{"164847":{"id":"164847","parent":"163429","time":"1574435772","url":"http:\/\/newsnet.fr\/164847","source":"http:\/\/www.tlaxcala-int.org\/article.asp?reference=27510","category":"Latina","title":"Chili, \u00c9quateur , Ha\u00efti, Bolivie : fin de quel cycle ?","catalog-images":"1\/newsnet_164847_13f350.jpg\/newsnet_164847_7814f0.jpg\/newsnet_164847_024dde.jpg\/newsnet_164847_95a33d.jpg\/newsnet_164847_87b92f.jpg\/newsnet_164847_712854.jpg\/newsnet_164847_71857d.jpg","image":"http:\/\/newsnet.fr\/img\/newsnet_164847_13f350.jpg","hub":"newsnet","url-explicit":"http:\/\/newsnet.fr\/art\/chili-equateur-haiti-bolivie-fin-de-quel-cycle","admin":"newsnet","views":"639","priority":"3","length":"19706","lang":"fr","content":"\u003Cp\u003E\u003Ca href=\"http:\/\/www.tlaxcala-int.org\/biographie.asp?ref_aut=1748&lg_pp=fr\"\u003EDaniela Trollio\u003C\/a\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Ci\u003ENous ne savons pas comment se poursuivront les luttes. R\u00e9ussiront-elles \u00e0 faire surgir une avant-garde susceptible de consolider la spontan\u00e9it\u00e9 et de donner une continuit\u00e9 \u00e0 ces combats pour un monde diff\u00e9rent, que nous, nous appelons encore socialisme ?\u003C\/i\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EEn 1992, le politologue Francis Fukuyama \u00e9crivait l'essai \u00ab \u003Ci\u003ELa fin de l'histoire et le dernier homme\u003C\/i\u003E \u00bb, bas\u00e9 sur un cours donn\u00e9 \u00e0 la Facult\u00e9 de Philosophie politique de l'Universit\u00e9 de Chicago. Sa th\u00e8se : l'histoire en tant que lutte des id\u00e9ologies \u00e9tait finie, dans un monde d\u00e9sormais bas\u00e9 sur la \u00ab d\u00e9mocratie lib\u00e9rale \u00bb qui s'\u00e9tait impos\u00e9e apr\u00e8s la fin de la Guerre Froide. En d'autres termes : un monde bas\u00e9 sur la \u00ab pax americana \u00bb.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELe concept fut repris par de nombreux analystes apr\u00e8s les d\u00e9faites des gouvernements progressistes de l'Am\u00e9rique Latine, de l'Argentine \u00e0 l'\u00c9quateur et au Br\u00e9sil (entre 2014 et 2018) : ils consid\u00e9raient d\u00e9sormais le \u00ab cycle progressiste \u00bb comme mort, enterr\u00e9 par le n\u00e9o-lib\u00e9ralisme \u00bb que l'\u00e9conomiste Joseph Stiglitz appelait \u00ab fondamentalisme du march\u00e9 \u00bb et que le professeur d'\u00e9conomie usam\u00e9ricain David M. Kotz d\u00e9finissait beaucoup plus clairement comme \u00ab \u003Ci\u003Ela domination compl\u00e8te du travail par le capital \u00bb.\u003C\/i\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EAussi ces analystes, politologues, \u00ab experts \u00bb du rien auront certainement \u00e9t\u00e9 tr\u00e8s d\u00e9\u00e7us par cet octobre 2019 qui, certes, n'est pas l 'Octobre bolch\u00e9vik d'il y a 102 ans, mais qui rappelle aux puissants de ce monde que la lutte de classe n'est nullement finie, que les peuples du Sud du monde, avec le prol\u00e9tariat en premi\u00e8re ligne (et m\u00eame ceux de notre Europe endormie, comme les gilets jaunes fran\u00e7ais) nous d\u00e9montrent encore une fois qu'il est possible de se r\u00e9volter et m\u00eame de vaincre.