{"163016":{"id":"163016","parent":"162568","time":"1571133178","url":"http:\/\/newsnet.fr\/163016","source":"http:\/\/mrmondialisation.org\/fin-de-linsurrection-en-equateur-une-sortie-de-crise-durable\/","category":"Latina","title":"Fin de l'insurrection en \u00c9quateur : une sortie de crise durable ?","catalog-images":"4\/newsnet_163016_4649f4.jpg\/newsnet_163016_fb9c9d.jpg\/newsnet_163016_e14b06.jpg\/newsnet_163016_a877da.jpg","image":"http:\/\/newsnet.fr\/img\/newsnet_163016_a877da.jpg","hub":"newsnet","url-explicit":"http:\/\/newsnet.fr\/art\/fin-de-l-insurrection-en-equateur-une-sortie-de-crise-durable","admin":"newsnet","views":"614","priority":"3","length":"17449","lang":"fr","content":"\u003Cp\u003EDimanche 13 octobre 2019, \u00e0 21h40, des coups de feu, chants et concerts de casseroles retentissent dans les rues de Quito. Nouvelle insurrection ? Ou r\u00e9pression polici\u00e8re ? Non, cette fois-ci, ces bruits sont annonciateurs d'une bonne nouvelle : ces individus f\u00eatent la suppression du d\u00e9cret 883 (mettant fin aux subventions sur le carburant) suite au soul\u00e8vement, lequel avait fait pol\u00e9mique au d'avoir g\u00e9n\u00e9r\u00e9 un climat insurrectionnel puisqu'il promettait une forte augmentation du prix des carburants. Confront\u00e9 \u00e0 la pire crise de son mandat depuis 2017, le pr\u00e9sident Lenin Moreno a trouv\u00e9 un accord avec la Conf\u00e9d\u00e9ration des Nationalit\u00e9s Indig\u00e8nes de l'Equateur (CONAIE), apr\u00e8s 12 jours de crise sans pr\u00e9c\u00e9dent. Jaime Vargas, pr\u00e9sident de la CONAIE, a alors annonc\u00e9 l'arr\u00eat de la gr\u00e8ve en territoires indig\u00e8nes. Mais ce calme sera-t-il durable ?\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EDepuis le 1er octobre, le pays \u00e9tait secou\u00e9 par un climat d'insurrection. La raison ? La fin des subventions sur le prix des carburants, qui existaient depuis plus de 40 ans, en contrepartie d'un accord pass\u00e9 avec le Fonds Mon\u00e9taire International (FMI). Celui-ci vise \u00e0 accorder un pr\u00eat important \u00e0 l'\u00c9quateur avec la promesse d'endiguer l'importante dette publique \u00e0 laquelle le pays fait face. Or, cette aide doit s'accompagner de r\u00e9formes politiques n\u00e9olib\u00e9rales, entendez : une cure d'aust\u00e9rit\u00e9. Et c'est bien l\u00e0 o\u00f9 r\u00e9side le fond du probl\u00e8me. Les conditions pos\u00e9es par le FMI sont jug\u00e9es inacceptables pour les \u00e9quatoriens. Or, de la simple gr\u00e8ve des transports, la protestation s'est transform\u00e9e en insurrection en quelques jours : trafic paralys\u00e9 par les blocages de routes, feux, agressions et manifestations sont devenus partie int\u00e9grante du quotidien en Equateur.\u003C\/p\u003E\u003Cblockquote\u003E\u003Cspan style=\"color:#3897f0\"\u003EView this post on Instagram\u003C\/span\u003E\u003Cp\u003EProtestas en reacci\u00f3n a las reformas econ\u00f3micas declaradas por el presidente Lenin Moreno. Varios movimientos sociales y de estudiantes salieron a las calles a rechazar la subida de los combustibles y los tratados del con el FMI.. \u003Ca onclick=\"sj(this)\" data-j=\"popup_twit,call__3_@fluxus*foto._ban\" class=\"txtx\"\u003E\u003Cspan class=\"philum ic-tw\" style=\"font-size:16px;\"\u003E\u003C\/span\u003E\u003C\/a\u003E #Ecuador #everydayecuador #documentaryphotography #ParoNacional #fluxusfoto\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EA post shared by \u003Ca href=\"https:\/\/www.instagram.com\/diaz.arcos\"\u003EDavid Diaz Arcos\u003C\/a\u003E (\u003Cspan class=\"philum