{"162846":{"id":"162846","parent":"162568","time":"1570785879","url":"http:\/\/newsnet.fr\/162846","source":"http:\/\/mrmondialisation.org\/equateur-recit-dune-marche-pour-le-climat-avant-la-revolte\/","category":"Latina","title":"\u00c9quateur : r\u00e9cit d'une Marche pour le climat avant la r\u00e9volte","catalog-images":"8\/newsnet_162846_4ff382.jpg\/newsnet_162846_4f1cc3.jpg\/newsnet_162846_c8afbb.jpg\/newsnet_162846_9ac0c5.jpg\/newsnet_162846_ed60a7.jpg\/newsnet_162846_3b394b.jpg\/newsnet_162846_e3e2c1.jpg\/newsnet_162846_67507b.jpg","image":"http:\/\/newsnet.fr\/img\/newsnet_162846_67507b.jpg","hub":"newsnet","url-explicit":"http:\/\/newsnet.fr\/art\/equateur-recit-d-une-marche-pour-le-climat-avant-la-revolte","admin":"newsnet","views":"610","priority":"2","length":"17396","lang":"fr","content":"\u003Cp\u003EL'\u00c9quateur fait aujourd'hui parler de lui pour son soul\u00e8vement populaire qui secoue le pays, notamment par opposition \u00e0 la purge lib\u00e9rale impos\u00e9e par le gouvernement sous la pression du FMI. Il y a quelques jours \u00e0 peine, dans le pays, se tenait une marche pour le climat spectaculaire. \u003Ci\u003E\u00ab Donde est\u00e1 America Latina ? En las calles, luchando por el clima \u00bb\u003C\/i\u003E (O\u00f9 est l'Am\u00e9rique latine ? Dans les rues, \u00e0 se battre pour le climat !) pouvait-on entendre crier avec ferveur le 27 septembre dernier \u00e0 Quito, \u00e0 l'occasion de la marche mondiale pour le climat lanc\u00e9e par Greta Thunberg. Un slogan invitant \u00e0 s'int\u00e9resser \u00e0 l'importance que repr\u00e9sentent les pr\u00e9occupations environnementales en Am\u00e9rique latine, et notamment en \u00c9quateur. R\u00e9cit sur le terrain d'une journ\u00e9e cl\u00e9 \u00e0 l'aube du d\u00e9bordement par \u003Ci\u003ECamille Bouko-levy\u003C\/i\u003E.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EAyant moi-m\u00eame \u00e9t\u00e9 \u00e0 l'initiative de nombreuses marches \u00e0 Toulouse l'ann\u00e9e pr\u00e9c\u00e9dente, en tant que membre du collectif Citoyen Pour Le Climat de Toulouse, il m'a sembl\u00e9 int\u00e9ressant d'analyser cette marche avec mon exp\u00e9rience tout en tentant d'y apporter un regard nouveau. De cette mani\u00e8re, j'ai pu noter les points communs et diff\u00e9rences avec les marches r\u00e9alis\u00e9es en France ; mais, surtout, je me suis attach\u00e9e aux t\u00e9moignages de trois participantes afin de saisir leur opinion quant aux tenants de cette marche et, plus largement, la politique \u00e9quatorienne. Pour cela, j'ai interview\u00e9 trois manifestantes : Sofia, 27 ans, membre de \u003Ci\u003EExtinction Rebellion Ecuador\u003C\/i\u003E et organisatrice de la marche ; Tais, jeune \u00e9tudiante de 18 ans venue manifester avec ses amis ; et Karina, 41 ans, venue manifester avec son mari et ses trois enfants.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cimg style=\"max-width:100%\" src=\"http:\/\/newsnet.fr\/img\/newsnet_162846_4ff382.jpg\" \/\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELa marche pour le climat \u00e0 Quito : quels points communs et diff\u00e9rences avec la France ?\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Ci\u003EUne marche aux allures toulousaines...