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EDe la petite Ha\u00efti martyris\u00e9e \u00e0 l'\u00c9quateur, au Chili, \u00e0 l'Argentine, \u00e0 la Bolivie, \u00e0 l'Uruguay et m\u00eame au Br\u00e9sil, ces derniers mois ont vu des masses de jeunes, de travailleurs, de femmes se r\u00e9volter contre l'imp\u00e9rialisme, contre ses instruments comme cette organisation criminelle appel\u00e9e Fonds Mon\u00e9taire International et contre ses repr\u00e9sentants locaux, les gouvernements qui en ont impitoyablement appliqu\u00e9 la politique. Au moyen d'instruments divers : la rue et les \u00e9lections. Bien s\u00fbr, l'issue n'en est pas acquise d'avance, car il s'agit de processus encore en cours \u00e0 l'heure o\u00f9 nous \u00e9crivons, mais les signaux sont forts.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cb\u003EUne vitrine bris\u00e9e : le Chili\u003C\/b\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cimg style=\"max-width:100%\" src=\"http:\/\/newsnet.fr\/img\/newsnet_164847_13f350.jpg\" \/\u003E Ce n'est pas pour 30 pesos, c'est pour 30 ans\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EDans le laboratoire par excellence du n\u00e9o-lib\u00e9ralisme des Chicago Boys, le pays qu'on nous a vendu pendant 30 ans comme \u00ab vitrine \u00bb du d\u00e9veloppement capitaliste, nous d\u00e9couvrons que, comme on le lisait sur les pancartes dans les manifestations de ces jours-ci, \u00ab \u003Cb\u003ECe n'est pas 30 pesos\u003C\/b\u003E - \u003Ci\u003El'augmentation du tarif des transports, l'\u00e9tincelle qui a incendi\u00e9 la prairie, que le S\u00e9nat a d\u00e9j\u00e0 abrog\u00e9e dans une tentative pour calmer les protestations\u003C\/i\u003E - \u003Cb\u003Ece sont 30 ann\u00e9es\u003C\/b\u003E \u00bb.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EVoici quelques chiffres : un travailleur chilien sur 4 gagne 301 000 pesos, qui \u00e9quivalent \u00e0 340 € par mois, et il travaille en moyenne plus que les 45 heures hebdomadaires l\u00e9gales. La prestigieuse, et autonome, Fondation Sol rel\u00e8ve que 70% de la population gagne moins de 550 000 pesos [=620€]. 80% des familles chiliennes sont surendett\u00e9es. Elles s'endettent \u00e0 vie pour \u00e9tudier, pour se soigner, pour se procurer une retraite mis\u00e9rable, parce que tous les services - sant\u00e9 comprise - ont \u00e9t\u00e9 privatis\u00e9s. L'archev\u00eaque de Concepci\u00f3n d\u00e9peint ainsi la situation du pays : \u00ab \u003Ci\u003EAu Chili, environ 650 000 jeunes (5,7% sur les 13,9% de Chiliens de cet \u00e2ge, sur une population totale de 18 700 000 personnes, NDLA) entre 18 et 29 ans, n'\u00e9tudient ni ne travaillent ; il y a parmi eux des taux \u00e9lev\u00e9s de maladie mentale et de suicides ; des milliers de vieux sont seuls et abandonn\u00e9s, et personne ne s'occupe d'eux.. La violence et la solitude au Chili sont une pand\u00e9mie.\u003C\/i\u003E \u00bb\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELe prix des transports compte pour environ 15% du salaire, les AFP (Administratrices des Fonds de Pension, soci\u00e9t\u00e9s priv\u00e9es) sont un autre vol l\u00e9galis\u00e9 impos\u00e9 par l'\u00c9tat ; les travailleurs doivent, selon la loi, leur abandonner 10% de leur salaire. L'argent r\u00e9colt\u00e9 est le double de ce qui est ensuite restitu\u00e9 sous la rubrique \u00ab pensions de retraite \u00bb, et repr\u00e9sente 80% du PIB du Chili. Ce m\u00e9canisme est apparu \u00e0 l'\u00e9poque de la dictature de Pinochet et a \u00e9t\u00e9 reconduit par tous les gouvernements \u00ab d\u00e9mocratiques \u00bb qui se sont succ\u00e9d\u00e9.