ic-arobase\"\u003E\u003C\/span\u003Ediaz.arcos) on Oct 4, 2019 at 8:10am PDT\u003C\/blockquote\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EFace \u00e0 cela, le pr\u00e9sident fait le choix d'une forte r\u00e9pression \u00e9tatique ; laquelle \u00e9tait peu conforme aux droits \u00e9nonc\u00e9s par la Cour Interam\u00e9ricaine des Droits de l'Homme (CIDH). Profitant de la faiblesse du gouvernement, un coup d'Etat de la part de l'ex-pr\u00e9sident R.Correa \u00e9tait pressenti... jusqu'\u00e0 ce que cet accord de sauvage ne signe la fin de la crise de justesse. Or, doit-on vraiment se r\u00e9jouir de cette fin de crise ? Il semble encore difficilement imaginable, pour tous, que celle-ci puisse s'arr\u00eater du jour au lendemain alors m\u00eame que les causes - la politique d'aust\u00e9rit\u00e9 et l'emprise du FMI sur la politique du pays - restent intactes.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cul\u003E\u003Cli\u003EAux origines de la crise|\u003C\/li\u003E\u003C\/ul\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELe retour du FMI dans la politique \u00e9quatorienne\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELe 21 mars 2019, L. Moreno annon\u00e7ait avoir trouv\u00e9 un accord avec le FMI dans l'objectif de recevoir un cr\u00e9dit de 4,2 millions de dollars, en \u00e9change de la mise en œuvre d'une grande politique d'aust\u00e9rit\u00e9. Or, l'ex-pr\u00e9sident, Rafael Correa avait rompu tout lien avec le FMI en 2006. De ce fait, quand L. Moreno a annonc\u00e9 le 1er octobre la s\u00e9rie de r\u00e9formes n\u00e9olib\u00e9rales qui allaient \u00eatre mises en place pour honorer cet accord, la population \u00e9quatorienne s'y est tout de suite oppos\u00e9e, se sentant trahie. Au-del\u00e0 de la fin des subventions \u00e0 l'essence (qui s'est traduite concr\u00e8tement par une hausse imm\u00e9diate des prix de 123%), c'est le retour du r\u00f4le du FMI dans la politique \u00e9quatorienne qui est d\u00e9nonc\u00e9. En effet, parmi les mesures annonc\u00e9es, il y a \u00e9galement une r\u00e9forme du Code du travail, notamment la r\u00e9duction des cong\u00e9s pay\u00e9s des fonctionnaires de 30 \u00e0 15 jours, ou bien la r\u00e9duction des taxes d'importation sur les t\u00e9l\u00e9phones cellulaires, les ordinateurs et les tablettes. L'objectif de ces mesures est le suivant : lib\u00e9raliser l'\u00e9conomie et flexibiliser le travail en Equateur.\u003C\/p\u003E\u003Cfigure\u003E\u003Cimg src=\"http:\/\/newsnet.fr\/img\/newsnet_163016_4649f4.jpg\" \/\u003E\u003Cfigcaption\u003ECr\u00e9dit : Diaz Arcos, Equateur.\u003C\/figcaption\u003E\u003C\/figure\u003E\u003Cp\u003EL. Moreno, un candidat lib\u00e9ral portant une casquette socialiste\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ECette politique d'aust\u00e9rit\u00e9 n'\u00e9tait pourtant pas dans le programme politique du candidat lors des \u00e9lections pr\u00e9sidentielles en 2017. Officiellement, il a \u00e9t\u00e9 \u00e9lu pour son ambition de relancer la \u00ab r\u00e9volution citoyenne \u00bb de son pr\u00e9d\u00e9cesseur. Ce programme politique social et \u00e9cologique a \u00e9t\u00e9 port\u00e9 par R. Correa quelques temps, avant de virer vers une politique totalement contraire et particuli\u00e8rement autoritaire (cf: l'inscription de force de la r\u00e9\u00e9lection ind\u00e9finie des autorit\u00e9s publiques dans la Constitution). L. Moreno est alors arriv\u00e9 comme un \"sauveur\" ou du moins pr\u00e9sent\u00e9 comme tel. Or, l'espoir a \u00e9t\u00e9 de tr\u00e8s courte dur\u00e9e. Apr\u00e8s avoir pris quelques mesures populaires, telle que la suppression dudit