{"163655":{"id":"163655","parent":"163429","time":"1572383014","url":"http:\/\/newsnet.fr\/163655","source":"http:\/\/www.mondialisation.ca\/un-nouveau-printemps-des-peuples\/5638356","category":"R\u00e9seau social","title":"Un nouveau printemps des peuples?","catalog-images":"1\/newsnet_163655_566e7a.png","image":"http:\/\/newsnet.fr\/img\/newsnet_163655_566e7a.png","hub":"newsnet","url-explicit":"http:\/\/newsnet.fr\/art\/un-nouveau-printemps-des-peuples","admin":"newsnet","views":"635","priority":"3","length":"7605","lang":"fr","content":"\u003Cp\u003E\u003Cspan class=\"philum ic-img2\"\u003E\u003C\/span\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EDu Liban au Chili, d'Ha\u00efti \u00e0 Hong Kong, en passant par l'\u00c9quateur, le Soudan et l'Alg\u00e9rie, les soul\u00e8vements au Sud se multiplient et s'intensifient. Si le d\u00e9clencheur est sp\u00e9cifique \u00e0 chaque contexte national, les ressorts sont partout les m\u00eames, et les modes d'organisation similaires.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EDepuis quelques jours, comme au Liban et au Chili, ou depuis plus longtemps, comme en Alg\u00e9rie, \u00e0 Hong Kong et en Ha\u00efti, des dizaines et m\u00eame des centaines de milliers de personnes descendent dans les rues. \u00c9tonnants, \u00e0 premi\u00e8re vue, l'origine prosa\u00efque - une nouvelle taxe, le prix de l'essence ou des transports publics, etc. -, la vitesse de propagation et le caract\u00e8re radical, voire insurrectionnel de cet embrasement. Ce qui avait \u00e9t\u00e9 (trop) longtemps tol\u00e9r\u00e9 devient, soudainement, la source du refus et des r\u00e9voltes.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELe terrain est propice \u00e0 de telles explosions. Les in\u00e9galit\u00e9s, la pauvret\u00e9 et la d\u00e9gradation des conditions de vie constituent une bombe \u00e0 retardement, qui \u00e9clate \u00e0 la mesure de l'exasp\u00e9ration sociale, particuli\u00e8rement forte dans les pays du Sud o\u00f9 les contradictions sont plus exacerb\u00e9es. De plus, les mobilisations actuelles participent d'un nouveau cycle de luttes, apr\u00e8s les r\u00e9volutions arabes de 2010-2011, les luttes \u00e9tudiantes au Chili, en 2011, le mouvement des parapluies \u00e0 Hong Kong, en 2014, etc., sans parler des vagues de contestation, en 2018, au Nicaragua, en Iran et ailleurs.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cb\u003EUne \u00e9tincelle locale, un dynamiteur commun\u003C\/b\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ESi les d\u00e9clencheurs sont sp\u00e9cifiques \u00e0 chaque contexte national, les ressorts sont partout les m\u00eames. La contestation d'une mesure ponctuelle se mue rapidement en un rejet global du pouvoir et de la corruption ; de la corruption du pouvoir. Ainsi, faut-il entendre celle-ci \u00e0 la fois de mani\u00e8re classique, comme d\u00e9tournement d'argent, et de fa\u00e7on organique, comme falsification du service (au) public. Les gouvernements sont contest\u00e9s comme lieux de pouvoirs, accapar\u00e9s par un alliage de la classe gouvernante, des \u00e9lites nationales et des institutions financi\u00e8res internationales - le Fonds mon\u00e9taire international (FMI) par exemple ; cible direct des manifestations en \u00c9quateur et en Ha\u00efti -, au service de leurs propres int\u00e9r\u00eats.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELa charge morale de la contestation est puissante. On manifeste contre la corruption, contre une \u00e9conomie injuste, pour la dignit\u00e9 ; c'est-\u00e0-dire pour la possibilit\u00e9 de vivre dignement, ce que la vie ch\u00e8re, l'absence ou la d\u00e9t\u00e9rioration des services publics rendent impossible. Le refus de la politique d'aust\u00e9rit\u00e9 vise, au-del\u00e0, la dynamique m\u00eame du n\u00e9olib\u00e9ralisme, qui ne cesse de demander \u00ab des efforts \u00bb \u00e0 la population, alors que les in\u00e9galit\u00e9s se creusent. La th\u00e9orie du ruissellement ou du \u00ab premier de cord\u00e9e \u00bb est rejet\u00e9e pour ce qu'elle est : un mythe int\u00e9ress\u00e9.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EAussi diverses que soient les origines sociales des manifestants, pr\u00e9domine le visage de jeunes citadins, issus des classes populaires ou d'une classe moyenne pr\u00e9caris\u00e9e, dont les dipl\u00f4mes bien souvent ne font qu'accentuer la frustration de ne trouver un emploi. Au Liban, en Alg\u00e9rie, en Ha\u00efti, la majorit\u00e9 de la population a moins de 30 ans. Les femmes jouent un r\u00f4le de premier plan dans ces manifestations, ce qui a contribu\u00e9 \u00e0 renouveler les formes d'action.