{"165079":{"id":"165079","parent":"0","time":"1574783439","url":"http:\/\/newsnet.fr\/165079","source":"http:\/\/mrmondialisation.org\/made-in-bangladesh-le-combat-dune-ouvriere-pour-monter-un-syndicat-film\/","category":"R\u00e9seau social","title":"\u00ab Made in Bangladesh \u00bb : le combat d'une ouvri\u00e8re pour monter un syndicat (Film)","catalog-images":"6\/\/4\/newsnet_165079_50fd7d.jpg\/newsnet_165079_3ffa3b.jpg\/newsnet_165079_dc5521.jpg\/newsnet_165079_5b4917.jpg","image":"http:\/\/newsnet.fr\/img\/newsnet_165079_5b4917.jpg","hub":"newsnet","url-explicit":"http:\/\/newsnet.fr\/art\/made-in-bangladesh-le-combat-d-une-ouvriere-pour-monter-un-syndicat-film","admin":"newsnet","views":"439","priority":"2","length":"8190","lang":"fr","content":"\u003Cp\u003EAu Bangladesh, Shimu, 23 ans, travaille dans une usine textile de la ville de Dacca. Les conditions de travail qu'elle doit endurer (risque d'accident, salaire impay\u00e9, renvoi arbitraire, b\u00e2timents v\u00e9tustes,..) la pousse \u00e0 entamer des d\u00e9marches pour monter un syndicat. Impensable dans un pays o\u00f9 la main d'œuvre essentiellement f\u00e9minine est r\u00e9put\u00e9e tr\u00e8s mall\u00e9able et peu critique. Une aubaine pour les grandes marques. Dans son projet audacieux, elle se heurtera au d\u00e9saccord de son mari, les menaces de son patron et l'ind\u00e9cision de ses camarades... Son combat donne aujourd'hui naissance \u00e0 un film documentaire.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELe combat de Shimu est librement inspir\u00e9 d'une histoire vraie, celle de Daliya Akhtar Dolly. Son histoire est d'ailleurs rapport\u00e9e par la voix de Shimu : avant d'arriver \u00e0 Dacca, elle vivait dans un village dont elle s'est enfuie \u00e0 11 ans pour \u00e9chapper \u00e0 un mariage forc\u00e9. Autant dire que son caract\u00e8re est forg\u00e9 tr\u00e8s t\u00f4t par un refus de la soumission. Gr\u00e2ce \u00e0 un membre de sa famille, elle trouvera du travail dans une usine textile lui permettant dans un premier temps de simplement survivre. Maltrait\u00e9e par ses sup\u00e9rieurs qui traitent leurs employ\u00e9es comme du b\u00e9tail, elle se battra pour monter un syndicat avec ses amies et coll\u00e8gues...\u003C\/p\u003E\u003Cfigure\u003E\u003Cimg src=\"http:\/\/newsnet.fr\/img\/newsnet_165079_50fd7d.jpg\" \/\u003E\u003Cfigcaption\u003EShimu, au centre habill\u00e9e de jaune et vert\u003C\/figcaption\u003E\u003C\/figure\u003E\u003Cp\u003ELa r\u00e9alisatrice Rubaiyat Hossain n'a pas situ\u00e9 au hasard le cœur de son r\u00e9cit dans une usine textile du Bangladesh. Car au niveau mondial, ce pays est le deuxi\u00e8me plus gros exportateur de v\u00eatements apr\u00e8s la Chine. Au Bangladesh, cette industrie repr\u00e9sente 80% des exportations et p\u00e8se 30 milliards d'euros par an, un poids \u00e9conomique \u00e9norme donc. Les v\u00eatements qui sortent des ateliers du Bangladesh vont alimenter les magasins de marques bien connues en occident : H&M, Zara, Calvin Klein, Carrefour, Aldi. Petites et grandes marques, tout y passe !\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EMais ce que le consommateur ne voit \u00e9videmment pas, ce sont les conditions de travail oppressives et les salaires extr\u00eamement faibles (les plus bas au monde) des petites mains qui fabriquent nos v\u00eatements. Salaires qui ne donnent le plus souvent m\u00eame pas de quoi simplement vivre. Comme une militante l'explique \u00e0 Shimu, son salaire mensuel \u00e9quivaut au prix de 2 ou 3 t-shirts qu'elle confectionne, soit une cinquantaine d'euros \u00e0 peine. Son usine en produit plus de 1 000, chaque JOUR !