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELes travailleurs et les prol\u00e9taires chiliens, qui, jusqu'au jour pr\u00e9c\u00e9dent, \u00e9taient d\u00e9crits comme des \u00ab consommateurs satisfaits \u00bb, se sont r\u00e9veill\u00e9s et se sont aper\u00e7us que leur pays n'est absolument pas une belle \u00ab vitrine \u00bb. On comprend beaucoup mieux ainsi pourquoi une \u00ab simple \u00bb augmentation du ticket de m\u00e9tro a fait \u00e9clater la r\u00e9volte, d'abord parmi les jeunes \u00e9tudiants, puis dans la plus grande partie de la population : un million de personnes dans la rue le jour de la gr\u00e8ve g\u00e9n\u00e9rale, la plus grande manifestation de protestation de ces 30 derni\u00e8res ann\u00e9es.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ESans parler du pillage des biens du pays par les multinationales, commenc\u00e9 pendant la dictature et all\u00e8grement poursuivi par les gouvernements qui lui ont succ\u00e9d\u00e9. Le peuple chilien a \u00e9t\u00e9 d\u00e9pouill\u00e9 de tout : mers, bois, mines, ressources naturelles et, comme nous le disions plus haut, sant\u00e9, \u00e9ducation, eau, gaz, etc. Et c'est ainsi que, le 18 octobre, \u00e0 Santiago, on prend d'assaut et incendie le b\u00e2timent de l'ENEL (oh ! surprise, les capitalistes italiens sont aussi l\u00e0) qui contr\u00f4le la distribution de l'\u00e9lectricit\u00e9, de m\u00eame pour celui de Santa Rosa.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cimg style=\"max-width:100%\" src=\"http:\/\/newsnet.fr\/img\/newsnet_164847_7814f0.jpg\" \/\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EQue la dictature de Pinochet ne soit pas seulement un souvenir, mais une r\u00e9alit\u00e9 toujours actuelle, d'autres chiffres nous le r\u00e9v\u00e8lent aussi : en pr\u00e8s de 15 jours de r\u00e9volte, 20 morts, des milliers de bless\u00e9s et plus de mille arrestations, d'autres \u00ab disparus \u00bb, des d\u00e9nonciations de tortures et abus sur les prisonniers, arm\u00e9e et police dans les rues, des tanks, des canons \u00e0 eau et des gaz urticants, etc., etc. C'est ce qu'ont affront\u00e9 les milliers de manifestants qui n'\u00e9taient pas encore n\u00e9s quand fut r\u00e9dig\u00e9e la Constitution pinoch\u00e9ttiste, jamais abrog\u00e9e, ni par les gouvernements de \u00ab centre gauche \u00bb de la Concertation, ni par ceux de la droite. Il est curieux que l'ex-pr\u00e9sidente Michelle Bachelet, si attentive \u00e0 critiquer les \u00ab violations des droits humains \u00bb pr\u00e9sum\u00e9es au Venezuela, soit seulement arriv\u00e9e \u00e0 dire - sur ce qui arrive dans son pays - qu'elle est \u00ab afflig\u00e9e \u00bb.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELaissons pour le moment le Chili, o\u00f9 la r\u00e9volte ne s'arr\u00eate pas, pour faire quelques remarques sur d'autres pays.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cspan class=\"philum ic-img2\"\u003E\u003C\/span\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cb\u003EL'\u00c9quateur en flammes\u003C\/b\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EAppliquant les recettes du Fonds Mon\u00e9taire International, le pr\u00e9sident Len\u00edn Moreno n\u00e9gocie un pr\u00eat millionnaire dont une des conditions est l'annulation des subventions aux prix du carburant (environ 1,173 milliard d'euros par an). La r\u00e9volte est imm\u00e9diate : le 3 octobre, ce sont les camionneurs qui commencent, puis les \u00e9tudiants, les enseignants, les travailleurs. Leurs organisations, la CONAIE (Conf\u00e9d\u00e9ration des Nationalit\u00e9s Indig\u00e8nes), le Front Unitaire des Travailleurs, les syndicats de l'enseignement mobilisent des milliers et des milliers de personnes qui affluent dans les rues et entourent Carondelet, le palais si\u00e8ge du gouvernement, et le b\u00e2timent de l'Assembl\u00e9e Nationale. Et ils occupent m\u00eame le si\u00e8ge du FMI \u00e0 Quito, o\u00f9 ils savent que r\u00e9side le \u00ab gouvernement r\u00e9el \u00bb qui manœuvre la marionnette Moreno. Pour la premi\u00e8re fois, m\u00eame les communaut\u00e9s indig\u00e8nes de l'Amazonie, menac\u00e9es dans leur survie m\u00eame par les multinationales p\u00e9troli\u00e8res, se joignent \u00e0 eux.