amendement dans la Constitution, le tournant lib\u00e9ral a \u00e9t\u00e9 rapidement engag\u00e9 via des politiques d'aust\u00e9rit\u00e9. Bien que ces mesures \u00e9conomiques impopulaires aient \u00e9t\u00e9 pr\u00e9sent\u00e9es comme n\u00e9cessaires pour faire face \u00e0 la situation financi\u00e8re d\u00e9licate dans laquelle R. Correa avait laiss\u00e9 le pays, elles n'ont fait en r\u00e9alit\u00e9 qu'amorcer sa n\u00e9o-lib\u00e9ralisation \u00e0 marche forc\u00e9e. Un ph\u00e9nom\u00e8ne qu'on serait tent\u00e9 de mettre en parall\u00e8le avec l'\u00e9lection d'Emmanuel Macron, d'abord pr\u00e9sent\u00e9 dans les m\u00e9dias comme un candidat progressiste, tourn\u00e9 vers l'avenir et engag\u00e9 sur les questions \u00e9cologiques, pour finalement engager un processus classique de lib\u00e9ralisation : aust\u00e9rit\u00e9, r\u00e9formes et privatisations.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cul\u003E\u003Cli\u003EUne crise qui s'enlise|\u003C\/li\u003E\u003C\/ul\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EDe la gr\u00e8ve \u00e0 l'insurrection, il n'y a qu'un pas\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELe 2 octobre, une gr\u00e8ve des transports \u00e9clate en r\u00e9ponse \u00e0 la hausse des carburants. Ni bus, ni taxis. Le trafic est paralys\u00e9. Toute personne qui tenterait de ne pas respecter le mouvement est alors sanctionn\u00e9e : lancers de pierres sur les taxis actifs, agressions et vols massifs, mise \u00e0 feu de pneus et blocage de toutes les routes du pays. Le lendemain, face \u00e0 l'explosion de violence, L. Moreno d\u00e9clarait l'\u00c9tat d'urgence. De leur c\u00f4t\u00e9, les chauffeurs de taxis et bus l\u00e8vent la gr\u00e8ve : le gouvernement promet d'augmenter le prix des transports publics pour compenser la hausse des carburants. La mesure devient donc handicapante non plus pour eux, mais pour l'ensemble des usagers. Qui plus est, les mouvements indig\u00e8nes et syndicaux redoublent d'\u00e9nergie dans les protestations. Ainsi, face \u00e0 l'annonce de gr\u00e8ve g\u00e9n\u00e9rale des travailleurs, indig\u00e8nes et syndicats le mercredi 9 octobre, le pr\u00e9sident d\u00e9cide deux jours avant de transf\u00e9rer le si\u00e8ge du gouvernement \u00e0 Guayaquil, la capitale \u00e9conomique du pays.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ECe jour-ci, le lundi 7 octobre, des milliers d'indig\u00e8nes arrivent pour manifester \u00e0 Quito. L'Assembl\u00e9e Nationale est envahie, les violences continuent ; ce \u00e0 quoi le pr\u00e9sident r\u00e9pond par l'\u00e9tablissement d'un couvre-feu autour des lieux de pouvoir, de 20h \u00e0 5h du matin tous les jours de la semaine. Or, le m\u00e9contentement se poursuit, notamment face \u00e0 la r\u00e9pression polici\u00e8re : tel est le cas lorsque des bombes lacrymog\u00e8nes ont \u00e9t\u00e9 lanc\u00e9es dans des universit\u00e9s, alors que celles-ci sont des lieux dits \"neutres\" o\u00f9 sont log\u00e9s, soign\u00e9s et nourris les manifestants. Le samedi 12 octobre, le point culminant de la crise a lieu. Le bureau de l'Inspection g\u00e9n\u00e9rale des finances prend feu. Les infiltr\u00e9s corr\u00e9istes, soup\u00e7onn\u00e9s d'\u00eatre \u00e0 l'origine de l'incendie et de tous les d\u00e9g\u00e2ts qu'il a occasionn\u00e9, en profitent pour faire dispara\u00eetre tous les documents de proc\u00e9dures judiciaires concernant la corruption de R.Correa.