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u00c0 l'encontre d'institutions publiques qui ne les repr\u00e9sentent pas et agissent en leurs noms, les manifestants qui prennent les rues, affirment leur autonomie sur toute la cha\u00eene politique : comme source l\u00e9gitime du pouvoir, comme op\u00e9rateur, contr\u00f4leur et destinataire des d\u00e9cisions. Ils s'inscrivent d\u00e8s lors en faux contre les intellectuels qui applaudissent les manifestants du Chili pour mieux condamner ceux du Nicaragua, d'Alg\u00e9rie et de Hong Kong, au nom d'une lecture g\u00e9opolitique \u00ab anti-imp\u00e9rialiste \u00bb o\u00f9 convergent la d\u00e9fense de l'ordre et l'\u00e9touffement des voix de la \u00ab vile multitude \u00bb.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELes r\u00e9seaux sociaux ont jou\u00e9 un r\u00f4le essentiel. Mais circonscrit. Ils ont servi de catalyseur et d'amplificateur aux mobilisations, ont acc\u00e9l\u00e9r\u00e9 leur fluidification. Ils participent des nouveaux codes visuels et narratifs, particuli\u00e8rement inventifs, charg\u00e9s d'humour et de r\u00e9f\u00e9rences au street art et aux cultures populaires. Mais \u00e0 trop se focaliser dessus, on en oublie l'essentiel : c'est le tweet qui cache la for\u00eat des places et des rues occup\u00e9es, tant ce qui ressort avec force de ces manifestations est la strat\u00e9gie de r\u00e9appropriation et de d\u00e9tournement de l'ordre urbain en espace public.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EEnfin, autre point commun, la r\u00e9action des autorit\u00e9s : la r\u00e9pression, souvent violente. Car, il faut le rappeler, la violence est d'abord celle d'une \u00e9conomie injuste et de la police (ou de l'arm\u00e9e), avant d'\u00eatre celle des \u00e9meutiers. Or, cette violence est l'autre face de l'orthodoxie n\u00e9olib\u00e9rale, et de la division du travail qui en d\u00e9coule entre l'\u00c9tat et le march\u00e9. D'o\u00f9, aussi, la radicalit\u00e9 des mobilisations qui, tr\u00e8s vite, d\u00e9bordent l'espace public et les institutions politiques (partis et parlements), toujours plus \u00e9triqu\u00e9s, r\u00e9duits \u00e0 la portion congrue de la gestion manag\u00e9riale.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cb\u003ELa contestation du \u00ab syst\u00e8me \u00bb\u003C\/b\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ECibles de la r\u00e9volte : le \u00ab syst\u00e8me ha\u00eftien \u00bb, le \u00ab syst\u00e8me libanais \u00bb, etc. Malgr\u00e9 son flou, le mot n'en d\u00e9signe pas moins la classe dirigeante - au sein de laquelle se confondent le monde des affaires et les gouvernants -, les politiques mises en place, un mode de gouverner - la mise \u00e0 distance des citoyens, parall\u00e8lement \u00e0 la capacit\u00e9 du syst\u00e8me de se reproduire - et, implicitement, une strat\u00e9gie de d\u00e9veloppement, centr\u00e9e sur le commerce mondial au d\u00e9triment des potentialit\u00e9s locales.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EEt demain ? Faute de changements, en butte \u00e0 la r\u00e9pression, le mouvement s'\u00e9puisera-t-il ? Est-il condamner \u00e0 demeurer un contre-pouvoir occasionnel ou arrivera-t-il \u00e0 inventer et investir de nouvelles institutions politiques ? Les soul\u00e8vements seront-ils \u00e0 nouveau capt\u00e9s, puis confisqu\u00e9s par les forces traditionnelles ? L'enjeu demeure partout le m\u00eame : instituer les nouvelles formes de lutte et ces modes d'organisation pour les ancrer dans la dur\u00e9e, sans figer le souffle de libert\u00e9 qui les traverse.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cb\u003EFr\u00e9d\u00e9ric Thomas\u003C\/b\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELa source originale de cet article est \u003Ca href=\"https:\/\/www.cetri.be\/Un-nouveau-printemps-des-peuples\"\u003ECETRI\u003C\/a\u003E\u003Cbr \/\u003E\nCopyright \u00a9 \u003Ca href=\"https:\/\/www.mondialisation.ca\/author\/frederic-thomas\"\u003EFr\u00e9d\u00e9ric Thomas\u003C\/a\u003E, \u003Ca href=\"https:\/\/www.cetri.be\/Un-nouveau-printemps-des-peuples\"\u003ECETRI\u003C\/a\u003E, 2019\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Ca href=\"http:\/\/www.mondialisation.ca\/un-nouveau-printemps-des-peuples\/5638356\"\u003Emondialisation.ca\u003C\/a\u003E\u003C\/p\u003E","_links":{"parent_art":[{"title":"\u00c9quateur et Chili : l'\u00e9chec du discours de la r\u00e9ussite","url":"http:\/\/newsnet.fr\/apicom\/id:163429,json:1"}]}}}