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ETout le pays est mobilis\u00e9, avec environ 300 barrages sur les principales routes de l'\u00c9quateur ; environ 500 policiers sont s\u00e9questr\u00e9s dans le Nord du pays, le pr\u00e9sident est contraint de d\u00e9placer le gouvernement \u00e0 Guayaquil apr\u00e8s avoir d\u00e9cr\u00e9t\u00e9 le couvre-feu. Apr\u00e8s 11 jours de protestation et 7 morts, plus de 1400 bless\u00e9s, 1200 arrestations et une centaine de disparus, le gouvernement accepte d'abroger le d\u00e9cret 883 sur les carburants. Mais le \u00ab paquet \u00bb du FMI comprend d'autres mesures, dont on ne parle pas. Une \u00ab victoire \u00bb partielle qui, si elle montre la force du mouvement populaire, montre aussi la faiblesse de ses organisations. La tactique du gouvernement pour d\u00e9gonfler la protestation populaire a \u00e9t\u00e9 de ne reconna\u00eetre comme interlocuteur l\u00e9gitime que la CONAIE, faisant retomber la responsabilit\u00e9 des \u00ab violences \u00bb sur les dirigeants de Revoluci\u00f3n Ciudadana, l'organisation qui regroupe les partisans de l'ex-pr\u00e9sident Rafael Correa.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EToutefois, la partie n'est pas termin\u00e9e, car les autres mesures du FMI -qui comprennent la d\u00e9r\u00e9gulation et pr\u00e9carisation des droits des travailleurs, le recul de l'\u00e2ge de la retraite, des coupes dans l'\u00e9ducation, etc. - restent, semble-t-il, en vigueur. Comme le restent les cadeaux scandaleux aux banques et aux grandes entreprises, avec la remise d'environ 3,874 milliards d'euros de taxes, et, pour les travailleurs, l'objectif de \u00ab r\u00e9duire la masse salariale, en vertu de quoi les contrats temporaires seront renouvel\u00e9s avec une r\u00e9duction de 20% et leurs vacances passeront de 30 \u00e0 15 jours \u00bb. Nous ne sommes pas voyants, nous ne savons pas comment se poursuivra la lutte ; ce qu'on peut dire \u00e0 coup s\u00fbr, c'est que les masses populaires \u00e9quatoriennes, protagonistes de ces luttes, devront, t\u00f4t ou tard, r\u00e9gler leurs comptes avec ceux qui les repr\u00e9sentent aujourd'hui.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cspan class=\"philum ic-img2\"\u003E\u003C\/span\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cb\u003EHa\u00efti, la corruption, \u00e7a suffit\u003C\/b\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELa petite \u00eele des Cara\u00efbes, elle aussi, voit, depuis cinq semaines, des gr\u00e8ves, des blocages des principales voies de communication, des manifestations de rue qui ont paralys\u00e9 toutes les activit\u00e9s \u00e9conomiques. La cause ? c'est la revendication du d\u00e9part du Pr\u00e9sident Mo\u00efse et de tout son gouvernement, accus\u00e9s de s'\u00eatre appropri\u00e9 les fonds - 100 millions de dollars en 2010, 4 autres millions en 2018, outre la remise de la dette de 395 millions de dollars aupr\u00e8s de Petrocaribe - accord\u00e9e