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ECoupure d'eau et \u00e9lectricit\u00e9 menacent la ville pour 3 jours. Les magasins se vident, les files d'attente aux caisses s'allongent. Le gouvernement annonce alors, via son ministre de la d\u00e9fense que les armes non-l\u00e9tales ne sont plus les seules armes \u00e0 disposition des forces arm\u00e9es, et que celles-ci sont \u00ab pr\u00eates \u00e0 d\u00e9fendre les sites strat\u00e9giques \u00bb (entendez : tirer \u00e0 balles r\u00e9elles si besoin). Partout dans le pays, tout est ferm\u00e9 avant 15h, heure du couvre-feu annonc\u00e9 par le pr\u00e9sident afin de \u00ab faciliter l'action de la force publique face aux intol\u00e9rables exc\u00e8s de violence \u00bb. Le soir, un \u003Ci\u003Ecacerolazo\u003C\/i\u003E (soit, litt\u00e9ralement, un concert de casseroles) s'organise dans les quartiers \u00e9loign\u00e9s du centre historique, symbole de la faim que la population subit depuis le d\u00e9but de la crise. Ce rassemblement, au-del\u00e0 de soutenir les manifestants contre la r\u00e9pression polici\u00e8re, d\u00e9montre un \"ras-le-bol\" g\u00e9n\u00e9ral appelant \u00e0 l'arr\u00eat de la crise.\u003C\/p\u003E\u003Cfigure\u003E\u003Cimg src=\"http:\/\/newsnet.fr\/img\/newsnet_163016_fb9c9d.jpg\" \/\u003E\u003Cfigcaption\u003ECr\u00e9dit : Diaz Arcos, Equateur.\u003C\/figcaption\u003E\u003C\/figure\u003E\u003Cp\u003EMais pourquoi les indig\u00e8nes auraient-ils int\u00e9r\u00eat \u00e0 d\u00e9fendre les subventions \u00e0 l'essence ?\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EL. Moreno justifie la fin des subventions \u00e0 l'essence par le co\u00fbt qu'il repr\u00e9sente pour l'\u00e9conomie du pays, \u00e0 savoir une d\u00e9pense de 60.000 millions de dollars en 40 ans. Or, la suppression de ces subventions devait se faire de mani\u00e8re graduelle, et non du jour au lendemain. C'est la brutalit\u00e9 de la r\u00e9forme qui est critiqu\u00e9e par les \u00e9quatoriens. Par ailleurs, le pr\u00e9sident use comme autre argument les n\u00e9cessit\u00e9s environnementales pour imposer une simple mesure d'aust\u00e9rit\u00e9 voil\u00e9e. Pour cause, il soutient \u00e9galement l'augmentation de la production de p\u00e9trole et l'ouverture de nouveaux puits depuis le d\u00e9but de son mandat. Surtout, cet argument \u00e9cologique n'est pas valable pour la population. Il faut savoir que, si le p\u00e9trole est extrait en \u00c9quateur, il est raffin\u00e9 \u00e0 l'\u00e9tranger ; ce qui en fait un produit tr\u00e8s cher et explique pourquoi ces subventions avaient \u00e9t\u00e9 mises en place. Les \u00c9quatoriens d\u00e9pendent fortement des camions, bus et voitures pour se d\u00e9placer, car leur syst\u00e8me ferroviaire est peu d\u00e9velopp\u00e9. Concernant les indig\u00e8nes (soit 7 % des \u00e9quatoriens, mais aussi 68 % des personnes pauvres), ce d\u00e9cret les affectent d'autant plus qu'ils travaillent principalement dans l'agriculture et ne peuvent faire face \u00e0 la hausse des co\u00fbts de transports pour l'\u00e9coulement de leurs produits ou les r\u00e9coltes m\u00e9caniques. C'est notamment pour cette raison qu'on \u00e9t\u00e9 bloqu\u00e9s des barrages hydro\u00e9lectriques, des entreprises horticoles et puits p\u00e9troliers.