\u003C\/i\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EOrganis\u00e9e par le mouvement Extinction Rebellion Ecuador (ERE), n\u00e9 il y a \u00e0 peine quatre mois et compos\u00e9 de 25 membres, la marche pour le climat de Quito s'est tenue le 27 septembre 2019. Le point de d\u00e9part \u00e9tait donn\u00e9 \u00e0 11h, au parc El Ejido... et quel d\u00e9part ! Pancartes toutes plus originales et percutantes les unes que les autres, musiques en tout genre, d\u00e9guisements, et fanfares (nostalgie de ma ch\u00e8re Fanfouse de Sciences Po Toulouse quand tu nous tiens) ; tout \u00e9tait r\u00e9uni pour assurer le succ\u00e8s de la marche. Tout comme les marches toulousaines, les participants \u00e9taient de toutes origines et tous \u00e2ges, et il y avait notamment beaucoup de familles venues marcher avec leur poussettes. Karina m'explique : \u00ab Je ne suis pas tr\u00e8s activiste [c'est sa premi\u00e8re marche] mais, en tant que m\u00e8re, j'ai un sentiment d'angoisse et d'anxi\u00e9t\u00e9 quant \u00e0 la situation environnementale... il \u00e9tait important pour nous [elle et son mari] qu'ils participent \u00e0 la marche pour en prendre conscience, mais aussi pour r\u00e9aliser que nous ne sommes pas seuls. \u00c0 la maison, il est vrai qu'ils sont en immersion totale : agro\u00e9cologie, toilettes s\u00e8ches, compost... \u00bb. La jeunesse est \u00e9galement vue par Sofia comme la base du changement, aujourd'hui \u003Ci\u003E\u00ab ce sont les jeunes qui impulsent le mouvement et qui repr\u00e9sentent notre futur ; donc ils doivent avoir conscience de l'urgence climatique actuelle \u00bb.\u003C\/i\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EQuant au trajet, il avait \u00e9t\u00e9 choisi avec soin afin de \u003Ci\u003E\"montrer au gouvernement que nous sommes capables de nous r\u00e9unir, que nous sommes l\u00e0\",\u003C\/i\u003E explique Sofia. En effet, depuis le parc, la manifestation s'est d\u00e9plac\u00e9e devant l'Assembl\u00e9e nationale jusqu'\u00e0 arriver au centre historique et, enfin, devant le palais pr\u00e9sidentiel \u00e0 la Place de l'Ind\u00e9pendance. Pour l'occasion, celui-ci \u00e9tait prot\u00e9g\u00e9 par des barri\u00e8res et des policiers en nombre. Or, cela n'a pas arr\u00eat\u00e9 la manifestation, bien au contraire ! Les manifestants se sont assis pacifiquement, et les membres d'ERE ont lu leur manifeste sur l'urgence climatique ; lequel interpellait le pr\u00e9sident et le gouvernement.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ED'ailleurs, il est int\u00e9ressant de relever les chants et slogans utilis\u00e9s pendant la marche : \"Por el planeta, nadie se cansa\" ; \"Donde est\u00e1 America Latina ? En las calles, luchando por el clima !\" ; \"Ni agua, la tierra, esa es la vida\" ; \"Ni un grado m\u00e1s, ni una especie menos\" ; \"Se ve, se siente, la tierra est\u00e1 caliente\" ; \"Pacha...mama !\" ; \"Se quema la Amazonia y el estado no hace nada\", \"Destruye el patriarcado, no el planeta\". Comme \u00e0 Toulouse, les manifestants ne manquaient pas d'imagination et d'\u00e9nergie mais, aussi, montraient une certaine convergence des luttes (cf: la marche pour le climat avec les gilets jaunes) des luttes et notamment avec le f\u00e9minisme. \u00ab Indispensable \u00bb, selon Sofia, cette convergence n'a cependant pas les m\u00eames fondations qu'en France.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cspan class=\"philum ic-img2\"\u003E\u003C\/span\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Ci\u003E... Mais qui a ses sp\u00e9cificit\u00e9s.