par le Venezuela, \u00e0 titre d'aide humanitaire, entre 2010 et 2018 (comme on s'en souviendra, en 2010, l'\u00eele fut secou\u00e9e par un tremblement de terre qui fit 230 000 morts ; en 2018, il y en eut un autre de moindre intensit\u00e9). Cela peut sembler \u00e9trange, un peuple qui se r\u00e9volte dans la rue contre la corruption, mais ce n'est pas seulement contre elle. Le 28 octobre, des milliers de travailleurs du secteur textile, des ma\u00eetres et des \u00e9coliers ont de nouveau manifest\u00e9, en une journ\u00e9e de rues vides, voies bloqu\u00e9es par des barricades, et boutiques ferm\u00e9es. Outre la d\u00e9mission du pr\u00e9sident, les travailleurs demandaient une augmentation du salaire minimum, qualifi\u00e9 de \u00ab mis\u00e9rable \u00bb. Dans un autre secteur de la ville, enseignants, \u00e9l\u00e8ves et parents demandaient la r\u00e9ouverture des \u00e9coles, ferm\u00e9es par le gouvernement le 16 septembre, jour o\u00f9 les protestations ont commenc\u00e9.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EHa\u00efti n'est pas seulement le pays le plus pauvre de l'Am\u00e9rique Latine, c'est un des plus pauvres du monde, 80% de la population vit sous le seuil de pauvret\u00e9. Tout ce qui produit des revenus - le tourisme, la culture du caf\u00e9 et du sucre, et quelques petites industries - est aux mains de multinationales usam\u00e9ricaines. En outre, on n'a jamais pardonn\u00e9 \u00e0 cette \u00eele d'avoir \u00e9t\u00e9 le premier pays du monde \u00e0 se lib\u00e9rer de l'esclavage, et on a syst\u00e9matiquement boycott\u00e9 chacune de ses tentatives pour se d\u00e9velopper [\u003Ci\u003Eet Ha\u00efti a d\u00fb payer des r\u00e9parations \u00e0 la France pour l'abolition de l'esclavage jusqu'en...1947, NdE\u003C\/i\u003E]. Voici donc que la corruption devient, d'une question \u00ab morale \u00bb, une question de survie pour la majorit\u00e9 de la population.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cimg style=\"max-width:100%\" src=\"http:\/\/newsnet.fr\/img\/newsnet_164847_87b92f.jpg\" \/\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cb\u003E\u00c9lections... quelle douleur !\u003C\/b\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ESi la mobilisation de rue a \u00e9t\u00e9 le trait distinctif des 3 pays cit\u00e9s plus haut, le refus du mod\u00e8le lib\u00e9ral a aussi \u00e9t\u00e9 exprim\u00e9 ce mois-ci dans les urnes dans d'autres pays comme la Bolivie, l'Argentine et la Colombie.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ECertes, quand on parle d'\u00e9lections, nous sommes toujours tent\u00e9s de faire la grimace, ce qui est d\u00fb \u00e0 notre point de vue : dans les pays du capitalisme \u00ab avanc\u00e9 \u00bb, elles sont d\u00e9sormais devenues un rite vide par lequel on nous demande de choisir celui qui servira le mieux les int\u00e9r\u00eats de nos capitalistes. Mais il n'en est pas ainsi dans d'autres parties du monde, surtout dans les pays qui font l'objet du pillage le plus impitoyable de la part de l'imp\u00e9rialisme et des grandes multinationales - o\u00f9, du reste, le suffrage \u00ab universel \u00bb n'a jamais \u00e9t\u00e9 universel, o\u00f9 les classes exploit\u00e9es n'avaient m\u00eame pas acc\u00e8s \u00e0 cet instrument et o\u00f9 voter ne signifie pas simplement inscrire un nom quelconque, mais s'affronter physiquement dans la rue - et il faudrait ne pas raisonner l\u00e0-dessus de fa\u00e7on absolue. Elles sont un instrument : servent-elles ou non, dans un pays donn\u00e9 et dans un temps donn\u00e9, \u00e0 faire progresser la conscience, l'organisation des exploit\u00e9s, l'accumulation de forces ?