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cul\u003E\u003Cli\u003EUn bilan incitant \u00e0 la sortie de crise|\u003C\/li\u003E\u003C\/ul\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EDes cons\u00e9quences n\u00e9fastes VS violences inacceptables\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EAu bout de onze jours de crise, le bilan fait froid dans le dos : 1340 bless\u00e9s, 1152 d\u00e9tenus et 7 morts (mais bien plus en r\u00e9alit\u00e9, puisque plus de 15 morts d'indig\u00e8nes ont d\u00e9j\u00e0 \u00e9t\u00e9 recens\u00e9es). Comme pr\u00e9cis\u00e9, outre les violences physiques, la police a lanc\u00e9 des bombes lacrymog\u00e8nes dans des lieux dits \"neutres\" fournissant de l'aide humanitaire, et utilise des fusils \u00e0 plomb ou grenades pour disperser la foule dans les manifestations. Le m\u00e9diateur de l'Equateur, un bureau du gouvernement d\u00e9di\u00e9 \u00e0 la promotion des droits humains, a d'ailleurs condamn\u00e9 une r\u00e9pression \u00ab sans aucun pr\u00e9c\u00e9dent historique \u00bb et a invit\u00e9 le gouvernement \u00e0 arr\u00eater toute violence pour \u00ab ramener le pays \u00e0 la paix \u00bb. La Haute Commission aux Droits de l'Homme de l'ONU, tout comme la CIDH, a exprim\u00e9 le m\u00eame avis. Du c\u00f4t\u00e9 des manifestants, il y a eu des d\u00e9bordements, notamment le 10 octobre \u00e0 la Maison de la culture, lieu abritant le mus\u00e9e national de l'Equateur et de nombreux \u00e9v\u00e9nements culturels. La CONAIE y a retenu dix policiers et vingt travailleurs de la communication, dont le journaliste Freddy Paredes qui fut bless\u00e9 par un lancer de pierre au cr\u00e2ne. Dans la confusion, les agressions de journalistes sont devenues monnaie courante, \u00e0 un tel point que les bureaux de la cha\u00eene \u003Ci\u003EEcuavisa\u003C\/i\u003E sont maintenant prot\u00e9g\u00e9s par des policiers depuis l'agression d'une journaliste alors qu'elle y entrait. De la m\u00eame mani\u00e8re, un incendie a \u00e9t\u00e9 d\u00e9clench\u00e9 envers la cha\u00eene \u003Ci\u003ETeleamazonas\u003C\/i\u003E, et les responsables ont refus\u00e9 de laisser rentrer tout pompier. D'autres personnes ont tent\u00e9 d'entrer de force dans le si\u00e8ge de \u003Ci\u003EEl Comercio\u003C\/i\u003E, le journal le plus populaire du pays.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EOr, parmi toutes ces violences, il est important de notifier la part de responsabilit\u00e9 des \u00ab infiltr\u00e9s \u00bb de R. Correa. Ces infiltr\u00e9s \u00e9trangers, seraient, selon L. Moreno, entra\u00een\u00e9s par le V\u00e9nezuela de N. Maduro. Les dirigeants indig\u00e8nes ont fait observer qu'ils n'ont jamais particip\u00e9 aux attaques des m\u00e9dias cit\u00e9s ci-dessus, ou du bureau de l'Inspection g\u00e9n\u00e9rale des finances et des attaques contre magasins, personnes dans leurs voitures, biens publics et priv\u00e9s. La confusion r\u00e8gne donc sur l'origine exactement de certaines violences avec un risque de r\u00e9cup\u00e9ration politique. Certes, des actes de d\u00e9linquance gratuite et des pillages ont \u00e9t\u00e9 men\u00e9s par certains manifestants. Mais les opposants sugg\u00e8rent que ces d\u00e9bordements violents seraient organis\u00e9s et pens\u00e9s par ces infiltr\u00e9s afin de faire r\u00e9gner le chaos ; incitation \u00e0 justifier la r\u00e9pression polici\u00e8re et \u00e0 activer un cercle vicieux de \"manifestation-d\u00e9bordement-r\u00e9pression\".\u003C\/p\u003E\u003Cfigure\u003E\u003Cimg src=\"http:\/\/newsnet.fr\/img\/newsnet_163016_e14b06.jpg\" \/\u003E\u003Cfigcaption\u003ECr\u00e9dit : Diaz Arcos, Equateur.\u003C\/figcaption\u003E\u003C\/figure\u003E\u003Cp\u003EQuelle sortie de crise ?