\u003C\/i\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EEn \u00c9quateur, le f\u00e9minisme est d'autant plus galvanis\u00e9 aujourd'hui en raison du r\u00e9cent refus par l'Assembl\u00e9e Nationale de pratiquer une IVG pour cause de viol... Assembl\u00e9e qui vient tout juste de l\u00e9galiser l'usage th\u00e9rapeutique du cannabis. Les priorit\u00e9s du gouvernement \u00e9quatorien ? Bonne question. D\u00e9tourner l'attention d'une politique d'aust\u00e9rit\u00e9 appauvrissante ? Peut-\u00eatre. Cette absence de \"logique\" se retrouve aussi dans les grands projets industriels en \u00c9quateur, \u00e0 savoir le p\u00e9trole et les mines, puisque le pays d\u00e9tient la part d'Amazonie la plus riche en biodiversit\u00e9 et est le premier pays du monde \u00e0 avoir inscrit les droits de la Nature dans sa Constitution en 2008. De cette mani\u00e8re, on comprend pourquoi les slogans paraissent plus attach\u00e9s \u00e0 la d\u00e9fense de la Terre m\u00e8re (\"\u003Ci\u003EPachamama\u003C\/i\u003E\") de mani\u00e8re g\u00e9n\u00e9rale : les manifestants d\u00e9fendent l'eau, l'air, la Terre, l'Amazonie, les animaux. De plus, cette proximit\u00e9 avec la Nature se double d'un sentiment d'appartenance \u00e0 une grande communaut\u00e9, l'Am\u00e9rique Latine, comme si celle-ci avait le devoir de prot\u00e9ger ses terres et les \u00eatres vivants qui y vivent. Pourrait-on vraiment avoir la version \"O\u00f9 est l'Europe ? En train de lutter pour le climat\" en France ? On peut se permettre d'en douter tant les frustrations nationales sont grandes ici, avec une absence totale de vision commune.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ECette marche se diff\u00e9rencie \u00e9galement de celles auxquelles j'ai pu assister en France par ses participants. Certes, j'ai \u00e9voqu\u00e9 plus haut qu'ils \u00e9taient de toutes origines et de tous \u00e2ges, mais je n'ai pas mentionn\u00e9 la pr\u00e9sence de rituels particuliers r\u00e9alis\u00e9s par certains participants. Une singularit\u00e9. Tel est le cas de nombreuses femmes qui passaient dans l'ensemble du cort\u00e8ge pour br\u00fbler et diffuser du bois \u003Ci\u003EPalo Santo\u003C\/i\u003E, arbre sacr\u00e9 en Am\u00e9rique latine et utilis\u00e9 traditionnellement comme encens afin d'\u00e9loigner les mauvais esprits au cours de rites chamaniques. Des mauvais esprits ? \u00ab Les politiques, les industriels et les climato-sceptiques \u00bb m'a r\u00e9pondu l'une d'elles (cf photo ci-dessous). Parmi les participants, j'ai aussi pu voir une certaine identification aux peuples indig\u00e8nes (il y a 13 nationalit\u00e9s indig\u00e8nes en \u00c9quateur, dont 11 vivant en Amazonie.), comme pour d\u00e9fendre le retour aux origines et revendiquer leur culture ; \u00e0 travers le maquillage, les habits et les danses.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cimg style=\"max-width:100%\" src=\"http:\/\/newsnet.fr\/img\/newsnet_162846_c8afbb.jpg\" \/\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELes marches : une r\u00e9elle solution face \u00e0 l'urgence climatique ?\u003C\/p\u003E\u003Cblockquote\u003E\u00ab Je ne crois pas que les marches soient des solutions, elles ne sont rien. Mais... \u00bb\u003C\/blockquote\u003E\u003Cp\u003EGrandie de mon exp\u00e9rience \u00e0 Toulouse, la question que je me suis pos\u00e9e \u00e0 la fin de cette marche est la suivante : les manifestants pensent-ils r\u00e9ellement que les marches sont suffisantes pour amener le changement ? La r\u00e9ponse des trois interrog\u00e9es a \u00e9t\u00e9 unanime et surprenante : NON ! \u00ab Je ne crois pas que les marches