\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EDe plus, les ateliers sont souvent install\u00e9s dans des immeubles mal con\u00e7us, sans autorisation et les risques d'accident mortel ne sont pas rares faute de syst\u00e8me de s\u00e9curit\u00e9 efficace : 500 ouvri\u00e8res sont mortes en 10 ans au Bangladesh. Peut-\u00eatre le spectateur se souviendra-t-il de l'effondrement du Rana Plazza en 2013 qui avait caus\u00e9 la mort de 1 200 personnes. Ce drame, relay\u00e9 au niveau international, avait alors mis en lumi\u00e8re la r\u00e9alit\u00e9 de la production textile au Bangladesh. Le consommateur occidental d\u00e9couvrait la triste v\u00e9rit\u00e9 qui se cachait derri\u00e8re les v\u00eatements qu'il achetait. Mais depuis, combien se souviennent de cette catastrophe alors que la situation n'a gu\u00e8re \u00e9volu\u00e9e ?\u003C\/p\u003E\u003Cfigure\u003E\u003Cimg src=\"http:\/\/newsnet.fr\/img\/newsnet_165079_3ffa3b.jpg\" \/\u003E\u003Cfigcaption\u003EShimu pr\u00e9sente le code du travail \u00e0 ses camarades\u003C\/figcaption\u003E\u003C\/figure\u003E\u003Cp\u003ELes femmes - parfois mineures - repr\u00e9sentent 85% des employ\u00e9(e)s du milieu textile. Comme mentionn\u00e9 dans le film, cette surrepr\u00e9sentation s'explique par le fait que les femmes sont consid\u00e9r\u00e9es comme plus faciles \u00e0 contr\u00f4ler et sont moins pay\u00e9es que les hommes sans chercher \u00e0 se rebeller. La rencontre de l'offre et la demande diront les lib\u00e9raux, se souciant gu\u00e8re des rapports de domination... Le statut de femme de Shimu dans une soci\u00e9t\u00e9 encore patriarcale est d'ailleurs point\u00e9e habilement et subtilement dans le film, \u00e0 travers sa mani\u00e8re de se coiffer qui \u00e9voluera, et les \u00e9changes entre les personnages. Lors d'une dispute avec l'une de ses coll\u00e8gues une phrase de Shimu viendra d'ailleurs percuter le spectateur de plein fouet : \u003Ci\u003E\u00ab Nous sommes des femmes. Fichues si l'on est mari\u00e9es, fichues si on ne l'est pas... \u00bb.\u003C\/i\u003E L'\u00e9tau qui enserre la vie des femmes bengalies r\u00e9sum\u00e9e en une phrase. Soumission contre soumission. Mais c'est un \u00e9tau que refuse Shimu.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EDe part sa condition de femme et d'\u00e9pouse, dans le pays, Shimu n'est pas cens\u00e9e tenir t\u00eate \u00e0 son \u00e9poux qui voudrait qu'elle arr\u00eate de travailler, ni d'exprimer ses r\u00eaves de justice \u00e0 son patron. Elle en trouvera cependant le courage, pouss\u00e9e par l'injustice des conditions de travail de toutes les femmes. Le fait qu'elle soit lettr\u00e9e renforce indubitablement sa volont\u00e9 de se battre, pour elle et pour ses camarades. Quand ses amies commencent \u00e0 douter du bien fond\u00e9 de leur d\u00e9marche \u00e0 cause des risques qu'elles encourent, Shimu saura leur redonner confiance. Sans surprise, les dirigeants voient rapidement d'un mauvais œil l'arriv\u00e9e d'un syndicat dans leur usine et celui de Shimu n'h\u00e9sitera pas \u00e0 prof\u00e9rer - et mettre \u00e0 ex\u00e9cution - des menaces de renvoi envers celles qui voudraient y prendre part. Alors que Shimu et ses camarades agissent seulement pour faire respecter leurs droits que leur patron bafoue all\u00e8grement avec la participation aveugle des autorit\u00e9s (imposition de travail de nuit, renvoi arbitraire, faible salaire,...).