\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EApr\u00e8s plusieurs refus, la CONAIE a accept\u00e9 le 12 octobre le \u00ab dialogue \u00bb propos\u00e9 par le gouvernement ; alors m\u00eame que le gouvernement n'avait pas supprim\u00e9 le d\u00e9cret concernant les subventions \u00e0 l'essence, pourtant annonc\u00e9 comme condition \u003Ci\u003Esine qua non\u003C\/i\u003E \u00e0 l'apaisement. En parall\u00e8le, le gouvernement a sollicit\u00e9 l'Organisation des Nations Unies (ONU) pour faciliter le dialogue avec les divers secteurs de la soci\u00e9t\u00e9 civile, afin de trouver une sortie de crise. Ce dialogue, pr\u00e9vu initialement le lendemain \u00e0 15h, s'est vu retard\u00e9 par de nombreuses manifestations et la r\u00e9pression polici\u00e8re qui a suivi. Il a cependant eu lieu en fin d'apr\u00e8s-midi et a d\u00e9bouch\u00e9 sur un accord entre la CONAIE et le gouvernement : la suppression du d\u00e9cret 883 et la r\u00e9\u00e9criture d'un nouveau, en \u00e9change de quoi \u003Ci\u003EJaime Vargas\u003C\/i\u003E a annonc\u00e9 la fin de la gr\u00e8ve en territoires indig\u00e8nes. Victoire ? Peut-\u00eatre. Car il conviendra de rester vigilant \u00e0 la suite des \u00e9v\u00e9nements. Les tensions restent vives et le gouvernement devra faire face aux attentes du FMI.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EPar ailleurs, ce soul\u00e8vement s'est doubl\u00e9 d'int\u00e9r\u00eats politiques sur le plan national, notamment d\u00e9nonc\u00e9s par L. Moreno. Celui-ci a publiquement d\u00e9nonc\u00e9 R. Correa, candidat aux prochaines \u00e9lections pr\u00e9sidentielles, de profiter de la faiblesse du pouvoir pour fomenter un coup d'\u00c9tat. L'ex-pr\u00e9sident a d'ailleurs demand\u00e9 \u00e0 l'Assembl\u00e9e nationale de convoquer des \u00e9lections anticip\u00e9es, ce qui a \u00e9t\u00e9 refus\u00e9 ; or cela laisse entrevoir d'autres futures tentatives de gagner le pouvoir. Il estime que L. Moreno, affich\u00e9 \u00e0 l'origine comme son successeur, l'a trahi en se rapprochant de l'opposition et de la droite \u00e9quatorienne, qui est tr\u00e8s puissante. Moreno a rapidement perdu la coh\u00e9sion de sa majorit\u00e9 politique au Parlement. Alors, m\u00eame si les n\u00e9gociations ont abouti avec la soci\u00e9t\u00e9 civile, la paix reste fragile. Le renversement de L. Moreno a \u00e9t\u00e9 \u00e9voqu\u00e9 durant toute la crise. Par qui ? Cela reste difficile \u00e0 d\u00e9finir. \u003Ci\u003E\u00ab C'est pourquoi on peut qualifier ce mouvement de d\u00e9gagiste : il s'est ciment\u00e9 pour destituer un pouvoir consid\u00e9r\u00e9 comme ill\u00e9gitime. Il n'a pas de colonne vert\u00e9brale organis\u00e9e politiquement, m\u00eame s'il est fort par nature. \u00bb,\u003C\/i\u003E explique Mathieu Dejean.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELes \u00e9quatoriens criait victoire cette nuit l\u00e0, le dimanche 13 octobre, dans les rues de Quito. Or, difficile de savoir si cette paix sera durable apr\u00e8s douze jours de crise d'une telle ampleur. Ce qui est s\u00fbr, en revanche, c'est que le gouvernement \u00e9quatorien aura plus perdu que gagn\u00e9 \u00e0 vouloir imposer \u00e0 son peuple cet accord avec le FMI. La n\u00e9o-lib\u00e9ralisation du pays est une chose, mais nier la capacit\u00e9 de mobilisation et de r\u00e9sistance de ses habitants en est une autre ; et cette erreur peut toujours \u00eatre fatale \u00e0 un gouvernement en place, malgr\u00e9 l'accord obtenu, en \u00c9quateur comme ailleurs...\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E- Camille Bouko-levy\u003C\/p\u003E\u003Cfigure\u003E\u003Cimg src=\"http:\/\/newsnet.fr\/img\/newsnet_163016_a877da.jpg\" \/\u003E\u003Cfigcaption\u003ECr\u00e9dit : Diaz Arcos, Equateur.\u003C\/figcaption\u003E\u003C\/figure\u003E\u003Cp\u003E\u003Ca href=\"http:\/\/mrmondialisation.org\/fin-de-linsurrection-en-equateur-une-sortie-de-crise-durable\/\"\u003Emrmondialisation.org\u003C\/a\u003E\u003C\/p\u003E"}}