soient des solutions, elles ne sont rien ; mais oui je pense que c'est une mani\u00e8re de rendre visible le probl\u00e8me et faire entendre la voix du peuple au gouvernement, qui bien souvent n'est pas pr\u00e9sent parmi les politiques et repr\u00e9sentants. Et, aussi, \u00e7a le rend visible au reste de la soci\u00e9t\u00e9. \u00bb, explique Karina. Marcher ne peut donc pas g\u00e9n\u00e9rer de changement r\u00e9el et profond, mais cela reste important. C'est une \u00e9tape vitale pour cr\u00e9er une convergence de luttes et des \u00e9nergies. Sofia, du m\u00eame avis, ajoute qu'en plus de rendre visible le probl\u00e8me, cela permet de faire comprendre au gouvernement qu' \u00ab il ne peut pas acheter tout le monde \u00bb ; faisant r\u00e9f\u00e9rence au fait que celui-ci les a contact\u00e9s quelques jours avant la marche pour \"parler\" avec le collectif.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ECependant, bien qu'elles ne soient pas suffisantes, les marches lanc\u00e9es par Greta Thunberg ont un impact positif, celui de motiver et galvaniser la jeunesse contre le changement climatique et la destruction de l'environnement. Tous sont unanimes, c'est cette jeunesse - et notamment les discours poignants de Greta - qui ont amen\u00e9 Tais et ses amis \u00e0 manifester leur col\u00e8re sur le terrain : \u00ab C'est tellement impactant qu'une fille plus jeune que nous tous ait cette force et ce courage de s'exprimer sans peur et sans filtres concernant ce qu'il se passe... c'est important pour moi que notre voix [celle des jeunes] soit \u00e9cout\u00e9e \u00bb. Selon Karina, cela montre que le pouvoir des enfants devient de plus en plus fort ; raison pour laquelle elle a emmen\u00e9 ses enfants avec elle \u00e0 la manifestation.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u00ab Nous devons prendre conscience pour g\u00e9n\u00e9rer un changement \u00bb\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ESi les marches ne constituent pas en elles-m\u00eames une solution, quels sont les autres modes d'action possibles ? L\u00e0 encore, les interrog\u00e9es sont unanimes : toute action qui permet la prise de conscience.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u00ab Nous devons prendre conscience pour g\u00e9n\u00e9rer un changement \u00bb, explique Tais. Or, comme on l'a vu, les marches permettent cette prise de conscience quant au changement climatique mais ne suffisent pas. En effet, toutes les trois insistent sur le fait que c'est sur cette non-conscience qu'il faut travailler, et cela via trois actions : communiquer, conscientiser, transmettre. Tais prend l'exemple du fait qui l'a amen\u00e9e \u00e0 s'int\u00e9resser \u00e0 l'activisme environnemental : \u00ab Les \u00eatres humains ont d\u00e9j\u00e0 utilis\u00e9 toutes les ressources naturelles que la plan\u00e8te avait pour 2019 donc, aujourd'hui, nous sommes en train de consommer les ressources de 2020. Et \u00e7a, presque personne ne le sait, et ceux qui le savent ne s'en pr\u00e9occupent m\u00eame pas \u00bb. Prendre conscience doit \u00eatre suivi d'actions concr\u00e8tes, cela ne doit pas rester dans un coin de notre t\u00eate. Il faut transformer cela en actes, et vite.