\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cspan class=\"philum ic-img2\"\u003E\u003C\/span\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ESi le patron de Shimu peut se permettre d'agir ainsi en toute impunit\u00e9, c'est qu'au Bangladesh, les grands patrons du textile sont tr\u00e8s proches des partis au pouvoir. Au point que des libert\u00e9s fondamentales comme le droit de gr\u00e8ve, le droit de manifester et les libert\u00e9s syndicales sont r\u00e9guli\u00e8rement bafou\u00e9es par ceux cens\u00e9s repr\u00e9senter les lois. Dans le film, cette r\u00e9alit\u00e9 transpara\u00eet \u00e0 travers l'ultime difficult\u00e9 rencontr\u00e9e par Shimu \u00e0 faire simplement enregistrer son syndicat au minist\u00e8re du Travail. L'employ\u00e9 devant valider une demande soumise aux pressions de patrons venues d'en haut. On peut parler d'une v\u00e9ritable corruption syst\u00e9matis\u00e9e.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003ELa victoire inattendue de Shimu, qui r\u00e9ussira \u00e0 lui arracher l'enregistrement de son syndicat envers et contre tout, ne devra pas faire oublier qu'il s'agit simplement d'une petite bataille \u00ab locale \u00bb gagn\u00e9e dans une guerre qui continue et dont l'issue reste incertaine. Car \u00e0 la fin, Shimu et les ouvri\u00e8res de son atelier ont seulement gagn\u00e9 la possibilit\u00e9 de faire pression pour leurs droits aupr\u00e8s de leur patron, sans garantie d'avoir justice. Mais quelle bataille...\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003EEn d\u00e9cembre 2018, le minist\u00e8re du Travail a op\u00e9r\u00e9 une revalorisation du salaire minimum lequel est pass\u00e9 de 5 300 takas (54€) \u00e0 8 000 (82€). Les syndicats ont d\u00e9nonc\u00e9 une hausse insuffisante et une gr\u00e8ve fut men\u00e9e en janvier 2019. Une manifestation a r\u00e9uni 50 000 personnes mais a \u00e9t\u00e9 durement r\u00e9prim\u00e9e par la police. Un millier de gr\u00e9vistes furent licenci\u00e9s. Oui, h\u00e9las, le combat des homologues de Shimu est encore loin d'\u00eatre termin\u00e9, la lutte se gagnant pas apr\u00e8s pas sur le long terme. Pendant ce temps, nos marques se gavent litt\u00e9ralement sur la mis\u00e8re humaine d'un peuple - avec notre participation volontaire - vou\u00e9 \u00e0 une forme d'esclavagisme moderne pour avoir simplement le droit de vivre un peu plus longtemps. Qu'avons nous donc appris de l'Histoire ?\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Cspan class=\"philum ic-img2\"\u003E\u003C\/span\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u00ab Made in Bangladesh \u00bb sortira en salles le 4 d\u00e9cembre 2019.\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Ci\u003ES. Barret\u003C\/i\u003E\u003C\/p\u003E\u003Cp\u003E\u003Ca href=\"http:\/\/mrmondialisation.org\/made-in-bangladesh-le-combat-dune-ouvriere-pour-monter-un-syndicat-film\/\"\u003Emrmondialisation.org\u003C\/a\u003E\u003C\/p\u003E","_links":{"child_arts":[{"title":"Au Bangladesh, la bataille pour la vie des ouvri\u00e8res du textile","url":"http:\/\/newsnet.fr\/apicom\/id:165242,json:1"}]}}}