e0 redire \u00e0 la participation fran\u00e7aise \u00e0 une guerre d'extermination au Y\u00e9men, avec ses 50 000 morts, son million de victimes du chol\u00e9ra et ses 8 millions de civils menac\u00e9s par la famine ? Mais il est vrai que balayer devant sa porte n'est pas l'attitude la plus r\u00e9pandue \u00e0 Washington ou \u00e0 Paris. Et dans ces capitales du monde civilis\u00e9, on est toujours prompt \u00e0 s'immiscer dans les affaires des autres en invoquant des principes humanitaires sur lesquels on s'assied tous les jours.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cb\u003EBruno GUIGUE\u003C\/b\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Ca href=\"http:\/\/www.legrandsoir.info\/hong-kong-l-ingerence-occidentale-la-main-dans-le-sac.html\"\u003Elegrandsoir.info\u003C\/a\u003E\u003C\/p\u003E","_links":{"parent_art":[{"title":"Le gouvernement am\u00e9ricain et des Ong organisent et financent les manifestations contre l'extradition \u00e0 Hong Kong","url":"http:\/\/newsnet.fr\/apicom\/id:157898,json:1"}]}}}