\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cimg style=\"max-width:100%\" src=\"http:\/\/newsnet.fr\/img\/newsnet_164847_712854.jpg\" \/\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELe Venezuela en est assur\u00e9ment le parfait exemple, mais parlons plut\u00f4t de la \u003Cb\u003EBolivie\u003C\/b\u003E. Evo Morales remporte les \u00e9lections pr\u00e9sidentielles (c'est sa quatri\u00e8me victoire) avec 47,08% des suffrages, contre le candidat des droites qui en totalise 36,51%. Comme d'habitude, l'opposition parle d'irr\u00e9gularit\u00e9s, imm\u00e9diatement appuy\u00e9e par l'OEA (Organisation des \u00c9tats Am\u00e9ricains) et par l'Union Europ\u00e9enne, et appelle \u00e0 une \u00ab gr\u00e8ve \u00bb g\u00e9n\u00e9rale qui se r\u00e9duit \u00e0 des heurts violents dans la rue dans plusieurs villes, une r\u00e9plique des \u00ab guarimbas \u00bb v\u00e9n\u00e9zu\u00e9liennes. Des dizaines de milliers de mineurs, de travailleurs, de paysans, de femmes et de jeunes lui r\u00e9pondent le 28 octobre en descendant dans la rue \u00e0 La Paz et dans d'autres villes pour soutenir leur pr\u00e9sident. Pour soutenir surtout son projet, qui va contre le bloc h\u00e9g\u00e9monique de l'offensive capitaliste et qui, comme le dit le secr\u00e9taire de la COB (Conf\u00e9d\u00e9ration Ouvri\u00e8re Bolivienne) \u00ab a co\u00fbt\u00e9 du sang pour r\u00e9cup\u00e9rer la v\u00e9ritable d\u00e9mocratie \u00bb.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EEn \u003Cb\u003EArgentine\u003C\/b\u003E, Alberto Fern\u00e1ndez, du Front de Tous, remporte les \u00e9lections. Mauricio Macri doit s'en aller, apr\u00e8s avoir ramen\u00e9 le pays aux temps du \u00ab Qu'ils s'en aillent tous \u00bb en suivant les recettes du FMI, au point qu'il y a un mois, le Congr\u00e8s devait reconna\u00eetre qu'en Argentine, on souffre de la faim (en votant un d\u00e9cret qui pr\u00e9voyait une augmentation de 50% des subventions destin\u00e9es aux soupes populaires, car on s'attendait \u00e0 une \u00ab urgence alimentaire \u00bb jusqu'en 2022), et les statistiques officielles \u00e9tablissent les chiffres de la pauvret\u00e9 \u00e0 32% de la population.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EEn \u003Cb\u003EColombie,\u003C\/b\u003E le narco-\u00c9tat paramilitaire d'Uribe et de son dauphin Iv\u00e1n Duque, o\u00f9 ceux qui s'opposent au r\u00e9gime sont, tous les jours, purement et simplement \u00e9limin\u00e9s physiquement, les \u00e9lections r\u00e9gionales voient - outre des heurts violents dans tout le pays - la lourde d\u00e9faite du gouvernement (qui perd 24 des 32 d\u00e9partements), surtout \u00e0 Bogot\u00e1, Cal\u00ed et Medell\u00edn, fief traditionnel de l'uribisme. Sont m\u00eame \u00e9lus deux candidats ex-combattants des FARC, Marino Grueso et Guillermo Torres (alias Juli\u00e1n Conrad, le chanteur de la gu\u00e9rilla). La campagne \u00e9lectorale, qui a vu la plus forte participation dont on ait souvenir, se solde par 7 candidats tu\u00e9s par des narco-trafiquants et des paramilitaires. Petit d\u00e9tail humoristique : pendant que Duque et Uribe se faisaient l'instrument privil\u00e9gi\u00e9 des attaques imp\u00e9rialistes contre le Venezuela bolivarien, il ne se sont pas rendu compte que le terrain commen\u00e7ait \u00e0 manquer sous leurs pieds, dans leur propre pays.