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ECes actes, Karina les r\u00e9sument en une phrase \u00ab \u00catre un consommateur conscient \u00bb. Cela veut dire que prendre conscience doit, selon elle, impacter notre mani\u00e8re de consommer au quotidien : l'alimentation, les v\u00eatements, l'usage des technologies. Cependant, elle ajoute aussi qu'il est important de cr\u00e9er des espaces de r\u00e9flexion, de transmission ; raison pour laquelle elle organise r\u00e9guli\u00e8rement des ateliers dans sa grange sur le th\u00e8me de la soutenabilit\u00e9 et de l'agro\u00e9cologie. En ce sens, Sofia explique que ERE, au del\u00e0 d'organiser les marches mondiales, a des actions parall\u00e8les. Le collectif organise des conf\u00e9rences mais, surtout, intervient dans les \u00e9coles et lyc\u00e9es afin de sensibiliser la jeunesse au changement climatique. Et les projets futurs ? Ils ne sont pas des moindres ! ERE souhaite organiser la premi\u00e8re Assembl\u00e9e citoyenne prochainement et, dans un an, construire un projet de loi pour demander la d\u00e9claration d'urgence climatique.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cspan class=\"philum ic-img2\"\u003E\u003C\/span\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EPeut-on rester positif dans ces conditions ?\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u00ab Nous vivons dans un pays o\u00f9 le vecteur final de d\u00e9cision est l'argent \u00bb\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EQuand j'\u00e9voque la politique \u00e9quatorienne concernant l'environnement, les visages des interrog\u00e9es paraissent se fermer. Mensonges, hypocrisie, corruption, int\u00e9r\u00eats \u00e9conomiques sont les mots qui reviennent le plus. Certes, l'\u00c9quateur a un cadre l\u00e9gal qui pourrait faire r\u00eaver au premier abord (droits de la Nature dans la Constitution, lois de conservation diverses, consultation obligatoire des peuples indig\u00e8nes avant tout projet industriel sur leur territoire), or la r\u00e9alit\u00e9 est bien diff\u00e9rente. \u00ab Nous vivons dans un pays o\u00f9 le vecteur final de d\u00e9cision est l'argent \u00bb, explique Karina. Par ailleurs, le minist\u00e8re de l'environnement est dirig\u00e9 par des personnes ayant des collusions avec les industries p\u00e9troli\u00e8res et mini\u00e8res, ce que Sofia juge inacceptable et, surtout, \u00e0 l'origine des d\u00e9g\u00e2ts actuels. Elle ajoute aussi que le discours du gouvernement se veut d\u00e9magogique lorsqu'il s'agit d'environnement, en prenant l'exemple du recyclage. En \u00c9quateur, ce sont des personnes tr\u00e8s pauvres qui s'occupent du recyclage et le gouvernement a us\u00e9 l'argument du maintien de leur emploi pour que la loi sur l'arr\u00eat du plastique ne passe pas. Or, selon Sofia, il faudrait justement arr\u00eater le plastique et leur garantir un autre emploi qui serait, lui, non-pr\u00e9caire.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u00ab Il faut un changement int\u00e9gral, \u00e0 l'encontre du capitalisme \u00bb\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ECependant, si le tableau qu'elles dressent est sombre, toutes affirment vouloir rester positives. Toutes trois sont motiv\u00e9es par l'ampleur mondiale qu'a pris le mouvement : \u00ab Nous sommes en train de vivre un moment historique \u00bb, m'explique Tais avec ferveur. En ce qui concerne Karina, cet \u00e9tat d'esprit est motiv\u00e9 par deux raisons : la maturation de la soci\u00e9t\u00e9 mais, aussi, le fait d'avoir des enfants. Elle pr\u00f4ne alors le \u00ab changement de l'amour et non celui de la haine, afin de g\u00e9n\u00e9rer de bonnes choses, ou sinon le changement de l'esp\u00e9rance tout en \u00e9tant ancr\u00e9 dans la r\u00e9alit\u00e9 \u00bb.