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EEn \u003Cb\u003EUruguay\u003C\/b\u003E aussi, le centre-gauche du Front Large l'a de nouveau emport\u00e9.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EDonc, du point de vue des rapports de force, tous les r\u00e9sultats \u00e9lectoraux ne sont pas pareils.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cb\u003EQuelques le\u00e7ons\u003C\/b\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELa r\u00e9volte des peuples contre le mod\u00e8le n\u00e9o-lib\u00e9ral (la version la plus brutale du capitalisme global, d\u00e9sormais sans masque) est une r\u00e9volte contre un mod\u00e8le social qui appauvrit, d\u00e9nie une vie d\u00e9cente et m\u00eame un avenir \u00e0 des milliards de personnes, et conduit \u00e0 la destruction m\u00eame de la plan\u00e8te.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EL'ensemble des protestations sociales qui ont vu exploit\u00e9s et opprim\u00e9s, surtout ces jeunes priv\u00e9s d'avenir, mobilis\u00e9s dans les rues malgr\u00e9 une r\u00e9pression lourde et brutale, constitue assur\u00e9ment un \u00e9pisode d'accumulation des forces qui s'est manifest\u00e9 en peu de jours.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELe n\u00e9o-lib\u00e9ralisme, ou plut\u00f4t l'imp\u00e9rialisme, a subi une s\u00e9rie de graves d\u00e9faites, son projet est d\u00e9sormais en ruines, et la rage des exploit\u00e9s n'est pas seulement dirig\u00e9e contre les gouvernements qui sont son instrument, mais se tourne vers ces structures qui, comme le Fonds Mon\u00e9taire International et la Banque Mondiale, ont \u00e9trangl\u00e9 sans piti\u00e9 un continent.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EDe fa\u00e7ons diverses - mobilisations ou \u00e9lections -, les masses d'exploit\u00e9s et opprim\u00e9s ont une fois de plus fait l'exp\u00e9rience de leur force. Elles ont montr\u00e9 la lassitude des peuples \u00e0 l'\u00e9gard des politiques h\u00e9g\u00e9moniques de l'imp\u00e9rialisme, et de l'offensive mondiale du capital contre le travail, la nature et la soci\u00e9t\u00e9.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ECuba et le Venezuela ne sont plus seuls.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ENous ne sommes pas sorciers, nous ne savons pas comment se poursuivront les luttes, si elles r\u00e9ussiront \u00e0 faire surgir une avant-garde capable de consolider la spontan\u00e9it\u00e9 et de donner une continuit\u00e9 \u00e0 ces combats pour un monde diff\u00e9rent, que nous, nous appelons encore socialisme. Mais, assur\u00e9ment, ce mois d'octobre 2019 dit que l'histoire n 'est pas finie, que le cycle n'est pas fini, que la lutte de classe est revenue en force.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cspan class=\"philum ic-img2\"\u003E\u003C\/span\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\"Les Am\u00e9riques sont \u00e0 tous\": fresque murale sur le Centre d'aide aux migrants \u00e0 El Paso, Texas\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ECourtesy of \u003Ca href=\"http:\/\/tlaxcala-int.org\"\u003ETlaxcala\u003C\/a\u003E\u003Cbr \/\u003E\nSource: \u003Ca href=\"https:\/\/www.pane-rose.it\/files\/index.php?c3:o53244\"\u003Epane-rose.it\u003C\/a\u003E\u003Cbr \/\u003E\nPublication date of original article: 04\/11\/2019\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Ca href=\"http:\/\/www.tlaxcala-int.org\/article.asp?reference=27510\"\u003Etlaxcala-int.org\u003C\/a\u003E\u003C\/p\u003E"}}