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EQuant \u00e0 Sofia, elle \u00e9voque l'importance des outils institutionnels, notamment l'initiative de d\u00e9mocratie directe avec laquelle elle a espoir de faire un projet de loi. Surtout, elle me confie que ce qui lui donne le plus d'espoir et de motivation aujourd'hui est le travail qu'elle fait dans les \u00e9coles. Elle reste cependant pragmatique : \u00ab Je veux y croire, mais \u00e7a doit venir d'une construction collective ! Il faut un changement int\u00e9gral, \u00e0 l'encontre du capitalisme et, pour cela, il faut attaquer de tous les c\u00f4t\u00e9s \u00bb. Certes, la prise de conscience est indispensable, mais pour changer tout le syst\u00e8me il faut aller bien plus loin. Pr\u00f4ner le \u00ab consommateur conscient \u00bb ne serait-il pas en effet l'occasion parfaite pour le syst\u00e8me lib\u00e9ral de rejeter la responsabilit\u00e9 sur les consommateurs ? En \u00e9voquant une construction collective, Sofia nous invite \u00e0 penser des modes d'actions concrets, qui vont attaquer le probl\u00e8me \u00e0 sa source : le capitalisme. Il s'agit donc, pour briser ce syst\u00e8me, de casser les codes. Actions non-violentes, d\u00e9sob\u00e9issance civile, sabotages... c'est cela qui \"d\u00e9range\" vraiment ; comme l'illustre la poursuite en justice des militants ayant d\u00e9croch\u00e9 les portraits d'Emmanuel Macron \u00e0 la mairie de Ch\u00e2teau-Chervix en f\u00e9vrier dernier. Car la passivit\u00e9 peut aussi prot\u00e9ger l'\u00c9tat. C'est d'ailleurs l'objet du r\u00e9cent livre de P.Gelderloos, \u003Ca href=\"https:\/\/mrmondialisation.org\/du-pacifisme-a-laction-directe\"\u003EComment la non-violence prot\u00e8ge l'\u00c9tat. Essai sur l'inefficacit\u00e9 des mouvements sociaux\u003C\/a\u003E. Il est ainsi postul\u00e9 qu'actions directes et non-violence peuvent \u00eatre compl\u00e9mentaires ; et renverser le syst\u00e8me actuel ne pourra se faire qu'\u00e0 l'aune de cette compl\u00e9mentarit\u00e9.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cspan class=\"philum ic-img2\"\u003E\u003C\/span\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cimg style=\"max-width:100%\" src=\"http:\/\/newsnet.fr\/img\/newsnet_162846_3b394b.jpg\" \/\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cimg style=\"max-width:100%\" src=\"http:\/\/newsnet.fr\/img\/newsnet_162846_e3e2c1.jpg\" \/\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cfigure\u003E\u003Cimg src=\"http:\/\/newsnet.fr\/img\/newsnet_162846_67507b.jpg\" \/\u003E\u003Cfigcaption\u003EPhotographies : Camille Bouko-levy\u003C\/figcaption\u003E\u003C\/figure\u003E\u003Cp\u003E\u003Ci\u003ECamille Bouko-levy, \u00e9tudiante en 3e ann\u00e9e \u00e0 Sciences Po Toulouse, et actuellement en stage en Equateur dans le domaine des droits de la Nature et des peuples indig\u00e8nes.\u003C\/i\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Ca href=\"http:\/\/mrmondialisation.org\/equateur-recit-dune-marche-pour-le-climat-avant-la-revolte\/\"\u003Emrmondialisation.org\u003C\/a\u003E\u003C\/p\u003E","_links":{"parent_art":[{"title":"Explosion en \u00c9quateur: le pr\u00e9sident d\u00e9clare l'\u00e9tat de si\u00e8ge et des manifestations se d\u00e9roulent dans tout le pays","url":"http:\/\/newsnet.fr\/apicom\/id:162568,json:1"}],"related_by":[{"title":"O\u00f9 en est le mouvement mondial des Droits de la Nature ? 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